Chapitre 4 : Un entraînement hors du commun
Ce matin, je me réveillai la tête ailleurs, en pensant au rêve étrange que j'avais fait.
Dans celui-ci, j'étais avec mes sœurs, dans une pièce sombre que je n'ai pas reconnu. Mes vêtements étaient très différents de ce que je porte habituellement, faits dans un tissu aussi doux que du velour. De l'autre côté de la pièce, malgré la dense obscurité dans laquelle nous nous trouvions, je réussi à percevoir mes parents, faibles, minces, mais en vie. Ils étaient à bout de force, et un intense sentiment d'impuissance avait naquit en moi.
Devant nous se dressait une forme sombre plus noire que noire, où toutes les ombres semblaient êtres agglutinées. De cette chose émanait une telle force que je n'osais pas bouger de peur de me faire remarquer. La créature s'était tournée vers nos parents et leurs avait ri au nez. Son rire, plus que moqueur, était maléfique. Inquiète, j'avais essayé de courir à leur secours, mais quelque chose m'en empêchait. Alors, j'étais restée plantée là à regarder la scène avec mes sœurs. Ma vue s'était brouillée et je m'étais réveillée en sursaut au même moment que mes sœurs. J'avais hésité à leur raconter mais m'était abstenue.
Lors du petit déjeuné, Mme Reynoir nous fit remarquer notre absence de vivacité et nous demanda ce qui nous tracassait. Sophia répondit entre deux bouchées d'un ton préoccupé :
« J'ai fais un drôle de rêve, ou plutôt un drôle de cauchemar...
- Oh ! Moi aussi, dis-je, étonnée.
- Pareil, répondit Julie.
- Les filles, je ne crois pas qu'il s'agissait d'un simple rêve, nous dit Mme Reynoir. Je pense que vous avez eu toutes les trois la même vision.
- Et alors, c'est dangereux ? demanda Julie.
- Non, seulement cela pourrait nous apporter des informations précieuses, voir même indispensables, dit Mme Reynoir. Pouvez-vous me raconter en détail ce que vous avez vu ?
- Nous étions ensemble dans une sorte de grotte... commença Sophia.
- Nos parents étaient très faibles, allongés de l'autre côté d'un...d'un quoi, au fait ? continuai-je.
- Une grosse chose noire et sombre et qui fait très peur, dit Julie. »
Nous continuâmes ainsi jusqu'à la fin de notre récit.
Mme Reynoir réfléchit un instant et dit :
« Je réfléchirai à ça pendant la journée, dit-elle. En attendant, allez vous préparer à user de votre magie. »
Nous nous dirigeâmes vers notre chambre tout en continuant à cogiter sur ce mystérieux rêve. Chacune notre tour, nous nous lavâmes en vitesse avant de nous habiller.
Enfin propres, nous descendîmes les marchés et rejoignîmes Mme Renoir dans son jardin. Elle avait mis une tenue simple, un pantalon assez large et un manteau noir. Elle était accompagnée de son mari et de Charles. Ils étaient tous vêtus de sombre. Étrange pour un entraînement ! Quoi qu'il en soit, nous avançâmes vers eux.
Une fois le palier passé, ils nous firent signe d'approcher.
« Asseyez-vous, les filles, dit Mme Reynoir. Nous allons faire un petit exercice avant de commencer le véritable entraînement. »
Je m'assis entre Julie et Sophia, en face de Mme Reynoir. Son regard plein de calme me fit tressaillir. Je jetai un coup d'œil à mes soeurs avant de reprendre mon sang froid. Qu'allait-elle nous demander de faire, assises dans l'herbe ? Je commençai à m'impatienter quand elle finit par dire :
« Alors, les filles. Nous allons faire ce que l'on appelle de la visualisation psychologique. C'est à dire que vous devez mettre vos sentiments de côté, et pouvoir remonter dans vos souvenirs sans aucune gêne, sans ressentir d'émotion particulière car sinon vous serez déconcentrées et vous n'arriverez pas à vous contrôler. Fermez les yeux et concentrez vous sur un moment joyeux, un moment heureux de votre vie. »
À côté de moi, je sentais mes soeurs se crisper et fermai les yeux en essayant de ne penser à rien d'autre que mes souvenirs.
