8 | Retour à la vie.


-

-

L'attaque du Gouverneur avait tout ravagée sur son passage. André et Mad n'osaient pas quitter la cellule dans laquelle ils s'étaient cachés, ils n'étaient pas encore les bienvenus ici et Rick allait forcément leur rejeter la faute dessus pour n'avoir pas su empêcher la mort de sa femme. Alors, ils restèrent là toute la nuit et une bonne partie de la matinée.

Leur ventre criait famine et André mourait d'envie d'aller aux toilettes quand Beth souleva doucement le drap qui recouvrait leur porte.

- André ? Mad ? Vous allez bien ? demanda la jeune adulte d'un air soucieux. Ça fait une heure qu'on vous cherche partout. On a bien cru que vous vous étiez fait tuer, je suis soulagée de voir que vous allez bien.

- Oui nous ça va, je crois, repondit Mad. Mais Rick ? Et les autres ? Ils vont bien ?

La mine soucieuse de Beth se teinta de tristesse.

- Lori est morte en accouchant et Carol est introuvable, Kanye, Tyreese, sa sœur Sasha et Merle sont partis à sa recherche. Daryl est revenu et il est partit avec Maggie pour trouver de quoi s'occuper de la petite. Et Rick a disparu, je crois qu'il a besoin d'être seul pour faire son deuil.

André et Mad hochèrent la tête et Beth rajouta :

- Vous devriez venir, tout le monde s'inquiète.

- Vraiment ? demanda André, réellement surprit.

- Oui, vous faites parti de notre groupe maintenant.

Mad laissa échapper un ricanement.

- C'est beau la jeunesse, fit-elle en sortant de la cellule et en ébouriffant les cheveux de Beth. Quelle naïveté, ça m'avait manqué.

Beth lança un regard interrogateur à André mais ce-dernier ne lui répondit que par un sourire conciliant. Les deux amis savaient très bien qu'ils ne faisaient pas vraiment parti du groupe malgré les dires de Beth, c'était encore trop tôt, ils n'étaient que des étrangers pour l'instant.

Le trio de fortune quittèrent finalement les cellules pour se rendre dans la grande pièce qui servait de pièce à vivre. Hershel s'y trouvait avec Carl et dans ses bras, la fameuse petite dure à cuire qui hurlait à la mort. Le pauvre nourrisson devait mourir de faim.

- Daryl et Maggie sont allés lui chercher des affaires, informa Beth en s'approchant de son père. Ils ne devraient plus tarder.

André hocha la tête et, suivit de Mad, il vint s'asseoir à une table. Michonne et Glenn qui étaient en pleine discussion sur la façon dont ils pourraient renforcer les grillages et comment s'organiser pour retrouver Carol, s'arrêtèrent subitement.

- Vous pouvez continuer à discuter, souffla André, mal à l'aise.

- On peut peut-être vous aider, rajouta Mad en lançant son plus beau sourire à la samouraï.

Glenn haussa un sourcil mais quand Michonne commença à intégrer Mad et son ami, il la laissa faire et reprit la conversation en court.

C'est à ce moment-là que Daryl et Maggie arrivèrent dans le block. André avait relevé la tête et si Mad n'avait pas été là pour le secouer, il serait resté bloqué sur les bras un peu trop musclés du chasseur. Il croisa malencontreusement le regard de Daryl qui le surprit la main dans le sac en train de lorgner sur ses muscles. André rougit violemment sous les moqueries de Mad et détourna vivement les yeux en maugréant des mots incompréhensibles pleins de mauvaise foi.

Daryl et Maggie s'approchèrent d'Hershel, un gros sac plein d'affaires pour nourrisson sous le bras.

- Salut, fit-il au vieil homme.

- Bonjour Daryl, Maggie. Tout s'est bien passé ?

- Ouais. T'inquiète pas.

Daryl laissa le sac à Maggie alors qu'Hershel donnait la petite à Beth. Puis le chasseur désigna les deux nouveaux venus du menton.

- Ils font partie du groupe maintenant ?

Hershel ne pu retenir un petit rire.

- Tu devrais aller les voir, ils ne sont pas méchants. J'ai d'ailleurs déjà surprit une conversation entre eux à ton propos.

