OEDIPE ET LE SPHINX où les Erinyes de la conscience
Livre Premier : les Analogues, ou livre de l'opposable : Chapitre 2 : Cycle de Laïos ; Oedipe et le Sphinx
(Le sphinx s'adresse à Oedipe après le meurtre de son père. Le sphinx hante Oedipe et tient ici la figure de la conscience d'Œdipe, le jugeant sur ses crimes et ses regrets.)
Tu pleures, Mortel ?
Mais l'aveu que tu m'as fait, tu me l'as librement consenti. Et la loi que tu édictes, c'est la tienne, et nul ne t'a prié pour la faire.
Pleures-tu de ne pouvoir revenir sur l'interdit que tu as posé, ou bien sur la honte qui ne t'épargne pas ? Quoi, tu me demandes si c'était vraiment une faute ? Mais à cette question, c'est toi qui donnes la réponse. Ne t'es-tu pas déjà condamné ? Te serais-tu puni pour avoir fait le bien ? Aurais-tu honte s'il ne s'agissait pas de ta propre laideur ?
Cesse tes lamentations.
Elles ne sont pas dignes, car elles ne sont que l'expression du regret de ce que tu ne pourras plus jamais faire. Si tu regrettes l'interdit, il ne fallait pas interdire. La chose est faite. Et si d'aventure tu revenais sur ta promesse, l'aveu serait celui de ta faiblesse, de ta lâcheté et de ton déshonneur.
Tu me trouves dur ? Mais cette dureté est la tienne !
N'oublie pas qui je suis, qui tu es, qui nous sommes ! Ne suis-je pas le Sphinx, et n'es-tu pas un Homme ? Sache bien que nous tenons dans la même main. La question que je te pose est celle d'un « qui es-tu ? ». Si tu sais y répondre, je n'ai plus rien à te dire, plus rien à t'apprendre, et jamais plus tu n'entendras parler de moi.
N'en parlons plus. Tu reviendras demain.
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