Chapitre 5



Leïna venait d'ouvrir son livre pour la énième fois puis le referma incapable de lire une page. Elle tournait en rond dans cette cage doré l'esprit tourmenté par les agissements de sa sœur. Quelque chose n'allait pas. Elle avait le pressentiment que sa sœur était en train de lui concocter un plan qui allait de nouveau les mettre en danger.

Pire encore...

Voilà deux jours qu'elle vivait dans ce palais et si Erika était occupée à s'adapter aux règles très pointilleuses du roi, Leïna elle n'était pas conviée. À aucun événement. Elle était seule, et chaque fois qu'elle s'interrogeait sur le rôle qu'on lui avait attribué, la réponse était toujours la même.

" Nous viendrons vers vous mademoiselle Reaser "

Agacée, démunie, Leïna posa son livre et se dirigea vers la porte quand enfin celle-ci s'ouvrit mais pas sur la personne qu'elle attendait de voir.

Le souverain Jafar Al-Rhayar, la toisa d'un regard impassible puis referma la porte derrière lui. Leïna sentit alors une forte chaleur couvrir son visage. C'était la première fois qu'elle se retrouvait seule dans une pièce avec lui et le moins que l'on puisse dire c'est qu'il s'imposait avec sa grandeur et ses larges épaules massives qui semblaient souffrir dans cette chemise noire. Leïna commença par jouer avec ses doigts, ignorant le petite voix qui lui murmurait qu'il s'agissait là du plus bel homme qu'elle n'ai jamais connu. Très vite, le souverain lui même la gifla avec son cruel regard ce qui lui permit de retrouver la raison.

- Votre séjour est-il agréable ? Demanda-t-il froidement.

- Il le serait si j'avais une idée sur la nécessité de ma présence ici, répondit-elle en essayant de cacher sa nervosité.

- Je vous l'ai pourtant expliqué.

- En effet, cependant voilà deux jours que je tourne en rond dans cette chambre et personne semble avoir besoin de moi.

Son torse massif se souleva d'une respiration silencieuse mais redoutable.

- J'ai cru comprendre que vous étiez l'héritière de l'entreprise de votre père, est-ce la vérité ?

- Oui, murmura-t-elle alors qu'il venait de lui rappeler la raison qui l'avait poussé à accepter de venir ici.

- Nous n'êtes pas trop jeune pour prendre une telle responsabilité ? Nota-t-il en lui indiquant clairement qu'il mettait en doute ses capacités.

Sa voix profonde, la chaleur de son accent firent vaciller ses moyens mais elle se reprit très vite.

- Il faut bien que l'une de nous s'en charge mais je ne comprends pas où vous voulez en venir.

- Je cherche à savoir qui vous êtes mademoiselle Reaser. J'ai eu beaucoup de retour sur vous et on peut dire qu'ils sont incertains. Aussi j'aimerai que vous compreniez que je suis méfiant à votre égard et vous n'êtes pas sans savoir qu'il est vital pour moi de faire en sorte que rien ne vienne entacher la suite de mes plans.

- Des retours ? Répéta-t-elle en battant des cils. Je peine à comprendre ce que tout cela signifie. Si vous ne vouliez pas de moi ici alors...

- Au contraire vous êtes très bien ici, loin de l'agitation médiatique. Ici au moins je peux gérer le moindre scandale, même le plus infime, la coupa-t-il en enfonçant sa paire d'yeux menaçante dans la sienne.

Abasourdie elle le regarda ouvrir sèchement la porte.

- Je vous verrais en fin d'après-midi pour parler du contrat, votre sœur et moi partons en balade, tâchez de rester tranquille.

Sur ce il referma la porte en la laissant sonnée et incrédule.

- Que je reste tranquille ? Répéta-t-elle à voix haute.

Scandale ?

Leïna exhala un soupir en posant une main sur son front. Oh oui quelque chose n'allait pas et elle attendit le départ de la voiture qu'elle pouvait distinguer depuis sa chambre pour obtenir des réponses.

- J'aimerai obtenir un moment avec Hamid si c'est possible.

Sa demande fut étonnement acceptée. Elle fut conduite jusqu'à son bureau. Hamid l'accueillit sans lui cacher sa surprise de la voir ici.

- En quoi puis-je vous aider mademoiselle Reaser ?

- J'aimerai savoir dans quelle sordide mascarade je suis tombée, lâcha-t-elle sèchement.

