16.

Le soleil m'éblouit. Me brûla les yeux, plutôt. Je n'aimais pas du tout les jours où il brillait aussi fort durant l'hiver. La neige tombée durant la nuit avait déjà commencé à fondre. Les trottoirs étaient humides mais débarrassés de toute trace de neige. Une chance pour moi qui ne savait vraiment pas marcher dessus sans me retrouver sur les fesses.

Je rejoignis le petit restaurant que j'avais indiqué à Carter. C'était le seul endroit où je sortais dîner. Je connaissais leur menu végétarien par cœur. J'avais testé tous les plats et je savais parfaitement ce que j'allais commander avant même d'y être.

La chance avait tourné dans mon sens lorsque, au réveil, mes parents m'avaient annoncé qu'ils étaient invités chez des amis pour déjeuner. Ils y passeraient sûrement une bonne partie de l'après-midi. Aussi n'avais-je pas eu à leur parler de Carter.

Je n'en avais pas parlé non plus à Lila lorsqu'elle m'avait téléphoné dans la matinée pour savoir si tout allait bien. Elle se souvenait parfaitement de l'état dans lequel j'avais été lors de cette monstrueuse dispute avec mes parents. Aussi s'était-elle inquiétée de ne pas avoir de nouvelles.

Carter venait de se garer lorsque j'arrivais devant le restaurant. Il me fit un signe de la main, comme si je ne l'avais pas encore vu. Je ne pus m'empêcher de sourire.

- Tu as l'air un peu plus reposée, me dit-il sans préambule.

- J'ai su dormir quelques heures. Je suppose que je dois te remercier pour ça. Je suis vraiment désolée de t'avoir appelé à trois heures du matin.

- Je suis content que tu l'aies fait.

Je le sentis. Le sang qui me monta aux joues. Je baissai les yeux, fuyant son regard amusé, pétillant.

- Et si on entrait ? Ce n'est pas que j'ai faim, je suis affamé.

J'éclatai de rire en pénétrant dans le restaurant dont il me tenait galamment la porte. Le serveur vint directement vers nous.

- Hé, Yvana ! Ça fait un bail qu'on ne t'a pas vue ici ! C'est le cuistot qui va être content !

- J'ai déménagé, je ne vous l'avais pas dit ?

- On dirait bien que non ! Enfin, ta table est libre. Gordon a refait la carte. Quand je vais lui dire que tu es là, il va être ravi ! Enfin quelqu'un pour tester les nouveaux plats du menu végé !

- Dis-lui bonjour de ma part !

- Pas de problème !

Un dernier sourire et je slalomai entre les tables jusqu'à celle du fond, le long de la baie vitrée. J'adorais la vue sur le jardin créé par un paysagiste talentueux. Même en hiver, c'était magnifique. Je ne savais pas comment c'était possible qu'un jardin en hiver puisse être aussi beau.

Carter s'installa en face de moi peu avant que Sam ne vienne nous apporter les cartes et un pichet d'eau.

- J'ai dit à Gordon que tu étais là. Il passera te faire un coucou tout à l'heure. Je reviens dans une dizaine de minutes pour prendre votre commande, d'accord ?

- Merci, Sam.

Il s'éloigna pour aller voir d'autres clients et je me retrouvai seule avec Carter. Il avait déjà ouvert sa carte et faisait son repérage.

- Tu es accueillie comme une star, ici, on dirait.

- Je venais souvent quand j'habitais encore dans les environs. C'est à peu près le seul restaurant qui a des plats végétariens de qualité, ajoutai-je comme si cela expliquait tout.

- Vu comme ça.

Je découvris la nouvelle carte avec anticipation. Je savais que je ne serais pas déçue avec Gordon. Je le connaissais depuis des années et ses talents de cuisinier n'avaient cessé de m'épater.

- Tu n'étais pas obligé de venir sur Portland, tu sais, finis-je par dire.

- Je te l'ai dit, je dois te parler de quelque chose d'important. Je ne me voyais vraiment pas le faire par téléphone. J'ai passé tout le trajet à me demander comment formuler ce que j'ai à dire.

- Tu m'inquiètes, là.

Il releva le nez de son menu, faisant se refléter la lumière sur le plastique.