Daryl haussa un sourcil sceptique alors qu'il surprenait sans cesse l'homme aux cheveux blonds en pétard et à l'air de méchant rockeur lui lancer des regards à la dérobée.
Finalement, après les encouragements d'Hershel, il se décida à s'approcher d'eux. Glenn et Michonne relevèrent la tête mais pas les deux meilleurs amis qui semblaient plonger dans des chuchotements houleux au sujet d'une arbalète et de gros muscles.
Quand Mad vit que Daryl s'était approché et qu'il les regardait d'un air curieux, elle donna un coup de coude dans les côtes de son meilleur ami qui s'arrêta brusquement de se défendre contre les attaques toutes à fait légitime de sa meilleure amie. Il tourna lentement la tête et ses yeux rencontrèrent ceux de Daryl.

- Salut, lança Daryl avec autant d'enthousiasme que l'on mettrait à faire un commentaire de texte sur un livre tel que l'Ile au Trésor de Robert Louis Stevenson - Mad détestait ce livre - contrairement à André.

André inspira discrètement et en rassemblant toutes ses forces, se mit debout face à Daryl.

- Bonjour, dit-il le plus poliment du monde en forçant sa voix à ne pas trembler. En fait, il avait l'intonation d'un robot, mais son cerveau semblait déterminer à ne pas le voir. Je m'appelle André, enchanté de faire ta connaissance en bonne et due forme.

Et il tendit sa main devant lui, dans l'espoir que Daryl ne lui fiche pas un vent.
Ils restèrent ainsi de trop longues secondes pour qu'André finisse par croire qu'il allait bel et bien l'ignorer. Mais finalement, Daryl prit la main tendu dans la sienne, visiblement perplexe.

- Hm, ouais. Enchanté de t'rencontrer aussi, j'suppose.

André écarquilla légèrement les yeux au contact de leur peau, il fut très surprit de se rendre compte que celle de Daryl n'était pas du tout comme il l'avait imaginé.

- Ouah ! Ta main est super douce, mec ! s'étonna-t-il sans se soucier de si ça se disait ou non. C'est étonnant, t'es un chasseur pourtant, non ? Tu manies les armes régulièrement, surtout des couteaux et tout, comment ça se fait que tes mains soient aussi douces ? Elles devraient être toutes rèches.

Quand il relèva la tête des mains - douces - de Daryl, il se rendit compte que tous les autres présents dans le block les regardaient fixement partagés entre le rire et l'incompréhension. André déglutit et quand ses yeux se posèrent sur le visage fermé du chasseur, il comprit qu'il avait légèrement abusé.

- Seigneur, marmonna-t-il en lui lâchant la main, je suis vraiment désolé.

Daryl s'écarta immédiatement et s'en rien dire, quitta le block en grognant. Laissant André tout seul avec sa meilleure amie morte de rire, Michonne dont le visage s'était éclairé d'un sourire moqueur, la famille Greene tout aussi hilare et même la petite dure à cuire qui s'était mise à brailler.

André pivota sur ses pieds pour faire face à Mad.

- Arrête de rire toi, râla-t-il. C'est pas d'ma faute, ses mains son vraiment douces.

- Et t'as rien trouvé de mieux à faire que de lui dire ! Tu me désespère André !

Il leva les yeux au ciel et se laissa tomber sur le banc.

- Va lui parler s'il te plaît, dis lui que je voulais pas le mettre mal à l'aise.

Mad s'exclaffa encore plus.

- Tu rêves, mon pauvre ami ! C'est ton problème, pas le miens, tu te débrouille.

- Non mais aller ! S'il te plaît !

Hershel qui s'était approché, posa sa main sur l'épaule d'André et lui adressa un sourire bienveillant.

- Vous devriez écouter votre amie, jeune homme. Je suis certain que Daryl ne vous rejettera pas. Il est peut-être intimidant par son attitude patibulaire, mais c'est un garçon avec un grand coeur, si vous trouvez les bons mots, il vous écoutera.

André le regarda quelques secondes avant de soupirer et de se lever, visiblement convaincu.

- Vous avez raison M. Grenne. J'y vais alors. Mais je vais carrément à l'échafaud là, je ne trouve jamais les bons mots, moi ! Je sais réparer des trucs, moi, c'est Mad qui est douée en parlotte.

Mad lui lança un sourire encourageant et derrière lui, il entendit Beth lui souhaiter bonne chance. Avec un soupir dramatique et après avoir rassemblé tout son courage, André quitta le bâtiment.

Ses yeux cherchèrent dans la cour quelques secondes avant qu'il ne le trouve, assit contre un muret, une cigarette coincée entre ses lèvres.

