Maël : 2 consonnes, 2 voyelles; un parfait équilibre n'est-ce pas ? Avant c'est comme cela que je me voyais : équilibré moralement et physiquement. J'étais bien dans ma peau tout simplement. Mais depuis ce jour-là, c'est comme si j'étais un funambule qui marchait pas après pas sans savoir à quel moment j'allais tomber. Je n'étais plus maître de ma vie, c'est comme si je ne pouvais pas décider de mon sort. Je me sentais emprisonné... La plupart des gens me décrivaient en trois mots : Gentil, Attentionné et Drôle. Mais moi j'en rajouterai un qui est apparu à lui suite de cet accident : Fragile.

Ce nouveau mot fait désormais partie de moi que je le veuille ou non. Depuis cette soirée, j'ai perdu mes repères, et j'essaye de survivre jour après jour sans broncher, sans que j'ai mon mot à dire. J'essaye de ne pas me laisser atteindre par la situation. J'essaye d'être le même Maël que les autres connaissaient avant la mort de mes deux parents. Je me cache derrière un faux sourire et j'avance tout doucement en essayant de passer une bonne journée malgré les circonstances. J'ai de la chance, j'ai des amis qui me soutiennent et qui sont là pour moi. Je les remercierai jamais assez, mais ça ne me suffit pas.

 La seule personne dont j'ai réellement besoin de son soutien face à cette situation difficile n'est pas là pour moi : mon frère. Ce dernier réagit à l'opposé de moi, au lieu de se lever et de se battre; Monsieur préfère passer ses journées avec ses potes dans je ne sais quelle boîte à empester l'alcool avec des dizaines de filles pendu à ses bras. J'ai beau ressembler physiquement à Aaron : les mêmes cheveux bouclés noirs, les mêmes yeux marrons cependant nous n'avons pas la même forme de mâchoire. Celle de mon frère est grande et carré ce qui lui donne un air autoritaire tandis que la mienne est normale et petite. Nos caractères sont totalement différents : lui c'est le mec " populaire " à la réputation de briseur de cœur qui s'en fou des règles, il est arrogant, et surtout égoïste depuis cette nuit-là.

Moi je suis plutôt le gars discret, calme qui traîne avec ses potes et ça me convient parfaitement... Avant Aaron n'était pas comme cela, certes il avait la côte auprès des filles et il aimait que l'attention soit centré sur lui mais il se souciait de sa famille et il n'était pas imbu de lui même. Je ne le reconnais plus, j'ai l'impression qu'on lui a fait un lavage de cerveau. Il n'est plus le même, il n'est plus le même gars qui me faisait des blagues et avec qui je jouais aux jeux vidéos pour passer un peu de temps avec lui. Son comportement est un paradoxe. Le Aaron d'avant s'est métamorphosé en celui de maintenant pour ne montrer aucune faiblesse et ne penser qu'à sa petite gueule.

 Et ce changement si soudain me mets en rogne ! On ne devrait pas se soutenir dans les moments difficiles ? On ne devrait pas être là l'un pour l'autre ? J'en ai marre que mon frère aîné ne prenne pas ses responsabilités ! Merde c'est le plus grand, celui qui devrait montrer l'exemple ! Il devrait se battre pour sa famille, ou du moins ce qu'il en reste...
Je suis obligé de prendre les devants et de tout gérer : le lycée, le boulot...  Et c'est beaucoup de responsabilités pour un adolescent qui essaye de tout faire au mieux. Surtout quand il est seul...

J'ai du prendre un petit job en tant que serveur pour mettre de l'argent de côté pour quand nous aurons tout dépensé. Mon stupide frère ne jure que par l'héritage de mes parents. Il n'a pas compris qu'à un moment ou un autre on finira à la rue et c'est à ce moment là qu'il devra réagir, se bouger les fesses et revenir sur terre ! Pour le moment, la situation est gérable, nous vivons dans un petit appartement misérable, le loyer est abordable mais ce ne sera pas toujours le cas...

Comme tous les matins depuis quelques semaines, j'exécute ma nouvelle routine. Je me lève à 6h30, prends un rapide petit-déjeuner, enfile des vêtements convenable et je me rends au lycée en vélo. Le bus passe trop tard et mon frère ne veut pas que j'utilise sa voiture de peur de l'abîmer donc je suis résigné à prendre mon vélo. Heureusement, je n'ai que 20 minutes de trajet, ce n'est pas si long. Pendant ce court laps de temps où je suis seul, je ne pense à rien, je fais juste du vélo sans arrière pensée, et je me sens en paix avec moi-même... Ce n'est que quand j'arrive devant l'établissement que les souvenirs reviennent subitement et que je fais en sorte de les chasser de mon esprit.

Je rejoins mes amis, discutons tranquillement et nous allons en cours...

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Voilà le premier chapitre !

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