- Ce n'est pas si terrible. C'est juste... étrange. Tu vas sûrement avoir du mal à me croire. C'est surtout ça qui m'inquiète, en vérité.

- Carter, j'ai été emmenée dans le grenier de St John's au travers d'un cauchemar alors que je suis à plus de trois heures de route. Je doute qu'il existe une seule chose en laquelle je ne puisse pas croire. À part les OVNIS. Il ne faut pas pousser non plus. Si tu me parles d'aliens, j'appelle la police.

Il éclata de rire. Secoua la tête.

- Non, il n'est pas question d'aliens. Loin de là !

- Tu es sûr, hein ? J'ai mon portable, au cas où.

Il me donna un coup de menu sur la tête en levant les yeux au ciel.

Sam revint prendre nos commandes. Je fus surprise de voir qu'il avait choisi l'un des plats avec le moins viande. Je me serais plutôt attendue à ce qu'il prenne l'une des grosses pièces de viande que Gordon savait si bien griller. Je ne dis rien, espérant que ça ne soit pas de ma faute. Savoir que j'étais végétarienne faisait souvent cet effet. Les gens semblaient penser que ça allait me mettre mal à l'aise ou me rendre malade. Stupide.

- Alors, si ce n'est pas une histoire d'aliens, qu'est-ce que c'est ?

- Une histoire de fantômes ?

Je faillis lâcher mon verre. Je le regardai longuement alors qu'il faisait une grimace contrite. De l'inquiétude luisait dans ses yeux. Il semblait s'attendre à ce que je jette mon verre à la tête en hurlant des insanités. Il avait la même expression que ces chiots qui s'attendent à être grondés.

Pas encore une histoire de fantômes... Pitié, pas lui aussi... !

- Tu rigoles ?

- Pas vraiment, non. C'est pour ça que je ne voulais pas t'en parler au téléphone. Tu m'aurais raccroché au nez.

- Tu n'as pas tort, sur ce coup-là...

Je n'arrivais pas à croire à ce qu'il me disait. Des fantômes ? C'était un toujours aussi difficile à avaler. Toutefois, après ce que j'avais vécu cette nuit, l'existence d'esprits ne me semblait plus si improbable.

- Il va me falloir toute l'histoire, je crois. Absolument toute l'histoire.

Il me jeta un regard inquiet, mal à l'aise. Il n'était pas très enthousiaste à l'idée de parler, maintenant. Il devait sentir qu'il était trop tard pour reculer. Je ne le laisserais pas repartir sans m'avoir raconté toute sa petite histoire de fantômes. J'en avais déjà entendue une de la part de Lila, je voulais connaître la sienne.

- Bon, très bien, je vais tout te dire. Laisse-moi finir, d'accord ? Tu dois déjà être bien assez perturbée par ce qu'il t'arrive alors en rajouter une couche... Ça m'ennuie mais il faut que je te dise de quoi il retourne véritablement.

Je fronçai les sourcils, encore plus inquiète. Il était diablement sérieux.

Nous fûmes interrompus par Sam qui nous amenait nos plats. Comme toujours, la présentation était parfaite. Je ne parvins pas à m'y attarder, les mots de Carter résonnant dans mon crâne. Qu'allait-il bien pouvoir me raconter de plus que ce que Lila m'avait déjà dit ? Savait-il plus de choses que ce qu'il y paraissait ?

- Vas-y. Dis-moi.

Il termina son verre d'eau cul sec et s'en resservit un. Il était si angoissé à l'idée de me parler de fantômes que je me sentis coupable de ne pas lui dire que j'avais déjà entendu quelques échos.

Pour ne rien lui dire qui altère son histoire, je commençai à goûter à mon repas. Je pris mon temps pour mâcher, m'obligeant ainsi à me taire.

- J'ai fait des recherches sur St John's. Jenna était encore en poste lorsque j'ai commencé. Ma famille a toujours été sensible au paranormal. Mon arrière-grand-mère était une médium réputée en son temps. Elle sentait les esprits, pouvait interagir avec eux, les voir parfois. Son don s'est perdu au fil des générations mais nous avons toujours une certaine sensibilité malgré tout.

