Sans père [BONUS]
Salut les ARMY's ! Voila le bonus comme promis ! A la base je pensais faire un lemon mais plus j'écrivais plus une autre idée a pris le dessus. Au final je ne pense pas qu'un lemon colle avec l'ambiance de l'histoire qui est innocente et émotionnelle. Donc je vous propose autre chose pour compenser. J'espère que ça vous plaira. Merci encore énormément pour avoir lu, commenté et voté cette histoire ! Vous avez réussi à faire mettre un OS en tendance Wattpad ! Merci énormément, vous êtes géniaux !
Sortant de son appartement à toute vitesse, un jeune garçon aux cheveux châtain se mit à courir dans les rues de sa ville. Mallette à la main, son costume trois pièce à moitié défait, il s'excusait à chaque passant qu'il bousculait par mégarde. Son souffle se coupait sous l'effort alors qu'il se maudissait. Malgré toutes ses années, il n'arrivait toujours pas à être prêt à l'heure. Dire que Jungkook l'avait prévenu.
"Lève-toi tôt et arrête de regarder tes céréales dans ton bol pendant une demi-heure." Lui avait-il dit, le sermonnant comme un enfant.
Il aurait peut-être dû l'écouter au final. Car là, son bus venait de partir sous son nez. Se maudissant, il hurla à travers la rue pour arrêter l'engin. Il secouait les bras dans tous les sens pour se faire remarquer. Un véritable clown de rue. Sa danse gracieuse n'eut pour effet que le faire sentir honteux. Le bus était bel et bien parti, sans lui. Il avait 20 ans maintenant alors pourquoi avait-il toujours ses problèmes d'adolescent de 15 ans ? Essoufflé, il s'écroula sur un banc en remettant toute sa vie en question. Dire que c'était un arbre aux feuilles tombantes qui l'avait mis en retard. Les couleurs des feuilles d'automne atterrissant au sol étaient si belles. Elles formaient un océan de couleur sur le béton sans saveur, embellissant la ville. Il fallait vraiment qu'il pense à fermer les rideaux pour ne pas admirer l'extérieur quand il était pressé.
Sortant à contre-coeur son portable, il commença à chercher dans ses contacts quand une voiture s'arrêta devant lui. Il leva les yeux et découvrit la personne qu'il était sur le point d'appeler. La vitre du conducteur s'abaissa pour laisser entendre la voix de ce dernier.
-Allez l'idiot ! On va être en retard !
-C'est pas ma faute ! Dit-il en se dirigeant vers lui.
Faisant le tour du véhicule, il s'engouffra par le côté passager pour se mettre à l'avant. Ses lèvres vinrent prendre par surprise celles de son chauffeur avant qu'il ne mette sa ceinture. Le conducteur aux cheveux bruns reprit ensuite son activité, mettant la voiture en route.
-Je t'avais dit de te lever plus tôt.
-Mais le lit était trop confortable !
-Il y a des fois où je me demande qui est l'aîné de qui. Se moqua-t-il.
-Jungkook. Tu sais que je t'aime. Alors reste un gentil maknae s'il-te-plait.
-Mais bien sûr hyung ! Lui répondit-il en roulant des yeux.
-D'ailleurs comment ça se fait que tu es là ?
-Je savais que tu serais en retard. Je suis donc sorti plus tôt des cours et j'ai pris la voiture. Il faudrait qu'un jour tu passes ton permis, j'en ai marre de faire taxi personnel.
-Pourquoi je ferais virer mon taxi préféré voyons ! Rit-il, faisant grogner l'autre.
Taehyung posa sa mallette sur ses genoux avant de l'ouvrir. Il vérifia que tout ses papiers étaient bien là. Le stress se faisait ressentir chez lui. Dire qu'il avait attendu si longtemps pour ce jour. Le jour J. Voyant que tout était en ordre, il referma la malle pour la mettre à l'arrière. Il vit qu'un autre objet était également posé sur la banquette: l'appareil photo de Jungkook.
-Tout va bien se passer hyung. Tu vas assurer.
-Je compte sur toi pour faire de belles photos. C'était pas tout les jours que je vais faire un discours devant tant de gens.
-Il sera braqué sur toi à chaque seconde.
