Chapitre 6

Le matin, à l'aube, je jouissais d'un profond sommeil apaisant, quand je sentis soudain un choc électrique parcourir l'entièreté de mon corps. Je me réveillai en sursaut, sur des fous rires. Angela et Julia m'avaient versé de l'eau glaçante dessus. Je me levai furieux, je leur lançais des regards meurtriers, mais devant leur hilarité, je ne pus pas me contenir et cédai enfin à la rigolade. Ce qui me faisait encore plaisir était l'euphorie de Blade. Je suis heureux qu'elle s'était très rapidement entendue avec Angela.

_Quand je t'avais dit de faire confiance aveuglément à Angela, ça ne comprenait pas le fait de me faire des farces, dis-je en feignant la colère.

_Désolé Sensei ! Pardonnez-moi s'il vous plaît, me pria-t-elle.

_Mais, je plaisante. Sois un peu à l'aise. Je t'ai déjà dit que nous sommes des amis. Allez maintenant, dehors vous-deux que je puisse me changer ! Préparez-vous, nous n'allons pas nous entraîner en pyjama quand-même. Quant à toi Angela, sèche-moi vite.

_Tu n'as qu'à demander poliment, me répondit-elle, d'un air moquant.

_Tu a raison Angela quand tu m'a affirmé qu'il n'est point galant, commenta Julia.

_Alors vous formez un gang, maintenant. Si je l'ai envoyée près de toi, ce n'était pas pour la recruter contre moi.

_Allons-y, je commence à avoir mal à la tête. Comme il aime causer !

J'ouvris le tiroir et sortis une arme, et pas n'importe laquelle.

_Haut les mains ! Sèche-moi tout de suite, sinon tu vas en subir les conséquences.

_Est-ce que c'est ça le...? s'enquit la vampire.

_En chair et en os. Je te présente le lance-boue. Angela t'a raconté son histoire, mais que dis-tu d'essayer l'expérience toi-même.

_Sensei ! Je suis ton élève. Ne me fais pas ça. Angela, donne lui ce qu'il veut. Qu'est-ce que tu attends ? Tu es la meilleure positionnée pour savoir qu'il n'a jamais été plus sérieux.

Je me concentrai pour lire dans ses pensées pour éviter d'être brusqué.

C'est hors-question que je me soumette à ses désirs. Nous devons sauver notre peau. Mais comment vais-je prévenir Julia de mon plan ?

_Si j'étais toi, je n'essayerais même pas. Je compte jusqu'à trois, et je vous bombarderai à l'instant même.

Je commençai le compte à rebours. Elle devait vite prendre une décision.

_D'accord, d'accord !

Elle évapora toute l'eau sur mon corps.

_Ça ne te passera pas sans vengeance, cria-t-elle, enragée.

Je me contentai d'un sourire, augmentant sa fureur.

...

Ça faisait dix minutes que je les attendais dans le dojo, quand j'entendis enfin des pas se diriger vers la salle. Les tenues de combat leur allaient à merveille.

_Alors je te présente la guerrière Blade, dit Angela enthousiaste.

_Avant de commencer, je dois évaluer ton niveau. Au tapis. Donne toi à fond, pas de pitié, ni de compassion, une machine à tuer. Compris ? expliquai-je à ma disciple.

_Mais je peux te blesser, protesta-t-elle.

_J'aimerais bien.

_Vous êtes prêts, questionna Angela.

_Oui, dîmes-nous ensemble.

_Au combat !

Nous nous tenions face à face, chacun scrutant l'autre.

_Utilise ton instinct, et attaque-moi, usant de toute ta force.

Ses yeux devinrent encore plus rouges et elle se lança vers moi comme un éclair, je me contentai de m'écarter à droite pour esquiver son coup. Elle grogna et reprit son action. Les mains derrière le dos, j'évitai tous ses attaques. Elle s'enrageait de plus en plus et ses coups devenaient au fur du temps encore plus prévisibles. Sa vitesse diminuait considérablement par rapport au début du combat. Au bout de quelques minutes, elle était déjà à bout de souffle.

_Maintenant, c'est mon tour d'attaquer.

Épuisée, elle trouvait une grande difficulté à parer mes coups. J'enchainai coups de poing, de pieds, de coudes, des prises au sol. Je mélangeai Judo, kung-fu et j'en passe. Voyant qu'elle ne pouvait plus, je lui assénai un round kick, la sortant du ring.

