Chapitre 26
Sans ajouter le moindre mot, je me hâtai vers la chambre d'Élie. J'entendais le bruit de fracas et de combat de loin. Je redoublai de vitesse et entrai en force. Élie était vraiment réveillé, et avait repris plus que sa force car il a assommé deux alphas suprême, blessé quatre et il se préparait pour en finir avec les autres. Il s'apprêtai à se jeter sur Armine quand je lui poussai d'un coup d'épaule le jetant au bout de la salle.
Que devais-je faire maintenant ? Et par malchance, John s'était évanoui. Est ce que je semblais comme un vampire qui en créait des nouveaux chaque jour ?
Élie se leva, me regarda avec ses yeux devenus rouges comme deux charbons ardents, me montra ses crocs et sauta sur moi. Je l'esquivai à peine et lui lançai un coup de pied. Mais à ma grande surprise, il arrêta mon coup dans son envol et me propulsa vers le mur. Je n'eus pas le temps de me relever qu'il m'asséna un coup de poing me sonnant. Puis il me porta dans les airs et passa à la salle suivante en fracassant le mur au biais de mon corps. Si affaibli, j'étais plus ressemblant à une proie entre les griffes de son prédateur. Il sortit ses griffes et leva son bras pour donner le coup fatal. Heureusement que mon instinct de survie se réveilla au bon moment et je le poussai de toutes mes forces. Puis je me jetai sur lui dans une suite de coups puissants et bien placés. Mais il me brusqua par un coup de poing dans l'estomac et me projeta loin pour minimiser mon avantage. Je me positionnai pour me défendre mais remarquai qu'il n'attaquait plus. Il était à genoux, tremblant de tout son corps et il lança un cri strident qui devint vite des hurlements. Il était entrain de se transformer. Si je n'avais pas pu le neutraliser au début, sous sa forme de loup j'en serais sûrement incapable.
-Arrête sa transformation, cria Frank en courant vers moi.
-File d'ici, c'est dangereux !
-Tu peux le contrôler et tu dois vite l'empêcher d'achever sa transformation.
-Comment le faire ?
-Si tu es son créateur, et vu ta part dont je t'ai parlé, il est possible que tu as une maîtrise sur lui. Vite ne perds pas le temps. Tu n'as rien à perdre.
-Mais comment le faire ? lui répétai-je.
-Je n'ai aucune idée. Débrouillé-toi comme tu veux, exigea-t-il.
-Concentre toi sur le lien qui vous relit, dégage ta force et envoie lui l'ordre de se contrôler, m'ordonna Jack enfin réveillé.
Voyant que le poil commençait à monter, je m'exécutai immédiatement. Je fermis les yeux et me concentrai jusqu'à crisper mon visage. Enfin, le lien de "meute" apparaît et j'envoie ma force dedans. Contre toute attente, rien ne se passa ou au moins rien de bon car je me trouvai maintenant dans le néant et je ne voyais rien. Quand soudain, j'entendis des cris de détresse. Je suivis alors l'origine du son en courant. Et quelle scène se trouvait à mes yeux ! Élie était relié par des chaînes, attiré d'un côté par lui-même mais un peu différent, c'était lui mais version vampire et de l'autre côté par un loup brun que je reconnus être son loup. Chacun des deux le tirai dans une direction et s'ils continuaient ainsi, il serait divisé en deux. Son loup était clairement en supériorité mais le vampire ne lâchait toujours pas prise. Je courai vers lui pour le secourir et je découvris Moros à mes côtés pour m'aider. Au moins lui il savait peut-être ce qu'il faisait.
-Élie, reprends le contrôle, lui ordonnai-je.