- Je vous demande pardon ? S'étonna l'homme en se levant de son fauteuil.

- Je veux des réponses monsieur. En plus de l'hostilité de votre souverain, je me retrouve condamnée dans une chambre sans que personne m'informe de quoique ce soit. J'ai l'impression d'être accusée d'un crime et j'aimerai savoir lequel.

Hamid lui lança un regard mécontent, déterminé à rester silencieux.

- Dites-moi la vérité où je jure devant dieu que je vais contacter l'ambassade américaine pour leur dire que je suis retenue...

- Son altesse vous a fait venir ici pour vous empêcher de faire un scandale supplémentaire dont il n'a pas besoin. Les intérêts sont trop important pour vous laissez faire une pareille bêtise. Les journalistes de Khahar n'ont que faire des paiements arrangées pour étouffer les potins juteux de la presse, autrement dit même si votre père payait pour le silence des journalistes, ceux qui sont ici trouveraient n'importe quel moyen pour les faire éclater au grand jour.

Hamid marqua une pause dans laquelle Leïna crut s'évanouir.

- Vous lui rappeler une époque très lointaine, vous avez l'âge qu'avait Halima lors de leur mariage, s'il vous méprise tant c'est pour cette raison et n'y voyait rien de personnel, vous lui rappelait seulement de mauvais souvenirs.

- Attendez une minute, de quel scandale parlez-vous ? Je ne comprends pas.

- Votre sœur a rapporté à sa Majesté que votre père a jusqu'ici passé sa vie à réparer vos frasques avant qu'elles surviennent dans la presse et que vous aimez sortir la nuit, répondit Hamid en s'approchant rapidement. Vous êtes toute pâle installez-vous ici.

Leïna recula sur la défensive. Erika n'avait pas pu aller aussi loin et pourtant...

- Comment a-t-elle pu dire une chose pareille, souffla-t-elle désorientée.

- Mademoiselle Reaser est-ce que vous allez bien ? S'inquiéta Hamid en faisant un pas dans sa direction.

Leïna recula jusqu'à la porte qu'elle s'empressa de franchir. Erika était capable du pire mais elle ne l'imaginait pas à ce point sournoise et prête à la jeter en pâturage de la sorte.

Maintenant elle comprenait mieux les raisons de sa présence ici.

Leïna ne perdit pas une seconde pour reprendre la main sur la situation et appela un taxi. Elle fourra ses affaires dans sa valise et quitta immédiatement ce palais.

- Que faites-vous ? Vous ne pouvez pas partir ! S'alerta Hamid qui tenta de fermer la porte du taxi.

- Vous voulez parier ? Riposta Leïna en forçant sur la portière. Je ne resterai pas une seconde de plus ici.

- Mademoiselle Reaser, ne compliquez pas la situation, s'enquit Hamid le regard suppliant.

- Je ne complique rien, je rentre chez-moi auprès de mon père. À l'aéroport s'il vous plaît.

Ce fut seulement quand elle dépassa les grilles du palais qu'elle put enfin respirer.

Être prête à tout ne signifiait pas être humiliée. Les informations trompeuses de sa sœur n'étaient pas seulement humiliantes elles confirmaient ce qu'elle redoutait depuis le début. Ce mariage constituait un réel danger non seulement pour l'entreprise mais aussi pour elle.

À son arrivée à l'aéroport de la capitale, Leïna tenta de contacter son père après avoir réservé une place sur le prochain vol à destination de Seattle.

Les messages qu'elle lui avait laissé sur sa messagerie vocale n'étaient ni alarmant ni désespérée. La dernière chose qu'elle souhaitait c'était de l'inquiéter.

- Mademoiselle Reaser si vous voulez bien me suivre, déclara une hôtesse. Nous sommes parvenus à vous trouver un vol pour New York.

Enfin une bonne nouvelle, songea-t-elle en se précipitant pour récupérer sa valise.

- Je vais juste vous faire patienter quelques minutes, ici, je reviens immédiatement.

Leïna posa sa valisa dans la petite salle et s'installa sur le banc, les yeux rivés sur son téléphone.

Elle entendit la porte s'ouvrir à nouveau mais n'y prêta pas attention jusqu'à ce qu'une paire de chaussures noires vienne troubler son désespoir.

