Chapitre 11

La journée passait lentement. J'étais à la fois impatiente d'entendre ce qu'Adriel a à me dire et à la fois j'étais inquiète. Et si ca remettait en question tout ce que je sais sur moi-même ? En même temps je ne peux pas faire l'autruche toute ma vie. Il y'a bien des choses étranges autour de moi et cette fois j'avais sauvé la vie de cette enfant mais la prochaine fois je pourrais très bien perdre encore le contrôle et tuer quelqu'un.

Rien que d'y penser, j'en ai la nausée. Cette rage qui m'envahit parfois me fait peur. Je sens que c'est plus fort que moi. A chaque fois elle se déclenche dans des situations d'injustice avec des gens franchement peu recommandables. Mais il s'agit quand même d'êtres humains et je ne pouvais pas risquer de perdre le contrôle et de prendre une vie. Je ne m'en remettrais jamais.

Après avoir mangé les bolognaises, regardé deux trois séries, je tourne maintenant en rond. 17h, encore deux heures avant qu'Adriel arrive. Je décide d'aller dans mon ancienne chambre faire un peu de tri dans mes vielles affaires.

Je fais trois tas : à garder, à jeter et à donner. Le tas à donner est de loin le plus gros.

Une fois ma penderie finis, je m'attaque aux boîtes sous mon lit. Pleines de souvenirs. Des dessins, des peluches, des cartes postales et des photos. Bon je ne suis pas prête à m'en débarrasser.

Je décide de me plonger dans les vieilles photos de mon enfance. Je tombe sur des photos de moi bébé avec Paul. Tiens il n'a pas du tout vieilli. Il a toujours l'air d'avoir soixante ans. Pourtant il doit avoir quatre-vingt ans maintenant. Je le charrie souvent sur son apparente jeunesse et il me dit que de vivre sainement et faire un métier qui lui plait le maintient jeune de corps et d'esprit. Je me demande parfois s'il n'a pas recours à la chirurgie esthétique en secret. Après tout beaucoup d'hommes y avait recourt maintenant.

Ensuite je tombe sur des photos de moi au jardin d'enfant. Je suis toujours seule et pensive sur les photos. Jamais un sourire. Au fil des années mon regard devient de plus en plus absent puis nous arrivons à ma rencontre avec Louise et la petite brune que je suis est complétement métamorphosée. Sur chaque photo j'ai un grand sourire et puis surtout je ne suis plus seule. Sur toutes je suis accompagnée de la petite blonde. Elle a vraiment illuminé ma vie. Je sais qu'elle m'accepte comme je suis et qu'elle respecte mon besoin d'intimité. Il l'a encore prouvé hier quand elle m'a dit qu'elle comprenait que j'ai mon jardin secret.

Elle est ma seule amie et ma plus grande confidente. Sans elle je ne sais pas si j'aurais pu continuer à vivre malgré l'amour de Paul. C'est pour cela que j'appréhende notre séparation l'année prochaine.

Mais en même temps ma rencontre avec Adriel a tout changé. Car maintenant il est là également. Alors peut-être que finalement je ne serais pas seule l'année prochaine.

Je suis perdue dans mes pensées quand j'entends la sonnette retentir.

- J'arrive ! dis-je en me précipitant dans les escaliers.

Je dérape légèrement sur le palier puis me bas avec la serrure avant de finalement ouvrir la porte.

Adriel qui avait une mine sérieuse ne peux s'empêcher de sourire en me voyant essoufflée les joues rouges.

- J'en connais une qui a courus pour venir m'ouvrir. Tu es si pressée de me voir ? dit-il en rigolant.

- N'importe quoi. Il fait froid dehors, je ne voulais pas te faire attendre, dis-je en rougissant.

Heureusement cela passe incognitos vu que je suis déjà rouge comme une tomate après ma petite course effrénée dans les escaliers.

- Paul n'est pas là ?

