Chapitre 27

Jack tournait sa tête à droite et à gauche. Puis il trouva le moment idéal pour s'intéresser à ses mains avec lesquelles il jouait dès le début. Il était clair qu'il cherchait la meilleure façon de lancer la révélation que je supposait de poids lourd. Il lançait à chaque fois de brefs regards vers moi alors je l'encourageai par un sourire pas des plus beaux, mais ça faisait l'affaire.

-Tu n'es pas totalement vampire, m'annonça-t-il après une longue hésitation.

-Je ne te comprend pas, demandai-je pour plus de précision.

-Tu es un mélange entre deux espèces.

Comment le savait-il ? Serais-ce que Frank le lui avait dit ?

-Tu veux dire un hybride, m'assurai-je que je n'ai pas mal compris.

-Oui, comment tu sais ce terme, pourtant il est rarement utilisé, fut-il surpris.

-Je l'ai vu dans l'un des livres de John, si je ne me trompe pas, mentis-je.

-Ah ! D'accord. Pourquoi tu ne sembles pas ému d'apprendre cette nouvelle ?

-Avec tout ce qui se passe, ça ne sert à rien d'être surpris à chaque révélation sinon je finirai en une crise cardiaque, prétextai-je.

-Tu es vraiment fort de caractère. Chapeau bas ! Alors comme je te l'ai déjà dit. Tu es un hybride sauvage. Ça veut dire que outre que tu es vampire, tu es partiellement loup-garou.

-Mais comment tu sais tout ça ?

-Tu te souviens de mon état un peu plus tôt. Je trouvai une difficulté à contrôler mon loup, non pas parce qu'Élie présente un danger pour ma meute. Si c'était seulement ça, je vous aurai tout simplement demandé de le mettre loin des yeux des autres pour sa sécurité ainsi que la sécurité de mes loups. Mais ce qui me rendit la tâche difficile c'est toi. Tu sais bien que je suis l'alpha du monde.

-Je crois avoir raté une épisode. C'est quoi l'alpha de monde ?

-C'est très simple. Je suis le plus fort des alphas suprêmes, c'est pourquoi je suis l'alpha de ces derniers. Il y a trois conditions pour devenir l'alpha du monde, premièrement, il faut être un alpha suprême évidemment, deuxièmement, on ne doit pas être delta(sans meute) et enfin on doit vaincre l'alpha du monde s'il est vivant et vaincre les autres concurrents s'il est mort. Toi, tu es un alpha suprême et tu as créé ta propre meute en sauvant Élie. Et tu es clairement beaucoup plus puissant que moi et je n'ai aucune chance contre toi. Alors quand tu as validé les deux premières conditions, je suis devenu le seul obstacle à éliminer avant de prendre le poste qui te revient par le nom de la puissance. C'est pour cette raison que mon loup était si prêt de la surface et j'avais du mal à l'apaiser. Et si je t'ai demandé ici c'est pour deux choses. La première c'est de te faire cette annonce et également pour descendre du trône et te remettre ton rôle sans la moindre résistance et pour succomber à ta volonté.

-Qu'est ce que tu racontes ? Tout d'abord qui t'a dit que je suis alpha suprême ?

-Je peux le ressentir, c'est l'un des atouts de l'alpha du monde.

-De plus qui t'a dit que je veux de cette fonction et de cette responsabilité ?

-Je te remercie pour ta pitié mais tout le monde rêve de devenir l'alpha du monde, dit-il en baissant la tête

-Pas moi. Je ne suis pas comme vous. Le titre de l'élu me suffit énormément.
Je ne savais pas qu'il existe un alpha des alphas. Et maintenant que je le connais ça ne m'intéresse pas le moins du monde d'occuper ce rôle. Alors s'il te plaît, mets fin à ta tristesse et ta soumission. Et reprends ce dont tu veux te débarrasser.

-Je ne peux pas. Je risquerai de t'attaquer à tout moment.

-Nous voilà seuls et tu ne fais rien, essayai-je de le convaincre.

-Tu n'as aucune idée de l'effort que je fais pour parler si calmement.

-Et toi tu n'as aucune idée de l'effort que je fais pour supporter tes bêtises.

-Mon loup te considéra comme une menace tant que tu ne l'as pas battu.

-Que se passe-t-il si je perd ?