Elle releva brutalement la tête et aurait préférer ne jamais le faire. Le regard du souverain était tout aussi noir que lorsqu'il l'avait laissé dans cette chambre probablement hantée, seulement cette fois-ci la colère vacillait dans ses yeux.

- Que faites-vous ici ?

- Je suis venu vous ramener, dit-il sur un ton étrangement calme.

Leïna bondit de la chaise pour contourner la table. Elle venait de tomber dans un piège.

- Je n'irais nulle part avec vous, contrat-elle fermement. Vous m'avez piégée !

- Je propose que nous discutions calmement pour commencer.

- Calmement ? Répéta-t-elle en tournant autour de la table chaque fois qu'il tentait de s'approcher. Je n'ai aucune raison d'être ici, j'ai été trompé, Hamid m'a tout expliqué. Ce que vous a raconté ma sœur est faux.

- Alors expliquez-vous, pour quelle raison aurait-elle raconté tout ceci ? Demanda-t-il avec ce même ton trop calme pour être sincère.

- Je l'ignore ! Probablement pour se faire bien voir auprès de vous. Je n'ai aucun scandale à mon actif contrairement à elle. Mon père m'a protégé de la presse après avoir vu les ravages irréversibles sur ma mère et sur Erika. Vous avez été trompé et moi aussi !

Son téléphone sonna, c'était son père.

En une fraction de seconde le téléphone lui fut arraché des mains. Leïna tenta de le lui reprendre sans succès. De plus, en contournant cette table elle venait de lui donner la possibilités de lui faire front.

- Vous aurez ce téléphone après notre discussion, expliqua-t-il d'une voix impérieuse.

Leïna qui demeurait déjà tête en arrière depuis son arrivée éprouva le besoin de s'échouer sur le banc et de se masser la nuque.

- Ce que vous faites est illégale, lui fit-elle savoir.

- Dans mon pays mes règles sont différentes des vôtres, avança-t-il froidement. Désormais il est temps de jouer sur l'honnêteté.

- Vous m'avez jugé sur les mots infondés de ma sœur ! S'écria-t-elle en se levant pour l'affronter. Vous saviez depuis le début qu'elle m'a fait passé pour une...chasseuse d'hommes qui se glisse dans la nuit noire pour attraper ses proies et vous...

- Donc ce n'est pas le cas ? La coupa-t-il.

Malgré que la table les séparait et qu'elle n'était pas en mesure d'atteindre sa joue, Leïna tenta de le gifler. Évidemment son geste fut interrompu par une main puissante capturant son poignet. Tout ce qu'elle avait gagné c'est qu'il s'était approché d'elle, lui arrachant le dernière espace qui l'empêchait de suffoquer.

Le dos bien droit, lui imposant sa haute stature, il tenait fermement son poignet, et seul son regard était baissé sur elle.

- Je vous prie de m'excuser, cette question n'aurait jamais dû franchir ma bouche, je retire ce que je viens de dire, en revanche, ne recommencez plus jamais ça, articula-t-il d'une voix aussi rêche que l'était sa paume de main.

Malgré la peur qui faisait naître constamment en elle, Leïna décida de ne pas se laisser faire. Elle ne laisserait personne la salir de la sorte et surtout pas sa sœur. Alors elle profita de sa prise sur son poignet pour s'avancer et prit appuie sur cette prise pour gagner un semblant de hauteur malgré la raideur que connaissait son cou à force d'avoir la tête rejetée en arrière.

- 128 West 37th Street à Broadway, articula-t-elle à son tour dents serrées.

- Je vous demande pardon ?

- 128 West 37th Street à Broadway, l'église des Saints-innocents, c'est là-bas que j'ai passé toutes mes soirées jusqu'à tard dans la nuit pour peindre la fresque pour l'association que je représente depuis deux ans. Je vous invite à contacter le père Carter il sera sans doute ravi de vous le confirmer.

L'éclat noir et sauvage de l'homme se mit à la dévisager alors qu'elle lui tenait tête en réprimant les battements infernales de son cœur. Jamais elle s'était retrouvée aussi proche d'un homme jusqu'à capter les effluves viriles de son parfum. Sa poigne de fer se desserra et il libéra son poignet.

Leïna vacilla en arrière pour reprendre un peu d'espace tout en massant son poignet.

- J'étais sur cette fresque depuis six mois, je l'ai fini le jour de votre visite. Erika le sait parfaitement mais elle avait sans doute une bonne raison de me faire passer pour ce que je ne suis pas.

