✵ Chapitre 39 ✵ Une pluie de secrets
*𝓗𝓪𝓻𝓾*
Inimaginable mais réel.
Noya est présent à quelques mètres de moi en ayant certainement tout vu de la scène. Même mes explications ne vaudront rien... C'est fini... Là c'est la douche froide... Voire glacée.
Les mots ne sortent pas. Nous nous regardons comme pétrifiés de la situation. Ma vision est floue... Je ne vois que sa silhouette. Je n'ose même pas essuyer ne serait-ce mes yeux... J'ai peur de découvrir l'expression de son visage. J'aimerais vraiment devenir une petite souris et pouvoir me réfugier dans un trou à tout jamais.
— Tu as tout vu, n'est-ce pas ? demandé-je faiblement.
J'entends quelques bruits de pas. Je suppose que Noya s'est avancé, vu que je n'ose même pas le regarder.
— Oui mais je n'ai pas tout entendu.
Telle une flèche en plein cœur, cette phrase me transperce profondément.
— Suki...
Il m'appelle mais je ne réponds pas. Je sais que je vais le perdre, que j'ai tout gâché à force d'avoir menti. Je sens il est tout proche. Je peux même voir ses pieds justes devant moi. C'est insoutenable.
— Laisse-moi t'expliquer... lui demandé-je peu confiante. Et après tu auras le droit de ...
De quoi ? De me planter là, seule ? De me rappeler à quel point je suis stupide de t'avoir menti ?
— Je t'écoute, répond celui-ci rapidement comme pour me couper de mes pensées.
Alors allons-y...
— Je t'ai menti. Je sais que tu le sais. Je sais que tu es fâché contre moi... Que tu aurais aimé savoir... Sauf que, voilà. Tu n'apprécies pas Oikawa, ce que je peux comprendre, ajouté-je pour lui montrer que j'en étais parfaitement consciente. Lorsque le camp d'été à commencer et que nous sommes rentrés, j'ai perdu un peu confiance en moi... Puis voyant que tout le monde s'améliorait, trouvait de nouvelles techniques, attaques, etc. Bah je voulais aussi m'améliorer à mon tour. J'ai demandé l'aide de Oikawa... Pourquoi ? Bah...
J'hésite un instant. Mais je dois tout admettre... Comment je l'ai pensé, vécu... Je ne peux plus rien lui cacher.
— Je voulais impressionner mon équipe, je voulais montrer aussi que de mon côté je m'améliorai et que j'avais une nouvelle botte secrète en tête. Le service smashé. J'ai toujours voulu acquérir cette technique... Et je savais que Oikawa était un pro dans ce domaine. Alors oui, je lui ai demandé de m'aider et oui j'ai passé mes lundis soir avec lui dans l'unique but de me perfectionner, de me renforcer et de me retrouver. Je devais apporter un plus à mon équipe. Et la preuve... Aujourd'hui j'ai envoyé en pleine face un service smashé à ma rivale qui n'a pas pu le réceptionner. Je voulais garder cela secret mais la vérité frappe bien plus vite que ce qu'on le pense.
Ma gorge se serre à nouveau. J'ai l'impression de m'enfoncer encore plus. Mais le pire reste à venir.
— Pour moi, je ne faisais aucun mal même si je comprenais petit à petit que je me mettais dans une situation bien embarrassante. Je t'ai caché ça pour éviter de me disputer avec toi ou que tu t'énerves contre Oikawa car il ne faisait rien de mal à part m'aider. J'ai pensé que tu ne comprendrais pas et les autres non plus. Seul Jun-chan a été au courant et je peux te dire qu'elle n'était pas ravie de cette situation. Elle aussi n'a pas dû comprendre totalement.
Je parle et parle, il m'écoute attentivement. J'enchaîne sans réfléchir mais au moins il saura tout.
— J'ai beaucoup échangé avec Oikawa même par téléphone, je recevais des conseils de lui mais je devenais ami avec lui aussi petit à petit. J'ai eu son numéro car un dimanche après-midi je l'ai croisé par hasard vers le bord du lac... Il ne s'est absolument rien passé et je te le jure. D'ailleurs, je ne lui parlais pas tous les jours... Bref à quoi ça sert de me justifier là-dessus alors que le mal est déjà fait. Je n'ai pas été sincère sur le coup et tu ne mérites même pas mes excuses.
L'atmosphère est si pesante mais j'ai bientôt fini.
— Je me suis attachée à Oikawa. C'est mal je sais mais il m'a tellement aidé et écouté. Je lui dois beaucoup. De toute façon si je l'ai vu aujourd'hui c'était pour le remercier et lui présenter mes excuses car je l'ai amené dans mon pétrin aussi. Il n'a pas mérité ça et toi non plus. De toute manière je ne lui parlerai plus jamais et si Oikawa m'a enlacé d'un bras c'est que je pleurais comme une madeleine. Il a juste voulu me réconforter et il est parti. Je t'ai dit tout ce que j'avais à te dire. Je ne te mens pas. C'est la stricte vérité, soupiré-je en laissant couler quelques larmes sur mes joues avant qu'elles ne tombent au sol.