-Attention, tu pourrais être ébloui par ma beauté irrésistible.
-Si c'était le cas, je serais aveugle depuis longtemps. Ne prend pas tes rêves pour la réalité. Le nargua-il.
-Il y a des fois où je me demande pourquoi je sors avec toi.
-Parce que je suis ton Bunny ! Répondit-il, se faisant passer pour un adorable enfant.
Cela faisait maintenant 3 ans que Jungkook et Taehyung sortaient ensemble. Ils avaient continué à habiter chez la mère du chatain pendant un an, le temps que l'aîné passe son diplôme. Après cela, il déménagea pour avoir son propre appartement. Il emmena le brun avec lui bien sûr. Il commença des études de médecine avec pour projet de faire en sorte de rendre la vie meilleure aux sans-couleur. Le plus jeune, une fois son diplôme obtenu à son tour, se lança dans la photographie. Pendant les quelques mois sans sa vue, il s'était rendu compte d'à quel point le monde pouvait être beau quand on savait comment le regarder.
La première chose qu'il avait pu voir était le visage de son hyung. Étonnement surpris par sa beauté, il avait du le scruter pendant plusieurs minutes de la tête au pieds. Il était plus beau que tout ce qu'il aurait pu imaginer. Grand, fin, un sourire divin, un regard plongeant. A côté, il se sentait bien pathétique. Dire qu'il avait partagé ses journées avec ce garçon l'avait rendu mal à l'aise. Mais cela ne lui empêcha pas de lui sauter dessus une fois la surprise passée.
Menant leur vie ensemble, elle n'a pas toujours été simple. Ils avaient dû affronter des périodes difficiles. Des disputes -bien que rare- éclataient entre les deux jeunes, les faisant crier dans toute la maison. Heureusement pour eux, ils arrivaient une fois calmer à parler tranquillement pour résoudre les choses. Tous deux étaient trop attaché pour prendre le risque de perdre l'autre. Leurs tempéraments leur permettaient de ne pas lever la voix pour de simples désaccords. De nature calme et attentive, le couple ne pouvait que se porter au mieux.
Aujourd'hui était un jour spécial pour eux.Taehyung devait tenir un discours pour la cause des sans-couleur devant un jury. Si leur verdict est positif, un centre spécialisé sera construit pour les accueillir dans la ville. Ce sera le premier pas d'un nouvel ère pour les sans-couleur. Il avait passé tant de temps sur ce projet, passant des nuits blanches pour approfondir son travail. Ses recherches terminées et son texte appris à la perfection, ses pieds ne purent s'empêcher de taper le sol de la voiture. Il prenait de grandes respirations pour se calmer. Cela ne faisait que le stresser encore plus.
-Tu sais ce que j'ai pensé la première fois que je t'ai vu ? Demanda Jungkook pour le faire penser à autre chose.
-Que j'étais le plus beau mec de la Terre bien sûr.
-Non. Même si c'est vrai que tu étais plus beau que ce que j'espérais. Mais surtout c'est ton aura qui m'a surprise. Elle brillait tellement que j'avais du mal à te regarder en face. C'est comme si la lumière du jour était exprès sur toi pour t'éblouir. Dit-il en se revisionnant ce moment mémorable dans son esprit.
-Alors si je comprends bien, la première fois que tu m'as vu, tu m'as comparé à un lampadaire ?
-En quelque sorte. Se moqua-t-il.
Faussement vexé, Taehyung écoutait son cadet. Son coude s'était posé sur le bord de la vitre pour appuyer sa tête sur sa main. Il observait Jungkook conduire. Il avait beaucoup changé depuis leur première rencontre. Il était plus confiant, plus grand et surtout plus coloré que jamais. La main de ce dernier se posa sur sa jambe pour faire cesser son tapage.
-Arrête de stresser hyung. Je suis sûr que tu vas assurer.
-Bunny ?
-Oui ?
-Tu es sûr de vouloir monter sur scène avec moi ? Ton témoignage est important mais je pourrais très bien le dire à ta place si tu veux.
-Pourquoi je ne devrais pas monter pour le dire moi-même ?