Je hochai la tête sans rien dire. Je n'aurais pas pris Carter pour quelqu'un croyant réellement que son arrière-grand-mère avait été médium. Je l'aurais plus pris pour un sceptique vu son amour pour les sciences dures, les maths. Il pouvait se montrer si logique, si cartésien que l'idée qu'il croit descendre d'une grande médium ne me serait jamais venue.

- Quand j'étais gamin, je ne croyais pas à tout ça. J'étais adolescent, rebelle et, franchement, des esprits ? Ces histoires de famille me collaient la honte plus qu'autre chose. Mais ce qu'il s'est passé avec Jenna... Je ne crois toujours pas totalement le constat des psychiatres.

Je relevai la tête, surprise. Je ne m'étais pas attendue à ce qu'il parle de Jenna Ashton. Pour ce que j'en savais, c'était un peu le sujet tabou de Bloomingdale. Qu'il parle de ce qu'il s'était passé avec elle...

- Mon arrière-grand-mère, avant de mourir, avait fait une liste de prédictions. Elle ne voyait pas le futur mais elle parvenait parfois à connaître les plans des esprits les plus malveillants. Selon elle, les fantômes ont ça de différent avec nous. S'ils sont éveillés, comme elle disait, ils peuvent planifier des choses durant des années avant de les mettre en œuvre. Certains peuvent être des Hannibal puissance mille. Et certaines fois, mon arrière-grand-mère a réussi à savoir ce que certains prévoyaient d'accomplir dans le futur.

- Et le cas de Jenna était une de ses prédictions ?

- Pas vraiment. Ce qu'il se passe était dans son livre de prédictions mais de façon différente. Cette fois, ça ressemblait vraiment à une vision du futur. Cryptique, bizarre... Jusqu'à ce que ça commence, personne de ma famille n'avait su comprendre ce qu'elle voulait dire. Elle parlait de noirceur prenant possession du territoire, de morts marchant parmi les vivants... Entre autres choses sombres et effrayantes.

Je cillai, commençant quelque peu à m'inquiéter de ce qu'il me racontait.

- Je pensais vraiment que c'était par rapport à Jenna. Qu'elle serait la victime dont parlait mon arrière-grand-mère. Mais elle est devenue complètement folle et elle s'est enfuie.

- Donc tu penses que les prévisions de ton arrière-grand-mère parlaient de moi ?

- Je crois. Il se passe beaucoup plus de choses avec toi qu'avec elle. En plus, on ne pouvait pas la décrire comme « la lumière végétale ».

- La lumière végétale ? répétai-je, ahurie.

Il sourit en acquiesçant de la tête.

- Je sais, c'est assez poétique. Autant dire que cette partie était l'une des plus dures à comprendre. Des végétaux ? Parmi des fantômes, des démons et peut-être même des anges ? C'était totalement illogique. Mais maintenant...

Je regardai mon assiette, consternée. Parce que j'étais végétarienne, j'avais forcément quelque chose à voir avec cette prophétie ? Voilà qui n'arrangeait pas mon moral...

Je tressaillis lorsque je sentis la main chaude de Carter glisser sur la mienne, s'enrouler autour. Je relevai les yeux vers lui, étonnée.

- Ça n'a peut-être rien à voir. C'est une prédiction que l'on n'arrive pas à comprendre. C'est juste que, cette fois, ça pourrait possiblement faire sens parce que tu es déjà bien plus lumineuse que Jenna et ensuite parce que tu as une alimentation végétale. Si ça se trouve, ça n'a strictement rien à voir et ce qu'il t'arrive ne fait pas véritablement partie de la prophétie. Je ne sais pas. Je t'en parle parce que c'est le minimum. Je ne sais pas ce qu'il va se passer. Je ne suis même pas certain de comprendre ce qu'il se passe en ce moment.

- Et d'après toi, qu'est-ce qu'il se passe ?

Il ne répondit pas immédiatement. Il mâchonna sa bouchée, l'avala, but un peu d'eau. Je patientai, attendant sa réponse avec anxiété. Lui était-il arrivé des choses, à lui aussi ? Des cauchemars, des phénomènes... ? Je repassai mentalement tout ce qu'il m'était arrivé pour essayer d'imaginer ce qu'il aurait pu vivre aussi.

