Chapitre 39

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Rapatrier Brycen jusqu'aux Cours fut une affaire plus complexe qu'elle n'aurait dû. Personne ne voulait le laisser monter dans notre voiture aussi fallut-il s'arranger pour le faire marcher avec l'escorte. Ce qui, bien évidemment, changeait tout l'agencement de la protection autour du carrosse.

Ils avaient l'art de se compliquer la vie.

Cette attaque avait eu un effet positif, selon moi : le voyage fut bruyant. Je n'eus pas le temps de me perdre dans mes réflexions. Nahl ne cessait de parler de ce qu'il s'était passé et de ce qu'il fallait faire envers Brycen. Il me fallut lui expliquer tout ce que je savais de BarrenLand.

Malheureusement pour lui, je ne savais pas grand-chose. Juste les bases. Naseok en savait bien plus que moi pour être resté dans le clan un long moment. Il allait falloir attendre d'être rentrés pour obtenir plus d'informations.

Cependant, Nahl était bien décidé à tirer les vers du nez de Brycen par lui-même. Nous avions perdu plusieurs gardes dans la bataille et ça le rendait très colérique. Il n'avait qu'une envie : le faire souffrir en retour. Et il était plutôt imaginatif. Je ne savais pas quoi en penser.

Mon petit frère, en prince de la torture ? D'un côté, ça paraissait logique. Entre le père monstrueux et la sœur aînée entraînée pour être un assassin... Il n'avait pas trop d'autre choix que d'être anormal et violent. Visiblement, c'était de famille.

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Une véritable foule nous attendait lorsque nous arrivâmes enfin aux Cours. Je n'avais pas dormi depuis notre départ et j'avais une vilaine migraine. Je n'avais qu'une envie : aller dormir après avoir vérifié que tout allait bien. Dommage pour moi, j'avais beaucoup de choses à gérer avant de pouvoir dormir.

Naseok passa un bras autour de moi. Il était chaud et réconfortant. Je me laissai aller contre lui.

- Que s'est-il passé ? souffla-t-il.

- Brycen. Il a attaqué à Wringden.

Son étreinte se resserra.

- Le principal, c'est que vous soyez revenus en vie.

J'opinai du chef. Nous étions en vie, certes. Il fallait malgré tout gérer Brycen. Son attaque avait peut-être échoué mais son entourage avait été si bien manipulé qu'il fallait s'attendre à une réplique. Ils n'allaient pas laissé leur chef entre nos mains sans agir. En tout cas, qu'ils soient désorganisés ou non, mieux valait être préparé.

- Allons à l'intérieur, proposa Naseok. Je crois qu'une mise au point s'impose.

Je le suivis jusqu'à la serre. Je pris place dans l'un des fauteuils qui avaient été installés. Je demandai une couverture. J'étais si fatiguée que j'avais froid. Du thé et des biscuits furent amenés. Nous nous jetâmes tous dessus.

Je laissai Nahl raconter ce qu'il s'était passé, tentant de me réchauffer sans m'endormir. C'était le plus dur. Plus j'avais chaud, plus je me sentais somnoler. J'avais besoin de tout mon jugement mais il était parti très loin dans le fond de mon crâne et je n'allais pas le retrouver de si tôt.

- Que faisons-nous, maintenant ? questionna Vixsin.

- Les adeptes de Brycen vont répliquer, riposta Naseok. Ils vont tenter de le récupérer.

- Ils ne l'auront pas, répondit sèchement Nahl. À l'heure qu'il est, il est déjà enchaîné au plus profond des cachots et rien ni personne n'y étant pas autorisé ne pourra l'atteindre. Ils ne passeront pas la frontière des gardes.

Sa confiance était stupéfiante. Je ne l'avais jamais entendu parler ainsi. Il ressemblait terriblement à son père en agissant de cette manière. Je n'aimais pas ça du tout. Mon frère ne pouvait pas agir comme Kaiser sans que ça me mette mal à l'aise. Ils étaient deux personnes différentes et je détestais l'idée d'une quelconque ressemblance entre eux.

- Il faut s'y préparer tout de même, intervint Harsa.

J'approuvai d'un hochement detête.

- On ne doit pas ignorer le risque. J'ai beau ne pas avoir passé beaucoup de temps avec Brycen, je sais que ceux qui travaillent avec lui ne vont pas en rester là.

- Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi Wringden, dit Tmasen. Il aurait pu attaquer n'importe quand durant le voyage et il a choisi ce moment précis. Pourquoi ? Alors qu'il y avait les Démons. Ça n'a pas de sens. Il devait savoir qu'il allait échouer.

- Peut-être pensait-il que les Démons se contenteraient de regarder, osa Drenna.

- Si ça n'avait été qu'un test, il ne serait pas venu, opposa Vixsin. Il serait resté à l'écart pour observer.

- Je pense qu'il croyait sincèrement pouvoir s'en sortir, dit Naseok, l'incertitude claire dans sa voix.

- Comment cela ?