-Tu seras bani de toutes les meutes. Et tes loups deviendront les miens. Et Élie est plus puissant que moi, je ne pourrais pas le contrôler au cas où. Sans compter que je n'accepterai jamais que tu sois bani. De plus je ne me permets pas de prendre une place qui n'est pas la mienne.

-Et si je n'en veux pas. Finalement, ça ne peut pas être obligatoire. Tu es très fort. Je suis sûr que tu peux mettre ton instinct lupin à côté, le confortai-je.

-Et si j'échoue.

-Tu es trop pessimiste. Dans le pire des cas, tu me préviendras et on t'arrêtera. Tu n'es plus un jeune loup qui souffre de crises de perte de contrôle. Comme tout à l'heure, tu sentais que ton loup est si proche. Et tu vois bien que maintenant tu vas beaucoup mieux. En un peu de temps ce ne serai qu'un simple souvenir, le rassurai-je.

-Es tu si sûr de ta décision ? voulait-il s'assurer.

-Plus que jamais et c'est le moindre que je peux te faire en titre de gratitude pour tes innombrables faveurs. Et je t'en demande une autre. Ne parle de ça à personne. Personne.

-Je ne vois pas pourquoi mais comme tu veux. Même si je suis toujours l'alpha du monde grâce à toi, je te serai plus obéissant qu'un elfe de maison.

-Est ce qu'ils existent vraiment ? m'emportai-je.

-Non, ce sont des créatures imaginaires.

-Et nous, nous sommes quoi alors ? me moquai-je.

-Des êtres surnaturels et réelles.

-Quelle nuance !

Et nous allâmes en un fou rire.

-Merci encore, me dit-il en me serrant la main.

-Je dois maintenant rendre visite à Frank, je te laisserai.

-Qu'est ce qu'il y a ?

-Rien d'important. J'ai juste quelques questions.

-Il ne sait pas ce que tu es, n'est-ce pas ?

-Et il n'en a pas besoin.

-Je ne sais pas pourquoi tu es si...

-discret ? continuai-je sa phrase.

-Non, vaut mieux dire énigmatique car tu réponds aux questions sans donner aucun détail et aucune explication. Une réponse vague.

-J'aime ton analyse. Je finirai ma consultation plus tard, me contentai-je de dire.

À ces mots, je quittai le bureau de Jack et me hâtai vers celui du docteur.

J'étais sur le point de toquer quand j'entendis un mouvement étrange dans la salle. Je coupai ma respiration, arrêtai mon cœur et tendit bien mes oreilles.

-T'inquiète, je l'apporterai le plus vite possible...Oui...mais bien sûr... Ce n'est pas aussi facile que tu le crois...Que vais-je lui dire...je ne lui ai parlé encore de rien...mais comprends moi...ce n'est pas chaque jour qu'on convaint une personne de le suivre bêtement... D'accord, je te promets que je ferai tout mon possible... Je ne suis pas si vilain que tu le dis, entendis-je Frank discuter au téléphone.

Fou de rage, je fracassai la porte d'un seul coup de pied, la brisant en mille morceaux et avant que le traître ne se rende compte, je le plaquais déjà au mur et le maintenait fermement par le cou à lui couper le souffle. Son visage commençant à devenir bleu par manque d'oxygène, je relâchai un peu mon emprise sur sa gorge. J'ai enfin besoin de quelques informations à extraire de lui.

-Qu'est-ce qui t'a pris ? Tu es fou ou quoi ? Qu'est ce que tu fais ? me cria-t-il en se débattant.

-Un seul autre mot et ce sera ton dernier, le menaçai-je.

-Qu'est-ce...

Un coup de poing bien placé dans la mâchoire le fit taire.

-Tu vas tout m'expliquer de A jusqu'à Z. Où étais tu censé me prendre ? le questionnai-je.

-De quoi parles tu ?

-Mauvaise réponse, dis-je en lui coupant un doigt.

-Il me reste beaucoup de questions mais toi tu n'as que neuf doigts. Maintenant réponds moi si tu veux garder ce qui te reste.

Je lui arrachai un hurlement de douleur. Le sang coulait partout. Il tenait sa main et son visage se crispait tellement il avait mal.

-Explique moi ce que tu veux savoir ? demanda-t-il enfin.