Elle marqua une pause puis reprit.

- Est-ce que ça vous conviens votre Majesté où vous souhaitez connaître autre chose sur ma vie trépidante ?

- Vous ne voulez pas que votre sœur devienne ma femme je me trompe ?

- Je ne le veux pas effectivement parce que je sais ce qu'il va se passer.

- Il ne se passera rien, ça je peux vous l'assurer, répliqua-t-il fermement.

- Dans le cas où elle faute, vous allez vous venger n'est-ce pas ? Demanda-t-elle en faisant un pas vers lui. Vous n'aurez aucun scrupule à briser tout ce que mon père a bâti ?

- Souhaitons plutôt que ça n'arrive jamais.

- Mais vous le ferez ? Dites-le.

Impassible, il fit un pas en avant pour dominer ce qui lui restait comme espace.

- Oui mademoiselle Reaser, considérez que votre sœur est celle qui a entre ses mains l'avenir de votre famille.

La jeune femme était si proche de lui qu'il put capter l'odeur sucré de son parfum. Son teint porcelaine qui n'arborait aucune trace de maquillage était saupoudré de roseurs captivantes et il se retint de frapper du poing sur la table pour avoir laissé son esprit s'égarer sur ce détail. La vérité se trouvait dans cette pièce et Khaled avait raison. Le plaidoyer de la jeune femme et la colère qui avait animé ses yeux quand il l'avait délibérément poussé à bout confirmait son innocence. Erika aussi belle soit-elle avait sans nulle doute peur de sa jeune sœur et lui avait menti pour se faire bien voir.

La jeune femme s'éloigna de lui pour arpenter la salle d'un pas nerveux. Son visage était pâle et son regard désespéré.

- Je regrette, mon Dieu comme je regrette, murmura-t-elle en continuant de faire les cent pas.

- Quels regrets avez-vous ?

- De l'avoir aidé à passer ce test ! Répondit-elle en se passant les mains sur le visage.

- Je vous demande pardon ?

- Oh je vous en prie ! Isabelle l'une des femmes que vous avez rencontré juste avant ma sœur l'a appelé pour lui rapporter que vous faisiez passer des tests à toutes les femmes lors des entretiens.

Jafar plissa son regard tandis que le sien se leva vers lui et elle cessa de marcher.

- Vous pensez sincèrement que ma sœur aurait vraiment été capable de vous citer la nuit de l'oracle de Paul Auster ?

Cette fois-ci la colère qu'il gardait en lui se manifesta dans ses yeux. Bien qu'elle se recula en l'ayant sans doute remarqué elle continua.

- Elle est venue me supplier de l'aider et c'est ce que j'ai fait. Martin johnson heade c'est mon peintre préféré pour ses paysages tropicaux et ses natures mortes, elle n'y connaît rien en peintures elle ne sait même pas qui était le quarante troisième président des États-Unis !

Jafar resta impassible mais la colère affichée dans ses yeux était si visible qu'elle exhala un long soupir en détournant les yeux.

- Très astucieux de sa part, répondit-il enfin après avoir longuement réfléchi. Félicitations mademoiselle Reaser, vous avez réussi le test.

- Merci beaucoup, répondit-elle avec un soupçon d'ironie dans la voix.

- Cependant il est trop tard pour que je fasse marche-arrière. Je n'ai ni le temps ni la patience.

La jeune femme qui s'était assise sur le banc releva précipitamment la tête et le dévisagea longuement avant de lui répondre.

- Sans vouloir me mêler de ce qui me regarde pas comment pouvez-vous envisager de prendre une femme qui a les mêmes...

- Vous avez tout compris mademoiselle Reaser, je veux une femme dont je sais sa véritable nature et ses ambitions. Ce n'est pas un hasard si cette liste de prétendantes comportaient toutes les mêmes ambitions, les mêmes traits de personnalités. Mon ex-femme exilée à l'autre bout de la terre par mes soins était trop jeune lors de notre rencontre et elle était très intelligente mais pas de la façon que vous pensez. Elle s'est présentée à moi avec une douceur feinte, une innocence, une candeur si lisse que j'ai cru que j'étais tombé sur la femme parfaite. Puis les années m'ont fait regretté ce choix, elles m'ont fait réaliser que mon impatience de jeune roi m'a fait plonger dans un mariage qui n'avait aucune chance.

