Chapitre 15

***

Mon frère déboule dans le salon, le sourire aux lèvres et déclare joviale :

" Devine quoi ! J'ai décroché le poste, je commence demain.

—  Mais c'est géniale Aaron, je suis fier de toi. T'as tout déchiré ! Je réponds heureux de cette nouvelle.

—  Le patron est super sympa, hyper décontracté on a même rigolé ensemble. Je crois qu'il m'apprécie.

—   Je suis content pour toi !

—  Moi aussi, j'ai l'impression que c'est la meilleure décision que j'ai prise de toute ma vie ! Dit-il en rigolant.

—  Tu vas devoir en prendre pleins d'autres de décisions importantes. Mais c'est un bon début, maman serait fière de toi ! Je réplique honnête.

—  Tu le penses vraiment ? Me questionne l'homme en face de moi d'une toute petite voix.

—  Oui, j'en suis sûr ! "

Il me sourit et me prend dans ses bras pour la première fois de toute mon existence. Normalement, c'est toujours moi qui fait le premier pas, ça a toujours été moi depuis tout petit. Je me rappelle que quand j'étais triste, je venais me consoler dans ses bras et non l'inverse. Ce geste me réchauffe le cœur.

Soudain, une pensée me vient à l'esprit :

" Aaron ?

—  Oui ?

—  Tu m'as jamais présenté tes potes ! 

—  Pourquoi tu me poses cette question ? Me demande t-il perplexe.

—  C'est juste que j'aimerai apprendre à plus te connaître tu vois. Je sais ce que tu aimes, ce que tu n'aimes pas... Mais je ne sais pas qui sont tes amis, ceux avec qui tu as passé la majeur partie du temps. J'ai l'impression de te connaître qu'à moitié !

—  C'est vrai.Je connais tes potes, tu les invitais à la maison avant, ils sont gentils. D'ailleurs, j'ai toujours pensé que tu allais sortir avec Louise ! Rétorque t-il en me regardant droit dans les yeux.

—  Tu te souviens de son prénom ! Je dis en ne prêtant pas attention à ce qu'il vient de dire.

—  Oui, tu crois que quoi ? J'écoute quand on me parle moi au moins ! Dit mon frère pour me provoquer.

—   Tu insinues que je n'écoute pas ce que tu me dis ?

—  Non, juste que tu es tête en l'air Maël. Des fois tu es ailleurs ! Rétorque-il en plaisantant.

—  J'avoue, il y a des moments où je suis dans la lune.

—  Souvent même ! " Réplique t-il en pianotant sur son téléphone.

Je rigole face à sa remarque et je m'avance vers lui pour voir ce qu'il consulte sur son cellulaire. Il est dans la galerie et cherche une photo de ses potes. Dès qu'il en a trouvé une qui lui convient, il me fait signe de m'approcher et me présente ses amis :

" Tu vois lui, c'est Eliott, à côté c'est Luka, à côté de moi c'est Kyle et l'autre c'est Will.

J'observe attentivement la photo en question et j'essaye d'analyser tous les nouveaux visages que j'ai sous mes yeux.

—  Et tu ne m'as jamais dit comment tu les avais rencontré ...

—  Eliott et Will étaient dans ma classe en seconde. Kyle et Luka traînaient avec eux donc à force de se côtoyer, on est devenu potes.

—  Ils ont eut le bac ?

—  Eliott, Luka et Will oui...

—  Et Kyle non je présume ? Comme toi ! Je conclus.

—  Oui... Kyle c'est parce qu'il n'a pas travaillé, il avait la flemme. Il ne peut s'en prendre qu'à lui-même. Moi tu sais pourquoi je ne l'ai pas lu. J'étais dans une mauvaise passe, notre famille traversait une situation difficile... Cela remonte à il y à 4 ans, ça me parait si loin... déclare t-il d'une voix à peine audible.

—  Oui, la mort de mamie... je murmure pour moi-même.

—  C'était la personne avec qui je m'entendais le mieux mamie Pénélope. Elle me donnait toujours le sourire et elle croyait en moi... Elle pensait que j'allais accomplir de grandes choses... Je n'ai même pas été capable d'avoir le bac ! Tu te rends compte ? La honte... dit Aaron d'une voix tremblante. Lui rappelant pleins de souvenirs...