-Où veux tu me prendre ?

-Parles tu du savant dont je t'ai parlé l'autre fois ?

-Oui, ce savant alias démon.

-Qu'est ce que tu es en train de dire ? s'énerva-t-il.

-Arrête de faire l'innocent. J'ai tout entendu.

-Ah ! J'ai compris. Tu m'espionnais alors, se fâcha-t-il encore plus.

-Non, ce qui m'a blessé c'est que je t'ai fait confiance, j'ai découvert ça par pur hasard. Je venais te demander de me prendre au savant. Mais quelle erreur ! Heureusement, j'ai connu tes vrais intuitions.

-Ce n'est pas toi que je prendrais, avoua-t-il.

-Alors c'est qui ? Qui aurait été la victime de ta malignité ?

-Ça ne te concerne pas. Pourquoi tu te sens trahi ? Est ce ta sœur ?

-Alors c'est Armine. Je vais te tuer.

-Qui est cette Armine ? Je ne la connais pas ? Oh ! N'est-elle pas la fille avec laquelle tu discutais tout à l'heure.

-Oui. Arrête de faire l'imbécile ignorant. Qu'est ce que tu lui veux ?

-Rien.

-Alors qui cherches tu ? l'interrogeai-je.

-Pourquoi tu te mêles de ce qui ne te concerne pas.

-Car en t'alliant avec le démon c'est toute la terre que tu mets en danger. Et pour arriver à son but, c'est à ma famille qu'il se prend. Il veut m'atteindre et pour atteindre son objectif ce sont mes proches qu'ils blessent. Qu'est ce que tu vas gagner en tout ça ? Tu crois que ton espèce fuira au sort de la destruction que va infliger le démon à tout le monde. Tu te trompes alors.

La tension montait et notre colère se sentait dans l'air. Bien que je le tenais d'une poignée dure, il ne laissait pas le moindre signe de faiblesse ou d'infériorité.

-Pourquoi tu me racontes tout ça ? Je veux vivre ma vie. Je m'en fous de toi et de tes problèmes et de tout ce qui te concerne, me cracha-t-il au visage.

-Et moi je m'en fous de ta vie.

Je sortis mes griffes pour l'abattre une fois pour toute. Quand une main ferme me retint.

-Arrête Victor. Pourquoi tu fais ça ? me demanda Armide.

-Il nous a tiré par le dos.

-Comment ça ? demanda-t-elle.

-Il voulait kidnapper l'un de nous et le donner au démon.

-Il ne voulait pas m'enlever, dit-elle.

-Alors c'est toi qu'il cherchait, compris-je.

-Oui, ce n'est pas au démon qu'il me prendra mais à son père.

-Je ne comprends rien. Comment sais tu ça ? demandai-je les détails.

-J'avais un faible pour lui, mais je n'ai pas eu le courage de l'avouer. Je parlais avec John que j'ai considéré toujours comme mon frère aîné. Et une infirmière a surpris notre conversation en venant faire un test de contrôle pour les jumeaux et elle m'a confirmé qu'il éprouvait les même sentiments pour moi. Alors je suis venu pour lui en parler quand je t'ai découvert sur le point de le tuer.

-C'est elle que je voulais prendre mais non pas au démon comme tu le croyais. Mais à mon maître vu que mes parents sont décédés depuis ma tendre enfance, et c'est lui qui s'est occupé de moi et m'a accueilli comme son propre fils ou meilleur. C'est pourquoi je le considérai comme mon père. Et j'aimais Armide de tout mon cœur. C'est pour cette raison que j'ai voulu la lui présenter et la demander en marriage. Mais j'avais peur, confirma-t-il les affirmations d'Armide sans la quitter des yeux.

Je le relâchai et il s'effondra immédiatement sur le sol incapable de tenir debout après ce que je lui fis. Je regardai son visage rouge de sang. Il tremble de tout son corps. Je contemplait mes mains trempées de sang, le cœur tordu de remords et de regrets.

-Pardonne moi s'il te plaît, m'excusai-je.

-Éloigne toi de lui, gronda Armide.

-Je ne voulais pas.

-J'ai dit vas, je ne veux pas voir ton visage une nouvelle fois, vociféra-t-elle.