C'était il y a trois ans. À cette époque, j'avais encore 8 ans. Nos parents nous avaient amenés, mes soeurs et moi, au zoo pour la première fois. J'étais alors tellement heureuse que j'en étais émue. À chaque animal que je voyais, la curiosité de vouloir en savoir plus sur eux grandissait. À ce flashback émouvant et plein d'extase, j'eus chaud au cœur et me mis à sourire. Ce fut Mme Reynoir qui m'extirpa de ces souvenirs plein de bonheur.
« Les filles, vous vous laissez emporter. Concentrez vous. Faites comme si vous regardiez les souvenirs de quelqu'un d'autre. »
Les filles ? Alors Sophia et Julie aussi, n'arrivaient pas à mettre leurs émotions de côté ? Bizarre.
Je me reconcentrai et fermai à nouveau les yeux. Cette fois ci la vague d'émotions fut plus douce. Je réussi mieux à me controler. Petit à petit, ce souvenir ne me fit plus aucun effet. Après un court instant, Mme Reynoir nous dit :
« C'est beaucoup mieux, les filles. Plus vous arriverez à être insensibles à vos souvenirs, moins vous aurez de points faibles face à un ennemi et plus vous aurez de sentiments envers le moment présent, donc des défenses plus puissantes. »
Elle hésita avant de reprendre.
« Maintenant vous devez penser à un moment triste. C'est plus dur mais je suis sûre que vous pouvez y arriver. »
Je m'en souviens très bien. J'étais alors en CP, dans une nouvelle école. J'étais arrivée en octobre, quand tout le monde avait déjà des amis. J'étais seule contre tous, même Sophia n'avait pas remarquée que j'étais mal dans ma peau. Elle était la chouchoute des CM2, j'étais le souffre douleur des CP. Je me faisais traiter de tous les noms, insulter, taper...
Mais c'est fini maintenant. Mes parents, ayant vu tous les bleus sur mon corps, nous avaient changés d'école où je m'étais fait des amis en or. En repensant à ce souvenir que j'essayais tant bien que mal à camoufler, une larme chaude roula sur ma joue.
Ressaisis-toi ! Je dois mettre mes sentiments de côtés !
Malgré le fait que mon esprit était encore embrouillé, je ne pensais plus à ce que je ressentais, mais à une vision extérieure des faits, comme dans un rêve ou une vidéo. Une fois calmée et sans émotion particulière, j'ouvris les yeux et vis que mes soeurs aussi avaient pleuré. Je me demande quel est leur souvenir le plus triste.
En tout cas, Mme Reynoir avait dû beaucoup s'entraîner, car elle ne semblait pas le moins du monde contrariée ou même un peu triste. Elle nous regarda tour à tour et dit finalement :
« Je crois que vous vous êtes assez concentrées pour aujourd'hui. Passons à l'entraînement physique et non psychologique. Gustave, Charles, montrons leur comment se servir de leur magie. »
Elle se leva d'un bond et se dirigea vers eux. Elle nous fit signe d'approcher et dit :
« Pour commencer, il faut que vous sachiez exactement ce que vous voulez faire. Voici un exemple simple : vous voulez vous soulever du sol et léviter. Vous devez concentrer votre attention juste sur votre corps qui flotte, qui vole au dessus du sol. Comme avant, aucune émotion ne doit vous troubler ou vous déconcentrer. On va vous montrer. »
Elle jeta un coup d'œil à Charles et son mari qui ochèrent la tête d'approbation. Je les regardai, fascinée. Oui, ils étaient bien au dessus du sol ! Leurs pieds flottaient dans les airs ! Et en plus de tout celà, sans aucun effort ! Nous avions beaucoup de progrès à faire, avant d'atteindre leur niveau. Mais en attendant, je comptait bien donner le meilleur de moi même et m'entraîner dur. Sortie de mes réflexions, j'entendis Mme Renoir nous dire :
« Pour vous, les filles, nous allons commencer par quelque chose de très simple. Vous allez essayer de changer cette fleur de couleur. »
Elle pointa du doit une petite fleur mauve à nos pieds.
« Mais comment ? demanda Sophia.
- Avec votre volonté, et seulement avec celle ci. Vous voulez une fleur bleue, vous aurez une fleur bleue, répondit Mme Reynoir. »
Sophia s'agenouilla et tendit la main vers les pétales de la fleur. Je regardai tellement fixement la fleur que j'en avait mal aux yeux. Après plusieurs longues secondes, j'eus l'impression que les teintes violacées de la fleur vivraient au bleu foncé. Mais ce n'était pas qu'une impression, et elle devint complètement bleue, même la tige et les feuilles de celle ci.