- Brycen cherche à prendre le pouvoir sur toutes les races. Or, les Démons sont une race différente des Faes ou des Demi-Sangs et encore plus des humains. Je pense qu'il voulait tenter quelque chose contre eux ou en capturer un pour l'étudier comme pour les autres. Il ne devait pas avoir prévu que vous soyez présents. Il a... profité de l'occasion, je suppose.

- Tu penses que notre présence n'était qu'une coïncidence ?

- J'en suis presque certain. Sa cible devait être les Démons. Il n'y a pas d'autre explication probable.

- Il nous dira tout une fois que je m'occuperais de lui, assura Nahl.

- Il ne va pas être facile de le faire parler. Peu importe les moyens. Il a une résolution de fer. Le faire céder... Je ne sais pas si c'est seulement possible.

- Tu ignores ce dont je suis capable, dans ce cas.

Je fixai mon frère, un nœud dans l'estomac. Je détestais l'idée qu'il mette en œuvre des techniques de son père. J'en avais vraiment horreur. Cependant, il fallait faire quelque chose pour obtenir des réponses de Brycen. La seule solution pour le faire parler était la torture. Que je le veuille ou non.

Ce qui m'effrayait le plus était de voir Nahl prendre plaisir dans la souffrance de Brycen. De le voir se transformer en monstre sous mes yeux. J'avais beau l'avoir vu dans son rôle de Chasseur, je ne pouvais pas l'imaginer en train de torturer un prisonnier en y prenant un plaisir malsain. J'ignorais comment je réagirais si ça arrivait.

- Il faudra attendre d'avoir obtenu des réponses pour choisir notre façon d'agir, décida Éméraldine. Tant que nous ne savons pas ce qu'il voulait et si c'est bel et bien après vous qu'il en avait ou non...

- Je m'occuperais de lui au plus tôt. Pour l'instant, je vais aller me reposer. Et tu ferais bien d'en faire autant, ajouta Nahl en me fixant droit dans les yeux. On dirait que tu vas t'évanouir d'une seconde à l'autre.

Je le fusillai du regard sans répondre.

- Il a raison, murmura Naseok, moqueur.

- Arrête de tenir avec lui, c'est déloyal.

Il haussa les épaules, un sourire sur les lèvres.

Le conseil se sépara et je me traînai vers mes quartiers. Les deux servantes qui m'avaient été attribuées m'aidèrent à me changer et je me laissai tomber dans mon lit. Il ne fallut pas me bercer pour m'endormir.

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Je me réveillai en sursaut lorsqu'une porte claqua. Je me redressai dans mon lit en me frottant les yeux. Que se passait-il encore ? Ne pouvais-je pas, pour une fois, me reposer correctement ? Je devais à peine avoir eu deux ou trois heures de repos.

J'étais prête à retourner sous mon édredon lorsqu'on frappa soudainement à ma porte avec une frénésie qui m'effraya. Ça n'annonçait rien de bon.

J'allais ouvrir et fis face à Saleh.

- Vous êtes demandée au plus vite, Votre Majesté, dit-elle à toute vitesse, ses mots se collant ensemble. L'envoyé humain est rentré. Et il n'est pas seul.

Mon cœur loupa un battement. Gallagher. Il était enfin revenu. Qui pouvait-il avoir ramené ? Et pourquoi n'avais-je rien remarqué ? Parce que je dormais ?

- Aide-moi à me changer.

Saleh s'attela à sa tâche avec des doigts rapides et habitués. Elle devait se réjouir du fait que je ne revêtais presque que des tenues dérivées de mes tenues d'équitation et de combat. Toutes les robes que je possédais prenaient la poussière dans leur garde-robe.

Je fus prête en quelques minutes. La servante me conduisit jusqu'à une pièce au rez-de-chaussée. Les gardes me laissèrent entrer sans que j'aie à prononcer le moindre mot. Je reconnus la salle du « trône » qui n'en avait que le nom puisque mon trône était avec celui de mon frère à l'extérieur, dans cette vaste clairière.

Assis sur les marches menant au dais se trouvait Gallagher. Ses cheveux étaient collés à son visage par la pluie. Il releva la tête et un sourire épuisé vint étirer ses lèvres.

Mon regard dériva vers les deux autres silhouettes qui l'accompagnaient. La petite silhouette aux jupes souillées qui était recroquevillée sur sa marche. La haute statue immobile qui jetait son ombre sur moi.

Je cillai.

- Sixtine ! Il faut que tu nous aides ! cria la fillette en se jetant sur moi.

- Addy ? Mais qu'est-ce que tu fais ici ?

- J'ai fui. Ils sont tous devenus fous. Ryker est devenu fou.

Je clignai des paupières, perdue.

- Je crois que tu vous avais beaucoup de choses à me raconter, tous les trois.

- Tu n'as pas idée, soupira Gallagher.

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NdlA : Alors, ce chapitre ? Le grand retour de Addy et de Gallagher ! Quelles sont vos théories, que je rigole un peu ! Parce que, certaines sont sacrément délirantes et je me marre bien !

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