Chapitre 15
Jafar demeura interdit tandis que son fidèle bras droit attendait une réaction de sa part. Ils venaient tout juste de commencer les négociations avec de célèbres magazines après avoir donné l'autorisation à Vincenzo de faire savoir qu'il avait entre ses mains le portrait officiel de Leïna Reaser. Il s'était préparé à un emballement médiatique mais il était loin de s'attendre à une bataille entre les magazines. La montée en puissance des négociations n'avait connu aucun répit depuis plus de deux heures maintenant et la dernière proposition du célèbre magazine " People " lui fit seulement réaliser ce qu'il craignait depuis qu'elle s'était volontairement révélée au New York times. La presse américaine voulait à tout prix mettre un visage sur ce nom qui depuis des années suscitait la frénésie de la presse.
- Tu peux répéter Hamid, dit-il en quittant ses songes.
- Douze millions de dollars.
Jafar se carra dans son fauteuil en prenant une profonde inspiration.
- Douze millions de dollars pour deux photos bon sang c'est de la folie, murmura-t-il en se passant une main dans sa barbe.
- C'est la plus grosse proposition que nous avons jusqu'ici et elle pourrait augmenter, précisa Hamid en posant le téléphone qui n'arrêtait pas de sonner. Ils savent pertinemment que le magazine va se vendre. Ils sont gagnant.
- Pour être tout à fait honnête je ne m'attendais pas à ça, je suis inquiet pour mademoiselle Reaser, admit-il en se redressant sur le fauteuil.
- Je vous avoue à mon tour que je le suis également. Il va falloir se montrer extrêmement vigilant afin qu'elle ne soit pas harcelée à son retour en Amérique. Cette jeune femme suscite le fantasme des journalistes et si nous ne la protégeons pas, elle vivra l'enfer que son père voulait à tout prix éviter.
- Je le sais Hamid, je le sais, s'agaça-t-il en se levant brusquement pour se diriger vers la grande fenêtre.
Jafar serra les mâchoires, serra le poing en fixant l'horizon qui l'aidait à mieux à réfléchir. Le sacrifice de la jeune femme ne pouvait pas se passer ainsi. Hamid avait raison. À l'instant précis où ces photos seront publier, Leïna Reaser allait devenir la proie des paparazzis. Il fallait qu'il intervienne, il n'avait pas le choix.
- Accepte la proposition, mais nous imposeront nos conditions, ordonna-t-il le regard braqué sur ce désert, sur cette terre dont était le gardien.
Il inclina sa tête en arrière pour dénouer les tensions qui rendaient sa nuque douloureuse alors qu'Hamid était en train de sceller le contrat ou plutôt le destin de la jeune femme...
Les trésors de ce palais avaient réussi à la tenir en haleine depuis plus de trois heures. Comme une touriste, Leïna avait passé l'après-midi à découvrir les pièces du palais les unes après les autres enfin...celles qui étaient autorisé au public. Affamée d'histoire, elle avait pu découvrir celle de Khahar dans sa quasi totalité. De la naissance du pays au tout premier roi ayant régné sur ce royaume, Leïna avait eu de quoi se vider l'esprit au point d'en oublier les raisons qui l'avaient amené ici. Elle monta l'escalier qui menait à sa chambre quand elle fut happée par l'autre escalier qui tourbillonnait dans les hauteurs du palais et savait pertinemment qu'il conduisait tout droit vers l'aile interdite. Et pourtant, après avoir vérifié qu'elle était seule, Leïna s'y engagea en prenant un énorme risque.
- Tu auras qu'à dire que tu t'es perdue, se dit-elle à elle-même en montant l'escalier en marbre blanc.
Lèvres pincées elle le grimpa puis s'arrêta à mi-chemin pour s'engager dans un couloir. Elle regarda par-dessus son épaule à plusieurs reprises pour être sûre d'être seule et se laissa guider par les magnifiques colonnes en marbre. Le couloir était plus sombre que les précédents mais les rayons du soleil tapissaient le sol, transperçaient les voûtes en donnant à ce couloir un aspect mystérieux.
Intriguée par la porte au fond du couloir, Leïna s'approcha de celle-ci et lorsqu'elle fut devant, tenta de décrypter les lettre en arabe et ce qu'elles pouvaient bien signifier.