Un instant d'hésitation plus tard, André avait sorti son paquet et s'en calla une entre les lèvres en marchant vers lui.
Quand il arriva près de lui, il s'assit sur le muret et alluma sa cigarette. Daryl ne lui lança pas un regard.

- Je voulais m'excuser, commença-t-il après un court silence. C'était déplacé de ma part de t'dire ça. Je ne voulais pas te mettre mal à l'aise.

- T'es vraiment un mec bizarre, fit Daryl en ignorant royalement ses excuses.

André s'afessa sur le muret, embarrassé.

- Merle m'a dit que vous étiez réglo, continua le chasseur. Mais moi j'pense que vous devez être tous les deux tarés pour être aussi familiers avec lui.

- Nous ne le sommes pas. C'est compliqué à concevoir et je le comprends totalement, tant que je n'aurais pas de preuve concrète à t'apporter et je pense que je n'en aurais jamais, c'est normal que tu ne me crois pas. Je suis certain que Merle n'y croit pas non plus.

- C'est pas faux.

André lança un regard à Daryl et eut soudainement l'impression d'être happé par la réalité de ce qui leur arrivait. Lui aussi avait du mal à y croire, et pourtant voilà qu'il se trouvait assit à côté de Daryl Dixon, fumant une cigarette avec lui et lui parlant comme si tout était normal.

- Arrête de m'regarder comme ça, lâcha brusquement Daryl d'une voix traînante.

André détourna vivement la tête alors qu'il sentait ses joues chauffer ridiculement. Il se maudit pour l'image pitoyable qu'il devait renvoyer, ce n'était certainement pas comme ça qu'il allait se faire apprécier du chasseur. Et dire qu'il n'était jamais comme ça en temps normal. Lui qui était plutôt du genre Badboy entreprenant et sûr de lui, de quoi avait-il l'air tout intimidé qu'il était ?

- Merle m'a dit que t'avais de l'herbe, dit Daryl, passant du coq à l'âne.

André hocha la tête, un peu surprit.

- Ouais, on avait toute notre conso sur nous quand on est arrivé ici. À nous deux, on doit bien en avoir quarante ou cinquante grammes.

Daryl leva ses sourcils d'étonnement.

- Tant que ça ?

- On venait de faire nos réserves comme on avait prévu de partir en vacances à la montagne pendant un mois, on n'aurait pas pu s'en procurer là-bas.

Il le regarda de haut en bas, restant silencieux quelques secondes.

- Ça pourrait être sympa de fumer ensemble, lacha-t-il d'un ton détaché.

André haussa les sourcils, agréablement surprit, il ne parvint pas à réprimer le petit sourire de soulagement sur ses lèvres.

- T'en fume aussi ? Je ne pensais pas.

- J'croyais qu'tu savais tout.

- Non, je ne sais que ce que la série a bien voulu montrer au public. Juste les grandes lignes de votre histoire, le reste m'est inconnu. Et j'ai hâte de le découvrir.

Il hocha la tête et un silence un peu gênant s'installa. Enfin gênant, uniquement pour André, Daryl avait plutôt l'air de s'en foutre royalement. Il fumait tranquillement sa cigarette sans se soucier de l'homme à côté de lui.

Quand il eut terminé sa deuxième clope et après avoir jeté le mégot par terre, Daryl fit quelques pas avant de se tourner vers André, toujours perché sur le muret.

Il allait lui dire de rentrer avec lui quand Kanye et Tyreese sortirent du block, essoufflés et couverts de saletés. Daryl les vit en premier et se hâta de les rejoindre, oubliant complètement le pauvre André.

- Vous avez retrouvé Carol ? demanda le chasseur d'une voix qui trahissait son inquiétude.

- Elle est affaiblie mais va bien, repondit Kanye de son habituel ton calme. Beth et Hershel s'occupent d'elle.

André vit Daryl se détendre, il l'avait remarqué angoissé même si l'arbaletrier tentait de le cacher. Il le remercia et fonça à l'intérieur. André se retrouva seul avec Kanye et Tyreese.

- Merci, souffla André en les regardant. Je suis content qu'elle aille bien.

- C'était moins une, informa Tyreese. Sasha l'a trouvé à temps et nous avons pu la ramener. Quelques heures de plus et elle n'aurait pas survécu.

- Le principal est qu'elle soit sauve, fit Kanye avant de s'éloigner pour retourner à l'intérieur du bâtiment. Je vous laisse.