Ma voix était autoritaire et je sentis une vague d'énergie sortir de mon corps. Le loup faiblit contrairement au vampire qui tenait toujours bon. Alors je répétai mon ordre en mettant toute ma puissance dedans. Cette fois, le grand chien faillit céder mais se rattrapa à la dernière seconde tandis que le vampire ne paraissait pas gêné du tout par mes ordres. Mon pouvoir n'avait effet que sur le loup. Et son côté vampirique profitait de la faiblesse de son adversaire pour reprendre le dessus. Vu la nature de ce dernier, la seule manière de l'arrêter était d'intervenir directement. Je pris les chaînes qui enferment mon ami et essayai de les briser mais en vain. Je demandai alors l'aide de Moros mais le résultat n'était pas meilleur. Élie suait de tout son corps. C'était clair qu'il était exténué et je le comprenais. Je devais faire vite de trouver une solution pour l'aider. Je ne pouvais pas le laisser se débattre seul, surtout que j'étais la cause de sa souffrance. Il devenait de plus en plus pâle. Ses yeux se fermaient et s'ouvraient. Il ne tardera pas à perdre conscience. Je cherchai dans tous les coins de mon cerveau mais aucune idée ne me vint. Élie sombrait toujours un peu plus dans l'inconscience. Quand enfin, une tentative me passa par l'esprit. Si ce que dit Frank est vrai c'est à dire que je peux transmettre une partie de mon énergie à Élie pour qu'il puisse vaincre ses deux parts et reprendre ses esprits. N'ayant rien à perdre, je m'éxécutai tout de suite. Sous mon regard impatient, les menottes se brisèrent, Élie se leva et il tenait maintenant le loup par une laisse. Quant au vampire il s'évapora et s'infiltra dans le corps de mon ami. Au début il prit l'apparence d'un vampire mais rapidement il n'en resta aucune trace. J'ai réussi ! Je me jetai dans les bras de mon ami. Et c'est à ce moment que je quittai le néant et revins à la vie réelle. J'étais entrain d'étreindre Élie si fortement.
-Merci pour m'avoir sauvé, Victor. Je suis vraiment désolé. On n'a pas dû te faire cette blague. On a trop exagéré.
-Non c'est moi qui te demande le pardon. Je me suis emporté inutilement.
Je me levai, la vision floue par les larmes. J'essuie mes yeux par le revers de la main et je découvrai que tout le monde était ébahi, choqué, ou je ne sais pas.
-Qu'est ce que vous avez ? leur demandai-je gêné.
-Élie...
-A-t-il fait quelque chose, qui est mort ? les interrogea-je terrifié.
-C'est pas ça.
-Qu'est ce qu'il y a ? Mais accouchez ! commençai-je à perdre la patience.
-Il s'est transformé en une créature bizarre mais familière au même temps. Il était comme un homme portant la fourrure d'un loup, m'expliqua Jack d'une voix chevrotante.
-C'était un loup qui se tenait sur deux pattes avec un corps bien bâti, ajouta Armide d'une voix plus tremblante.
La peur dans leur voix et la distance qu'ils faisaient gênèrent Élie, perturbèrent son calme et minimisèrent son maintien de soi. Ses griffes sortirent ainsi que ses canines.
-Vous savez bien ce que je suis. Peut être que c'est son don ou un effet secondaire. Mais la chose dont nous sommes sûrs c'est que c'est notre ami Élie qui se tenait devant nous, quelque soit son apparence. On doit lui rester fidèles. Personellement, je ne l'abbandonnerai jamais. Et il a eu la preuve que c'est vraiment le cas. Celui qui est d'accord avec moi, je le remercie pour son soutien. Ceux qui veulent me contredire, je leur dis au revoir et c'est au prix de leur vie qu'ils se plaignent. Et nous avons la gentillesse de les en débarrasser.
Heureusement que mes mots reconfortèrent Élie et il reprit les choses en main. Armine était la première à nous rejoindre avec John, suivis par Rocky, Malo et Armide. Seul Jack resta à l'écart.
-Écoutez moi. Je ne suis pas contre Élie mais je suis l'alpha du monde et j'ai des responsabilités vis à vis mon peuple. Et ce qu'il est devenu présente un danger temporel.
