Chapitre 11

PDV Rocky

Je courus vers la cellule VED, suivi uniquement de mon ombre. Il n'y a plus personne sur qui je peux compter. Pour le moment, je devais me débrouiller tout seul. J'ouvris rapidement la porte, et constatai le pire. Ce que je craignais le plus eut malheureusement lieu. Les chaînes étaient sans utilité. À ce moment, ils ne retenaient que le vide. Vickie s'était bel et bien échappé de la cellule la plus gardée dans tout le royaume. C'était sûrement un complot. Devant mon incapacité et mon état de faiblesse, une vague de colère me submergea. Je me hâtai vers les plusieurs gardes qui veillaient sur cette unique chambre et leur criai au visage :

_Vous êtes tous des traîtres, non ? Comment avez vous osé aider un prisonnier comme lui ? Qu'est ce qu'il vous a offert pour vous convaincre de commettre un tel crime ?

_Jamais de la vie, alpha. Nous vous avons servi noblement et vous servirons jusqu'à la fin de nos jours avec courage et persévérance, nièrent-ils systématiquement.

_Menteurs, que des menteurs. Je vais vous exécuter tous pour trahison, et la perturbation de la sécurité sociale, leur menaçai-je, enragé.

Je levai la main pour les frapper et m'arrêtai à mi-chemin.

_Je ne te comprends plus. Comment tu fais tout ça ? Vraiment, chapeau bas. Ton plan était parfait. Tu as su qui recruter. Vraiment, le ver qui mange la pomme naît de son intérieur, dis-je, une dague à la gorge et une autre derrière le dos.

_Je savais que ma mère allait te prévenir de ma fuite. Bien qu'elle soit ma génitrice, elle n'est pas une traître. Tu dois apprendre cela par cœur. Allez, avance et ne tente rien. Si tu as achevé le rang de guerrier professionnel de troisième grade, je t'informe que j'ai entamé le rang de Titan, m'avertit Vickie.

À la mention de ce nom, un frisson parcourut mon corps. Ça m'était quelque part familier, mais je ne savais pas ce que cela me signifiait réellement pour avoir provoqué une telle réaction.

_Il n'y a pas de rang de cette interpellation, le démentis-je, peu sûr de moi-même.

Vickie me tient en otage, il veut m'utiliser pour s'enfuir. Prépare-toi, nous allons arriver à la porte principale dans quelques petites minutes. Apporte seulement Julia avec toi afin de l'en dissuader, envoyai-je à Armine par télépathie.

Nous nous dirigeâmes pas à pas vers la sortie. J'ordonnai à tous les soldats qui nous rencontraient de laisser le passage libre et mettre leurs armes à côté sous la pression de Vickie. Il ne le séparait plus de la fugue qu'un couloir et le grand hall du château. Quand soudain, il me chuchota :

_Vous pouvez changer d'angle de perception comme vouz voulez, vous n'aurez jamais la vérité, car tu peux tourner la tête dans tous les directions, tu ne verras que trois faces du corps analysé, au meilleur des cas. Pour illustrer un corps en 3D tu dois projeter tous les points de vue.

J'essayais de comprendre où il voulait en venir quand il relâcha sa prise et me poussa vers l'avant tête première. Le temps que je me tournai vers lui, il me sourit et sauta de la fenêtre.

Sachant que c'était déjà trop tard, je restai figé sur place à contempler le vide qu'il avait laissé derrière lui. Je demeurai ainsi pour je ne savais pas combien de temps avant de me lever et rejoindre Armine. Quand elle me vit seul, elle fut émue et me questionna :

_Mais où est passé Vickie ? Ne m'as tu pas dit qu'il t'a kidnappé ?

_Ton fils est soit un génie, soit un brut fou. Et je t'avoue, j'opte plutôt pour la première option.

_Pourquoi ? Qu'est-ce qui s'est déroulé ?

Je lui racontai tous les détails, y compris ce qu'il m'avait repliqué avant de fuir.

_C'est vraiment bizarre. Comment s'est-il échappé, et a laissé Julia derrière lui, m'avoua-t-elle, perdue.

_Je n'en sais pas plus que toi. Je ne peux trouver aucune explication logique pour le moment, rétorquai-je, en parlant à mes propres vêtements. L'exemple qu'il a donné, est-ce qu'il signifie quelque chose pour toi ?

