Chapitre 11
Le déroulement de cette séance photo était désormais perturbé par la présence du souverain. Bien qu'elle avait accepté ses excuses Leïna n'en demeurait pas moins blessée. Le comportement de cet homme était tout aussi énigmatique que parfois déroutant. Un jour il s'exerçait à la politesse, le lendemain il l'accusait d'avoir un amant. Le pire c'est qu'elle ne voyait pas en quoi cela pouvait potentiellement poser problème. Elle devait certes suivre cette tradition datant depuis des siècles mais elle ignorait en quoi sa vie privée pouvait poser problème. Encore secouée par leur affrontement, Leïna jeta un regard dans le grand miroir et le vit derrière elle, en train de passer des coups de fil qui plus est en arabe afin qu'elle n'ait aucun moyen de comprendre ce qu'il pouvait bien dire. Puis cet arrangement passé avec son père était de loin la révélation la plus blessante. Le fait que son père la considère comme une enfant lui confirmait qu'il n'avait pas tant changé d'avis concernant sa protection.
- Vincenzo j'ai besoin d'un moment s'il te plaît.
- Bien sûr trésor.
Leïna se leva en prenant son téléphone et s'éloigna en ignorant le regard du cheikh posé sur elle. Après s'être enfermée dans les toilettes des dames, Leïna téléphona à son père pour obtenir des réponses sur-le-champ.
- Ma chérie ! Comment vas-tu ?
- J'irais mieux si tu me disais pour quelle raison tu as passé un accord avec le cheikh concernant ma sécurité. Je pensais que...
- Nous étions tous les deux d'accord sur ce point important Leïna.
- Tu ne me fais pas confiance ?
- Bien sûr que si ! S'exclama son père choqué qu'elle puisse en douter. Crois-tu sincèrement que tu serais à la tête d'une partie de l'entreprise si ce n'était pas le cas ? As-tu oublié que c'est toi que j'ai choisi pour la diriger ?
Leïna ferma brièvement les yeux.
- Non mais je ne comprends pas pourquoi tu me traite encore comme une petite fille qui ne sait pas se garder toute seule. Il est temps que tu tournes la page papa.
- Je n'y arrive pas c'est plus fort que moi, avoua-t-il tristement. Mais la situation est différente et tu le sais. Il était hors de que tu partes aussi loin sans qu'il me donne une garantie que tu seras protégée. Quand tu seras de retour à New York tu retrouveras ta liberté de véhiculer partout où tu le souhaites mais tant que tu es à Khahar je refuse que tu sois laissée sans protection.
Leïna voulut répondre mais père reprit.
- J'ai une réunion importante mon ange, je te rappelle demain.
Il raccrocha en la laissant sur cette fin qui résonnait en elle comme un avertissement. Leïna n'avait pas le contrôle et son père venait de lui confirmer avec fermeté.
- Très bien, murmura-t-elle à voix basse en sortant des toilettes.
- Est-ce que tout va bien ? S'enquit-il avant même qu'elle referme la porte.
Il était là, dominant la pièce avec son large torse massif, son regard sombre et se tenait tout près des toilettes comme un geôlier surveillant son otage.
- C'était mon amant, ironisa-t-elle sans sourire en passant devant lui.
Une main ferme mais étonnamment délicate enroula son bras et la tira légèrement de façon à ce qu'il obtienne toute son attention. La physionomie du cheikh n'était pas seulement intimidante, elle forçait son esprit à combattre les rougeurs cramoisies qu'elle fait naître. Il la réprimanda seulement du regard n'ayant pas besoin de parler pour se faire écouter. Cependant elle nota l'effort qui se décelait dans les traits de son visage.
- J'ai appelé mon père pour avoir quelques explications sur cet arrangement concernant ma sécurité.
- Êtes-vous renseignée maintenant ? Demanda-t-il en lâchant son bras.
Leïna ne put s'empêcher de poser sa main sur le tissu froissé par sa prise.