« Voyons, Sophia, rigola Mme Reynoir. La tige d'une fleur n'est pas bleue ! »
Et nous partîmes d'un fou rire franc et joyeux.
Une fois calmée et après avoir reprit mon souffle, je m'avançais à mon tour près de la fleur totalement bleue. Je focalisai mon esprit sur la couleur de la fleur. Au bout d'un moment j'eus le tournis et la fleur passa d'un bleu limpide à un bleu océan, plein de vagues et profond.
« Bravo Élisa, me félicitèrent Mme Reynoir et mes sœurs.
- Merci, dis-je, pleine de fierté mais un peu étourdie. Au moins, la tige a retrouvé sa couleur verte ! m'exclamai-je.
- Oui mais pas pour longtemps, dit Julie. »
Elle s'installa à côté de moi et posa sa main sur le haut de la fleur. Celle ci ne changea point de couleur, malgré les efforts considérables que fournissait Julie. Suite au silence profond de Julie, Mme Reynoir lui posa la main sur l'épaule et lui dit :
« Ne t'inquiètes pas, ce n'est pas grave si tu ne réussi pas du premier coup. Souviens toi, pas d'émotions néfastes à ta concentration. »
Julie ferma un peu plus les yeux et la fleur commenca à virer au rouge foncé. Elle stoppa net, aussi rouge que la fleur et en sueur. Elle s'écroula dans l'herbe et disant :
« J'ai... réussi...
- Oui, bravo ! cria Sophia. Tu fais de gros progrès !
- Tu m'impressionne, Julie, lui murmurai-je à l'oreille.
- L'entraînement est fini pour aujourd'hui, les filles. Vous pouvez regagner votre chambre en attendant le déjeuner. »
Nous nous ne le fîmes pas dire deux fois. Nous nous précipitâmes dans notre chambre où nous nous laissâmes tomber sur notre lit.
« Prem's pour la salle de bain ! cria Sophia.
- Eh ! C'est pas juste ! renchéris-je.
- Non c'est moi ! dit Julie déjà dans la salle de bain. Il fallait y aller plus tôt !
- Julie t'as devancée, lançai-je à Sophia qui faisait la moue. Il fallait bouger tes fesses avant !
- On va voir qui va bouger ses fesses en premier, me dit-elle en s'élançant hors de notre chambre. Il y a deux salles de bain !
- Oh et puis zut ! J'irai après Julie. »
En attendant de pouvoir prendre ma douche, j'allais dans le grand salon trouver Mme et M. Reynoir. Ils étaient assis chacun dans un fauteuil et lisaient un journal, la mine mauvaise.
« Qu'y a-t-il ? demandai-je, inquiète.
- Votre tante Agathe n'a pas lâché l'affaire, dit M. Reynoir. Elle a lancé un avis de recherche pour essayer de vous retrouver. Elle est sûrement sur votre piste à ce moment même. »
Je déglutis en me remémorant ces jours affreux à travailler pour cette femme.
Et si elle nous trouvait ? Qu'allons-nous devenir ? Nos parents ne seront pas sauvés ?
Tout en me posant mille et une questions, je fixai le journal nerveusement.
« Mais ne t'inquiètes pas, me rassura Mme Reynoir, nous ferons tout pour vous protéger.
- Oui, vous êtes en sûreté, ici, ajouta Mme Renoir. »
Je retournais dans ma chambre, la tête basse. Julie avait fini de prendre sa douche et Sophia venait de revenir.
Elle me dit :
« Bah alors, Élisa, tu n'es pas allée te doucher ? Ça fait quelques minutes que Julie a fini. Où étais-tu allée ?
- Les filles..., commençai-je. Tante Agathe est à nos trousses.... Elle nous cherche....
- Mais je croyais que... répondit Julie. »
Elle s'arrêta net, pensant sûrement à ce que cela impliquait. Nous nous entreregardâmes une fois de plus dans le silence avant d'entendre Mme Renoir nous crier depuis la cuisine :
« Les filles, le déjeuner est bientôt prêt ! »
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Voilà, ce chapitre se termine ici, j'espère qu'il vous aura plut. Pour savoir si l'horrible tante des sœurs Boréal arrivera à les trouver, il faudra attendre car c'est compliqué en ce moment avec les fêtes, les devoirs et la famille... Je vais tout de même essayer d'écrire pour que vous puissiez lire. En attendant, n'hésitez surtout pas à commenter, voter et vous abonner !
Bisous et à bientôt !!! 😘💕
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