- Je pense qu'il y a un problème avec St John's. Et que ça affecte les nouveaux arrivants en ville. J'ai vécu presque toute ma vie à Bloomingdale et j'ai entendu pas mal d'histoires mais si de telles choses sont arrivées, je n'en ai jamais entendu parler.

- Et tu crois que ce sont des fantômes ?

- Des fantômes, des esprits malins... Ce genre de chose. Je ne suis pas vraiment au fait, sur le sujet. Je n'étais pas tellement en état de faire des recherches. J'ai toujours refusé de croire les dires de ma famille sur le don de mon arrière-grand-mère. Croire au paranormal ? Pitié ! Mais là... Avec ce qu'il s'est passé, ce que tu me racontes... Ça devient difficile de ne refuser l'évidence.

Je hochai la tête avec soupir. Oh, oui... Ça devenait très dur. Même pour moi. Mais les cauchemars, les portes qui s'ouvrent, se bloquent, se ferment... Continuer à nier était impossible.

Il fallait que je lui parle de ce que Lila m'avait confié. Carter était honnête et franc avec moi. Je devais l'être en retour. Lui montrer qu'il n'était pas fou et que je le croyais. Dans la mesure du possible. Parce que croire quelque chose comme ça... Malgré que je l'ai vécu, je cherchais toujours une explication logique. Rationnelle. Éloignée de tout ce qui pouvait toucher au paranormal.

- Pour tout te dire, tu n'es pas le seul à me parler de surnaturel.

Il redressa la tête si brutalement que son dos claqua contre le dossier de sa chaise. Derrière lui, les gens attablés se retournèrent pour nous regarder. Je me sentis rougir, embarrassée à l'idée qu'ils aient pu nous entendre parler.

Carter, lui, ne parut pas le moins du monde perturbé par le couple. Il se pencha vers moi et j'anticipai le moment où il saisirait ma main à nouveau.

Ce qu'il ne fit pas.

- Pardon ?

Je baissai les yeux vers mon assiette, me sentant rosir.

- Lila m'a dit qu'elle se sentait mal en passant devant St John's. Elle semble croire à tout ce qui est démon et autres du genre. Sa grand-mère est médium et Lila a grandi baignée là-dedans. Selon elle, il y a quelque chose qui cloche avec St John's.

- Elle t'a dit quoi ?

- Elle ne le sait pas elle-même. Elle sent juste que l'atmosphère n'est pas bonne, démoniaque. C'est la façon dont elle l'a présenté.

- Démoniaque ? Carrément ?

Je hochai la tête. Il parut perturbé. Inquiet. Il se recula dans sa chaise, croisa les bras, réfléchissant à ce que je venais de lui dire. Il soupira, visiblement tourmenté par cette histoire. Peut-être même plus que moi.

- Je suis désolée, Carter. Je n'aurais jamais dû t'entraîner là-dedans.

- Non, tu as bien fait de m'appeler et de tout me dire. Je suis content que tu l'aies fait. Même si, maintenant, je me sens vraiment désolé vis-à-vis de ma famille. De ne pas les avoir cru tout ce temps. D'avoir dit autant de mal de mon arrière-grand-mère alors qu'elle n'était pas folle. Pas le moins du monde.

Il fit une grimace contrite qui me fit sourire malgré moi. Il appuya ses coudes sur la table, sirotant son verre d'eau, songeur.

- Il va falloir faire des recherches. Beaucoup de recherches pour espérer comprendre ce qu'il t'arrive.

- Je ne suis même pas certaine d'avoir envie de savoir. Je veux juste que ça s'arrête. Ces cauchemars, ces phénomènes... Je veux simplement que ça s'arrête. Je ne suis pas en état de supporter un tel stress.

- Comment ça ?

Je pris une profonde respiration.

- Je ne suis pas venue à Bloomingdale par plaisir. Ce n'était vraiment pas un choix. J'étais très bien, ici, à Portland. J'avais un travail que j'appréciais, des amis... J'ai vécu toute ma vie ici alors partir n'était vraiment pas dans mes plans.