C'était mal, elle le savait mais sa main sur posa sur la poignée ancienne avec l'irrésistible envie de la tourner.
- Vous êtes toujours perdue ?
Elle sursauta violemment, cessa de respirer en pivotant sur elle-même et posa ses mains sur sa poitrine sur le point d'exploser.
- Oh mon Dieu vous m'avez fait peur !
Le cheikh était appuyé contre le mur un peu plus loin, les bras croisés et dans ce couloir mystérieux sa présence aiguisait l'histoire qu'elle brûlait de découvrir. Les battements frénétiques ne ralentissaient pas car cet homme en était la cause. Ses yeux d'un noir profond étaient lourdement appuyés sur les siens et il ne semblait pas en colère de la trouver ici mais plutôt amusé.
- Comment...vous...vous m'avez suivi ? Je ne vous ai pas entendu.
- Vous êtes toujours perdue mademoiselle Reaser ? Répéta-t-il en levant un sourcil.
Leïna partit d'un rire tremblant en ôtant ses mains de sa poitrine.
- Je suis perdue en effet, répondit-elle en s'enfonçant dans son mensonge tête la première.
Il quitta le mur pour s'avancer vers elle comme un chasseur sur le point de saisir sa proie. Leïna se recula et son dos rencontra la porte qu'elle était sur le point d'ouvrir avant d'être interrompue.
- Où sommes nous mademoiselle Reaser ?
- Dans une aile du palais, répondit-elle en feignant d'ignorer laquelle précisément.
- Oui en effet nous sommes dans une aile du palais mais laquelle ? S'enquit-il en s'approchant un peu trop près.
Leïna fit mine de ne pas savoir en lâchant un petit rire nerveux.
- Je confonds toujours ma droite et ma gauche vous savez...donc je...
Le regard du cheikh se fit plus pressant et quand il s'arrêta à quelques centimètres d'elle, Leïna déglutit, alors que son corps sombrait dans un afflux de frémissement répétés.
- Je suis désolée, je n'ai pas pu m'en empêcher, admit-elle en grimaçant. Mais je n'ai pas ouvert la porte, je n'ai absolument rien touché.
Il soupira l'air mécontent puis plissa les yeux comme deux fentes impénétrables.
- Je vous avais pourtant dit de ne pas y aller.
- Je sais, murmura-t-elle d'une voix désolée, le cœur battant à vive allure. Je n'ai pas pu résister et je m'en excuse.
Leïna fit un pas en avant pour s'en aller mais il lui barra le passage, l'obligeant ainsi à reculer contre la porte.
- Je...peux savoir...ce que vous avez fait exactement ? Demanda-t-il les sourcils froncés en levant sa main vers ses cheveux.
Leïna eut un mouvement de recul quand elle sentit ses doigts dans ses cheveux. Il tira légèrement sur plusieurs mèches pour en sortir des brindilles de pailles.
- Oh...ça ! Je...j'ai été visité les écuries Royale, dit-elle précipitamment en passant ses doigts dans ses cheveux rouge de honte. Vos chevaux sont absolument magnifique.
- Et vous vous êtes allongée dans la paille ?
- Oui, je voulais savoir ce que ça faisait d'être allongée sur de la paille, répondit-elle en un peu sèchement, agacée par l'amusement qu'elle voyait dans ses yeux. Il n'y a pas de ferme ou de ranch à Manhattan au cas où vous ne l'auriez pas remarqué.
Elle épousseta sa robe d'un revers de main en relevant la tête et toute trace d'amusement avait disparu. Nerveuse, elle ressentit le besoin d'agripper n'importe quoi. Alors elle glissa sa main derrière son dos pour accrocher la poignée ronde et la serra aussi fort qu'elle le put.
- Nous venons d'achever les négociations, annonça-t-il sur un ton sérieux.
- Ah oui ? S'étonna-t-elle.
- Oui, avec People pour être plus précis et ils ont acheter les photos pour douze millions de dollars.
Leïna écarquilla les yeux, choquée, sonnée par cette annonce.
- Douze millions de dollars ? Vous êtes sérieux ? Mais c'est une sommes absolument dérisoire voire grotesque.
