22.
Note de l'auteur :
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Et maintenant, je vous laisse avec la nuit d'enfer d'Yvana et Louis ;) Enjoy !
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Je me réveillai perchée sur le dos de Louis. Il me tenait fermement les jambes autour de sa taille.
- L-Louis ?
- Enfin tu te réveilles ! s'écria-t-il, manquant de me faire tomber. Tu m'as fait une peur bleue !
- Où est-ce que tu m'emmènes ? Et fais-moi descendre.
Il obtempéra, me laissa retomber sur mes pieds. J'étais dans l'entrée de mon cottage, juste devant la porte. Visiblement, Louis prévoyait de partir. Son dos était trempé de sueur.
- Qu'est-ce qu'il se passe ? demandai-je.
Il ouvrit la bouche mais fut incapable d'articuler un mot. Il m'attrapa par la main et me traîna derrière lui à l'extérieur. Il claqua la porte et ne s'arrêta qu'au niveau de sa voiture.
- Louis ! Qu'est-ce qu'il se passe ?!
- Cette... Cette chose m'a attaqué !
Il souleva son t-shirt et je découvris trois longues balafres dans son dos. Elles étaient profondes et saignaient abondamment.
Ce n'était pas de la sueur que j'avais senti. C'était du sang.
- Oh, mon Dieu !
- Regarde-toi ! Tu es trempée et pleine de boue ! Comment est-ce que c'est possible, bon sang ?!
- Je... J'ai fait un nouveau rêve... C'est pour ça que je ne me réveillais pas, je crois.
- Un nouveau rêve ? Et c'est pour ça que je te retrouve détrempée et couverte de boue dans ta chambre ?
Je hochai la tête.
- Il pleuvait dans mon rêve. Et je pataugeais dans la boue...
- J'hallucine. Je suis en train de faire un cauchemar. C'est impossible, bordel !
Je ne dis rien, le laissant tempêter et paniquer tout seul. Voir toutes ses croyances s'effondrer ne devait pas être simple. De plus, il devait avoir vraiment mal. Ses blessures étaient sévères. Il aurait sûrement des points de suture vu l'ampleur des balafres dont il avait écopé. Et comment expliquer ça aux médecins ? Ils ne croiraient pas un traître mot de ce que nous pourrions dire.
- C'était réel, pas vrai ?
Je levai les yeux vers Louis. Il avait l'air fragile, jeune, effrayé et perdu. Je ne l'avais jamais vu ainsi. Il me fit penser à un enfant qui voit le monstre sortir de son placard ou de sous son lit. Qui se voit confronté à ses pires peurs.
Je tendis la main vers lui et il s'en saisit, m'attirant au plus près de lui, me serrant contre lui comme il aurait serré un doudou. Je le laissai faire. Si ça l'aidait à se rassurer, qui étais-je pour l'en priver ? En plus, j'étais toujours gelée et il exhalait une chaleur rassurante et rayonnante.
Sous ma joue, son cœur battait à tout rompre. J'entendais son sang courir follement dans ses veines. Je perçus avec une acuité dérangeante le sursaut de son rythme cardiaque lorsque toutes les portes du cottage se mirent à claquer.
Nous demeurâmes appuyés contre sa voiture, à regarder des forces inimaginables se déchaîner chez moi. Louis me souleva et me déposa sur le capot lorsque les graviers commencèrent à m'entailler les pieds.
- Et si tu me racontais ton rêve ? lança-t-il soudain. Ça me donnera quelque chose d'autre à penser qu'à... tout ça.
Son geste de la main engloba ma maison, vague et vacillant.
Je lui parlai d'Elizabeth, de son amant, de son retour à la vie. Inexplicablement, je gardai sous silence la ressemblance frappante entre l'homme de mon rêve et Carter. Il serait capable de me dire que ce n'était qu'un délire de mon esprit.
Je n'avais pas besoin qu'il alimente mes doutes.
- Pourquoi est-ce que tu fais ces rêves ? Ça n'a rien à voir avec... ça.
Du menton, il désigna mon cottage dont le soudain calme était terriblement angoissant. La nuit semblait retenir son souffle. Le vent dans les arbres avait cessé, le chant des animaux nocturnes s'était tu, la lune s'était cachée... Mon cottage était plongé dans le noir.
Je sentais Louis contre moi, sa chaleur, son cœur battant à tout rompre. Mais j'aurais bien été incapable de le voir. Nous étions enfermés dans un cocon de ténèbres épais et étouffant.
- Qu'est-ce qu'il se passe, Yvana ?
Sa voix vibrait, terrifiée. Il me serrait puissamment dans ses bras, me faisant presque mal. J'allais avoir de sacrés hématomes au lever du jour s'il ne desserrait pas sa prise.
Je plaquai ma main sur ma bouche lorsque les graviers roulèrent à quelques mètres de nous. Il n'y avait personne d'autre que nous, c'était impossible. Qui aurait pu venir ici ? Et pourquoi ? Ce n'était pas humain. Ça ne pouvait pas l'être.
C'était ça...
Il était là. Encore. Il venait me chercher. Je le savais. Il venait me chercher pour m'emmener avec lui.
Au même moment, des doigts s'enroulèrent autour de ma cheville et me tira en arrière. Je fus arrachée des bras de mon meilleur ami. Je chutai tête première, atterrissant à plat ventre dans les cailloux. Mon cri s'interrompit dans ma gorge sous le choc.
Il revint alors que j'étais traînée sur toute l'allée, les graviers arrachant la peau de mes bras et de mon menton. Louis hurla aussi, courant, tentant de me rattraper. La porte d'entrée lui claqua en pleine face, se verrouilla et il ne parvint pas à la rouvrir. Seulement alors, la prise sur ma cheville me libéra.
