Chapitre 30




- Leïna est-ce que tu m'entends ?

Oh elle aimerait tant pouvoir suivre la conversation téléphonique avec son père mais pour cela, il fallait d'abord qu'elle sorte de cette léthargie persistante. Son corps était surchargé de frissons délicieux qui demeuraient ancrés dans ses chairs depuis bientôt trois heures. Après sa promesse tenue de lui montrer les préludes, le cheikh s'était éclipsé pour la laisser au repos...ou plutôt dans le coma au milieu du lit, l'esprit embrumé.

Ce dont elle se rappelait c'est le regard très fier de son mari après un rapide baiser sur son front. Il n'avait pas cherché à lui cacher sa satisfaction de l'avoir soumise à un avant-goût de ce que pouvait ressentir un corps prisonnier par des sensations incontrôlables et absolument divines. Tout c'était passé très vite mais Leïna ressentait encore les effets de cette bouche exigeante sur son intimité, provoquant en elle un raz-de-marée de sensations qu'elle pensait ne jamais connaître.

Au bout de sa longue torpeur, Leïna posa une main sur son ventre, cherchant désespérément à effacer cette vague de petits picotements délicieux qui la tenait encore à sa merci.

Hélas, elle n'arrivait pas à s'en défaire.

Pourquoi ?

Parce que depuis le seuil du balcon, elle pouvait voir cette silhouette tout en muscle qui fendait la mer turquoise. Son pouls se mit à palpiter contre ses tempes, une chaleur éprouvante gagna son visage.

- Leïna ?

- Ou...oui...je suis là, bredouilla-t-elle en battant des cils.

Le cheikh émergea de cette eau limpide, révélant une puissante musculature, des biceps impressionnants lézardés de veines, un torse massif au teint hâlé, scintillant dans la lumière du soleil.

Leïna se pinça les lèvres en l'observant sortir de l'eau avec une démarche nonchalante, lui laissant la joie et le plaisir de découvrir cette toison sombre sur ce torse sculpté à la serpe.

Pour s'achever, Leïna baissa les yeux sur ses jambes musclées, ciselées à la perfection si bien que l'on pouvait voir le relief parfait de ses quadriceps.

Captivée, elle appuya son épaule contre l'ouverture de la baie vitrée en oubliant que celle-ci coulissait. Leïna se retint de justesse avant la chute et emporta avec elle le magnifique vase posé la table ronde.

Son premier réflexe fut de se cacher à l'intérieur, honteuse.

- Leïna je peux savoir ce qu'il se passe ?

- Oh...rien papa je t'écoute ! S'exclama-t-elle en portant une main sur son front brûlant.

- Tu es sûre que tout va bien ? Insista-t-il en prenant un ton alarmant.

- Tout va très bien, affirma-t-elle en écartant le rideau pour guetter l'arrivée du cheikh.

- Je veux savoir si tu es bien traitée ? Exigea son père d'une voix de plus en plus forte. Est-ce que le cheikh se comporte bien avec toi ?

Leïna déglutit, la bouche asséchée alors qu'un flot de souvenirs remontait dans son esprit. Des images érotiques se mirent à danser devant elle, la rendant muette.

- Il...me traite bien papa, il est très...enfin disons qu'il est...euh...entreprenant, bafouilla-t-elle en se passant une main dans les cheveux.

- Entreprenant ? S'étrangla son père avec humeur.

- Oui, enfin je veux dire il est bienveillant et à l'écoute de mes...besoins, répondit-elle en se raclant la gorge.

Il fallait qu'elle raccroche et au plus vite avec de s'enfoncer davantage.

- Je te rappelle demain si tu le veux bien papa, j'ai beaucoup de choses à faire.

- Très bien, bougonna-t-il sans lui cacher son inquiétude.

- Je t'aime papa, murmura-t-elle avant de raccrocher.

Oh seigneur, songea-t-elle en se glissant sur le balcon pour constater les dégâts.

Ces noces commençaient d'une façon qu'elle n'avait jamais osé penser ou bien envisager dans son esprit.

Dans l'esquisse qu'elle avait préparé dans un coin de sa tête, cette lune de miel devait se terminer sur une nuit passionnée où elle se serait donnée à son mari et tout deux seraient rentrés à Khahar avec à l'esprit la conclusion d'avoir l'un l'autre rempli leur devoir conjugale.

Cette esquisse était pour elle le scénario catastrophe qui aurait dû se produire puisqu'il avait en sa possession des souvenirs amers de cet endroit.

Le cheikh avait détruit ce scénario en moins temps qu'elle avait mis à lui dire pour sa virginité.

Le message était clair.

Il comptait bien passer sept jours à la maison royale de Zulah avec elle et lui avait bien fait comprendre qu'il ne comptait pas avancer leur retour au palais.

- Arrête ! Pose-moi ça !