- Non il a une urgence à l'université. Il va rentrer dans la soirée. Si tu es d'accord nous pouvons préparer à manger en l'attendant.

- D'accord.

Je lui prends sa veste et l'accroche sur le porte manteau à l'entrée. Il enlève ses chaussures et je lui donne la deuxième paire de chaussons de Paul. Ils font presque la même pointure. Sans me retourner je me dirige vers la cuisine.

Je sors des escalopes de poulet, des poivrons, de la crème, le curry et une casserole pour faire chauffer du riz.

Nous répartissons les tâches, lui découpe le poulet et moi les poivrons. L'atmosphère est sereine, comme-ci cette scène de ménage était toute naturelle entre nous.

Une fois tout découpé nous nous dirigeons vers le salon. Nous ferons la cuisson au dernier moment car le poulet au curry ne cuit pas très longtemps et je ne sais pas quand arrive Paul.

Je prends deux bières et des chips et vais m'asseoir à côté du brun sur le canapé.

Un silence un peu pesant s'installe entre nous.

- Tu as dit que tu savais des choses par rapport à mes yeux et aussi par rapport à la guérison de la petite fille hier. Peux-tu m'expliquer ? finis-je par demander.

- J'aimerais pouvoir d'abord parler avec Paul.

- Oh je vois... dis-je déçue.

Le silence reprend.

- J'ai quelque chose à te dire, dit-il en se grattant la gorge.

- Je croyais que tu voulais attendre, dis-je surprise.

- C'est autre chose.

- Oh vas-y alors, je t'écoute.

- C'est difficile à dire et j'ai peur que tu prennes peur.

- Tu vas me dire que tu es un serial killer ? dis-je en rigolant pour détendre l'atmosphère.

- Non pas vraiment, dit-il en riant à son tour. La vérité c'est que le jour de la rentrée je ne t'ai pas abordée par hasard.

- Comment-ca ?

- Enfaite j'étais arrivé en ville quelques jours plus tôt, et je t'ai repérée dans la rue. Tu m'as intriguée. J'ai senti qu'il y avait un lien entre nous alors quand je t'ai revu dans ce hall j'ai décidé de t'aborder. En vérité je savais où été le bureau pédagogique, dit-il en baissant les yeux. C'était un prétexte pour te parler.

- Oh... je vois.

Après quelques secondes pour bien intégrer la situation, je reprends.

- A vrai dire, je suis heureuse que tu m'aies parlé ce jour-là et encore plus que tu sois rentré dans ma vie. Avant toi je n'avais que Louise et Paul. Depuis que je t'ai rencontré je me sens plus heureuse et mon entourage s'agrandit, puisqu'il y'a également Ethan maintenant.

- Un gars très sympa.

- Moi aussi j'aimerais te parler d'un truc. Je ne sais pas si tu as fait attention mais en générale personne ne me remarque si je ne leur adresse pas directement la parole.

- Oui j'ai remarqué. C'est étrange car ta présence est si intense.

- Justement à ce sujet, normalement je suis quasiment invisible et mon aura est atténuée alors comment as-tu pu me repérer dans la rue puis dans la foule d'étudiants ?

- Je te l'ai dit, je sens un lien entre nous. J'ai tout de suite sentis comme un fil m'attirant vers toi. Pour moi tu es loin d'être invisible. Au contraire...

- C'est à dire ?

- Euh... Ca va faire cliché mais disons que quand tu es à mes côtés tu es la seule que je remarque et quand tu n'es pas là tu occupes toutes mes pensées, dit-il en rougissant. Je me sens gêné maintenant. Je n'aurais pas dû dire cela !

- Si au contraire. Je n'osais pas en parler mais pour moi c'est exactement pareil, dis-je en lui saisissant la main.

A mon contact, je le vois frissonner et fermer les yeux. Pas de dégout ni peur. On dirait plutôt qu'il apprécie mon contact et qu'il ferme les yeux pour plus en profiter.

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