Chapitre 34

A peine sortie du bain bouillonnant, la petite blonde m'assaille pour me faire essayer une multitude de robes de toutes les époques. Me rappelant du regard appréciateur d'Adriel hier soir, j'opte pour une robe du type empire ocre.

Quand Erya sert le corset j'ai l'impression que je vais étouffée. Elle me dit en riant qu'il faut souffrir pour être belle. En voyant le résultat dans la glace je ne peux qu'être d'accord avec elle.

Cette tenue met en valeur ma silhouette en marquant ma taille fine et faisant ressortir ma poitrine.

Une fois coiffée et maquillée j'insiste pour que mon amie choisisse une des robes. Au départ elle avait essayé d'esquiver ma requête en prétextant qu'elle avait déjà quelques robes de cocktail dans sa chambre. Mais devant mon insistance implacable elle avait cédé.

Je voulais qu'elle soit magnifique pour son premier rendez-vous. Elle avait finalement enfilé une robe rouge pailletée du style années trente avec un bandeau agrémenté d'une grosse fleur noire dans les cheveux et des longs gants en soie noir. Splendide ! Elle allait en mettre plein la vue à Ezekiel.

Impatiente de revoir mon Ange, je me précipite dans le couloir et frappe à sa porte dans l'espoir qu'il y soit. Restant sans réponse je sens la déception monter en moi. Cela fait moins de vingt-quatre heures que je ne l'ai pas vu et pourtant j'ai l'impression que cela fait des années tellement il me manque.

J'ai encore du mal à me faire à ce lien d'âme-sœur. Je ne sais jamais si le manque, le désir et l'amour sont le fruit du lien ou s'ils en sont indépendants. Avec cette histoire de bal, je n'ai pas eu l'occasion de poser mes questions à Ariella.

J'allais repartir dans ma chambre quand soudain la porte s'ouvre, devant un Adriel surpris. Il porte un superbe costume en lin bleu marine, faisant ressortir ses yeux clairs.

- Tu me cherchais ?

- Oui, je voulais savoir si tu avais passé une bonne journée et aussi si tu pouvais m'accompagner au bal, soufflais-je en rougissant.

- Bien sûr que je t'accompagne. La question ne se pose même pas. Je sais que tu as du mal à te faire au lien mais n'en doute jamais, je t'appartiens corps et âme, dit-il en me saisissant la main.

- Euh...Oui je sais, bafouillais-je avant de changer de sujet. D'ailleurs, tu savais qu'Ariella et Lucifer avaient été les premières âmes-sœurs de la création ? D'ailleurs ils ont été les premiers enfants sacrés également.

Il ne répond pas tout de suite, mais je vois qu'il est ébranlé par mes derniers mots. En entendant des gardes s'approcher de nous dans le couloir, il me saisit le bras et me tire à l'intérieur de sa chambre.

- Qui t'a dit cela ? demande-t-il enfin.

- Le maître de cérémonie. J'ai appris des choses tout à fait étonnantes sur les Démons. Ils disent que ce sont eux les premiers à avoir assisté Dieu dans la création de la vie sur Terre. Au départ, il n'y avait que Lucifer et Lui. Puis Ariella a été créée et le premier lien s'est fait. Puis d'autres enfants sacrés ont vu le jour pour aider Dieu dans sa lourde tâche. Mais ils auraient fait quelque chose de mal. Ils appellent ca le péché originel. Suite à cela, Dieu les aurait tous bannis sous Terre. D'après eux, cela correspond à l'époque de l'extinction des dinosaures. Ensuite, pour l'aider à repeupler la Terre Dieu aurait créé les Anges.

- Ce n'est pas du tout ce que l'on nous enseigne ! Les Démons et les Anges ont été créé en même temps, à la création du monde.

- Je sais mais pourtant le maître avait l'air sincère et cela corrobore les remarques de mes grands-parents. Sinon comment explique-tu qu'Ariella se rappelle du soleil et que Lucifer dise connaître Dieu par cœur ? Ils étaient au Paradis et ils ont été déchus. Au fond de moi je sens que c'est la vérité, déclarais-je avec conviction.

- C'est vrai que j'ai des doutes. J'ai passé la journée avec leurs dirigeants. J'ai pu sentir le poids des ans sur leurs épaules. Ils ont une sagesse que même le plus vieux des Anges n'ont pas. Avec Elijah, nous avons fait notre enquête quand nous étions jeunes. Les plus vieux Anges ont au maximum soixante millions d'années alors qu'il est clair que la vie sur Terre a commencé il y a bien plus longtemps. Quand nous avons interrogé les Anciens, ils nous ont dit qu'avant il y'avait eu d'autres Anges mais qu'ils étaient morts. Tout cela me dépasse ! Pourquoi nous mentir ?