Leïna sursauta en lâchant les morceaux de porcelaines brisés dans sa main. Agenouillée sur le balcon au milieu des dégâts qu'elle avait causé, Leïna sentit les battements de son cœur redoubler d'intensité quand elle le vit s'approcher à grand pas, un avertissement assez sévère dans les yeux.

À son plus grand soulagement il s'était revêtu d'un tee-shirt noir et d'un short qui donnait malgré tout un petit aperçu de ses longues jambes identiques à la musculature d'un étalon sauvage.

- Je suis navrée, je l'ai fait tombé c'est un regrettable accident.

C'était la première fois qu'ils se retrouvaient ensemble depuis qu'il avait quitté la chambre après lui avoir offert les plus belles et les plus redoutables préludes de sa vie.

Il l'aida à se relever, effleurant sa taille avec ses mains qui jadis quelques heures plus tôt s'étaient emparés de ses cuisses avec une féroce autorité.

Un feu se mit à jaillir en elle, presque impossible à réprimer.

- Ce n'est pas grave, lui dit-il en l'obligeant à rentrer. Je vais m'en charger plus tard, je ne veux pas que tu te blesses surtout pieds nus.

Leïna s'entoura de ses bras, un peu anxieuse.

Son regard puissant s'insinua en elle, annihilant ses propres volontés à combattre ce feu jaillissant de toutes parts.

- Tu t'es reposée ? Demanda-t-il en s'avançant jusqu'à elle.

- Un peu, mon père vient de téléphoner, il était un peu sur les nerfs, répondit-elle en esquissant un léger sourire. Je crois qu'il est inquiet pour moi.

- Ce qui est normal, confirma le cheikh en posant une main dans son dos pour l'inviter à le suivre dans la grande cuisine. Même s'il était heureux de ce revirement de situation il n'en demeure pas moins un père inquiet pour sa fille. D'autant qu'il sait que nous sommes partis pour notre lune de miel.

Stupéfaite par cette nouvelle elle cilla en le suivant des yeux.

- Et comment c'est possible ?

- Il a téléphoné au palais pour me parler, Hamid lui a dit que j'étais indisponible pendant une semaine, en précisant que nous étions partis célébrer notre mariage.

Leïna rougit sous le regard intense du cheikh.

- C'est sans doute pour cela qu'il s'est montré un peu nerveux, reprit-il en sortant du frigidaire un plat déjà préparé. L'idée que sa fille adoré se retrouve avec le grand méchant loup ne doit certainement pas le ravir.

Leïna grimaça légèrement pour confirmer ses dires.

- Une chance qu'il ne soit pas au courant que je l'ai déjà croqué, ajouta-t-il sur un ton rauque en s'approchant pour caresser sa joue avec le revers de sa main.

Elle sentit son souffle tiède caresser son visage, et décela une lueur machiavélique dans ses yeux noirs rivés sur sa bouche.

- Une chance en effet, murmura-t-elle sur un ton légèrement nerveux.

Le cheikh lui, ne semblait en aucun cas nerveux, ni même inquiété mais avait l'air très détendu, fièrement conscient qu'il renvoyait l'image d'un homme qui refusait égoïstement que quelqu'un vienne entacher sa détermination qui dansait diaboliquement dans ses yeux.

- Parle-moi Leïna, chuchota-t-il en glissant ses doigts dans ses cheveux. Est-ce que tu penses que j'ai été trop vite ?

Trop vite ?

- Dire une chose pareille reviendrait à mentir surtout après m'avoir entendu pousser des sons dont je ne soupçonnais même pas l'existences, répondit-elle en osant poser sa main sur son large poignet.

Il émit un petit rire en levant un sourcil.

- Tu as encore beaucoup à apprendre de toi-même Leïna et le plus inquiétant c'est que je me rends compte que j'en apprends beaucoup sur moi également.

- Que veux-tu dire par-là ? S'enquit-elle déçue qu'il retire sa main de ses cheveux.

Une lueur mystérieuse danse dans ses yeux sombre.

- Tu le sauras quand j'aurai fini par comprendre d'où me vient ce côté possessif que je n'avais pas avant de te rencontrer.

Un assaut assez sévère lança son cœur à pleine vitesse.

- Peut-être l'un de tes ancêtres, hasarda Leïna amusée de découvrir le certain pouvoir qu'elle avait sur lui et qui lui donnait l'espoir qu'un jour elle pourrait gagner son cœur.

" Je ne sais pas ce que c'est d'être heureux je ne l'ai jamais été "

Comment ne pas se rappeler de ces paroles lâchées dans ce désert aride, songea-t-elle en perdant tout envie de sourire.

- Peut-être, et si c'est le cas, ça devrait t'inquiéter.

- Ah oui ? À ce point là ? Lança-t-elle avec un air de défi.

Il repoussa ses cheveux de sa main bronzée et son pouce se glissa avec tendresse sur sa joue. Une tendresse légère et un peu hésitante comme s'il s'agissait pour lui d'un geste nouveau qu'il ne maîtrisait pas encore.

Il plissa ses yeux pour les rendre impénétrable.