- Comme a dit Hamid, ils savent que le magazine va se vendre, ils sont gagnant et vous aussi.
- Vraiment ? J'ai plutôt le sentiment que cette sommes dont je viens d'hériter est loin d'être une chance gagnante pour moi mais plutôt le signe d'un mauvais présage.
- Ne vous en faites pas, j'ai fait ce qu'il fallait, la rassura-t-il. J'ai imposé mes conditions et elles ont été acceptées.
Leïna ne pouvait que le croire au regard des nombreuses actions qu'il avait fait jusqu'ici. Elle soupira, forcée de se mettre dans l'idée que la machine était enclenchée et il était maintenant trop tard pour faire marche-arrière.
- Merci d'avoir fait le nécessaire, lui dit-elle en levant la tête pour gagner son regard énigmatique.
Il se contenta d'un furtif mouvement de tête sans la lâcher des yeux. Inconsciemment elle se pinça les lèvres tout en serrant la poignée, le dos écrasé contre cette porte qu'elle n'avait pas le droit d'ouvrir.
- Est-ce que...qu'est-ce qu'il y a derrière cette porte ? Des coffres fort ? Des œuvres inestimables ?
- Non mademoiselle Reaser, répondit-il le regard mystérieux.
Leïna brûlait de le savoir alors tenta sa chance et insista.
- S'il vous plaît, je ne dirais rien à personne, je l'ai bien mérité non ?
Il soupira par les narines puis sa main se plaqua sur la porte au-dessus de sa tête. Leïna bloqua sa respiration tant il était si proche d'elle. Sa hauteur et la largeur de sa stature cachaient les derniers pans du soleil. Sa tête inclinée vers l'avant lui offrait l'inquiétante possibilité de voir plus nettement les lueurs dans ses yeux. Elles étaient si énigmatiques qu'elle ne chercha pas à les traduire, elle se contenta seulement de les dévisager, le cœur battant.
- Qu'est-ce qui vous laisse croire que ce qu'il y a derrière cette porte pourrait vous intéresser ?
La respiration bloquée dans sa poitrine, Leïna baissa les yeux furtivement puis les releva, intimidée par la proximité du cheikh. Elle ignorait s'il s'agissait là d'une stratégie pour lui faire peur ou bien un rapprochement totalement inoffensif mais quoiqu'il en soit, le cheikh la tenait prisonnière contre cette porte, dans ce couloir, ne lui laissant aucune possibilité de lui échapper.
- Je ne sais pas, je présume que ça pourrait m'intéresser parce que c'est interdit, admit-elle en sentant ses doigts glisser sur la poignée tant sa main était moite.
- Au contraire cela devrait vous dissuader d'y pénétrer.
Leïna haussa des épaules en se pinçant les lèvres.
- C'est à moi de juger si je vais le regretter ou non par la suite, votre Majesté, lui dit-elle en peinant à garder ses yeux ancrés dans les siens.
Peinant à respirer, Leïna était oppressée par une violente chaleur qui affluer sur son visage.
- Très bien, mademoiselle Reaser...
Tout se passa très vite...si vite qu'elle n'eut pas le temps de reprendre son souffle.
Le bras du cheikh se glissa derrière son dos, sa main se posa sur la sienne agrippée à la poignée. Il la fit pivoter pour ouvrir la porte et elle partit en arrière contre celle-ci. Leïna hoqueta, craignant la chute mais le bras du souverain calé dans le creux de ses reins faisait barrage et elle sentit dans son dos la porte se plaquer contre un mur. La respiration erratique causée par la peur, elle mit plusieurs secondes à réaliser ce qu'il venait de se passer tandis que sa main restait prisonnière de la sienne. Leïna releva la tête, désorientée alors qu'il arborait une expression indéchiffrable. Enfin, elle sentit ses doigts lâcher les siens et un frisson courut dans son dos quand il retira son bras. Brusquement elle lâcha la poignée pour ramener sa main moite contre son ventre qu'elle essuya discrètement avec le tissu de sa robe. Le cheikh recula de deux pas en arrière, imperturbable, et déclara :
- Bienvenue dans le harem mademoiselle Reaser...
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