Aujourd'hui c'est une grande première. Nous faisons une sortie à quatre au parc d'attraction Louise, Ethan, Adriel et moi.

D'après les regards complices que ma meilleure amie échange avec le blond je pense que leur situation a progressée. Mais Louise ne m'a rien dit alors je ne pense pas encore que ce soit officiel. Et puis malgré ces regards échangés, ils maintiennent une certaine distance entre eux. Je suis néanmoins heureuse pour mon amie car Ethan semble être quelqu'un de bien.

Nous nous étions tous retrouvés sur le campus à 10h et nous étions partis dans la voiture d'Adriel. Ethan avait paru intimidé par Adriel au premier abord mais le brun l'avait rapidement mis à l'aise en parlant voitures de collections. Sujet qui semblait les passionner tous les deux.

Nous voilà arrivés au parc. En bon gentleman Ethan offre l'entrée à Louise et Adriel en fait autant pour moi malgré mes protestations. J'aime être une fille indépendante mais après tout si cela lui fait plaisir je ne peux pas refuser.

Une fois rentrés, nous nous séparons en deux groupes. Les garçons veulent faire le grand huit et Louise et moi voulons faire la rivière enchantée. Nous nous donnons rendez-vous à la maison hantée dans une heure.

Après avoir fait la queue pendant quinze bonnes minutes, nous embarquons toutes les deux sur un petit radeau circulaire. Je regarde avec envie la petite fille devant nous, souriant à ses deux parents. Une famille heureuse. Je me demande ce que ca fait.

Le radeau rentre en mouvement me sortant de mes pensées. Nous évoluons plus ou moins vite au gré du courant de la rivière artificielle dans un paysage féérique. Une végétation luxuriante, des bulles de savons voletants autour de nous et de part et d'autre des petits automates représentants des fées et des farfadets évoluants paisiblement dans la nature. Après quelques minutes d'émerveillement je décide de briser le silence.

- Alors avec Ethan ca à l'air d'avancer, dis-je taquine.

- Euh, oui. Au théâtre il m'a tenu la main puis il m'a invité au restaurant. Mais pour l'instant je ne sais pas vraiment si nous sommes en couple. Je n'ai pas envie de me presser. Après tout c'est ma première relation.

- Je te comprends.

- Et toi cela se passe comment avec ton beau brun ?

- Nous nous sommes également pris la main. Mais c'était en amis. Enfin il me semble. Il est très mystérieux, je sens qu'il me cache beaucoup de choses.

- Et toi tu es honnête avec lui ?

- Oh oui. Je me suis confiée à lui sur des choses que je n'avais dit à personne.

- Pas même à moi ? dit-elle surprise.

- Non pas même à toi, dis-je en baissant les yeux.

- Ne culpabilise pas. Je sais que tu me dis presque tout. Je ne peux pas t'en vouloir d'avoir ton jardin secret. Je suis contente que tu sois si à l'aise avec Adriel, dit-elle en souriant.

J'ai la chance d'avoir une amie si compréhensive. Elle ne m'a jamais posé de question sur mes yeux ou mon aura. Heureusement car je n'aurais pas su quoi lui répondre.

Je suis soudain sortie de mes pensées par des cris devant moi.

- Lily ! Oh mon dieu, Joe fait quelque chose, elle est en train de se noyer.

Sans perdre une seconde je vois le père sauter à l'eau mais il est à contre-courant et il fait quasiment du sur place. Je cherche des yeux la petite fille mais ne la vois pas. Après quelques secondes de recherche je vois finalement le petit corps flottant sous la surface à quelques mètres de notre radeau.

Voyant que le père n'arriverait pas à temps je saute à l'eau toute habillée. Le froid me saisit. Nous sommes fin octobre et l'automne est bien installé. La pauvre petite risque l'hypothermie si elle ne meurt pas noyée.

Sans prendre en compte le froid, je plonge sous l'eau et nage vers la petite silhouette. Je la saisis sous les bras et remonte sa tête hors de l'eau. Inerte, elle ne semble pas respirer. Je nage rapidement vers le bord de la rivière et sors la petite fille aux lèvres bleuis par le froid.

Je ne sens pas son pouls et elle ne respire plus. Sans perdre de temps, je mets la petite sur le dos et commence un massage cardiaque et du bouche à bouche pour lui faire cracher l'eau dans ses poumons et relancer son cœur.

Le père me rejoint rapidement, prend la main de sa fille mais me laisse continuer. Il semble trop bouleversé pour faire autre chose.

En attendant les radeaux de Louise et la mère se sont arrêtés au loin. Quelqu'un a dû voir l'accident et arrêter le courant artificiel.

Après quelques minutes, la petite ne respire toujours pas. Je perds espoir et je sens les larmes couler le long de mes joues.

- Faites quelques choses. Elle n'a que six ans, dit-il implorant ,les yeux pleins de larmes.

Il me regarde comme-ci j'allais accomplir un miracle. Il ne prie pas Dieu, mais moi. Une simple jeune fille.

Je décide d'arrêter le massage cardiaque car je ne peux plus rien faire. Le père laisse échapper un cri de souffrance en comprenant que c'est fini. Je ferme les yeux de l'enfant avec délicatesse les yeux brouillés par les larmes.

Je m'écroule sur le petit corps. C'est la première fois que je fais face à la mort. Je vois encore le sourire joyeux de la petite, sa main dans celle de sa mère. Pour la première fois de ma vie, je prie. Je prie pour que la vie de cette enfant soit épargnée. Je ne prie pas Dieu mais j'envoie cette prière au plus profond de moi. J'en sens une terrible douleur dans mon cœur. Je serais prête à tout pour sauver cette enfant. Prête à donner ma propre vie.

- Elle respire ! s'exclama le père. C'est un miracle ! Vous avez fait un miracle !

Ouvrant les yeux je vois une légère lumière bleue enveloppant la fillette et moi-même. Après quelques secondes la lumière disparait et je sens la chaleur qui m'avait envahie refluer.

- Je n'ai rien fait, dis-je confuse mais néanmoins heureuse de voir que la petite respire à nouveau.

- Votre œil... dit-il. Il a la même lueur que cette lumière. C'est vous qui avez ramené ma fille j'en suis sûre, dit-il en saisissant ma main.

Je n'ai pas le temps de répondre que les secours arrivent enfin. Ils m'écartent de la fillette et commence à prendre ses constantes.

Je profite de l'agitation pour m'éclipser.