_Non, ça me dit rien du tout, répondit-elle après quelques instants de réflexion.

_C'est peu probable, mais peut être qu'il essaie de nous confusionner, proposai-je.

_Non, je connais bien mon fils. Plutôt, il vous défie. Il t'a donné plusieurs indices, et tu es censé échouer à l'attraper. D'ailleurs où sont tous les autres ? Ils peuvent probablement nous être utiles.

_Je les ai tous mis prison, dis-je, confus.

_Mais pourquoi ? Qu'est-ce qu'ils ont fait ?... Ah ! Je comprends mieux maintenant. Tu nous a espionnés, n'est-ce pas ?

_Désolé ! C'était en quelque sorte nécessaire, me défendis-je, honteux.

_Es-tu bien conscient que la plupart sont des innocents ? me blâma-t-elle.

_Je sais, mais n'oublie pas que deux d'entre eux, en plus de John, sont des traîtres. Et nous ne pouvons pas savoir lesquels, vu qu'il résistent au pouvoir de ton épée, et notre ancien télépathe est de leur rang. Vickie est vraiment incroyable. Il a détruit les piliers de notre royaume en un discours de quelques secondes.

_On ne sait pas depuis quand il prépare pour cela. Ce n'est pas en un jour et une nuit qu'il a réalisé tout cela. C'est un travail de plusieurs années.

_Au même temps, comment a-t-il pu les convaincre, lui qui n'avait pas encore ses dix-huit ans, et encore devenir leur chef ? affirmai-je, en jouant avec mes doigts.

J'avais cette manie quand j'étais en train de penser.

_Est-ce que tu supposes qu'il est un simple acolyte, et qu'il cache un plus grand danger ? me demanda Armine, comme si elle lisait en moi comme dans un livre ouvert.

_Surtout qu'il ne peut pas avoir appris la magie noire tout seul. N'oublie pas qu'il a vaincu "le spectre noir". Ce qui veut dire que la meute est devenue sienne. Je ne serai point surpris s'il nous attaque dans les jours à venir.

_En outre, tout le monde est devenu suspect. On ne peut plus compter sur personne dans la guerre. Nous avons besoin de toutes les forces à notre côté. C'est un choix très difficile, ajouta-t-elle.

_Je ne peux plus de cette affaire. Je commence à avoir la migraine. Je vais me reposer dans ma chambre. Dorénavant, tu es ma bêta. Fais ce qui te semble correct.

_Me permets-tu ? C'est un grand honneur pour moi. Mais, pourquoi, parmi tout le monde, je suis la seule à qui tu n'as pas arrêté de faire confiance, alors que je suis sa mère ?

_Je l'ai compris des gestes de ton fils. Il ne t'aurait rien raconté, si tu avais été l'une de ses partisans. En outre, il t'avait dit qu'il allait s'enfuir, en comptant que tu m'en informe et que j'aille pour l'arrêter. C'était un plan bien organisé. Et le plus attirant dans tout cela est qu'il avait préparé cette fugue en quelques minutes si ce n'était pas moins. Au revoir !

_À plus !

Je me dirigeai vers ma chambre et sautai sur le lit, dans un long soupir. Je contemplais le toit et essayai d'assimiler toutes les nouvelles peu à peu. Je me sentais surmené et dépassé par les événements. Tout me tomba dessus d'un seul coup, on disait un tonnerre. J'ouvris le tiroir de la table de nuit et pris un comprimé pour atténuer le mal de tête causé par cette péripétie.

Exténué, je fermai les yeux, espérant retrouver un semblant de repos. Mais les propos de mon neveu me tourmentaient toujours l'esprit. Mon cerveau fonctionnait dans tous les sens, sans le moindre résultat. Il tournait dans le vide. Plus j'essayais de trouver une réponse, j'étais bombardé par un nouveau tas de questions et plus je me sentais loin de la vérité. Ça ressemblaient au mirage que tu courais après sans jamais pouvoir l'atteindre, ou comme une illusion qui disparaissait dès que tu tentais de la toucher. Si je continuais selon cette cadence, je perdrais sûrement la tête très prochainement.

