Chapitre 3: Le documentaliste

Les adolescents étaient en rang devant la porte du CDI, Madame Aulande n'était pas encore arrivée, causant donc l'agitation de certains élèves. L'un d'entre eux était sur le point d'allumer une cigarette quand soudain elle surgit de l'autre bout du couloir.

Il faisait agréablement frais dans la salle, les stores étaient à demi ouverts, laissant pénétrer une légère lumière diurne. À droite de l'entrée se trouvait un bureau gris, derrière lequel le documentaliste était assis en train de pianoter sur son ordinateur. À gauche, des étagères et meubles en tous genres, remplis de livres et documents de toutes sortes.

La lumière illuminait les rayons de livres, Alexis curieux, prit un livre au hasard et le feuilleta ; tandis qu'Ambroise fatigué, décida de s'asseoir dans un des fauteuils en cuir au fond de la pièce. Leur professeur, qui avait terminé sa discussion interminable avec le documentaliste se retourna, les mains dans les poches.

- Le documentaliste est d'accord pour qu'on puisse prendre les livres aujourd'hui. Quand il vous appelera , vous devrez venir les chercher .

Ambroise, n'écoutait pas vraiment ce qu'elle disait, il n'en pouvait plus car ses paupières étaient lourdes. A quoi songeait-il ? Il ne le savait même pas. Son esprit était flou, comme si son inconscient l'empêchait de se souvenir de quelque chose.

Les hommes en costume noir le préoccupait, il était obsédé par cela. Il avait beaucoup de mal à se remémorer les détails car il savait qu'il avait vu autre chose, mais ne savait pas quoi.

Le jeune garçon ne voulait pas tomber dans la panique, il était de nouveau hanté par ce mauvais rêve qui lui avait gâché sa nuit.

Ambroise entendit le documentaliste appeler Alexis. Le jeune homme rangea le livre qu'il était en train de feuilleter et se dirigea vers le bureau. Il lui donna ses livres, son ami alla s'asseoir à une table avec des pochettes plastiques et commença à envelopper ces derniers. Ambroise regardait obstinément chaque mouvement d'Alexis comme si c'était un besoin vital. Le jeune homme se sentait mal à l'aise, il sentait quelque chose, mais quoi ? Il s'en mordait les lèvres, alors il pivota nerveusement et regarda à la fenêtre.

Son souffle se coupa, c'était les hommes en noir. Ces automates étaient cinq, cinq fantômes sous la lumière matinale. Quand il put enfin distinguer plus précisément les détails, ces personnes portaient des sortes de mallettes, longues, rectangulaires et sombres. Ces objets se balançaient tels les pendules d'une horloge.

Ses yeux le piquaient, cette vision arrachait ses pupilles, le rendant fou.

Ambroise fut réveillé de cette sinistre vision quand il entendit le documentaliste l'appeler. Sa voix retentit plusieurs fois avant qu'il réagisse. Devait-il lui obéir ou devait-il le prévenir ? Voyant l'homme s'impatienter, il se leva et s'approcha du bureau. Le jeune garçon était angoissé.

Le documentaliste avait l'air sérieux, concentré dans son travail. Il lui donna ses livres d'un geste mécanique sans cesser de jeter des regards furtifs autour de lui. Ambroise ne comprenait pas son comportement. L'homme se gratta la tête.

Aussitôt pour une raison inexpliquée, il saisit le jeune homme par son col et l'approcha de lui. Son visage avait complètement changé tout comme son humeur.

Son visage luisait de sueur, une peur profonde et viscérale se lisait dans son regard. Ambroise lui était en état de choc, il voulait reculer mais le bibliothécaire le tenait fermement de sa main de fer. L'homme s'approcha encore plus d'Ambroise et lui murmura d'une manière si calme et faible que sa voix était angoissante :

- Attention, méfie-toi des hommes en noir.

Ambroise ne comprenait pas pourquoi. Qui étaient-ils ? Certes, ils avaient l'air étranges, mais qui pouvaient-ils être pour effrayer à ce point l'homme qui lui faisait face? Soudainement, l'homme lâcha Ambroise qui recula. Aussitôt le sang lui monta à la tête. L'homme attrapa sa main et y inséra un objet avant de la refermer. Le garçon n'arrivait plus à suivre le fichiste, serrant fortement sa main, le laissant sentir plus intensément la présence de l'objet. Le bibliothécaire le relâcha et le jeune homme recula de plus bel. L'homme le regardait avec des grands yeux, le suppliant de suivre son conseil. Autour de lui, personne ne semblait avoir perçu la scène qui venait de se jouer.

La sonnerie retentit, il resta plusieurs secondes debout sans bouger,tous sortaient du CDI. Alexis le regarda, Ambroise fut tiré de sa transe et sortit à la suite de son ami. L'adolescent commençait à reprendre le contrôle de ses sens. Il comprit qu'il se tramait quelque chose dans le lycée, il avait senti qu'un truc n'allait pas.

Par curiosité, il ouvrit sa main et y découvrit l'objet que l'homme avait mis. C'était une pièce, un jeton métallique doré sur lequel était gravée la lettre A, sans la barre centrale. Ambroise la mit dans sa poche avant de prendre le chemin du réfectoire, ne sachant que penser de cela.

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