TU ES A MOI !
La voix était si forte dans mon crâne que la douleur explosa. Je me recroquevillai dans un coin, mes yeux fouillant les ténèbres à la recherche d'un signe quelconque donnant la position de ça.
Je ne trouvai rien. Je ne voyais rien du tout. Strictement rien. Tout n'était que noir. Épais, opaque, mouvant. Mes yeux étaient bien incapables de percer cette noirceur.
TU M'APPARTIENS !
Je plaquai mes mains sur mes oreilles. Ça ne changerait strictement rien. Les mots venaient de l'intérieur de ma tête. Pas de l'extérieur.
...le tuer... Je vais... tuer tuer tuer tuer...
La panique explosa dans ma poitrine à l'idée qu'il s'en prenne à Louis. Il ne pouvait parler que de mon meilleur ami qui était bloqué à l'extérieur. Il allait s'en prendre à lui !
Je ne pouvais pas laisser cela arriver. Il fallait que je fasse quelque chose. Mais quoi ? J'avais des vertiges, la respiration sifflante, les poumons compressés. Je ne tiendrai jamais debout. Mes jambes ne me porteraient pas si je parvenais à me lever.
Il fallait que j'aide Louis. Que je bouge, que je lutte. Je ne pouvais pas rester aussi faible et impuissante. J'avais plus de feu que ça, en moi ! Je pouvais me lever, ouvrir la porte, dire à Louis de partir. Que ça comptait s'en prendre à lui. Je devais le protéger. Le sauver.
Je poussai sur mes mains, grimaçant face à la douleur qui pulsa dans mes bras. Le sang poisseux qui maculait ma peau me fit glisser sur le carrelage. Je faillis retomber lamentablement sur le sol. Je parvins à me relever par un quelconque miracle.
Je fis pour me jeter sur la porte mais je percutai quelque chose de plein fouet. Je chutai en arrière, tombant lourdement sur les fesses. Je grognai alors qu'une vague de douleur explosait dans mon coccyx et remontait dans mon dos.
À MOI !
Une étrange pensée me traversa soudain l'esprit. Se pouvait-il que ça soit... jaloux ? C'était l'idée qui ressortait de ce qu'il se passait. La façon si violente dont il avait agressé Louis, comment il nous gardait séparés et réagissait violemment quand je tentai d'approcher de la porte...
C'était insensé. Ça n'avait pas de sentiments. Ça n'était pas vraiment réel. Je ne savais pas ce que c'était mais ce n'était pas tangible, réel. Un fantôme, un esprit, un démon... La dénomination n'avait pas d'importance. Ce n'était pas humain, solide.
J'avais souvent entendu la phrase « ce qui peut saigner peut mourir ». Et quand ça ne saignait pas... Est-ce que ça pouvait mourir ? Je me doutais d'ores et déjà de la réponse.
Je ne pourrais pas endurer cette situation toute ma vie.
Je me laissai retomber contre le mur. Le mieux était de laisser la nuit passer. Il fallait juste que je trouve un moyen de faire parvenir ses clés à Louis pour qu'il puisse se mettre à l'abri s'il venait à pleuvoir ou neiger.
Je me forçai à me lever. Ça émit un grondement de bête furieuse. Le son ronfla dans l'escalier, comme s'il était assis dans les marches, me surveillant tel un faucon gardant un œil sur sa proie. Je me demandais simplement à quel moment il allait fondre en piqué sur moi et me dévorer.
Je trouvai le trousseau de Louis sur le comptoir de la cuisine. J'allumai toutes les lumières, tentant de chasser les ombres. Vainement. Elles étaient partout, dans tous les coins. Toutefois, les ampoules n'explosèrent pas et le peu de lumière que je parvins à avoir était une bénédiction.
Je jouai avec les clés de Louis, réfléchissant. Il devait être sur le perron. Ou près de sa voiture. Je n'en avais aucune idée. Toujours était-il qu'il devait être devant. Je ne le voyais pas s'enfoncer dans la nuit noire pour tenter d'atteindre la porte arrière. Il se ferait plus de mal qu'autre chose et j'étais sûre qu'il le savait.
La seule solution, c'était la fenêtre. Il fallait que j'arrive à l'ouvrir pour pouvoir lui jeter ses clés.
Et je réalisai qu'il y avait un autre problème à mon plan : Louis ne trouverait jamais son trousseau dans le noir complet. Il me fallait une torche et quelque chose pour la nouer au trousseau.
Je trouvai ma vieille torche dans le meuble de la cuisine et un rouleau de ficelle dans un tiroir de l'îlot central. J'attachai le tout ensemble, sentant les ombres observer chacun de mes mouvements. Une fois sûre que les clés ne se détacheraient pas de la torche, je retournai dans le salon. Les lampes clignotèrent. C'était mauvais signe mais tant pis. Il fallait que j'agisse avant que ça ne puisse intervenir.
J'ouvris la fenêtre et jetai la torche. Elle atterrit dans l'herbe à deux ou trois mètres de la maison. Le cri de Louis m'aurait presque fait rire si mon cœur ne battait aussi fort à cause de la peur.
Je fus propulsée sur le canapé. Il se renversa sous le choc et je roulai jusqu'au mur, sonnée. La fenêtre se ferma, toutes les ampoules s'éteignirent. Je me recroquevillai, mon regard se fixant sur le néant devant, tentant désespérément de discerner quelque chose. Tout ce que je vis fut le noir complet.
Il paiera pour ça... Souffrir... Beaucoup...
J'entendis la satisfaction malsaine, la joie morbide dans la voix de ça. Cette chose se réjouissait à l'idée de faire du mal à Louis.
Qu'avais-je fait ?
En tentant d'aider mon meilleur ami, l'avais-je mené à la potence ?
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