_C'est vraiment bizarre, comment tu as pu les vaincre ? Tu m'as à peine touché.

_Là-bas, j'avais une raison pour combattre et lutter. Mais maintenant, je n'en ai aucune. Tu ris, démone ? J'aimerais voir ce que tu peux faire, toi.

_Démone ?!

_Pour toi, je suis un ange. Pour elle, c'est démone, m'expliqua Angela. Allez Vickie, montre-lui ce dont je suis capable.

_Je ne serais pas aussi clément avec toi, la menaçai-je.

_Que des mots en l'air, se moquait-elle

_On verra bien cela sur ring. N'oublie pas, c'est ta chance de te venger.

La bataille avec Angela était totalement différente au niveau technique et physique. Nous abordâmes la bataille par quelques coups légers avant de passer rapidement aux crochets et aux frappes puissantes.

J'esquivai son coup de pied, et l'envoyai par terre avec une balayette. Je la bombardai de coups profitant de sa position de faiblesse. Mais ça ne dura pas longtemps, elle évita mon coup de poing et me réalisa une clé de bras. J'essayai vainement de m'en défaire, mais elle me tenait fermement. Je la levai dans l'air, et l'abattis plusieurs fois, mais elle ne cédait pas. Je commençai à manquer de l'air. Je la levai une dernière fois mais cette fois je sautai du ring. La chute était si puissante qu'elle me lâcha et c'était la fin du combat. Je l'aidai à se relever. Elle tenait son dos, tellement il lui faisait mal.

_Voilà une démonstration des différents arts martiaux. Qu'est-ce que tu en as appris ?

_La vérité, rien, rétorqua la vampire.

_Je n'espérais pas le contraire. Ta faute était que tu attaques aveuglement, tu comptes sur ta force et ta puissance plus que sur la technique. On peut facilement deviner tes prochains mouvements. En outre, tu t'es fatigué au début beaucoup sans aboutir à un résultat concret. À la deuxième phase de notre combat, toutes mes frappes donnaient leur effet. Même s'il ne t'atteignaient pas, les parer te demandait une grande énergie, la chose qui te manquait durant cette partie du duel. À la fin, tu étais sacrément exténuée, tu n'as même pas vu mon coup venir. Cette technique s'appelle "l'assaut du lion" car si le roi de la jungle fait un pas en arrière, c'est seulement pour pouvoir bondir sur sa proie. C'est tout pour cette séance. On se revoit le soir. Pendant ce temps, tu es libre de faire ce que tu veux tant que c'est dans les normes des conditions de Rocky.

_Nous nous entrainons jour et nuit ? n'est-ce pas trop ?

_Qui a dit qu'on va s'entrainer ?

_C'est un rendez-vous alors ?! demanda-t-elle excitée.

_Pas du tout. Tout simplement, c'est seulement toi qui va t'entrainer, pas nous. Les douches sont par là. Je te laisse maintenant. Angela, on y va, j'ai besoin de toi.

Sur ce, nous nous dirigeâmes vers sa chambre. Je m'installai confortablement sur le lit.

_Ton altesse, vos demandes sont des ordres. Aimeriez-vous quelque chose de particulier ? ironisa-t-elle.

_Apporte-moi un verre de jus frais, plaisantai-je.

_Très hilarant. Allez, fais vite. En quoi, tu as besoin de moi ?

_Je voulais te remercier pour avoir accepté Blade. Ce n'était pas si évident.

_Oui, tu as raison. Ce n'était pas une affaire facile. On a résolu nos différences paisiblement. Après de longues négociations, nous nous sommes résignées que nous devons mettre nos zizanies à l'écart et devenir meilleures amies.

_Tout ce que j'ai pu comprendre c'est qu'il y a un truc de filles entre vous deux et que vous vous êtes arrangées.

_C'est exactement cela, répondit-elle d'une voix morne.

_Qu'est-ce qu'il y a ? lui demandai-je inquiet.

_Rien.

_Révèle-moi ce qui te dérange, peut-être je pourrais t'aider, ou du moins ça te fera du bien de cracher le morceau.

_Tu ne comprendras pas, refusa-t-elle.

_Libère-toi de ce fardeau, je ferai de mon mieux.