-Il n'est rien devenu. C'est Élie et il restera Élie sous n'importe quelle apparence. On s'en fout, me mis en colère.
-Ce n'est pas ça. Le problème est que le garder ici peut vous dénoncer et il est possible de blesser quelqu'un accidentellement.
-Je te répète pour la dernière fois, le seul danger pour toi est les mots que tu sors de ta bouche. On va quitter tout de suite, sale traître.
-Tout ce que je demande est de le garder à l'œil pour un petit moment comme tous les nouveaux-nés, se défendit-il.
-Tu es fou ou quoi ? Je crois que le coup que tu as reçu sur ta tête a endommagé ton cerveau, criai-je la rage me montant à la tête.
-Il a raison, je suis un potentiel péril tant que je ne me maîtrise pas totalement. Finalement il ne demande que de me mettre un peu à l'écart de ces loups. Tu lui en veux pour prendre des précautions pour leur sécurité. Et c'est tout à fait normal ! C'est une question d'alpha et sa meute. Et s'il reste loin de nous, ce n'est pas car il n'est pas de ton côté mais car son loup est à la surface et il risque de perdre le contrôle. Au moins de là-bas, vous trouverez le temps de l'arrêter, et il est plus distant de moi. Ne réfléchis pas trop Victor. Comprends le seulement, prit Élie sa défense.
Jack se contenta de confirmer les dires d'Élie d'un signe de la tête. Il avait le visage crispé tellement il luttait contre son instinct de loup et il s'empressa de sortir.
-Malo, Armide, Marcus et John, vous êtes des biens anciens amis, suivez le et calmez le. Vous êtes les plus aptes à le réconforter, dis-je.
-Fréro ! entendîmes nous Éloi, qui vient tout juste de se réveiller, crier en se jetant sur son frère l'emportant dans sa chute. Tu m'as beaucoup manqué.
-Moi autant.
-Comment as tu échappé aux griffes de ce loup cruel ? répliqua-t-il en m'envoyant des regards noirs.
-Disant que je n'ai pu rien faire.
-Alors qui t'as sauvé de la mort, que je le remercie de ma vie.
-C'est lui même, rétorqua Élie en me pointant du doigt.
-Je ne comprends rien.
-Victor est maintenant mon créateur.
-Quoi ? Mon frère, as tu oublié notre serment. On ne fais jamais des farces l'un pour l'autre ? n'en crut pas Eloi ses oreilles.
-Si, je m'en souviens bien et je ne plaisante pas. Mon âme a déjà fait ses valises quand je sentis un feu si intense dans tout mon corps. Il était tellement brûlant. Si je n'étais pas paralysé j'aurais couru dans tous les sens en criant. Ça a duré des heures à mon avis.
-Réellement ce n'était qu'une demi heure au grand maximum, corrigeai-je.
-Ça m'a paru beaucoup plus longtemps. Enfin mon corps a réussi à éteindre l'incendie. Et quand je me réveillai, j'ai perdu une part de ma conscience. Mon seul but était de tuer celui qui m'a infligé cette torture. Et tu vois le résultat. Heureusement, Victor m'a rendu cette partie manquante.
Eloi s'apprêtait à me sauter dessus. Mais son frère l'arrêta violemment avec un grognement menaçant.
Par réflexe, j'arrêtai Élie de faire un autre mouvement.
-Eh ! Arrête ! C'est ton frère.
-Qu'est-ce tu lui as fait ? gronda Eloi furieux.
-Il est tout nouvellement créé. Il protège son alpha de nature. Son instinct est vite invoqué. C'est pourquoi on doit faire attention, lui expliqua Armine, Mais t'inquiète au bout de quelques jours largement, il sera dans un meilleur état.
-Je suis désolé mon frère. C'était une réaction involontaire.