- Non, il ne m'a rien dit de plus que vous, il m'a seulement confirmé ce que vous n'arrêtez pas de me dire depuis que je suis à Khahar.
- Qui est ?
- Vous voulez vraiment que je le dise à voix haute ? Est-ce vraiment nécessaire ou c'est juste un désir personnel pour soulager l'absolu contrôle que vous possédez sur tout ce qui vous entour.
Il lui décocha un regard noir.
- Bon sang mademoiselle Reaser, certains on était puni pour moins que ça. Ne vous pensez pas à l'abris d'une sanction.
- Vous avez trop besoin de moi pour me sanctionner, répliqua Leïna en tournant les talons.
Cette fois-ci la main qui agrippa son bras fut plus ferme et plus vive...si vive qu'elle se retrouva coller à son torse.
- Mademoiselle Reaser, dit-il tout bas sur un ton comminatoire. Je sais à quel point c'est difficile mais...
- Difficile ? Le coupa-t-elle en chassant la chaleur qui lui montait aux joues. C'est le moins que l'on puisse dire. J'ai l'impression d'avoir une tonne de responsabilité sur les épaules. Depuis que je suis arrivée à Khahar je suis harassée, stressée. Je n'ai même pas de quoi me changer les idées pendant que ma sœur est tranquillement en train de siroter du champagne à un défilé, qui d'ailleurs est un grand risque si vous voulez mon avis.
Elle tenta de se dégager de sa prise et grâce au ciel il la libéra.
- J'ai hautement conscience que je vous en demande beaucoup, et que tout ceci est nouveau pour vous.
- Mais ? S'enquit-elle en gardant son regard planté dans le sien.
Il serra les mâchoires furtivement en expirant par les narines.
- Mais je ne peux me résoudre à laisser le moindre détail m'échapper ou prendre un quelconque retard sur mes plans. Mon devoir est de m'assurer que mon pays reçoive la nouvelle avec le plus de sérénité possible et vous êtes l'élément principal qui le permettra.
Leïna retint un rire amer en lui tournant le dos pour rejoindre Vincenzo.
- Dès que vous en aurez fini avec ces photos, je vous promets de vous laissez quelques jours de repos, ajouta-t-il en saisissant à nouveau son bras.
Leïna déglutit péniblement devant son regard énigmatique mais dont la lueur apparaissait comme solennelle.
- Je dois y retourner, je veux en finir le plus vite possible.
Il la libéra en laissant sur elle une empreinte presque impossible à effacer. Elle aimerait le croire mais cet homme semblait vouloir tout contrôler au point d'émettre un avis sur ce shooting photo comme s'il s'agissait d'un droit qu'il s'était octroyé avec la complicité de son père.
Elle remonta sur le tabouret pour que Vincenzo finisse de la maquiller. Le cheikh les rejoignit et s'installa sur le canapé. Son odeur était sur elle, impitoyable, capable d'annihiler ses sens.
- Ne bouge pas trésor c'est bientôt fini, l'informa Vincenzo en l'obligeant à couper le cours de ses pensées.
Jafar ne tenait plus en place. Il avait même l'impression que ce shooting photo était bien plus insupportable pour lui que pour elle. Il devait prendre sur lui, accepter qu'elle le déteste pour lui infliger tout ça. Le studio était chargé d'électricité palpable. La jeune femme lui avait ouvertement fait comprendre son mécontentement et il n'avait pas le choix de l'accepter tout comme elle se résignait à accepter son sort qu'il avait entre ses mains. Afin de détendre l'atmosphère ou plutôt de la mettre à l'aise, Jafar resta en retrait. Cependant, il lui était presque impossible de détourner les yeux même avec toute la volonté qu'il possédait. Ses long cheveux détachés avaient été soigneusement coiffés de belles vagues qui donnaient du volume à sa crinière chocolaté. Lorsqu'elle descendit du tabouret, Jafar découvrit son teint porcelaine faiblement maquillé, ses longs cils recourbés avec une légère touche de mascara grandissaient son regard. Quant à ses lèvres, elles étaient colorées d'un rouge très vif. Jafar avait conscience que le regard qu'il braquait sur elle était injuste. Ses yeux observaient la jeune femme avec dureté parce qu'elle était tout simplement magnifique beaucoup trop magnifique. Si jusqu'ici il la considérait comme l'un des pires péché, aujourd'hui elle frôlait le fruit défendu de cet arbre planté dans le jardin d'Éden.
