ANAMORPHOSE

Livre cinquième : les Parallèles, ou livre de l'annulaire ; Anamorphose

La puissance est dans mon dos.
D'un seul battement, soulevé par delà les arbres, et Je suis né.
L'extase et l'excitation m'emportent encore plus haut.
Ils sont fourmis, et je vole.
La jouissance me parcourt l'échine.
Le plaisir et l'exultation, puis vient la plénitude.
Découvrir le monde à ses pieds, comme l'enjamber ;
Parcourir en un instant les monts, les vaux et les villages ;
Jamais, lorsque j'étais rampant, je n'aurais imaginé.

Plus haut, se font entendre dans mon esprit les odes et les arias.
Je suis le grand oiseau des chants et des voyages.
Je suis l'athlète de l'air et des nuages.
Rester là. Suspendu à l'éternité.
Etre bien, si ce n'est les muscles de mes ailes qui me tirent.
L'ivresse me les avait presque fait oublier.
Battre l'air, avec un peu de rage, et le vaincre sous son tirant.

Puis vient la contemplation.
Etre dans et hors des choses, en jouir, et en être.
Oublier que l'on est ailleurs, pour n'être que là !
L'instant sublime, suspendu à sa messe !
C'est à ce moment que l'on connaît Dieu, ou qu'on croit le connaître ;
Lorsque tout est un, et que l'un est en soi.
Là est l'Evidence.
Et pourtant, je ne suis pas croyant !

C'est à un instant comme celui-là que je me suis laissé surprendre par une gifle d'air. Il a fallu forcer pour ne pas être renversé. J'ai senti que quelque chose se brisait, et puis, quelques instants plus tard, la douleur, assourdissante, obsédante. C'est alors que j'ai perdu conscience !

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