Livre deuxième : Les Clairs-obscurs, ou livre de l'index ; Les Esthésies[1] : le clair

J'aime ses sourcils noirs,
Tombant en crescendo.
Ils sont musique à son front immense.
Ils sont le chant de son regard.
Ils murmurent comme chagrin, comme vague à l'âme, et comme mélancolie ;
Et ils fredonnent comme le blues.
J'aime ses sourcils noirs.

J'aime ses cheveux de silicates,
Brillants comme la soie,
Ils fascinent la lumière
Comme rayons de soleil sur un nuage d'orage,
Comme reflets sur du cuir,
Comme un souvenir du soir.
Ils sont la fronde du saule à la nuit noire,
Ils sont l'obscur espoir.
J'aime ses cheveux de silicates

J'aime ses yeux froncés de rêves et d'indolence.
Hommages insignes qui caressent ce qu'ils touchent,
Oracles magnétiques qui saisissent ce qu'ils désirent,
Et empoignent ce qu'ils convoitent,
Ils sont le chat et je suis souris.
J'aime ses yeux, froncés de rêves sombres et brûlants.

J'aime ses lèvres frémissantes,
Aux saveurs marines, au goût de nacres et de perles.
J'aime le sel de leur pulpe,
J'aime la tendresse de leur chair lactée.
Et comme corolle qui se contracte,
Exhale mon désir à chaque frémissement
Et m'hypnotise à chaque soupir.
J'aime mes lèvres sur ses lèvres.

[1] Sensations. Néologisme tiré du grec « Eïsthésis », sensation.