Chapitre 2 : L'aventure commence

     Après un instant d'attente, la voix lointaine de tante Agathe résonna dans mes oreilles :

« REVENEZ !!! Vous n'avez pas le droit de partir, je suis votre tante !!! »

     La porte arrière s'ouvrit à la volée, nous laissant voir la silhouette sombre de tante Agathe.

« Revenez, les enfants ! cria celle-ci. Il fait froid, dehors, vous allez attraper froid !
- C'est le moment ou jamais de vous décider, Mesdemoiselles, dit Gustave. Nous suivez-vous ? Ou restez-vous avec votre... tante ? »

     Sophia nous regarda et nous lui transmîmes notre accord d'un regard.

« C'est d'accord, concéda-t-elle. Nous vous suivons. »

     Après que Gustave ait regardé dans la direction de tante Agathe avec une pointe d'inquiétude dans les yeux, il se leva et nous fit signe de le suivre.

Tante Agathe était maintenant à mi distance de nous et de la maison. Mon cœur cognait si fort dans ma poitrine que mes soeurs devaient l'entendre.

Tremblante de peur et d'angoisse, je suivis Sophia qui elle même suivait Gustave et Charles. Les deux hommes s'engagèrent dans les broussailles touffues du jardin. En faisant attention de bien regarder où mettre les pieds, mes sœurs et moi avancions à la queue leu-leu.

Nous perçûmes derrière nous la voix infernale de tante Agathe nous obligeant à revenir. Pour ne pas perdre de vue M. Reynoir et son acolyte, nous dûmes accélérer la cadence.

Enfin, nous venions de sortir du jardin de notre prison. Le vent froid du soir et les branches nous fouettaient le visage un peu plus à chaque pas mais nous continuâmes à avancer vaillamment. Je jetai un coup d'œil en arrière pour m'assurer que Julie me suivait toujours, ce qui était le cas, mais tante Agathe aussi nous suivait.

Je ravalai ma salive et continuai d'avancer. Quelques longues minutes de course folle à travers arbres et clôture, et nous débouchâmes à découvert des plantes. Halettante et en sueur, je repris mon souffle aux côtés de Sophia. Je remarquai seulement maintenant que quelqu'un manquait à l'appel.

« Julie !!! criais-je de toutes mes forces. »

     Je m'élançai déjà en faisant demi tour, mais Sophia me rattrapa par le bras.

« Repose-toi et ne fais pas de bruit, je vais la chercher.
- Mais je veux venir avec toi !
- Repose-toi et fais ce que je te dis, dit-elle d'un ton sec et dur. »

     Je restais assise dans l'herbe avec M. Reynoir et son ami, en attendant le retour de Sophia et Julie. Il me sembla s'écouler une éternité avant de voir une petite tête surgir d'un buisson.

« Julie, tu n'as rien ! criais-je, soulagée.
- Elle n'a que des égratignures, rien de grave, me rassura Sophia. Elle était restée accrochée à une branche et nous a perdu de vue mais heureusement qu'avec sa petite taille, tante Agathe ne l'a pas vue et a rebroussé chemin. »

     Julie s'assis à côté de moi pour calmer sa respiration.

« J'ai eus la peur de ma vie, murmura-t-elle.
- Je suis heureuse que tu sois saine et sauve, lui dis-je. »

     Après un court instant de répit, nous nous levâmes et continuâmes notre route. J'avais mal aux pieds et j'étais fatiguée, mais je n'en laissa rien paraître. Julie, à côté de moi, commençait à faiblir.

« Monte sur mon dos, lui proposa Sophia. Je te porterai avec Élisa pendant le reste du chemin. »

     Nous la portions chacune notre tour, marchant de plus en plus lentement. Environ trois quarts d'heure après, M. Reynoir nous dit :

« Nous allons nous abriter sous ce gros buisson pour la nuit. Je monterai la garde avec Charles. »

     Je déposai doucement Julie sur une touffe d'herbe moelleuse et m'allongeai tout près d'elle pour lui tenir chaud. Sophia s'allongea de l'autre côté. Il faisait froid et nous étions toutes pleines de boue et de crasse, mais ça ne m'empêcha pas m'endormir aussitôt.