Leïna déglutit péniblement, le sang glacé par la haine avec laquelle il parlait.

- Il a suffi que je parte à la guerre pour combattre un groupe de rebelles pendant trois mois pour qu'à mon retour mes craintes se confirment. Seulement elle ignorait à qui elle avait affaire et au peuple qu'elle venait blessé. J'ai éliminé toutes menaces, je l'ai anéanti et désormais, ce jeune roi n'existe plus. Je sais exactement ce veut votre sœur, ne me pensez pas stupide mademoiselle Reaser, je connais les scandales de votre sœur, je sais son goût pour l'argent et sa soif de pouvoir et c'est exactement ce que je veux. Une femme sans surprise, une femme dont je connais les motivations pour avoir en ma possession toutes cartes à abattre au moindre faux-pas.

Leïna baissa les yeux, effrayée par ce discours mais devait reconnaître qu'il semblait savoir ce qu'il faisait.

- Je ferais mieux de partir maintenant, de toute façon je ne fais que vous inspirer un certain mépris d'après Hamid.

- Hamid a raison, vous me rappeler tout ce qui a détruit cinq longues années de ma vie, cependant, je ne peux pas jeter ma haine sur vous tout simplement parce que vous portez les traits d'une jeunesse qui m'a autrefois piégé. Ça serait injuste.

Leïna étouffa un rire amer.

- Ne dites pas des mots que vous ne pensez pas seulement parce que je suis un problème que vous essayez de régler.

- Si vous étiez un problème urgent, vous seriez déjà emmurée dans les prisons du palais, répondit-il gravement.

Leïna ne put s'empêcher de frémir.

- Jusqu'ici vous avez réussi à prouver que les accusations portées sur vous étaient fausses, reprit-il sur le même ton grave et sérieux. Reste à savoir si l'infime confiance que je vais vous offrir aujourd'hui sera à regretter à l'avenir.

La menace était discrète, mais bien présente dans le timbre de sa voix.

- J'ai besoin de vous pour la suite du processus, votre père n'étant pas là et comme vous êtes l'héritière de l'entreprise il y a certains détails que nous allons devoir étudier ensemble.

Leïna ouvrit la bouche pour protester mais il l'arrêta en levant une main furtive mais autoritaire.

- De surcroît, vous êtes la partie la plus importante de votre famille, lorsque votre sœur devra se confronter au peuple, vous serez l'atout majeur pour montrer qu'elle vient d'une famille stable.

- Erika n'a pas besoin de moi.

- Le processus a besoin de vous, rectifia-t-il en plongeant son regard dans le sien. Peu m'importe l'avis de votre sœur sur la question, c'est moi qui dirige la danse.

Une chaleur imprévue commença à parcourir son visage.

- Repartons sur un nouveau départ, ajouta-t-il en inclinant faiblement la tête.

Leïna se passa une main sur le visage épuisée par cette longue confrontation dans cette salle étriquée. L'entreprise était la seule motivation qui l'a poussé à accepter.

Faire équipe avec cet homme au regard sauvage l'inquiétait, d'autant plus qu'il s'agissait d'un potentiel ennemi si jamais Erika s'amusait à briser ce futur mariage.

Elle voulait la destruction de cet arrangement mais comprit que le souverain Jafar Al-Rhayar ne reculerait devant rien.

- Très bien, abdiqua-t-elle en se levant. J'accepte de rester mais je veux savoir pour combien de temps.

- Jusqu'à l'annonce officielle et je ne peux pas vous donner une date pour le moment.

Il se rapprocha, elle fit un pas en arrière. Il ignora ce mouvement qui indiquait qu'elle le craignait et plongea sa main dans la poche de sa veste.

- Gardez cette conversation pour vous, ne dites rien à votre sœur, ajouta-t-il en lui tendant son téléphone portable.

Leïna baissa les yeux sur son téléphone comme si ce dernier était le point final à cette confrontation, un tournant ou peut-être le début des ennuis.

Elle leva sa main et glissa ses doigts sur son téléphone pour le récupérer. La naissance de ses doigts effleura sa peau hâlée, et ce simple contact l'électrifia comme une prédiction, un pressentiment.

Le pressentiment que cet homme au regard énigmatique n'avait pas seulement le destin d'Erika entre ses mains, mais également le sien...

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