-Et bien... Hésita-t-il. J'ai peur que ça puisse te nuir. Je ne veux pas que les gens te jugent encore comme avant.
-Ne t'inquiète pas. Je m'en fous d'eux.
-Seul mon regard compte à tes yeux mon ange. Poursuivit Taehyung, joueur.
-La ferme. Rougit le garçon.
Ils arrivèrent sur les lieux, une sorte d'immense théâtre aménagé spécialement pour l'occasion. Remettant vite en place son costume, le brun sortit du véhicule. Jungkook rit en le voyant essayer de se faire le plus présentable possible. Il avait plus l'air d'un pingouin qu'un homme d'affaire pour lui. Un pingouin plutôt sexy s'il s'attardait à son derrière moulu dans son pantalon. Sortant de la voiture à son tour, il prit son appareil avant de se diriger vers les loges. Le couple dut slalomer entre toutes les personnes présentes, en saluant certaines au passage. Main dans la main, ils cherchèrent un endroit calme pour attendre. Les gens, beaucoup trop occupé à discuter, ne se préoccupaient même pas d'eux.
Taehyung avait toujours été comme ça, à montrer leurs appartenances en public. Il n'avait aucune honte, se moquant bien des regards qu'ils pouvaient recevoir. Pour Jungkook, l'affaire avait été différente à leurs débuts. Très timide -surtout plus jeune- il avait eu beaucoup de mal à se faire à cela. Il avait bien essayé de retenir son aîné mais ce dernier n'arrivait pas à tenir plus de quelques heures sans lui sauter dans les bras. Pire qu'un enfant. Tout d'abord gêné des jugements qu'ils pouvaient recevoir des autres, Jungkook a fini par s'y faire. Il avait réussi à prendre assez confiance en lui pour ne plus porter attention à ce genre de choses. Son entourage était heureux pour eux et c'est tout ce qu'il comptait.
La première personne à avoir été au courant fut la mère de Taehyung. Ce n'était pas du tout voulu. Elle les avait surpris dans la chambre entrain de s'embrasser. Toquer à la porte avant d'entrer n'était pas dans ses habitudes. Rouge pivoine, le brun s'était caché derrière le fils qui s'était mis à gesticuler dans tous les sens en balbutant. Soyun avait juste ri en voyant son enfant si désarmé. Le soir, au diner, Taehyung lui en parla plus officiellement. La femme les avait juste félicité avec un grand sourire. Ils n'auraient pu rêver d'une meilleure réaction. Ils auraient néanmoins pu rêver d'une meilleure manière de le révéler.
-Veuillez vous asseoir, la séance va bientôt commencer. Annonça une voix sortant des haut-parleurs.
Respirant un bon coup, Taehyung se remit à stresser sous le regard blasé de son copain. C'était perdu d'avance, il ne pourrait jamais le calmer. Récitant mille fois son texte, il retint le bras de Jungkook quand ce dernier s'apprêtait à le laisser après lui avoir souhaiter bonne chance.
-Et mon bisou ?
Jungkook leva les yeux au ciel. Un vrai enfant. Il posa néanmoins sa main contre le cou du garçon pour le rapprocher de lui. Leurs lèvres se scellèrent quelques secondes avant que le brun ne se recule.
-Tu vas assurer. L'encouragea-t-il.
-Bien sûr que je vais assurer. Je suis le meilleur après tout.
-Idiot.
Se séparant pour la soirée, Taehyung se remit au travail, le sourire aux lèvres. Ses membres tremblaient quand son nom fut appelé pour qu'il monte sur scène une heure plus tard. Les mains moites, le pas lourd et hésitant, il arriva vers le pupitre. Ses papiers faillirent bien glisser à cause de la sueur qui faisait glisser ses doigts. Raclant sa gorge, son regard fit le tour des nombreuses personnes présentes. Beaucoup trop pour son bien-être. Heureusement il repéra bien vite un brun avec un immense appareil photo braqué sur lui. Il reprit un peu de consistance, souriant à l'objectif du photographe. Le doigt de Jungkook appuya instantanément sur le bouton, immortalisant cet instant.