Le silence revient. J'attends une réponse mais rien ne sort de la bouche de Noya. C'est étonnant et à la fois étrange. Peut-être que la situation le dépasse et qu'il ne sait pas quoi répondre tout simplement. Je ne peux que comprendre. Moi ça fait bien longtemps que je suis dépassée par les évènements, je ne contrôle plus rien.
— Pourquoi on s'est autant déchiré, Haru-chan...
Assourdissant et étourdissant. Je retiens mon souffle. Mes yeux sont grands ouverts et ma vision devient plus nette petit à petit. Je relève la tête légèrement jusqu'à ce que mon regard rencontre le sien. Là... Je ne comprends plus rien.
Il est bien plus proche que je ne le pensais, même pas un mètre doit nous séparer. Il pose son front fébrilement sur mon épaule gauche et reprend :
— Je suis fautif tout autant.
Il se racle la gorge. Je n'ose pas le regarder. J'écoute à mon tour.
— Déjà, je t'ai fui. Je t'ai fui depuis ma rentrée à Karasuno. Tu auras beau me dire que toi aussi tu n'as pas fait d'efforts de ton côté mais c'est faux. Je me souviens très bien de ce jour où tu étais dehors, en train de marcher tranquillement dans la ruelle en bas de chez moi. Ça devait être le troisième jour de lycée pour moi. Tu es venu toquée à la porte, mon papi t'a ouvert mais je n'étais pas là. En réalité je t'ai suivi mais tu ne le savais pas. J'ai attendu que tu partes car tu étais restée dans le salon avec mon papi pour m'attendre mais tu as fini par partir voyant que je n'arrivais toujours pas.
Je sens sa tête qui s'enfonce un peu plus dans mon épaule. Il est tendu.
— Et puis tu es revenue, souvent à la même heure les semaines suivantes. Je n'étais jamais là... Tu as fini par abandonner, je suppose puis vu que tu n'avais pas de téléphone pour communiquer à ce moment-là. Tu n'aurais jamais pu avoir de mes nouvelles.
C'est vrai... Je l'avais oublié... Peut-être à force de rêver de lui, de penser et de me remémorer que les bons souvenirs... Puis lors de ma rentrée à Karasuno j'étais si joyeuse de le revoir que j'avais presque oublié et j'avais même carrément nié cette période difficile de ma vie. Je n'avais plus ma sœur ni Noya... ça avait été si dur pour moi.
Il m'avait plus donné de nouvelles. Il n'était jamais venu à ma rencontre, jamais il n'avait toqué chez moi. Et Pourquoi ?
— J'ai été idiot. Puis après, je suis tombé amoureux de Shimizu enfin... Je la voyais comme une déesse parce que sans te mentir je la trouvais super jolie... Bon elle est toujours belle mais... Il y a toi.
« Il y a moi ? »
Je penche enfin la tête sur le côté après être restée longtemps à regarder devant moi. Il m'observe déjà. Un léger sourire et un regard tendre se dessinent sur son visage. Je suis complètement émerveillée.
— Il y a toujours eu toi, répète ce dernier.
J'ai peur de comprendre...
— Depuis tout ce temps, je fais semblant. Bon je suis conscient de mes travers et du fait que j'abuse avec les jolies filles mais... Il y a toujours eu qu'une seule fille ici, dit-il en posant la main du côté de son cœur. C'est toi.
Je crois rêver. Il se redresse. Nous sommes face à face complètement dans notre bulle. Trop d'informations s'enchaînent, mon cerveau commence à griller.
— Suki ?
— Oui ? répondé-je d'un sursaut.
— Je te dois des excuses aussi. Je t'ai fait du mal. Peut-être que tu ne t'en es jamais rendu compte mais tu dois le savoir aussi.
Les larmes reviennent. Je compte même plus le nombre de larmes que j'ai versé en l'espace d'un quart d'heure. Noya pose ses mains sur mes joues et d'un coup de pouce, balaie toutes les larmes qui auraient pu couler.
— Partons d'ici. Nous reparlons de tout ça plus tard.
C'est chaud et intense. Je profite jusqu'aux dernières secondes où Noya retirent ses mains.
— Je... Je voudrais passer aux toilettes pour...euh... me passer un coup d'eau sur le visage, demandé-je timidement.
— D'accord, dit-il en prenant mon sac sur son épaule.
— Noya, tu n'es pas obligé...
— Si laisse-moi faire, m'interrompt-il en prenant ma main sur le passage.