-Ce n'est pas grave. Tu défendais ton créateur. C'est machinal. De plus, tout ce que tu as fait était de me pousser. Et c'est un bon indice.
-Mais j'ai pu...
-Tais toi ! As-tu oublié ce qu'ont dit aux victimes de nos farces quand ils disent que ça a pu les blesser ?
-Ce qui ne se passa pas ne peut jamais avoir lieu au passé, dirent-ils ensemble en échangeant une longue étreinte mélangée par des larmes et des rires.
-Nous te demandons de nous pardonner ce qu'on t'a fait. C'est de notre faute et merci pour avoir ressuscité mon frère. Au moins maintenant vous pouvez faire la différence entre nous deux.
-Je vous laisse féliciter les retrouvailles.
Je pris Armine par la main et quittaits la chambre en veillant à laisser la porte ouverte au cas où.
-Où sont les autres ? demandai-je.
-Qui ? me questionna Armine.
-Adrian, ses deux fils, Mike et Raphaël.
-Mike est le second de Jack. Il est alors dans les parages. Quant aux autres, ils ont des responsabilités vis à vis leur meute.
-Je te laisse maintenant. J'ai quelques affaires avec le docteur. Frank ! Frank!
-Je viens.
-J'ai besoin de te parler, lui affirmai-je.
-Je t'entends, m'incita-t-il à continuer.
-Seuls.
-Est ce que tu me caches quelque chose ? Se fâcha Armine.
-Je mentirai si je dis non. Alors au revoir, essayai-je d'éviter une chamaillerie.
-Comment peux tu le dire aussi froidement ?
Je compris alors que j'ai échoué à fuir la dispute.
-Si je t'ai dit non, tu ne m'aurais pas cru. Vaut mieux être franc alors.
-Mais pourquoi tu me caches des choses. N'as tu pas confiance en moi ?
Comme toujours, elle m'accusait d'insinuations.
-Est ce que tu m'as dit tout à ton propos ?
-Ce n'est pas kif kif. Moi je ne te raconte pas tout car je ne veux pas t'attrister à cause de mes problèmes.
Les petites amies, toutes les mêmes, si on les blâmait c'est que nous n'avions pas confiance en elles et qu'elles avaient leurs propres raisons, et quand les rôles s'inversaient, c'était totalement le contraire, aucune excuse n'était suffisante. Nous devions être des livres ouverts tandis qu'elles, elles étaient imperméables, un puit de secrets, elles voudraient bien nous révéler tout sauf qu'elles n'aimaient pas nous déranger mais aimaient être dérangées en connaissant tous les méandres détails de nos vies, tout ce dont nous pensions. INSUPPORTABLE ! Heureusement, que je n'exprimai pas cela à haute voix et me contentai de dire:
-C'est de même pour moi. On reparlera plus tard.
-Alors c'est plus important que moi.
Mais ça va pas du tout. Comment elle pouvait imaginer tous ses sous-entendus dans deux mots. Je devais m'enfuir.
-Non, mais c'est plus important que se quereller avec toi.
-Victor, m'appela Jack alors que je tournais les talons pour partir. Je veux te parler.
-D'accord, je passerai te voir plus tard, répondis-je n'ayant pas la tête à une nouvelle révélation.
-Si ça pourrai attendre je ne t'aurai pas appelé.
-Frank, occupe toi des blessés le temps que je revienne, lui demandai-je poliment.
Je suivis Jack vers son bureau. Une fois à l'intérieur, Jack vérifia qu'il n'y avait personne aux alentours.
-Pourquoi toutes ces précautions ? Est ce si important et si sensible que ça ?
-On sait jamais, les murs ont des oreilles.
-Alors je t'écoute.
-Ne sois pas choqué, ne panique pas, et promets-moi de rester sage et calme après ce que je vais t'annoncer.
Je doute fort qu'après toutes les dernières révélations je sois choqué par n'importe quelle nouvelle.
-C'est promis !
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