- Je ne sais pas. Mais j'ai l'impression que tout cela est lié intrinsèquement à la fameuse Vérité qu'ils ne veulent pas encore nous révéler, lié à ma naissance et à la raison pour laquelle mon existence est menacée.

- J'ai l'impression que ma vie entière est un mensonge ! s'exclame le brun avec rancœur.

- Et moi donc ! Je te rappelle qu'il y a quelques jours encore j'ignorais tout de ce monde et de mes origines. J'ai grandi en pensant que j'étais un monstre, dis-je des soubresauts dans la voix.

- Désolé, je sais que pour toi ce n'est pas facile, dit-il en me prenant dans ses bras.

A cet instant tout s'efface, mes craintes, mes blessures et mes questions. Rien d'autre ne compte que cette étreinte. Je sens son odeur fleuris et légèrement musqué. Son torse ferme et la chaleur de ses bras autour de moi. Je me sens toute petite à ses côtés. Je n'avais jamais réalisé à quel point il est grand. Je suis comme envoutée par sa présence, transportée dans un monde en suspension. Un monde de paix, où il n'y a que lui et moi.

Après quelques minutes, il dessert son étreinte et saisis mon menton pour que je le regarde.

- Lyah, nous allons trouver la vérité. Je te le promets. Et nous trouverons une solution pour que ta vie ne soit plus en danger. S'il le faut j'irais me rendre pour parler avec Père. Il sera bien obligé de m'écouter.

- J'espère. Merci d'être là pour moi.

- C'est normale. Ma place est à tes côtés, pour le meilleur et pour le pire, dit-il avec un petit sourire narquois.

- On dirait tes vœux de mariage, pouffais-je de rire.

- Pas besoin de mariage. Je suis déjà entièrement à toi. Je t'aime plus que tout au monde.

- Moi...

- Chut, m'interrompt-il en posant ses lèvres sur les miennes. Tu n'es pas obligé de le dire maintenant. Fais le tri dans tes sentiments et quand tu en seras sûre, tu pourras me le dire.

Ses lèvres deviennent plus entreprenantes et bientôt je sens sa langue me caresser pour en demander l'accès. Je sens la chaleur envahir mon corps et des picotements remontent le long de ma colonne au passage de ses mains. J'ai l'impression d'être assoiffée, affamée. Comme-si mon corps appelait le sien.

Je commence à mettre ma main sous sa chemise pour caresser ses abdominaux, mais d'une main ferme il me bloque avant de dire :

- Lyah, crois-moi j'en ai envie tout autant que toi. Je rêve de recouvrir ton corps de caresses et de baisers. De m'enivrer de ton parfum. Mais pas comme-ca. Je veux que tu sois entièrement à moi.

- Moi aussi, soufflais-je en essayant de revenir effleurer sa peau douce.

- Non pas maintenant. C'est le lien qui parle et te fait ressentir ce désir. Je veux que le jour où tu te donneras à moi, ce soit ton cœur qui te guide. Car après cela il n'y aura plus de retour en arrière. Je serais incapable de te laisser partir.

Je n'ai pas le temps de lui répondre que quelqu'un frappe avec assistance à la porte. Sans attendre de réponse, une petite tornade blonde envahi la pièce.

- Adriel tu as vu... Ah te voilà, dit-elle en me regardant avec suspicion. Je t'ai cherché partout. Le bal va commencer et le Roi et la Reine vous t'attendent.

- Oui j'arrive tout de suite, dis-je en me séparant de mon Ange.

- Tu ferais mieux d'aller te remettre du gloss et Adriel essuies-toi la bouche. Tout le monde n'a pas besoin de savoir que vous venez de vous envoyer en l'air, ricane la jeune fille.

- Mais on n'a pas couché ensemble ! nous écrions-nous à l'unisson à une porte fermée, puisqu'Erya est déjà partie.

Sans perdre plus de temps, je repars dans ma chambre pour me refaire une beauté. En voyant ma tête, je comprends ce qu'à voulu dire mon amie.

Mon visage est rouge et les larmes ont laissé un sillon noir à la naissance de mes yeux. Ma bouche est complétement barbouillée de gloss rose. On dirait que j'ai été maquillé par un enfant de cinq ans.

Sans perdre de temps je me démaquille et applique à nouveau un peu de mascara et du gloss. J'en profite pour me faire un maquillage plus léger, bien plus à mon image.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top