Il détourna le regard afin de rassembler ses pensées qui s'égaraient mais ses efforts furent anéantis lorsqu'elle revint vêtue de cette chemise d'homme dix fois trop grande pour elle. Un fulgurant et innarêtable désir l'empoigna jusqu'à serrer sa gorge alors qu'il n'avait pas pu s'empêcher de regarder ses jambes nues. Elle portait la noire, le défiant à nouveau mais il pouvait cependant lire dans ses yeux à quel point sa présence la rendait nerveuse. Jafar se leva en prenant sans doute la plus sage des décisions. Il sortit dehors en espérait que l'air lui soit bénéfique. Il rejeta la tête en arrière en inspirant brutalement mais dès qu'il fermait les yeux, l'image demeurait là, comme une punition qu'il allait devoir assumer. Jafar appuya son pouce et son index sur ses yeux alors qu'il avait du mal à contrôler la pulsion qui lui dictait de retourner à l'intérieur.
Ce qu'il venait de se passer dans ce studio mettait à nouveau en péril l'avenir qu'il avait planifié dans les moindres détails. Il ignorait ce qu'avait pu dire le père de la jeune femme pour qu'elle sorte des toilettes résignée mais désireuse de lui jeter à la figure le fond de sa pensée. Bien qu'il s'efforçait de tempérer les choses, Jafar savait qu'il allait devoir redoubler de patience car il était fermement décidé à ne laisser aucun détail lui échapper.
Et ce soir, un détail en particulier avait retenu son attention. Leïna Reaser avait accidentellement laissé entendre qu'un incident c'était produit par le passé sans lui révéler lequel. Et c'est ce même incident qui avait poussé son père à la protéger plus que de raison.
Au bout de trente minutes, Jafar actionna la poignée un peu trop sèchement et tira sur la lourde porte en espérant que ce shooting signe bientôt sa fin. Il aperçut un tabouret noir positionné devant un fond noir mais la jeune femme n'y était plus. Il la chercha des yeux avant de la trouver accroupie près du canapé le nez plongé dans son sac. Elle portait la chemise blanche et la paire de collants noir, et lorsqu'elle se releva, Jafar sentit ses mâchoires convulser cherchant une raison, n'importe laquelle pour détourner le regard.
- Est-ce que c'est terminé ? Demanda-t-il au photographe d'une voix un peu trop sèche.
- Oui, les photos sont absolument merveilleuses, Leïna tu es magnifique, répondit-il en posant son appareil photo.
Jafar s'efforça d'ignorer ce compliment qui était essentiellement la vérité et se tourna vers la jeune femme qui venait de passer un leggings par-dessus les collants.
- Très bien, dans ce cas, j'attendrai de recevoir le résulta final, déclara-t-il en prenant sa veste.
Bien sûr la jeune femme ne manqua de pas de relever précipitamment la tête mais ne dit rien. Du moins pour l'instant.
- Je vous attends dehors mademoiselle Reaser, annonça-t-il après avoir salué le photographe.
Il se dirigea vers la sortie et attendit la jeune femme près de la voiture. Cinq minutes plus tard elle apparut, les cheveux flottant sous la brise fraîche du vent et se glissa dans la voiture en retrouvant sa fragile timidité sans doute de peur d'être seule avec lui.