Il ne dit rien, m'écoutant débiter la rancœur que je retenais depuis des mois. Depuis que je savais que j'étais malade, faible. J'avais avalé la nouvelle, faisant mine de ne rien ressentir, de l'accepter. Mais au fond... Je le vivais toujours aussi mal.

- J'ai commencé à enchaîner les maladies. Je me suis affaiblie. Les examens que j'ai fait à l'hôpital ont révélé que mon corps ne supportait plus la pollution. Aucun médicament ne pourrait m'aider si je restais en ville. J'ai été forcée de partir de Portland. Pour cesser de vomir, d'avoir des vertiges, des problèmes de peau... Tout mon être se détraque. Je n'ai plus d'endurance. Je ne tiens plus la distance quand je suis stressée. Ça m'a fait développer une forme d'asthme...

- C'est à ce point ? Je pensais que tu avais simplement de l'asthme ou des problèmes d'anxiété. Rien d'autre. Je n'aurais jamais cru que c'était aussi grave.

Je baissai la tête, poussant un long soupir. Je ne tenais pas à voir ni à entendre sa pitié. Je l'avais déjà bien assez éveillé l'apitoiement chez tous ceux que je connaissais.

« Oh la pauvre Yvana, il a fallu que ça tombe sur elle, elle n'a vraiment pas de chance... »

Leurs discours... Toujours les mêmes. Non, je n'avais pas de chance. Rares étaient ceux trop faibles pour supporter la pollution croissante. Je faisais partie de ceux-là. Cela ne faisait pas de moi une fleur fragile sur qui l'on devait toujours veiller. Ma santé fragile n'avait rien à voir avec ce que j'étais capable d'encaisser ou d'accomplir.

- N'aie pas pitié de moi. Je vis très bien malgré tout.

- Pourquoi aurais-je pitié ? Je me sens juste désolé pour toi. Être obligée de tout quitter à cause d'un problème de santé... Ça n'a pas dû être un choix facile. Et ce qu'il se passe ne doit pas t'aider à t'accoutumer à ta nouvelle vie.

- Pas vraiment. Tous les jours, j'ai un peu plus envie de revenir à Portland en dépit des précautions exigées par le médecin.

Mes mots, étrangement, paruren tle blesser. Un air triste traversa son visage, fugace, à peine saisissable. Pourtant, j'étais certaine de ce que je venais de voir.

La question était de savoir pourquoi. Pourquoi semblait-il être triste à l'idée que je veuille partir de Bloomingdale ?

- C'est compréhensible, dit-il, articulant un peu trop.

Un silence gêné s'installa. L'arrivée de Sam le rompit. Nous forçâmes des sourires, assurant que tout avait été délicieux, ce qui n'était pas une surprise connaissant Gordon. J'hésitai à accepter la carte des desserts. Je ne savais pas si Carter n'avait pas envie de partir. Lorsqu'il l'accepta, je compris que la discussion n'était pas encore terminée.

- Tu comptes partir ? me demanda Carter dès que notre serveur se fut éloigné.

- Quand bien même le voudrais-je que je ne pourrais pas. Je n'ai pas les moyens de briser mon contrat.

Je tenais à être honnête avec lui. Je ne me voyais pas lui mentir, lui dire que j'avais envie de continuer à vivre à Bloomingdale alors que c'était faux. J'étais loin d'être à l'aise depuis mon arrivée. Et avec les phénomènes...

Dès que je le pourrais, je fuirai de cet endroit au plus vite. Il y avait de la campagne de l'autre côté de Portland aussi. Peut-être que là-bas, je ne serai pas victime d'esprits malins.

- Je vais essayer de me renseigner, reprit-il après que nos desserts soient arrivés. Je ne sais pas vraiment quoi chercher mais je vais bien trouver quelque chose. Tu devrais peut-être reprendre contact avec Jenna pour en savoir plus.

- C'est ce que je comptais faire. J'ai pris son numéro et son adresse dans les fichiers à l'école. Si quelqu'un peut clarifier la situation, c'est elle puisqu'elle l'a vécue aussi. Il y a un détail qui me chiffonne, par contre.

- Lequel ?

- Elle n'a pas parlé de cauchemars. Juste de la maison de poupée dans le grenier.

Carter m'observa longuement, silencieux, son regard bleu hanté par une inquiétude croissante.

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