- Je l'ignore encore, nous verrons cela quand nous serons hors de notre cocon, répondit-il d'une voix étrangement tourmenté.

Il venait d'employer un terme assez explicite pour résumer leur relation. Il avait raison. Jusqu'ici ils étaient enfermés dans un cocon, une sorte de protection qui les protégeait du monde extérieur. Elle n'avait pas quitté le palais depuis leur voyage à Milan, et même encore là, tout avait été programmé. Personne ne les avait vu réellement ensemble, même pendant les visites officielles en compagnie d'Erika, la distance entre eux et leur ignorance mutuelle n'avaient rien laissé présager d'un éventuel mariage.

Autrement dit ni elle ni lui étaient en mesure de prédire ce que le monde extérieur avait à leur offrir et si cela aller impacter leur comportement l'un envers l'autre.

Leïna balaya ses inquiétudes en prenant une brutale respiration car elle refusait d'y songer.

Cependant une question effleura son esprit.

Allait-il avoir confiance en elle ?

Avait-il confiance en elle ?

Cette fois-ci ce fut à son tour de balayer ses inquiétudes en posant sa bouche contre la sienne. Leïna s'abandonna à la tendresse qu'il y mettait, oubliant toutes les interrogations qui pouvaient ternir ces moments qu'elle voulait savourer même si une faible voix lui soufflait de faire attention à son cœur.

Il s'écarta lentement l'obligeant à rouvrir les yeux.

- Tu as faim ? Demanda-t-il à son plus grand étonnement.

- Oh...eh bien oui, dit-elle en se léchant inconsciemment les lèvres.

Le soleil commençait à descendre sur l'immensité turquoise et elle se sentit étrangement nostalgique que cette journée se soit terminée aussi vite.

- Ton père t'a parlé d'autres choses au téléphone ? Demanda-t-il au milieu du dîner sur la terrasse qui donnait sur le magnifique soleil couchant.

- Non, pourquoi ?

- Parce que je veux être certain qu'il ne me cache rien, expliqua-t-il d'une voix à la fermeté frissonnante.

Leïna fronça des sourcils.

- Je ne comprends pas où tu veux en venir.

Il reposa les couverts sur dans son assiette et ramena ses mains contre sa bouche, dardant son regard sur elle avec un air sérieux qui la troubla.

- Kellan Gordon travaille toujours pour ton père et je crains que son influence le déstabilise, expliqua-t-il sur un ton ferme qui la fit frémir. Erika a été humilié, et même si elle est gardé sous silence, ce genre de femme avec tant de haine cherchera un autre plan pour se venger. Je me méfie d'elle et de son amant à supposé qu'il le soit toujours.

Leïna n'avait pas réfléchi à cette hypothèse et celle-ci ressemblait fortement à sa sœur.

- Si jamais tu sens qu'il y a le moindre problème, le moindre ton de voix changeant quand tu as ton père au téléphone il faut impérativement que tu m'en informe.

- Bien évidemment, répondit Leïna en soutenant son regard.

- Ne te fais pas trop de soucis Leïna, c'est juste un avertissement préventif. Par le passé je pensais que Halima était juste avide de pouvoir, vénale, cupide, mais il se trouve qu'elle avait des liens avec un trafiquant sexuel. J'ai dû me débarrasser de ce problème et on va dire que ce n'était pas très beau à voir.

Leïna se souvenait de cette information qu'on lui avait brièvement raconté et en voyant cet homme en bout de table, elle n'avait pas besoin de détail pour savoir que le sang avait coulé.

- Je suis désolé que ta sœur ne te donne pas ce que tu cherches désespérément, reprit-il en soulevant son verre pour le porter à ses lèvres.

Leïna baissa furtivement les yeux, le cœur serré.

- Je t'ai observé cherché son soutien, un regard de sa part, malheureusement elle ne changera pas, et tu n'as pas à t'en vouloir pour ça ni même éprouver de la peine.

- Pourtant j'en ai, murmura-t-elle en fuyant son regard.

- Je suis navré d'apprendre qu'elle sollicite ton attention à ce point et je serais très, très en colère si je venais à apprendre qu'elle mijote un plan de vengeance contre toi.

Il s'était exprimé sur un ton bas mais très menaçant.

- Avec Erika il faut s'attendre à tout malheureusement.

- Et c'est pourquoi je l'ai à l'œil, répliqua le cheikh en jetant sa serviette sur la table.

Il repoussa sa chaise un peu sèchement et se leva pour la rejoindre.

- Nous avons assez parler de négativité pour ce soir, décréta-t-il en lui tendant la main.

Leïna n'hésita pas une seconde pour glisser sa main dans la sienne, et quand ses doigts se refermèrent sur les siens, elle éprouva à nouveau cette sensation inexpliquée mais tant agréable.

Elle se leva, et c'est sans un mot, le suivit, l'esprit embrumé par ce qui l'attendait pour la première nuit dans la maison royale de Zulah, qui renfermait une tradition des plus érotique...

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