—  Ce n'est pas de ta faute Aaron ! La mort de Pénélope nous a tous attristé et nous a chamboulé. Surtout qu'on ne s'y attendait pas ! Elle s'est éteinte d'un coup, sans que l'on ne s'en rende compte ! Ça arrive à tout le monde de faire des erreurs. Je tente de le rassurer.

—  Mais quand ta vie n'est qu'une erreur ? Comment tu fais ? Toute ma vie je n'ai fait que de la merde ! Je n'ai même pas essayé de repasser le bac, de saisir une nouvelle chance. J'ai fait le con ! Je n'ai pensé qu'à moi et à l'image que je renvoyais et je me rends compte du monstre que j'étais. Comment les parents et surtout toi avaient pu me supporter ? Je ne suis même plus capable de me regarder dans un miroir tellement je me dégoûte ! Crache t-il pleine de rancœur.

—  Ne dis pas ça ! Tu es juste remonté car on a évoqué Pénélope et qu'elle comptait énormément pour toi. Vous avez un lien spécial, vous étiez liés. Tu n'as fait de mal à personne, tu as juste voulu profiter de la vie, t'amuser... C'est le seul crime que tu as commis. Je dis en tentant de le raisonner.

—  Non, j'ai tué papa et maman ! Avoue t-il en éclatant en sanglots.

—  Non, tu ne les a pas tué Aaron. C'était un accident ! J'essaye de le convaincre.

—   C'est toi-même qui me l'a dit ! Tu as dit que si je n'avais pas fait le con à cette stupide soirée et que je n'étais pas aussi saoul. Tout ça ne serait pas arriver. Et tu as raison, tout cela est arrivé car je suis qu'un putain de connard égocentrique ! Hurle t-il en colère contre lui-même.

—  J'ai dit n'importe quoi ! N'en prend pas compte. Arrête de te torturer la cervelle Aaron. C'était un accident ! Un accident, tu m'entends ? Tu n'es pas responsable du connard qui a foncé dans les parents. Je lui crie dessus pour lui montrer que j'ai raison.

Il me dévisage, étonné que je hausse le ton avec lui, ce qui n'est pas de mon habitude. Il plonge ses yeux dans les miens et j'y lis de la tristesse, de la colère et tellement d'autres sentiments que je ne saurais décrire.

Aaron réfléchit un court instant et chuchote pleins de remords :

—  Je ne peux m'empêcher de me visualiser la scène encore et encore. Ça me hante sans cesse... Je me dis que j'aurai pu faire en sorte de changer les choses. J'aurai dû tenter n'importe quoi, agir tout simplement ! Je regrette tellement d'être rester figé sur le trottoir à observer la scène qui se déroulait sous mes yeux...

—  J'aurai agis exactement comme toi si j'avais été à ta place. C'est normal.

—  Tu n'aurais jamais été à ma place Maël, je te connais ! Réplique mon frère d'une voix rauque.

—  Tu ne sais pas ! Peut-être que si j'avais été dans ta situation j'aurais agis comme toi... je tente de défendre ma position.

—  Non, je ne pense pas ! "

Je suis à court de mot, je ne sais pas quoi répondre à ça. Je l'observe attentivement et je remarque que des larmes abondantes coulent le long de ses joues sans qu'il puisse les arrêter. Je le saisis délicatement, et l'enlace. J'ai l'impression d'avoir un petit garçon dans mes bras et non mon frère de 22 ans. Il a l'air tellement vulnérable ! C'est la première fois que je sens son corps si fragile, lui qui a une musculature plus développée que la mienne. Je sais que si je le lâche, il pourrait tomber et ne plus jamais se relever.

C'est pourquoi je le serre fort dans mes bras, jusqu'à ce qu'il se calme et qu'il reprenne une respiration normale...

***

Voilà le chapitre 15 !

J'ai beaucoup aimé écrire ce chapitre, j'espère de tout coeur qu'il vous aura plu :)

N'hésitez pas à me dire votre avis là-dessus, je l'attends avec impatience ^^

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