************************************

     Le lendemain matin, je fus réveillée par un rayon de soleil qui filtrait entre les feuilles du buisson. Pendant un moment, je crus que nous étions encore chez tante Agathe et que j'étais en retard au collège, mais je me souvins de l'épisode de M. Reynoir et de la fuite avec mes sœurs.

« Bonjour Élisa, bien dormi ? me demanda Sophia.
- Oui, merci, grognai-je, encore à demi endormie. Où sont M. Reynoir et Charles ?
- Ils sont partis se balader juste avant que tu te réveilles. Ils nous ont dit de les attendre en prenant le petit déjeuner qui se trouve dans la valise de Charles.
- Il est froid, ce lait, dit Julie qui avait déjà commencé à manger. Et moi aussi, j'ai froid.
- Tout comme nous, Julie, lui répondit Sophia. On aurait dû prendre de quoi se couvrir.
- Comment aurions-nous pu savoir ? Nous ne savions pas que nous allions partir, lui rappelai-je. »

     Après une demie heure à se prélasser au soleil pour se réchauffer, M. Reynoir et Charles revinrent.

« Reprenons notre route, Mesdemoiselles, dit M. Reynoir. Il nous reste beaucoup de marche devant nous. »

     Dans la chaleur matinale, nous marchions, main dans la main, en suivant nos deux mystérieux hommes. Cette liberté , ce bonheur, je ne connais rien de meilleur que ce moment, rien que nous trois, sans notre tante Agathe.

Après un tournant, nous vîmes des planches en bois superposées qui formaient un abri de fortune, protégeant des glacières et sacs de nourriture.

« Voilà où nous déjeunerons, Mesdemoiselles, dit M. Reynoir. Nous Avons laissé cette nourriture à l'aller en prévision de votre présence. Allez-y, mangez. »

     Julie fut la première à bouger. Elle alla d'un pas confiant vers un sandwich jambon-beurre. En enlevant le papier qui le protégeait, et croqua dedans férocement, sans se préoccuper de la durée que les sandwichs avaient passés dans ces sacs.

« Mmmh !!! Délichieux !!! dit elle en nous regardant. Venez manger, les filles ! »

     Nous nous approchâmes lentement et ouvrîmes chacune un sandwich. Tout en profitant de cette belle journée, je demandai à M. Reynoir où voulait-il nous conduire.

« Chez ma chère épouse, bien sûr ! Elle saura parfaitement vous instruire sur ce que vous ne savez pas encore. »

     Je ne savais pas quoi penser de cette réponse. Fallait-il se réjouir, où au contraire, s'inquiéter ?
Je n'eus pas le temps de me poser la question que M. Reynoir nous pressait déjà :

« Mesdemoiselles, si nous voulons arriver chez mon épouse avant la nuit, il faut partir maintenant. »

     Nous finîmes de manger en marchant et M. Reynoir nous tint en haleine en disant que l'on allait bientôt arriver à un point d'eau.

     J'avais calculé qu'on avait dû faire une dizaine de kilomètres depuis la maison de tante Agathe. Cela parrait beaucoup, mais en réalité, ce voyage est plus long qu'éprouvant, d'autant plus que M. Reynoir et Charles n'étaient pas très bavards.

     Vers dix-sept heures, j'aperçus au loin une petite fontaine d'eau claire qui luisait au le soleil déclinant dans le ciel bleu. Je courus vers elle et y bu goulûment. Sophia s'aspergea le visage en soupirant de bonheur.

Nous pûmes enfin nous nettoyer de la terre et de la boue qui collait à notre peau. L'eau me revigora et me donna l'énergie nécessaire pour continuer à marcher.

Un peu plus tard dans la soirée, j'aperçus une petite chaumière en bois qui faisait tache au milieu de ce paysage campagnard. M. Reynoir nous dit alors :

« Nous voici presque arrivés, jeunes demoiselles. »

*•*•*•*•*•*•*•*•*•*•*•*•*•*•*•*•*•*•*•*•*•*•*

Voilà, c'est la fin de ce chapitre ! Les sœurs Boréal ont réussi à s'enfuir de chez leur "tante", et vont enfin pouvoir se retrouver en sécurité !

N'hésitez pas à commenter si vous avez aimé et à laisser un vote !
Bye ! 😁😘

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top