Pdv Armine :

_Vickie s'est enfui ? me demanda Angela, d'un ton terne.

_Oui, contre toute attente.

_Il m'a jeté derrière lui, et s'en est allé comme si je lui signifiais rien du tout. Je croyais être quelqu'un pour lui, mais il s'est avéré que je n'étais personne à ses yeux. Il m'a abandonné si facilement, ajouta-t-elle de la même voix peinée, avant d'exploser en sanglots.

Je la pris dans mes bras et la calmai. Je n'étais pas si cruelle pour rire aux maux des autres. J'essayai de la calmer et lui disais des mots rassurants.

_Vickie a malheureusement choisi la mauvaise voie et a rejoint les forces du mal, affirmai-je, triste.

_C'est pas vrai. Vous êtes des menteurs qui ne cherchaient qu'à tuer Vickie. Vous l'avez beaucoup blessé par tes accusations incessantes. À chaque fois, vous agrandissez la plaie qu'il essayait de soigner, la rendant encore plus profonde. Ce dernier coup l'a rendue incurable. Vous êtes la première et l'essentielle cause de ce qui s'est passé, cria-t-elle, en me poussant pour exprimer sa rage contre nous.

_Écoute-moi bien. S'il y avait quelqu'un qui espérait que tout cela soit un mavais cauchemar duquel il va se réveiller, ce serait sans doute moi. Je suis sa mère. Il est le joyau de ma vie, mon cœur qui bat, la lumière de mes yeux. J'aurais aimé que nous ayons tous tord et qu'il prouve le contraire, mais lui il a avoué avoir commis le crime. En plus, en s'échappant, il a confirmé d'avantage les doutes, lui dis-je, en l'arrêtant et en joignant mes larmes aux siens.

_Vous pouvez me bourrer le crâne par tout ce que vous voulez sauf que mon maître est un traître. C'est inadmissible, illogique. Mais ce que je ne comprends pas, pourquoi a-t-il quitté sans moi ? s'interrogea-t-elle d'un ton lugubre.

_Je ne partage pas ta perception des choses. Je vois en ces actes que ta sécurité l'intéressait plus que ses propres profits. Il a fait le meilleur pour toi. Ici, tu es bien protégée. On n'a rien contre toi. Tu es innocente. Tu n'en sais rien.

_Si, je sais des choses que vous ignorez totalement, des secrets qui vous sont cachés.

_C'est pas vrai. Si tu veux vivre en paix, il faut que tu aies tord. Tu ne connais que très peu de choses.

_Tu te trompes sur toute la ligne. Au jeu de l'échec, ce n'est pas celui qui sait bouger ses pièces qui gagne mais qui sait contrôler les pièces de l'adversaire. Ce dernier croit être indépendant, alors que, réellement, il est conduit par son opposé.

_Je ne suis pas des fans de ce jeu de réflexion, veuillez alors m'expliquer sans des énigmes.

_Votre plus grande faiblesse est que vous ne connaissez point Vickie, tandis que lui vous a appris un à un par cœur. Et c'est en cela que consiste son plus grand avantage. Il peut anticiper tous vos mouvements. Est-ce que vous comprenez maintenant vos lacunes ? Essayez de vous rattraper si vous voulez. Je vous assure que vous n'y arriverez pas. Tout simplement car on ne peut revenir au passé, le mal est déjà fait. Rien ne peut l'effacer. Ça y est, c'est trop tard, c'est trop peu. Je te laisse maintenant. Tente d'assimiler cela, peut être ça vous aidera à ne pas empirer les choses.

Je restai ébahie. J'aurais aimé la contredire, lui prouver que c'est faux. Mais je réalisai qu'elle avait totalement raison, chaque lettre et chaque mot est une pure vérité. Elle me laissa dans cet état de choc et me tourna le dos. Je lui tins la main et lui dis :

_Tu auras la chambre de Vickie et seras traitée des meilleurs manières. Enfin de conte, tu as sauvé le royaume. Nous te devons bien cela. Nous ne sommes pas des ingrats.

_Je suis navré, mais vous l'aviez été avec Vickie.

Je reçus cette réplique en pleine face et lui lâchai la main. Sans tarder, elle s'achemina vers sa nouvelle chambre.

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