Nous partons alors en direction des toilettes les plus proches. Je suis totalement dans le coaltar, j'ai dû mal à réaliser ce qui est en train de se passer et ce qui s'est passé... Entre ce que Noya m'a révélé, ce que j'ai réussi à lui dire et la fin de mon amitié avec Oika-san... Je ne sais plus du tout où j'en suis. J'ai l'impression que les évènements ont pris une tout autre tournure. Je ne sais pas si ce qui se passe et bien ou mal... Je devrais me réjouir d'être en présence de Noya mais j'ai dû mal à encaisser.
— Voilà, on y est. Je t'attends.
Il me lâche doucement la main et détourne le regard, certainement gêné de la situation. Je hoche la tête signe que je vais me dépêcher. Les toilettes ont l'air désertes, je m'empresse de me mettre une bonne giclée d'eau sur le visage, puis deux puis trois. Faut que je reprenne mes esprits. Les larmes ne coulent plus mais les coins des yeux sont bien rougis. Je ne pourrai pas le cacher malheureusement. Soudain, une fille rentre, mon cœur manque un battement sous l'effet de la surprise. Je prends quelques serviettes sur le côté du lavabo et essuie mon visage.
J'ouvre la porte et j'aperçois Noya devant moi, adossé au mur en train de m'attendre les mains dans les poches. Il est perturbé et gêné, ça ne se voit rien que sur son visage.
Son regard se pose enfin sur moi. Il s'approche de moi et me reprend la main. J'ai l'impression que je vais m'évanouir mais le contact de nos mains me maintient en éveil.
— Il faut qu'on se dépêche de rejoindre les autres, annonce-t-il faiblement.
— Oui... Ils doivent nous attendre.
— Ils nous attendent devant le bus, m'informe-t-il tout en commençant à marcher.
— D'accord, dis-je en suivant son pas.
Nous arrivons enfin dans l'allée A et sortons à l'extérieur. Le bus n'est pas loin, nous les voyons tous dehors en train de nous attendre. Jun est avec Sugawara et regarde aux alentours. Elle doit être aux aguets.
— Tu te sens mieux Suki ?
Comment dire... Je suis soulagée d'être avec toi mais je me sens toute patraque. Il vaut mieux que je garde ça pour moi pour qu'il ne s'inquiète pas.
— Oui ça va, mens-je.
— Bon... Je pense que tu vas vouloir te mettre à côté de Matsui-chan mais si tu veux être à côté de moi la place est libre.
Il reprend la marche, toujours en me serrant fortement la main. Jun nous aperçoit enfin et vient à notre rencontre rapidement. Hinata vient quelques secondes après d'un pas enjoué.
— Tout va bien ? me glisse à l'oreille Jun.
— Je t'expliquerai.
— Suzu-chan !!!! Tu es restée bloquée aux toilettes ? me demande incrédule le rouquin.
— Non ! Je me suis perdue dans les allées, fais-je en me grattant le derrière de la tête. D'ailleurs, félicitations pour votre victoire !!!! annoncé-je d'un ton plus joyeux.
— Toi aussi Suzu ! De ce que m'a dit Jun t'as été sensationnelle aujourd'hui et tu as même battu ta rivale ! Je suis trop heureux pour toi ! Tu m'expliqueras tout en détail, hein ?
— Merci Shoyo-kun... Oui bien sûr !
Le rouquin tend en l'air sa main pour un high-five, je réponds immédiatement à son geste et souris de plus belle. Noya m'a relâché la main entre-temps mais reste près de moi.
— Ha bah enfin vous voilà ! s'écrit Michimiya au loin. Madame ! Nous pouvons y aller ! informe cette dernière à Onishii qui était déjà dans le bus.
— Vous étiez passé où ? demande Kageyama en se joignant à nous.
— Oh rien ! Je me suis juste perdue tu me connais, hahaha ! Et Noya est venue me chercher, rétorqué-je en toussotant légèrement.
— Décidément t'es pas douée ! soupire ce dernier. Bien joué pour ta victoire contre Kogo au fait !
— Merci Kageyama.
— Bon vous venez où quoi ? rappelle Michimiya étant la dernière à monter de la file.
— On arrive !
Nous nous dirigeons vers le bus, Jun me fait signe de rester avec Noya et prend place aux côtés de Sugawara qui l'attendait. Je me retourne alors vers Noya qui lui a déjà un sourire au coin des lèvres. Nous restons alors sur les places de devant qui n'étaient pas prises. Il me laisse la place à côté de la fenêtre sachant que je préfère ce côté.
Épuisée, je n'ai pas vu le trajet défilé. J'ai dormi comme un loir.