André lui fit un petit signe de la main et il se retrouva seul avec Tyreese. C'était un gars gentil, il le savait, mais André n'avait rien à lui dire alors un silence embarrassant s'installa.

- Tu penses qu'ils vont nous laisser rester ? demanda subitement Tyreese.

André lui fit un sourire.

- Je pense oui, toi et ta sœur avaient l'air d'être des gens biens.

Tyreese hocha la tête, appréciant le compliment. Ils finirent par rentrer après avoir échangé quelques banalités et que Mad les ait appelés pour qu'ils viennent aider à préparer le repas.
Tout le monde était déjà au travail, discutant de la suite avec des mines sombres. Rick Grimes brillait par son absence. André et Mad s'installèrent là où on leur dit et ils épluchèrent les pommes de terre en silence, trop éloignés pour parler avec eux et ne se sentant pas suffisamment en confiance pour échanger plus de quelques mots avec les autres.
Maintenant qu'ils y étaient, les liens de cette famille rafistolée leur sautaient bien plus aux yeux et ils se sentaient presque mal à l'aise de s'y intégrer de force.

Une fois le dîner passé, Daryl quitta le bâtiment pour rejoindre l'un des miradors et effectuer son tour de garde. André le regarda partir et quand il fut hors de vue, se dirigea vers Maggie, Mad sur les talons.

- Maggie, tu n'aurais pas de quoi nous doucher s'il te plaît ? lui demanda-t-il.

- Oh, oui bien-sûr, je vais vous chercher des serviettes et des vêtements propres, on en a à votre taille normalement.

Ils la remercièrent et André aida Tyreese à faire la vaisselle en attendant. Un peu après qu'ils eurent terminé, Maggie revint avec tout une panière de linges, de serviettes et le nécessaire pour se doucher.

Mad récupéra la panière en la remerciant et les deux meilleurs amis se dirigèrent vers les douches qu'Hershel leur avait gentiment indiqué.

- J'prends la plus grande ! s'écria Mad en s'approchant de la cabine spéciale pour les personnes handicapées.

- Tant que tu m'laisse me doucher tranquillement, j'm'en fous.

- J'sais pas, peut-être que j'te verserais du shampooing pendant que t'essaieras de te rincer.

- Tu vas te faire détruire si tu fais ça, on est en pleine apocalypse j'te rappelle.

- T'es toujours obligé de tout gâcher, répliqua-t-elle faussement agacée.

Ils se déshabillèrent et chacun entra dans sa cabine. Bientôt le silence s'installa entre eux, brisé uniquement par le jet d'eau tiède.

Mad se laissa glisser le long du mur en soupirant. Elle ne se savait pas vraiment quoi penser de tout ça. Étrangement, elle n'était pas vraiment triste de ne plus être dans son Univers. Là-bas, sa vie venait de vriller alors se retrouver inopinément ici lui donnait l'occasion de passer à autre chose. Maintenant qu'elle devait survivre, elle n'était plus aussi souvent hantée par le fantôme de sa fiancée qui s'était suicidée quelques mois auparavant. Elle ne pensait plus à son job de merde qu'elle n'arrivait plus à assumer à cause du deuil. Ici elle n'avait juste qu'à survivre et puis au pire, si elle mourait, ce n'était pas si grave. Elle n'avait jamais vraiment voulue vivre de toute manière.
Alors secrètement, elle espérait qu'il n'y ait jamais de solution à leur problème quantique.

Mais Mad ne culpabilisait pas tant que ça pour espérer une telle chose. Elle savait qu'André partageait son opinion. À part son travail dans lequel il se jetait corps et âme, André n'avait rien là-bas. Il n'avait ni famille, ni amis, ni relations. Tous l'avaient abandonné ou rejeté, elle avait été la seule qui était restée quand il avait fait son coming out transgenre et qu'il avait déménagé avec elle à New-York. Depuis presque cinq ans maintenant, il n'avait plus eut de contact avec ses parents et ses frères et sœurs. Et à New-York, il avait été trop investi dans son travail pour faire durer ses relations amicales comme romantiques, André avait toujours été très solitaire et il avait toujours fait passer son travail avant tout, avant même sa propre santé.

Alors Mad était presque persuadée qu'il préférait être ici, avec des gens qui ne le rejetteraient probablement pas et elle. Même s'ils trouvaient un moyen de rentrer, il ne repartirait pas, elle le savait comme elle savait que deux et deux faisaient quatre.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top