_Tu sais ce qui me fera du bien, que tu quittes la chambre et me laisses en paix, cria-t-elle en colère.

_D'accord ! Repose-toi. Mais sache que si tu as besoin de parler à quelqu'un, je serai toujours là pour toi.

Je quittai la pièce et me hâtai vers Julia.

_Tu vas bien ?

_Meilleur que jamais, répondit-elle, satisfaite. Me permets-tu une question ?

Je l'incitai à continuer.

_Pourquoi tu m'as sauvée ? Est-ce que c'était pour agrandir le nombre de vampires ?

_Qui t'a dit ça ? Si je t'ai transformée en suceuse de sang, c'est pour une seule et unique raison. Je ne supporte pas laisser une vie s'envoler, alors que je pouvais faire le contraire. Nous ne sommes pas des monstres. Nous sommes des protecteurs. Mon père a évolué les pensées et les croyances des créatures de la nuit, faisant d'eux des héros.

_Désolé !

_T'inquiète. Maintenant, on va essayer de perfectionner ta manipulation des armes de feu.

_Quoi ?! Des armes de feu ? Mais pourquoi ? Nous ne sommes pas des tueurs à gages quand même ?

_Tu dois apprendre à te défendre. Tu as posé suffisamment de questions passant maintenant à l'action.

Je la conduisis dans la salle du tir. Je pris un pistolet, fit descendre l'un des cibles et tira cinq balles tous au centre. Puis, je tendis l'arme à Blade. Elle la tenait d'une main chevrotante.

_Je ne peux pas. J'ai de très mauvais souvenirs. En outre, quand j'imagine que dans le futur ce sera un être vivant, je me sens incapable d'appuyer sur la détente.

_Allez-y, je te prête mes oreilles. Raconte-moi.

_Je n'aime pas revivre cette partie de ma vie en la partageant.

_C'est énormément nécessaire. Personne n'a la vie en rose, on passe tous par des hauts et des bas. Maintenant, dis-moi tout.

_Mon père était un inspecteur haut gradé dans la Brigade anti-terroriste. Il était excellent et performant. Une perle rare. Sa dernière mission était d'enquêter dans la disparition de plusieurs enfants. Il a reçu plusieurs lettres qui le menacent pour qu'il lâche l'affaire. Cependant, il a fait preuve de courage et d'honnêteté. Après des mois de recherche, ses grands efforts ont donné leurs fruits. C'était un gang très dangereux, plus précisément des trafiquants d'esclaves et il a sauvé tous les prisonniers. Cette nuit, il était heureux d'avoir enfin résolu la quête. Il avait la preuve pour condamner les vilains. Nous étions en train de fêter cette bonne nouvelle, quand un homme masqué entra en effraction. Il visai son pistolet vers mon père. Il tira au début sur son pied. Puis, il nous attacha, ma mère et moi, et nous força à le regarder en train de torturer mon père. Nous entendions les cris de mon père et ne pûmes que pleurer. Toutes nos prières étaient en vain. Enfin, il m'a apportée, m'a mis l'arme dans ma main et m'a obligée à assassiner mon propre père. Jamais je n'oublierai la lueur de la joie dans ses yeux bruns et son rire sadique. Je n'avais que cinq ans à cette époque. Et jusqu'au moment où l'on parle, on n'a pas capturé le coupable, dit-elle d'une voix entrecoupée par les sanglots.

À la fin du récit, elle se jeta dans mes bras en pleurs. Je la serrai contre moi en lui caressant le dos, pour la consoler. Je pris son visage gonflé de larmes entre mes mains et lui dis d'une voix douce et apaisante:

_Je suis vraiment désolé pour ton père. Je sais ce que fait la perte d'un être cher. Mais on doit faire avec. Imagine que ton géniteur pouvait te parler. Qu'est-ce que tu crois qu'il te dirait ?

_Il m'aurait souri et ordonné de me lever, de marcher droit dans le bon chemin, de ne pas me laisser envahir par les souvenirs, de vivre ma vie comme je l'aimais.

_Reste ici. Je sais exactement ce qui t'aidera à surmonter ta phobie et vaincre tes souvenirs.

Je pris mon téléphone et envoyai un message à tout le monde. Ils acceptèrent ma proposition avec entrain.

_Suis-moi. Tu vas aimer.

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