Chapitre 20

Pendant la pause déjeuner, je cherche Arthémis. Elle devait manger avec moi ce midi et cela fait une demi-heure que je ne l'ai toujours pas vu. Je commence à m'inquiéter. Je demande à Louise et même à ses amis populaires si par hasard ils n'auraient pas une idée de l'endroit où elle pourrait être. Tous ne savent pas où se trouve la belle blonde. Je fais alors tout le tour du lycée, et c'est dans un recoin à l'abri des regards que je trouve enfin la demoiselle. Cette dernière est toute recroquevillée sur elle-même. Une cascade de cheveux blonds se présente devant moi, je ne peux même pas voir son visage.

Je l'interpelle :

" Arthémis ? "

À l'entente de ma voix, elle se redresse immédiatement et je remarque que ses yeux sont rouges, inondés de larmes. Cette image me fend le cœur. Je m'assois à ses côtés et lui demande :

" Qu'est-ce qui ne va Arthémis ? "

Elle me regarde avec ses grands yeux noisettes et essuie d'un geste furtif ses larmes. La fille en face de moi s'éclaircit la gorge et prend la parole d'une voix tremblante :

" Mon copain a rompu avec moi...

—  Oh non le salaud ! Il a donné une raison valable ?

—  Apparemment, il ne m'aimait plus ! Dit-elle d'une voix cassée.

—  C'est qu'un connard, il ne te mérite pas !

—  Je l'aimais Maël ! Je me suis accroché à l'image qu'il renvoyait, gentil, beau, attentionné. Et au final, je ne suis qu'une parmi tant d'autres. Et c'est ça qui me rend le plus triste... Le pire c'est que tu m'as averti mais j'ai préféré à n'en faire qu'à ma tête ! Comme d'habitude, j'aurais dû t'écouter. Déclare t-elle en éclatant en sanglot.

—  Comment ça ? Qu'est-ce que je t'ai dit ? Je la questionne perplexe.

—  Non, c'est rien... Je ne veux pas en parler maintenant. Réplique t-elle toujours en larmes

Je fais abstraction de sa remarque et je lui demande soucieux

—  Cela faisait combien de temps que vous étiez ensemble ?

—  Ça faisait 2 mois. Je sais que c'est peu pour s'attacher à quelqu'un mais moi comme une idiote, je l'étais.

—  Tu n'es pas idiote Arthémis. Tu ne peux juste pas contrôler tes sentiments, c'est normal ! " Je tente de la rassurer en la caressant délicatement dans le dos.

Je sais que ce geste apaisait Louise dans les rares fois où elle était triste. Elle se détend peu à peu face à ce contact et dépose sa tête sur mon épaule. Je peux sentir l'odeur de son shampoing : à la vanille. Sa respiration prend le rythme de la mienne et nous restons là sans parler. Le silence parle pour nous.

Soudain, elle déclare :

" J'aimerai être comme toi !

—  C'est à dire ? Je dis en l'interrogeant du regard.

—   J'aimerai ne jamais être tomber amoureuse. Ça éviterait de souffrir ! M'avoue t-elle en plongeant ses iris dans les miennes.

—  Crois-moi, tu n'aimerais pas être à ma place ! Toi au moins, tu sais quelque chose de l'amour, pour moi c'est l'inconnu total ! Je réplique d'une voix douce.

—  Tu vas vite le découvrir crois-moi ! Répond la blonde en m'adressant un faible sourire.

—  Je l'espère, je me verrai mal finir ma vie seul avec des chats ! " Je rétorque en plaisantant.

Elle éclate d'un rire franche face à ma remarque. Ce son est magnifique à entendre. Je préfère cela que de la voir pleurer. Mon amie se relève et je l'accompagne.

Cette dernière dit :

" Merci, d'être toujours là pour moi Maël !

—  C'est normal, je suis là pour ça ! "

Boucle d'or m'adresse un sourire franche et m'enlace dans ses bras. Je sens son petit corps fragile se relâcher petit à petit jusqu'à être complètement détendu. Après cette étreinte, elle se décale délicatement. Je constate que ses joues ont rougi. Ce qui me fait doucement rire. Elle n'ose pas affronter mon regard ! Est-elle nerveuse ? Je ne sais pas. J'entends du mouvement dans le lycée, signe que c'est la reprise des cours. Je la suis jusqu'à sa salle sans prononcer un mot. Ce silence est reposant et pour le moins gênant. Avant qu'elle n'entre dans sa classe, je lui affirme que je suis là si elle a besoin. Mon amie me remercie poliment et s'installe dans le rang de sa classe.

Ni une, ni deux, je file à mon cours en espérant ne pas arriver en retard.

***

À la fin de mon service, je rends mon tablier et je sors du restaurant. La soirée était assez calme, j'ai pu finir plutôt. Je me dirige vers mon vélo quand tout à coup une silhouette au loin retire mon attention. Je reconnais celle de mon frère et je m'approche de lui discrètement. Il discute avec une fille, sûrement sa petite amie ! Curieux comme je suis, je marche en direction de lui et ce que je vois me coupe le souffle. La fille en question dépose un baiser sur la joue de mon frère mais à ma plus grande surprise, ce n'est autre qu' Arthémis !

C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase ! Je me précipite vers eux et je hurle, énervé :

" C'est une blague j'espère ! Ne me dis pas que c'est lui Arthémis !

Cette dernière prise de court se tait et baisse le regard vers le sol honteuse. Aaron se tourne vers moi perplexe :

—  Vous vous connaissez ?

—  Oui, c'est une amie à moi. Tu le saurais si tu t'intéressais un minimum à moi ! Je réplique d'une voix sèche.