Jafar s'installa au volant et démarrera sans tarder par crainte qu'elle saute de cette voiture pour lui échapper.
- Quand vous avez dit que vous attendez de recevoir le résulta final qu'est-ce que ça signifie ?
Ça y est, Jafar serra le volant, prêt à défendre sa position tout en s'armant de patience.
- C'est moi qui vais recevoir ces photos, répondit-il sans s'éloigner dans les détails.
Mais c'était mal connaître l'intelligence de la jeune femme qui émit un rire nerveux.
- Ne me dites pas que c'est vous qui allez choisir la photo qui va...
- Nous la choisirons ensemble, la coupa-t-il dans l'espoir d'apaiser immédiatement la jeune femme. Cette photo va faire le tour du monde et le magazine qui gagnera le droit de l'obtenir va se battre avec moi et non avec vous. Je ne veux pas que cette photo paraisse dans n'importe quel torchon.
- Je vais m'abstenir de tout commentaire, dit-elle en s'enfonçant dans le siège en cuir.
- Qu'est-ce qui vous déplait ? Le fait que je sois le négociateur de vos droits d'image ou mon droit de regard sur la photo qui sera choisie ?
- Vous savez votre Altesse, quand j'ai dit que j'étais fascinée par les histoires et les traditions des siècles passés, je n'ai pas dit que j'étais en partie d'accord avec tous ce qu'il s'est passé.
- Je peux savoir pourquoi vous me dites ça ?
- Parce que vous agissez comme un homme du dix-septième siècle, bientôt je vais apprendre que je suis sous tutelle.
Au lieu de réagir sèchement à la nouvelle bravade de la jeune femme teinté d'ironie, il répondit :
- Je dois tenir de mes ancêtres alors...
Il quitta la route des yeux furtivement pour guetter sa réaction.
- Et vous semblez aimer ça, nota-t-elle en fuyant son regard.
- En effet, confirma-t-il d'une voix grave.
Elle soupira faiblement puis colla son front contre la vitre.
- Maintenant que les photos ont été prises, il faudra probablement un ou deux jours avant de les recevoir au palais, vous allez donc pouvoir souffler un peu. Dès notre retour à Khahar vous n'aurez plus d'obligation, je vous laisserai tranquille.
- Et ma sœur ? Demanda-t-elle d'une voix inquiète.
- Je m'en charge, restez en dehors de ça, vous en avez fait assez aujourd'hui pour lui rendre la suite plus facile, et ce n'est pas fini. Vous avez besoin d'une pause, votre sœur s'avance vers la trentaine, elle est assez grande pour porter ses propres responsabilités et elle va y faire face dans moins de dix minutes.
- Je ne comprends pas ?
Jafar serra les mâchoires en donnant un coup d'accélération. Le coup de fil qu'il avait reçu avant que la jeune femme s'échappe au toilette l'avait mis dans une rage qu'il avait dû contenir au mieux. Erika avait volontairement laissé fuiter une information qui faisait déjà le tour des magazines à potins. Bien que rattrapé de justesse par Hamid, elle n'allait pas s'en tirer aussi facilement.
- Ma sœur a fait quelque chose de compromettant c'est ça ?
- En effet, murmura-t-il d'une voix sombre.
- Laissez-moi deviner, elle n'a pas pu s'empêcher de faire courir la rumeur que vous êtes ensemble avant même que le palais l'officialise dans les règles ?
- Hamid s'est chargé de rectifier cet incident, néanmoins je crois que je n'ai pas été tout à fait clair avec elle.
Il arrêta la voiture sur le tarmac là où l'attendait Hamid. Leïna n'avait pas besoin d'être devin pour comprendre que sa sœur avait une fois de plus fait des ravages et quand elle sentit la colère affluer dans les yeux du cheikh, Leïna prit peur. Il monta l'escalier du jet avec Hamid qui lui parlait en arabe le regard fermé et elle sut que sa prémonition dans le studio s'était malheureusement réalisée.
