Il s'est encore fait prendre. Thor l'a de nouveau dénoncé auprès de leur cher papa pour s'être transformé en cafard et embêté Heimdall alors qu'il gardait le Bifrost. Il a toujours été très chatouilleux et Loki a toujours aimé le titiller. Mais alors qu'il se débattait pour le sortir de son pantalon ne pouvant s'empêcher de rire, le pont arc-en-ciel s'est ouvert pendant quelques secondes sur l'Olympe et cela a suffit à laisser quelques olympiens rentrer. Avec un petit "o", aucun des dieux principaux. Heureusement, Thor qui était dans le coin, les a foudroyé avec Mjollnir puis s'est empressé de choper le cafard coupable par les deux pattes arrières pour l'emmener devant Odin et Freya. C'est très déshonorant de se retrouver pendu par les pieds par son grand frère devant le roi et la reine.

Et le revoilà, dans son cachot habituel aux pierres apparentes glaciales pendant deux semaines, avec Edglin, une brune à la peau sombre très mastoque et Kalleli, une grande blonde pour le surveiller. Deux Valkyries, les gardes personnelles de la famille royale et les plus grandes guerrières d'Asgard.

Malgré ses conneries, il reste néanmoins un prince. Même s'il a été adopté.

Heureusement, il avait son ensemble de cuir. Ce n'est pas parce qu'on a 3217 ans qu'on ne peut pas être à la pointe de la mode ! Et ce n'est pas comme s'il en avait besoin, de chaleur. Il tient ses origines de Jotunheim, le royaume des géants de glace. Il ne craint le froid pour rien au monde. En revanche, il a très faim.

_ Un petit truc à manger, ce serait trop demandé ?

Aucune réponse de la part des guerrières dorées.

_ S'il vous plaît ! J'ai vraiment très faim. Et pourquoi cette invention allemande, ce sandwich chaud qui a trouvé son succès aux États-Unis ? Hendurger ? Humblurger ? Ou peut-être Hemburgler ? Non ce n'est pas ça ! Rah, je ne me souviens jamais des noms midgardiens ! Hamburger, c'est cela ! Une des meilleures inventions du monde humain, quand ils ne sont pas occupés à faire la guerre ! Enfin, pour une fois , on ne devrait pas leur jeter la pierre. Du coup, je peux en avoir un ? Avec beaucoup de chadder, non ce n'est pas le mot exact. Cheddar, voilà!

Toujours rien mais Loki est satisfait. Il sentait la patience de ses deux gardiennes atteindre ses limites en elles. Surtout pour Kalleli. Derrière la barrière de verre, il avait une vue imprenable sur ses longues jambes moulées dans leur combinaison d'or et de fer. Il y a quelques centaines années, il adorait les avoir autour de sa taille alors qu'il la plaquait contre le mur entre deux tours de garde.

Il n'y avait bien sûr aucun amour, Loki ne sait pas aimer. C'était seulement par manque de sexe et de connexion charnelle. Il n'y a pas eu de larmes ou de regrets quand ils ont cessé leur relation et ils sont restés très bons amis. Ce qui ne l'empêchait pas de la taquiner de temps en temps...

_ S'il vous plaît...

_ Si je t'en donnes un, tu la fermeras ?

... jusqu'à ce qu'elle cède. La réponse de son amie le fit sourire. Et le regard médusé de sa collègue encore d'avantage. Kalleli n'est pas connue pour sa grande patience et la meilleure façon de ne pas exploser de rage, c'est d'abandonner la bataille. Mais quel ennui ce serait si elle n'essayait pas de lutter contre lui! Leur amitié est très divertissante, pour le plus grand bonheur du dieu de la malice. Mais dans le jeu, il faut savoir aussi s'arrêter.

_ Oui, promis.

La jeune blonde rangea sa lance dans son étui accroché à sa ceinture et quitta la salle, accompagnée d'Edglin qui va surement en profiter pour chercher un casse-croute, lança un regard noir au jeune prince assis au bord de sa couchette, qui n'hésita pas à lui faire un clin d'œil insolent. Il retira sa veste et s'en servit comme oreiller pour s'y allonger pour regarder les barreaux de sa fenêtre. Les rayons de la lune baignait la salle d'une lumière pâle et argentée.

Il n'y a aucun risque qu'il s'échappe de toute façon, la barrière de verre s'ouvre uniquement grâce à la clé que possède son père et son frère. Il pourrait bien s'échapper par la fenêtre en hauteur en se transformant en serpent ou même en fourmi. Mais même le plus grand des dieux a ses faiblesses et pour Loki, il ne peut pas se transformer deux fois d'affilé à moins que quatre jours se soit écoulés entre temps. Et de toute façon, il n'a aucunement l'intention de tenter de s'échapper. Il vaut mieux laisser le sablier s'écouler un peu entre deux bêtises. Et surtout, assumer ses erreurs, le pardon vient plus facilement mais son caractère ne trompait plus les personnes qu'il connaissait. Il y aura toujours Thor derrière son dos, Kalleli pour le surveiller en taule, Odin pour le punir.

Sa vie était un cercle vicieux et il en était le dieu. Il ne pouvait que la contrôler sans attendre de mauvaises surprises que celles qu'il avait déjà prévu. Rien de plus normal que de faire honneur à son titre.

Soudain, un sifflement s'échappa des barreaux.

_ Salut, toi.

Loki sourit en voyant Jormungand, son petit serpent de compagnie glisser d'entre les barreaux pour descendre dans sa direction. Le dieu lui tendit son bras pour le laisser entourer son poignet, jusqu'à ce que sa tête rencontre sa queue. C'était sa position préférée. La même que lorsqu'il entoure le monde de Midgard lorsque le soleil se lève. Evidemment, dans une forme plus que gargantuesque.

Aussi vert que l'émeraude, comme ses propres yeux, il ne pouvait voir la vie sans son serpent. Après tout, il l'a crée. Tout comme son loup, Fenrir. Mais malheureusement, son père l'a enfermé dans la plus profonde des cavernes souterraines où même Loki ne peut lui rendre visite. Néanmoins, il sait qu'il est vivant, et c'est le principal.

Cependant, il n'était pas tout seul quand il a façonné son corps, ce n'était pas lui qui lui a insufflé la vie. Son sourire retomba. Quelqu'un d'autre était avec lui. Quelqu'un qui n'est plus là aujourd'hui. La seule personne qui lui manque vraiment. La cicatrice sur son index est le seul vestige qu'elle lui a laissée.

Il sentit Jormungand resserrer son emprise autour de son poignet, pour le consoler. Il le sent lorsqu'il pense à cette personne, son autre créateur. Il lui manque aussi. Loki le ressent à chaque fois que ces écailles aussi froides que l'hiver effleurent sa peau. Il tient la température de cette personne dont lui seul se souvint de son nom.

Mais sa nostalgie disparut quand il croisa le regard de son reptile. Vert, froid, discret et craint. Il ne faisait aucun doute qu'ils se ressemblaient.

Et Loki n'a pas à s'en plaindre. Dieu, beau gosse, puissant, royal et libre. Il y a plus mal loti que lui.