Quand je me suis réveillée, j'ai compris rapidement que je m'étais assoupi sur l'épaule de Noya - qui lui avait dû s'endormir aussi car sa tête s'était posée sur la mienne. Lorsqu'il a senti que je me réveillais, il a dressé aussitôt la tête et n'osait plus me regarder. Certainement par gêne. Alors, je lui ai dit que ça ne faisait rien et que c'était certainement pour ça que j'avais bien dormi. Puis au fond, ça m'avait rendue heureuse...
Ma mère est venue nous chercher ensuite. Nous avons déposé Noya chez lui en premier, il a remercié ma mère puis nous a saluées Jun et moi. J'aurai aimé qu'il reste mais il était épuisé ça se voyait et il était mieux de remettre notre discussion à plus tard. Ma meilleure amie est restée un moment chez moi avant que sa mère ne vienne la chercher. J'ai pu tout lui raconter. Ça n'a pas été facile mais je n'avais plus de larmes à déverser – le stock étant vidé. Elle m'a confié qu'elle n'avait pas réussi à mentir et je le comprenais car ce n'était pas dans ses valeurs. Je n'avais jamais vu Jun aussi compatissante et rassurante.
Un poids s'enlevait au fur et à mesure que je lui parlais et je me sentais plus apaisée. Elle m'a bien fait comprendre qu'avec Noya il fallait que nous prenions notre temps et que nous laissions ça de côté jusqu'à la fin des matchs. Elle avait raison puis surtout elle me conseilla de ne pas me coucher trop tard avec toutes les émotions que j'avais eues dans la journée, il fallait que je sois en forme pour notre dernier match.
Nous n'avons aucune idée de comment va se dérouler la journée demain, sachant que nous allons rencontrer pour la première fois l'équipe de Shiratorizawa et nous allons revoir Maomi Akazame. La fameuse capitaine de cette équipe et rivale aussi de Kogo. Puis n'oublions pas que nous allons sur un terrain central et que le match est en 3 sets gagnants sur 5, ce qui rajoute d'avantage une difficulté d'endurance. Mais comme Onishii nous la répéter maintes fois après notre victoire contre Date Kyogo, nous avons toutes nos chances ! Il suffit juste d'y croire et de persévérer.
Quand Jun fut partie, mon téléphone avait vibré et à ma grande surprise c'était Shoyo qui m'appelait. Enfin, j'aurai dû m'en douter vu que je ne lui avais pas encore tout expliqué et lui non plus ne m'avait pas raconté ses matchs. J'ai parlé pas mal de temps avec lui surtout que nous étions un peu angoissés pour demain. Deux matchs importants se jouaient pour les équipes de Karasuno. Certes pour nous c'était la finale et eux la demi... Mais la pression était intense pour les deux. Il m'a également demandé par rapport à Noya, car il avait bien senti que quelque chose se tramait mais je lui ai dit que tout allait bien à présent et que je lui expliquerai en détail plus tard.
Ma sœur m'a appelé juste après et ce fut la même rengaine. J'étais vraiment épuisée sachant que je racontais tout le temps la même histoire... C'était difficile de garder le contrôle de mes émotions mais bon. J'étais heureuse que ma sœur m'appelle et m'encourage pour demain, cela faisait toujours du bien au cœur.
Après avoir fini mes conversations téléphoniques, je pris un peu de temps pour moi et je suis partie discuter avec mes parents dans le salon de ma journée (Eh oui encore une fois). Ma mère avait préparé un délicieux repas avec des crêpes pour le dessert, de quoi bien me rassasier. Une douche, brossage des dents et au lit.
Mon téléphone vibra une dernière fois. C'était un message de Noya :
📩 Taiyo :
Dors bien Suki, sois en forme pour demain !
20 : 40
📨 Moi :
Dors bien aussi, à demain et en pleine forme !
20 : 41
Après ça, j'éteignis mon téléphone avec le feu aux joues. La journée avait été rude et remplie d'émotions. Mais j'avais réussi à me débarrasser de mes secrets et en même temps j'avais appris aussi sur les secrets de Noya. Avec mes coéquipières nous avons gagné une grande bataille mais pas la dernière... J'avais hâte que tout se termine et que je puisse enfin reparler à Noya de tout ça...
J'espère que les beaux jours reviendront.
🍊
Hello ! Comme promis, voici le chapitre 39! J'espère qu'il a été à la hauteur pour vous car pour ma part ça n'a pas été facile de l'écrire avec toutes ses émotions ! Ce n'était vraiment pas un passage facile pour notre petite étourdie mais au moins elle a pu se libérer du poids de ses secrets. Le prochain devrait arriver dimanche, en espérant que j'aurai le temps de le relire pour corriger d'éventuelles fautes (vu que j'en fais tout le temps). Merci pour votre activité, de nouvelles lectrices arrivent et j'espère qu'elles liront jusqu'à la fin !
Sinon je vous souhaite une bonne après-midi!
Et à bientôt ♥
Laura
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top