—  Ne le prend pas comme ça Maël ! On est juste sorti ensemble, ce n'est pas la fin du monde. Se défend mon frère aîné.

—  Si j'avais su que c'était elle, j'aurai fait en sorte que tu ne sois pas avec elle pour éviter qu'elle souffre ! Je réponds enragé.

—  Elle est venue me parler pour me dire que nous restons en bon terme ! Crache t-il en perdant patience.

—  Oui, mais c'est grâce à qui ? À moi ! C'est qui qui est venue la consoler quand elle pleurait toutes les larmes de son corps ? C'est moi et pas toi ! Je crie, en perdant le contrôle.

—  Je suis désolé Maël, si j'avais su, je ne saurai jamais sorti avec elle. Tu le sais bien. " S'excuse Aaron d'une voix calme.

Je l'épie du regard et je me tourne vers Arthémis. Vu sa tête, elle a envie de disparaître six pieds sous terre.

—  Et toi tu ne parles pas ? Pourquoi tu ne m'as pas dit que tu sortais avec mon frère ? Je croyais être ton ami, qu'on pouvait se faire confiance !

Elle me dévisage, et répond d'une toute petite voix :

—  Quand je t'ai rencontré en début d'année, avec Louise, je sortais déjà avec Aaron depuis une semaine. Et la ressemblance entre vous deux m'a frappé. J'ai directement su que tu étais son frère. Au début, je ne m'entendais pas bien avec toi. Et je comptais te le dire, rien que pour t'énerver car je savais que tu ne le portais pas dans ton cœur à cet époque. Et puis les jours ont passé et je me suis rapprochée de toi ! Je commençais à t'apprécier, tu étais quelqu'un de superbe et je ne voulais pas te faire du mal. Cela me pesait de rien te dire, de te le cacher, mais c'était pour ton bien !

—  Tu es resté avec moi pour avoir des informations sur mon frère ! C'est ça ? Tu m'utilisais, comme un pantin ! C'est pour ça que tu me posais souvent des questions sur lui ! J'ai raison ? Je la questionne d'une voix rauque.

—  Au début, lorsque je ne te connaissais pas, je t'avoue que je traînais avec toi pour ces raisons... Mais après j'ai appris à te connaître et j'ai adoré passé du temps avec toi ! Essaye t-elle de se justifier.

—  Je te pensais différente Arthémis ! Je pensais que tu n'étais pas comme ses filles populaires à ne penser qu'à son nombril et à manipuler les gens. Mais je me suis trompé, tu es pire qu'elles, tu es une vraie garce ! Et dire que je croyais être ton ami ! Tu me déçois beaucoup. Je déclare, dégoûté de la fille qui se trouve en face de moi que je ne reconnais pas.

—  Ce n'est pas ce que tu crois Maël ! Riposte la blonde désespérée.

—  Retourne avec tes amis qui t'ont si bien soutenu, reste avec tes semblables ! Après tout qui se ressemble, s'assemble ! Et continue à avoir peur du regard des autres à ne pas t'accepter telle que tu es, ça te réussit bien. Je rétorque en colère contre elle.

Je sais que mes mots sont durs, mais j'ai besoin d'exprimer mes émotions qui sont bien trop fortes en cet instant. Je les scrute un court instant en les méprisant et je tourne les talons.

Aaron m'appelle et je me retourne une dernière fois pour leur dire :

—  Je ne veux plus jamais vous voir tout les deux, c'est fini ! "

Je peux voir l'incompréhension se lire sur le visage de mon frère. Il ne m'a jamais vu comme ça, plein de rancœur. J'enfourche mon vélo et je me rue à mon appartement pour enfin être tranquille. Je me précipite dans ma chambre et je m'enferme. Je me laisse tomber dans mon lit et j'essaye de réfléchir à la situation. J'en veux à tout les deux, de un à Aaron d'avoir jouer avec Arthémis au début de leur relation quand mon frère ne s'était pas encore rendu compte à quel point il était un connard à cet époque. Mais bon ça, je ne peux pas lui en vouloir, il n'était pas au courant que j'étais ami avec Arthémis. Je peux le comprendre.

Non c'est à Arthémis que j'en veux le plus de m'avoir pris pour son jouet ! Elle s'est servie de moi, et ça me blesse. Ça me fait mal. Moi qui pensais tellement qu'elle était une personne différente ! Je la pensais spéciale, mais je m'étais trompé sur toute la ligne. Je m'étais attaché à elle, je la voyais comme une véritable amie, à qui faire confiance. J'ai été aveuglé par l'amitié que je lui porte. Je ne m'étais pas rendu compte de la véritable nature de cette fille ! Elle me l'a fait à l'envers et ça ne passe pas avec moi. Autant si ça avait été en début d'année, où je ne pouvais pas la supporter, j'aurai moins souffert. Là, je croyais tellement en elle, c'est comme si elle m'avait planté un poignard dans le dos. Je suis déboussolé. Je ferme les yeux et essaye de penser à autre chose. Mais non, mon cerveau ne m'obéit pas et je visualise la scène en boucle dans ma tête. D'un coup, je craque : des larmes jaillissent de nulle part et ruissellent le long de mes joues sans que je puisse les arrêter. Je me sens tellement impuissant.

Je m'enroule dans mes draps et je laisse le sommeil m'envahir et partir le plus loin possible de ce monde, le plus loin possible de cette peine qui grandit en moi et qui me ronge de l'intérieur...

***

Voilà le chapitre 20 !

Vous vous y attendez ?

Que pensez vous de la réaction de Maël ?

La longueur de ce chapitre vous convient-il ? (1800 mots)

N'hésitez pas à voter et à commenter si vous avez aimé, cela fait toujours plaisir :)

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