Chapitre 21

Sans me laisser plus de temps pour ces adieux difficiles, Aziza nous presse de descendre les marches sombres derrière nous. Adriel passe devant, ses dagues sortis prêt à toute éventualité. Je le suis et la Démone ferme la marche d'un pas nonchalant. Pas du tout inquiète de ce qui nous attend dans la pénombre.
Arrivé à la dernière marche, Adriel me pousse dans son dos et attend que la brune ouvre la voie. Courageux mais pas intrépide.

La femme passe devant nous, puis elle va poser sa main sur le mur au fond de la cave. Un immense portail, aux ombres inquiétantes remplace la paroi. Un courant d'air s'en échappe me donnant froid dans le dos.

Je n'ai pas la moindre envie d'aller là-dedans. En même temps c'est l'Enfer. Rien de très alléchant.

- Allez-y mes angelots. Ne vous inquiétez pas l'image de l'Enfer est vraiment surfaite. Avec moi pour escorte vous ne risquez rien, dit-elle en s'engouffrant à travers le portail.

- Bon quand faut y'aller faut y'aller, dit Adriel en me prenant la main.

Je le regarde avec attention, gravant ses traits dans mon cœur au cas où cela serait la dernière fois et je fais un pas en avant.

Je me sens aspiré comme dans un tourbillon. Autour de moi tout est sombre avec des volutes rouges. Il n'y a pas de haut ni de bas. Je suis comme en apesanteur. Perdu entre deux mondes.

Puis la seconde d'après j'arrive dans le noir complet. Ne sentant plus la main de mon Ange dans la mienne, je commence à sentir la panique monter. A cet instant un lumière rouge éclaire tout autour de moi. Je me retourne et vois Aziza une flamme orangée sortir de ses mains.

Nous sommes dans une sorte de tunnel creusé dans la roche mais pas le genre petit tunnel étroit ! Plutôt un tunnel gigantesque dont on devine seulement le plafond et dont on ne voit pas le bout.

Mes yeux sont vite attirés par une multitude de silhouette floue en mouvement. Ils se dirigent tous d'un pas lent dans la même direction.

- Bienvenu au purgatoire ! s'exclama Aziza avec un sourire moqueur. Désolé ne fait pas attention à eux. Je ne pouvais pas te faire entrer par la grande porte car Lucifer ne veut pas tout de suite que tout le monde apprenne ton existence.

- Ce sont des damnés ? demandais-je surprise.

- Oui. Mais attention on ne punit pas n'importe qui. Il faut vraiment être irrécupérable pour être envoyé dans les couloirs du purgatoire.

- De quoi vous parlez ? Nous sommes seuls ici, nous prend à parti Adriel.

- Tu veux dire que tu ne les vois pas ? Tu rigole ?

En voyant l'une de ces silhouettes lui passer à travers sans qu'il n'ait aucune réaction, je comprends rapidement qu'il ne rigole pas. Il ne les voit pas. Et pourtant ils sont là. En y regardant de plus prêt je commence à voir leurs traits. Ils ont des tenues très différentes les uns des autres et je vois rapidement qu'ils viennent des quatre coins du monde.

- Ils ne viennent pas seulement du pays ?

- Non bonne observation. En fait il y'a quatre tunnels de ce genre. Un sur chaque grand continent.

- Bon là je suis largué. Que voyez-vous ?

- Mon petit Ange, ton âme sœur est à moitiée Démon. Avec son œil droit elle peut voir les Damnés.

- Sont-ils une menace ? demanda-t-il en se mettant devant moi prêt à me protéger.

- En théorie non.

- Comment je peux les voir ?

- En perdant tes ailes mon mignon, dit-elle en riant.

- Ne dis pas n'importe quoi Diablesse ! dit-il en menaçant la brune de sa dague.

- Bon allons-y. Ce couloir m'a l'air interminable et ces spectres me donnent froid dans le dos, dis-je en baissant la main armée d'Adriel.

Les deux se regardent avec hostilités pendant quelques instants. Puis Adriel hoche la tête et lui fait signe d'ouvrir la voie. Elle hoche la tête également avec un petit sourire et commence à marcher.

- Ellyah, comme tu l'as vu, ils peuvent traverser sans problème les Anges. Mais avec toi et moi c'est une autre histoire. Si tu ne veux pas connaitre un moment désagréable évite-les.

- Merci de me prévenir, dis-je au moment où j'allais justement en frôler un.

- Qu'est-ce qui lui arriverait si elle rentre en contact avec l'un d'eux ? dit-il en regardant de droite à gauche paniqué de ne pas pouvoir voir l'ennemi qui menace la femme qu'il aime.

- Rien de grave, elle capterait juste quelques images de leur vie passée ! J'avais oublié comment un lié pouvait être protecteur avec sa liée, dit-elle en haussant les épaules.

- Que sais-tu des âme-sœur Démone !

- Le lien n'est pas réservé aux Anges. Nous aussi avons des âmes-sœur.

- Vous aussi ? demandais-je curieuse.

- Oh oui... Elle était merveilleuse. Mais elle morte il y'a bien longtemps.

- Je suis désolée.

- Il ne faut pas. Nous avons eu plusieurs millénaires de joies.

- Comment elle s'appelait ? demanda Adriel adoucit.

- Eyrina, ses yeux étaient d'un bleu aussi sombre que la mer déchainée. Ses ailes étaient d'un blanc éclatant. C'était une magnifique guerrière... dit-elle la voix tremblante sous l'émotion.

- Un ange ? demanda Adriel surpris.

- Laisse-tomber c'était-il y'a bien longtemps.

*****

Après plusieurs heures de marche interminable à faire des zigzagues entre les damnés je sens la fatigue m'envahir. Je commence à ralentir et à voir un peu flou. Sans faire attention je touche l'une des silhouettes éthérées. Une série d'images atroces m'assaillent. Des femmes égorgées le regard vitreux et la bouche tordue par la peur et la souffrance. Quand les images s'estompent, je m'effondre, mes jambes ne me portant plus.

Au son de ma chute les deux autres se retournent. Adriel qui le plus prêt se précipite à mes pieds. Il met sa main fraîche sur mon front brûlant et me prend dans ses bras. Il commence à se relever en me portant en princesse quand Aziza devient toute blanche.

- Adriel ne bouge surtout pas !

- Quoi qu'est-ce qu'il y a ?

- Tu es entouré de Damnés. Si tu fais un pas de plus tu vas en toucher un. Si elle en touche un autre aussi vite après, son esprit risque de mettre des heures à s'en remettre.

- Tu peux me guider ?

- Je sais que tu veux absolument la protéger mais le plus simple c'est que je vienne à toi et que je la porte.

- D'accord, dit-il à contrecœur.

Je suis somnolente, les yeux fermés. J'entends à peine leur discussion mais à la voix d'Adriel je comprends que ca ne l'enchante pas de me confier à la Démone. Pour le rassurer je lève ma main avec difficulté et lui caresse la joue. Puis l'instant d'après je perds connaissance.

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