-Je vous protégeais, me défendis-je

-C'est de toi qu'on doit se méfier, me blessa-t-elle.

Je quittai la pièce sans porte sinon je l'aurais brisée. Incapable de passer une autre minute dans ce palais, je décidai de sortir prendre de l'air dans la forêt. À mon chemin vers la sortie, une voix m'interpella mais je l'ignorai ne voulant pas faire une autre dispute. Je n'ai pas la largeur d'esprit pour lui expliquer. Je poussai la foule de loups-garous se trouvant devant moi. Certains me regardaient ébahis, d'autres grognaient, plusieurs lançaient des mots que je ne connaissais pas et que je supposais être des insultes. Et c'est à cause d'eux qu'elle me rattrapa.

-Pourquoi me fuis tu ? me blâma Armine.

-Pour la raison que tu cites maintenant. Je ne veux pas avoir un autre questionnaire comme tout à l'heure.

-Est ce que ça va ?

-Pire que jamais.

-Mais pourquoi ? s'inquiéta-t-elle.

-Car une jeune louve m'embête par son tas de questions, répondis-je sèchement.

Mes mots semblèrent la toucher énormément. Ses yeux devinrent humides et elle mordit sa lèvre inférieur.

-Écoute moi bien. Si tu veux rompre avec moi. Dis le franchement, me cria-t-elle.

-On n'a jamais été ensemble, la brusquai-je.

À ces mots, elle courut en pleurs. Je savais que je l'avais blessé et je le regrettais. Mais j'avais besoin d'un peu de repos. Elle me comprendra. Je m'apprêtai à continuer ma course quand une autre main se posa sur mon épaule. Qui encore ?

Je tournai en fureur.

-Qu'est que tu me veux toi ? Crois tu aussi que je te rejète car je veux rompre avec toi ? me mis en colère.

-Ah ! Alors c'est pour cette raison qu'Armine pleurait de tout son cœur, comprit Élie.

-Je n'ai pas le temps d'entendre tes imbéciles de conclusion.

-Où vas-tu ?

-À un milieu où vous n'existez pas.

-Non, ne fais pas ça. Si tu ne tiens pas assez à ta vie, nous y tenons, ironisa-t-il.

-Je vais à la forêt, pas me suicider.

-Alors je viens avec toi.

-Je veux aller seul, refusai-je directement.

-Je ne peux pas rester ici car tu es le seul à pouvoir me contrôler. Alors si tu vas et que mon loup prend le dessus, par simple coïncidence, c'est le chaos. De plus, c'est Jack qui m'a envoyé te voir. Il a dit que c'est maintenant, mon cours de maintien de soi et que tu devais être présent. Mais si tu préfères que nous ferons ça à la forêt, je t'assure que je suis d'accord avec toi.

-Viens avec moi, sans dire le moindre mot. Si je sens ta présence tu seras mort.

Je courais sans destination précise suivi par Élie quand j'arrivai dans une vaste prairie où la verdure régnait. Les arbres qui entouraient l'endroit, laissaient passer quelques rayons lumineux et augmentaient le charme de ce lieu magnifique par son ombre. C'était la place parfaite. Caché par la végétation des yeux des autres et permettant aux personnes à l'intérieur de jouir de la beauté extraordinaire de la nature. Je m'étalai sur l'herbe verte et contemplai le ciel devenu rougeâtre par le coucher de soleil. Quel paysage panoramique ! Je sentis ma colère s'évaporer dans la brise fraîche qui dansait entre les mèches de mes cheveux devenus inhabituellement longs. Je sentis Élie hésiter avant de s'asseoir à mon côté. Alors je tapotai sur son épaule en un signe rassurant. Je profitais de l'odeur des roses et la froideur de l'air quand un cri strident perça mes oreilles. Nous nous levâmes d'un bond. Nous échangeâmes un regard inquiet avant de nous hâter vers l'origine de ce cri de détresse. Devenant ce nouveau être (pas de mépris, mais on ne sait pas toujours ce que je suis exactement et encore moins lui), Élie courait plus vite qu'avant mais je le dépassai toujours de quelques mètres. Nous arrivâmes enfin à la source de ce bruit. Et quelle horreur ! Un paysage affreux, piteux, incroyable, cruel...! Pourquoi je ne tombai que sur des situations les unes plus pénibles que les autres ?

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