Le champagne. La boisson préférée de sa sœur avait encore fait des ravages et elle savait ce qui attendait le cheikh dans cet jet. Son sang quitta son visage et elle se précipita à l'intérieur. Elle lâcha son sac dans l'allée et parvint jusqu'à la chambre au fond de l'avion. Sa sœur dormait ou plutôt essayait de recouvrir ses esprits. La fête, le glamour, les paillettes étaient la combinaison parfaite pour montrer Erika sous son plus mauvais jour. Mais pas devant lui, pas devant l'homme qui tenait entre ses mains le pouvoir de la détruire, le pouvoir de les détruire...
- Je vais m'en occuper ! S'exclama-t-elle quand elle le vit faire un bond en avant ivre de rage.
Leïna posa ses mains sur son torse pour tenter de le repousser et se confronta à un bloc d'acier.
- S'il vous plaît, votre Majesté, vous n'allez rien obtenir d'elle dans cet état.
C'était la première fois qu'elle prenait un ton suppliant et quand il baissa son regard dans le sien, Leïna réprima un violent tremblement car aucune pitié ne se décela dans l'encre de ses yeux. Néanmoins il quitta la chambre avec Hamid en la laissant avec le fardeau allongé sur ce lit. Leïna cacha son visage avec ses mains en implorant un miracle mais celui-ci n'arriva jamais. Le cheikh Jafar Al-Rhayar revint dans la chambre pour l'exhorter de prendre place dans son siège pour le décollage et elle dut faire face à sa fureur silencieuse tout le long de cet interminable vol...
De retour à Khahar, Leïna arpentait le couloir sur le point de tomber de fatigue. Il était plus de trois heures du matin. Erika s'était réveillée avant que l'avion touche la piste d'atterrissage. Immédiatement après leur retour au palais Erika avait dû suivre le cheikh et depuis plus d'une heure, elle attendait de connaître son sort...et le sien. Hamid apparut visiblement surpris de la voir.
- Alors ? Vous avez des nouvelles ? Est-ce que...
- J'ai fait en sorte que personne ne puisse la voir dans cet état. Nous l'avons éclipsée de la soirée avant qu'une photo soit prise et j'ai évidemment fait taire les rumeurs qu'elle a révélé en menaçant la presse de poursuite.
- Ce qui veut dire ?
- Ce qui veut dire que votre sœur vient de faire la seule et unique erreur que le contrat lui permettait de commettre. Si elle prend le risque d'en commettre une autre...
- Nous sommes tous fichu, murmura Leïna au bord de la crise cardiaque.
- Je crois qu'elle ne risque plus d'en commettre, croyez-moi sur parole mademoiselle Reaser, lui dit-il d'une voix énigmatique.
Leïna le dévisagea en fronçant des sourcils puis posa une main sur son cœur.
- Oh mon dieu il la...je veux dire il ne l'a pas...
- Tuer ? S'éleva une voix profonde derrière elle.
Leïna sursauta en se tournant violemment, la main toujours portée à son cœur.
- Je ne l'ai pas tuer, mademoiselle Reaser, reprit-il en traversant le couloir d'un pas furibond. Je lui ai fait seulement visiter les prisons du palais afin qu'elle ait un petit aperçu de ce qui pourrait l'attendre à la prochaine erreur. Vous êtes censé être au lit, allez vous coucher, la nuit a été suffisamment compliquée comme ça.
Leïna acquiesça silencieusement, car la colère de l'homme était loin d'être retombée et il ne valait mieux pas l'aiguiser davantage. Alors elle s'inclina, heureuse de savoir Erika vivante pour l'étrangler elle-même. Elle tourna les talons, s'éloigna dans le couloir pour rejoindre la chambre dans laquelle elle put enfin reprendre sa respiration, loin du cheikh, loin des frasques d'Erika tout en priant pour que cette fin de nuit terrible n'ait aucune conséquence, même la plus infime...
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