Le discours se passa comme prévu, voire même mieux que ce qu'il espérait. A part quelques murmures de temps en temps, le public était resté attentif. Pas de huée, ni de désapprobation crié. Les sans-couleur étaient si mal vu dans leur société qu'il lui avait été difficile de deviner comment tout allait se dérouler. En s'appuyant sur ses recherches et des faits bien précis, il illustrait son point de vue.
-Les sans-couleurs ne sont pas des personnes dangereuses. Répétait-il.
Il aurait aimé pouvoir crier cette phase au monde entier.
Après plusieurs minutes sur scène, il demanda à Jungkook de venir avec lui pour témoigner. Le cadet rangea donc son appareil pour monter les estrades. Il comprit bien vite pourquoi Taehyung avait fait une tête étrange en sortant des rideaux. La foule faisait vraiment peur à voir. Pas que les gens soient moches -quoi que ça dépend certains- mais le fait d'être devant autant de gens était assez perturbant. Il ne le laissa pourtant pas distraire. Le chatain s'éloigna pour lui laisser la place, le mettant au devant de tous. Lui aurait bien voulu que son aîné reste à ses côtés. Sauf qu'il se voyait mal lui prendre le bras pour le ramener à lui dans cette situation. Résolu, il se mit à conter son passé. Son texte était plus porté sur les sensations qu'il avait avant, pendant et après avoir été un sans-couleur. Il expliqua qu'il avait toujours été normal jusqu'à une période dure de sa vie. Le fait de se sentir lourd, fatiguer. La sensation de perte de joie et la vision qui devient sans nuance. Pour arrêter ses effets, il avait eu besoin de Taehyung. Bien sûr il ne le dit pas comme cela. Le jeune leur fit comprendre que les sans-couleur étaient coupés du monde sans le vouloir. Ils ne pouvaient plus communiquer et donc il était très dur en étant seul de remonter son moral. Jungkook avait juste eu besoin de soutien, de l'aide.
Voila ce qu'était leur projet: donner cette aide que ces personnes ont désespérément besoin.
Une fois leur travail terminé, les deux garçons remercièrent le public avant de partir dans les loges. Le duo s'écroula sur les chaises les plus proches. Ils n'avaient pas imaginer que cette activitée serait aussi pénible à faire. Jungkook ne put s'empêcher de prendre une photo de son compagnon complètement affalé sur son siège, sa cravate défaite et le regard vide. Le flash fit râler Taehyung qui devint aveugle une seconde.
-Tu sais chéri, tu pourrais me prévenir. Je ferais la pose pour toi.
-M'appelle pas comme ça hyung. Lui dit Jungkook, ne supportant toujours pas ce genre de surnom en public.
Le traumatisme du lycée et des milliers de surnoms que Taehyung lui avait inventé et crié en public tout les jours.
Ils rentrèrent chez eux après être resté pour le buffet à volonté. Le châtain avait insisté pour rester juste pour la nourriture. Un enfant gourmand. Résultat, il passa tout le trajet à se plaindre d'avoir pris 3 kilos en un repas. Les garçons habitaient toujours la même ville. Ayant leurs études à proximité, ils n'avaient pas trouvé l'utilité d'aller ailleurs. Arrivé chez eux après une demi-heure de trajet, Taehyung sauta sur leur canapé. Leur logement n'était pas très grand. La richesse ne leur était pas encore tombé dessus. L'appartement était juste assez grand pour y vivre à deux. Leur lit double prenait presque toute la place de leur chambre. La décoration avait été faite au fur et à mesure, sans se prendre la tête. Les murs se remplissaient petit à petit des photos du plus jeune. Étonnement c'était surtout des photos de Taehyung ou d'eux deux.
Son visage avait été la première chose qu'il avait vu après des mois dans le noir. Il était devenu comme la base de toute la beauté qu'il trouvait dans le monde. Le pilier de tout.
Quand des amis venaient à la maison, ils chariaient Taehyung en disant qu'il se faisait son propre autel à son effigie. Ce dernier se retenait de dire que c'était son copain qui les accrochait pour ne pas le mettre mal à l'aise. Il se prêtait juste au jeu, se complimentant en caressant un de ses portraits d'un air hautain.
-Comment résister face à un tel charme voyons.
-En étant pas aveugle.
