Chapitre 6

Pendant tout le repas je sens le regard songeur d'Adriel se poser sur moi. Comme d'habitude les parents de Louise sont un peu gênés en ma présence mais font un effort pour se montrer courtois et m'interrogent sur mes études. Je ne peux pas leur en vouloir, je sais que mon aura est assez étrange.

Paul n'a jamais voulu m'expliquer pourquoi, mais disons que j'ai certaines particularités plus singulières que mes yeux vairons, notamment les gens ont tendances à ressentir une gêne en ma présence allant du léger frisson aux picotements intenses selon la sensibilité des gens. Pas facile pour s'intégrer.

Louise s'y était habituée depuis longtemps et Adriel semblait ne pas le remarquer. Mais j'avais pu observé à plusieurs reprises que les parents de Louise se frottaient régulièrement les avant-bras pendant le repas.

Une fois le plat terminé, je vais dans la cuisine et allume les bougies sur le gâteau. Je sais que Louise aime le grandiose alors j'opte pour les 24 bougies plutôt que les banales bougies en forme de chiffres. J'éteins les lumières puis m'avance lentement dans le salon en chantant l'éternelle chanson, vite reprise par les autres convives.

Louise est aux anges, un sourire de petite fille sur les lèvres. Une fois la chanson terminée elle ferme les yeux pour faire un vœu puis souffle ses bougies. Une fois les parts servies chacun lui offre un cadeau. Ses parents lui ont offerts des nouveaux écouteurs et un bon pour un massage détente. Adriel lui a offert deux places pour une pièce de théâtre. Quand vint mon cadeau elle ouvre le petit paquet avec précautions puis laisse échapper un petit cri de joie en voyant le pendentif.

- Oh merci Lyah. Ce pendentif me fera penser à toi quand nous serons séparées l'année prochaine, dit-elle émue.

En effet, l'année prochaine elle avait prévue de faire sa thèse aux Etats Unis. Ce serait notre première séparation depuis quinze ans de relation. En y pensant, je sens les larmes me monter aux yeux.

Pendant que les parents discutent en riant avec leur fille, je m'éclipse dehors pour prendre un peu l'air. J'ai besoin d'être seule.

Je regarde les étoiles dans le ciel et sans savoir pourquoi je me sens nostalgique.

- Ca me fait le même effet, dit une voix derrière moi.

- C'est étrange, j'ai l'impression que ces étoiles font parties de moi et que ma place est là-bas, dis-je songeuse. Laisse tombé c'est bête.

- Non ce n'est pas bête. Tu ressens seulement des choses qui sont au-delà des perceptions du commun des mortels, dit-il en se mettant à mes côtés. Excuse-moi mais tout à l'heure j'ai entendu la fin de votre conversation.

- Oh... dis-je embarrassée.

- J'aimerais qu'on en discute si tu le veux bien.

- Je crois que je n'ai pas vraiment le choix, dis-je à contre cœur.

- Alors c'est toi qui a secourus cette femme ?

- Oui...

- Donc tu sais effectivement bien te défendre, dit-il. Moi qui m'inquiétais pour toi.

- Je suis ceinture noire en karaté et taekwendo. Paul a tenue à ce que j'apprenne à me battre. J'ai également appris l'escrime et le tir à l'arc bien que j'en vois moins l'utilité, dis-je en plaisantant pour détendre l'atmosphère.

Je ne sais pas pourquoi mais j'ai l'impression qu'avec Adriel il n'y a pas de jugement. Je sens que je peux lui faire confiance et tout lui dire. Mais d'un autre côté Paul m'a dit de rester prudente. Je décide donc de répondre honnêtement à toutes ses questions mais de ne pas rentrer dans les détails.

- Ce n'était pas ta première fois si j'ai bien compris.

- Oui... J'ai assisté à une tentative de viol un soir, mais ca s'est mal terminé, dis-je en baissant la tête.

- C'est à dire ?

- Je ne me rappelle pas de ce qui s'est passé. J'ai perdu le contrôle de mes gestes, je ne me souviens de rien. Quand j'ai repris conscience la victime était déjà partie et l'homme hurlait de douleur. En voyant son état j'ai vomis. Puis j'ai tout de suite appelé les secours. L'homme s'est retrouvé dans le coma entre la vie et la mort pendant une semaine, il avait la moitié du visage brulé au troisième degré. D'après la jeune femme j'aurais utilisé un briquet et envoyé la flamme sur le visage de l'homme. Mais le plus étrange c'est que personne n'a jamais retrouvé le briquet, dis-je en frissonnant. Tu dois penser que je suis un monstre maintenant. Si tu ne veux plus me parler je comprendrais, dis-je les larmes aux yeux.

- Chut, tout va bien. Ne dis pas ca. Je resterais à tes côtés, dit-il en m'entourant de ses bras.

Cette nouvelle intimité me fait frissonner et je sens mes larmes se mettre à couler. Pendant quelques minutes nous restons comme cela. Lui à me caresser le dos, moi à pleurer sur son torse. Au bout d'un moment les larmes cessent, puis je me recule en reniflant.

- Désolée je suis pathétique.

- Mais non tu es juste d'une grande sensibilité et j'aime ca chez toi, dit-il en me remontant le menton.

- Merci d'être là. Ca m'a fait du bien de pouvoir pleurer. A vrai dire depuis cet accident je suis hantée par les cris de cet homme. Je ne sais pas comment j'ai pu faire ca. Je sais que j'ai toujours ressenti de la rage face aux gens mauvais. Mais d'habitude j'arrive à me maitriser. Enfin à part mon œil droit...

- Ton œil brun ? dit-il interrogateur.

- Si je t'explique cette fois tu vas définitivement me prendre pour un monstre, dis-je en baissant les yeux.

- Je ne te jugerais pas, promis.

- La femme n'a pas halluciné. Quand je suis en colère je perds mes moyens et des flammes apparaissent aux fond de mes yeux. Mais je ne suis pas possédée. Enfin je ne crois pas.

- Ne t'inquiète pas. Quand le moment sera venu je t'expliquerais.

- De quoi tu parles. Tu sais quelque chose sur mes yeux ?

- Disons que j'ai ma petite idée mais je veux en être sûr avant de t'en parler, dit-il.

Me voyant frissonner il me propose de retourner à l'intérieur. Le reste de la soirée se passe sans surprise. Bizarrement je suis heureuse d'avoir pu parler de tout cela avec Adriel. Cela m'a fait du bien d'avoir vidé mon sac.

Louise a beau être ma meilleure amie je ne lui ai jamais parlé du phénomène avec mes yeux ni de l'incident. Elle sait juste que j'ai une aura particulière et que je m'emporte facilement quand des gens s'en prennent aux faibles.

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