-Hoseok, je t'avais pas déjà dit de mourir dans d'atroces souffrances ? Qu'est-ce que tu attends pour que ça arrive ?
Leur vie avait beau avoir beaucoup évolué, les amis de Taehyung eux n'évoluaient pas dans leurs discussions. Amis qui étaient également devenus ceux de Jungkook. A force d'être tout le temps ensemble, le garçon avait réussi à s'intégrer au groupe beaucoup plus facilement une fois sa vue retrouvée. Il pouvait mettre un visage sur les voix qu'il avait entendu pendant des semaines. Ce fut grâce à sa vue qu'il comprit bien vite comment Namjoon avait réussi à se casser les deux chevilles. Un danger ambulant cet homme.
Quelques jours après la réunion, le téléphone de Taehyung sonna. Les jurys avaient accepté leur projet. Une partie de l'hôpital de la ville avait cédé de la place pour mettre en place une aide pour les sans-couleur en attendant la construction d'un centre. Remerciant mille fois la femme au téléphone, il raccrocha pour venir sauter dans les bras de Jungkook qui dormait paisiblement. Il l'écrasa de tout son poids, criant la nouvelle à ses oreilles. Un meurtre faillit bien se passer dans l'appartement ce jour-là. Mais une fois mieux réveillé, le brun fut heureux à son tour. Ils avaient réussi à atteindre leur but. C'était un grand pas pour leur projet final: faire en sorte que les sans-couleur disparaissent à jamais. Bien sûr ils étaient loin du compte seulement il fallait bien un début à tout.
Un deuxième coup de fil quelques jours plus tard leur informèrent d'une autre nouvelle. Tout souriant Taehyung décrocha. Son sourire se fana au fil de la conversation. Hochant la tête, il raccrocha cette fois-ci d'un air grave. Son regard se dirigea vers son copain qui fronça les sourcils à son air si sérieux.
-Ton père a été hospitalisé dans la zone sans-couleur. Ils te proposent de venir lui rendre visite. Lui révéla-t-il.
Son père. S'il y avait bien une personne qu'il avait cru ne plus jamais revoir de sa vie, c'était bien lui. Depuis le procès -3 ans plus tôt- ils ne se sont jamais contacté, devenant des inconnus sans passé commun. Pourtant Jungkook accepta d'y aller, étonnant l'autre. Il avait des choses à régler une bonne fois pour toute.
Ils allèrent le jour-même dans l'hôpital. Les infirmières les accueillirent avec un grand sourire. Elles les félicitèrent pour leurs démarches et l'aide qu'ils avaient fourni aux patients. Personne avant eux n'avaient porté la cause des sans-couleur aussi loin malgré le nombre de morts répertoriés. Discutant quelques minutes, une des femmes informa Jungkook que son paternel était installé dans la chambre 201. Ils partirent alors Taehyung et lui ainsi que l'infirmière. Les couloirs d'ordinaire blancs avaient été coloré du sol au plafond pour stimuler la vue des patients. Les médecins passants étaient tous souriant, communiquant leur bonheur le plus possible. Comme il n'y avait pas encore de traitement miracle, les sans-couleur étaient juste mis dans un environnement chaleureux pour stimuler leur joie et les éloigner de leur tristesse. Des psychologues s'occupaient d'eux tandis que les chercheurs travaillaient de leur côté pour fabriquer un remède.
Arrivé devant la porte au nombre 201, le duo s'apprêta à rentrer. La femme stoppa Taehyung, lui disant que seul les membres des familles étaient autorisés à rentrer. Pris au dépourvu, les garçons ne surent quoi lui répondre. Négocier avec elle ne semblait pas être possible vu son ton autoritaire.
-Tu es sûr de vouloir le faire ? Demanda l'aîné.
-Il le faut.
Capitulant, Taehyung lui sourit pour lui exprimer son soutien. Il se recula et lâcha la main du cadet. Jungkook voulut la lui reprendre tout de suite après mais il se retint. Il devait affronter son père seul, c'était mieux ainsi. Respirant un bon coup, il posa sa main sur la poignée et la tourna. Refermant derrière lui, il laissa Taehyung à présent seul dans les couloirs. Une boule se forma dans son ventre à cause du stress. Il s'imagineait déjà les pires scénarios, comme d'habitude. Dès qu'il s'agissait de son Bunny, sa conscience lui jouait ce genre de tour. Il s'assit à même le sol devant la salle, attendant avec impatience que le brun sorte.
Ce dernier était resté à l'entrée de la pièce. Son dos contre le porte, ses yeux fixaient le corps allongé sur un lit à deux mètres de lui. La salle colorée de vert et de bleu lui agressait la vue. Une fenêtre laissait passer la lumière du soleil. Cette même lumière qui était absorbé par le corps noir et blanc de l'homme. Les paupières closes, vêtu d'une blouse blanche, il semblait avoir vieilli de 15 ans. Le teint aussi pâle qu'un cadavre, Jungkook aurait bien pu le penser mort si les machines autour de lui ne calculaient pas les battements de son coeur. Un rythme de battement très faible.
Il s'approcha de son père. Agrippant une chaise, il se mit à une distance raisonnable de lui. Pas trop loin pour qu'il puisse l'entendre. Pas trop près pour se sentir le plus en sécurité possible. Bien que l'adulte était en piteux état, Jungkook ne pouvait s'empêcher de ressentir cette peur qu'il avait subi à ses côtés. Une blessure qui ne guérira jamais. Le père du garçon n'avait jamais été très proche de lui, même avant la mort de sa mère. Il s'occupait néanmoins bien de lui, l'éduquant et le nourrissant correctement. Si elle n'avait pas été malade, rien de tout cela ne se serait produit. Il avait sombré avec elle, emportant tout sur son passage, dont son fils.
Le brun ne sut jamais s'il l'avait fait souffrir intentionnellement. Avait-il réellement conscience de ses actes ou était-il complètement aveuglé par sa tristesse ? Au final, il n'avait pas voulu faire de mal à son fils en particulier. Il avait voulu supprimer ce bonheur qu'il ne pouvait plus ressentir. Faire disparaître tout sourire, toute joie. Que ce soit lui ou bien d'autre, l'homme s'en fichait. Du moment que la personne souriait, lui sombrait un peu plus. Parce qu'il n'avait pas su trouver la force de continuer sans son être aimé. Tout comme Jungkook n'aurait pas eu le courage de survivre sans Taehyung.
L'infirmière l'avait prévenu qu'il ne pouvait plus qu'entendre d'une seule oreille. Si son ouie venait à disparaitre complètement, ce serait la fin.
-Père... L'appela-t-il, portant sa voix le plus loin possible.
Aucune réaction. C'était comme être face au cadavre d'un monstre. Quoi que l'on fasse, il ne pourra plus rien nous faire de mal. Mais cette peur restait, inconsciemment.
-Je suis venu te dire une chose. Je te hais.
Le jeune avait beau comprendre pourquoi il avait pu être comme ça avec lui, son coeur ne pouvait lui pardonner ce qu'il lui avait fait subir. C'était trop dur. Trop de mal avait été fait pour que les plaies se referment. Des excuses ne lui feraient rien. Quoi que son père puisse faire, Jungkook ne pourrait jamais effacer cette rage qu'il ressentait. Une rage qu'il n'avait pas su exprimer par le passé à cause de sa terreur constante. Mais après plusieurs années, tout devient plus clair.
Il ne pourrait plus jamais l'aimer comme avant.
-Je sais que tu aimais maman, d'un amour fou. Moi aussi, malgré ce que tu peux croire, je l'aimais. Elle nous avait dit de continuer notre vie, d'être heureux après sa mort. Sauf que tu ne l'as pas écouté. Comme d'habitude. Tu n'as même pas respecté sa dernière volonté. Tu n'en as fais qu'à ta tête. Tu m'as détruit, parce que tu ne savais plus quoi faire d'autre. J'ai failli mourir à cause de toi. A cause de ta faiblesse, de ton égoïsme. J'espère que quand tu mourras, tu verras sur son visage à quel point tu l'as déçu. Comment tu as pu me dire que je ne l'aimais pas alors que c'est toi qui ne la respectais pas !? S'énerva-t-il.
Essayant de reprendre son calme, il se concentra sur l'essentiel. Gueuler comme un fou dans la chambre ne lui apporterait rien de bon. Il devait juste dire ce qu'il avait à dire et partir. Voila tout.
-Tu t'es laissé mourir. Si tu ne m'avais pas entraîné avec toi, je ne t'en voudrais sûrement pas autant. Mais tu t'es acharné sur moi, sur ton propre fils, sur la chair de ta femme. Tu m'as déçu, je te pensais plus fort que ça. Et maintenant regarde où tu en es. A moitié mort entrain de devoir écouter ton fils qui te fait la morale sur ton immaturité. Tu es vraiment tombé bas. Maman, elle, n'est jamais tombée. Malgré tout ce qu'elle a subi, les interventions, les médicaments, la douleur, elle n'a jamais cédé !
A l'évocation de son parent, sa gorge se serra. Un air dégoûté prit son visage quand il observait l'état de son père comparé à celui de sa mère le jour de son décès. Même dans la mort, elle n'avait jamais été aussi misérable que l'homme face à lui.
-Tu ne mérite même pas de mourir pour la rejoindre. Si jamais tu réussis à survivre, ne me contacte pas. Je ne veux plus rien avoir affaire avec toi. Pendant des mois tu t'es acharné sur moi, me criant et me frappant dessus tout les jours. Aujourd'hui c'était à mon tour de vider mon sac. Maintenant on est quitte.
Il se leva de sa chaise, la rangeant à sa place. Il se pencha pour regarder une dernière fois le corps maigre et affaibli du patient. L'homme fort et charismatique qu'il avait connu était mort depuis des années à présent. Ce qu'il voyait n'était pas son père, juste les restes d'un être détruit.
-Adieu, monsieur. Furent les derniers mots qu'il lui adressa.
Jungkook sortit de la chambre maudite, pour ne plus jamais y remettre les pieds. L'humeur lourde qu'il avait encaissé s'allégea quand Taehyung apparut devant lui. Anxieux, l'aîné tripotait déjà ses cheveux, à la recherche d'une quelconque mèche noire. Il fut soulagé en constatant que la chevelure de son copain était restée inchanger. Il le prit alors dans ses bras, sentant qu'il avait besoin de son soutien mais qu'il n'osait pas lui demander. Sans étonnement, les bras du cadet vinrent à la seconde même le serrer contre lui.
Il avait gardé la tête haute devant son père. Intérieurement il avait tremblé de peur. A croire que même à moitié mort, il pourrait toujours lui sauter dessus. Se réconfortant dans les bras de son aimé, il respira son odeur. Son sentiment de sécurité revint en sa présence. Il était le bouclier à ses malheurs, un ange gardien à sa manière.
Se détachant de lui, Taehyung le regarda dans les yeux. Ses doigts vinrent caresser ses joues qui n'avaient été mouillé d'aucune larme, pour son plus grand soulagement.
-Tout s'est bien passé ?
Le jeune hocha juste la tête.
-Allez viens, on rentre chez nous.
Approuvant avec joie cette initiative, Jungkook se mit en route. Leurs mains s'émantèrent pour venir se sceller à nouveau. Ils fuirent toutes ses couleurs et ses sourires pour retourner dans leur petit studio de 25m. S'allongeant sur le lit l'un à côté de l'autre, ils observèrent le plafond qui n'avait pas échappé aux photographies du cadet. Souriant, ils observèrent la dernière photo qui avait été posé: celle de Taehyung durant son discours. Le regard à la fois apeuré et heureux qu'il avait montré à la caméra illustrait bien leur situation.
Ils avaient toujours peur que les choses tournent mal, qu'un nouveau malheur arrive. Cependant ils ne se laissaient pas submerger par ce sentiment. Confiant, ils profitaient de chaque instant passé, qu'il soit bon ou mauvais. Seulement trois ans étaient passés et pourtant tellement de choses avaient changé. Un bel avenir leur tendait les bras, les forçant à faire toujours plus pour l'obtenir. Ensemble, ils étaient prêt à jouer leur vie jusqu'au bout, à donner le meilleur d'eux même.
Car s'ils avaient pu repousser la mort, ils pourraient pousser leur vie encore plus loin.
MERCI ENCORE POUR VOTRE SOUTIEN
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