7 | Insolent.


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Merle et Daryl s'étaient enfoncés dans la forêt, l'aîné ne cessait d'insulter son cadet pour avoir refusé de prendre une voiture. Bien qu'il n'avait aucun mal à se repérer dans les bois, ils étaient trop à découvert et ça, Merle ne l'appréciait que très moyennement.

Daryl, qui en avait plus qu'assez d'entendre sans arrêt son frère geindre, décida de changer de sujet pour en amener un qui le contrariait lui, depuis des heures maintenant.

- C'était qui ce type ? demanda le cadet Dixon alors qu'il ignorait une fois de plus les insultes de Merle.

Merle se tu, puis après quelques secondes, il dit :

- Qui ? Le Hobbit ?

Daryl leva les yeux au ciel.

- Il n'est pas si petit.

- Il depasse même pas ton torse, bien-sûr que si qu'il est petit.

- Tu crois à son histoire ? C'est dingue quand même. Ça n'a aucun sens.

- Notre vie n'a jamais eut beaucoup de sens, répliqua Merle en haussant les épaules. J'le crois pas vraiment, mais c'est pas mon problème, c'est le sien. Puis toi tu crois bien au Chupacabra.

- Je l'ai vu alors arrête avec ça.

- André aussi sait ce qu'il a vu.

- Depuis quand tu défends un type que tu connais pas ?

- J'sais pas, j'l'aime bien le gamin. Lui et Mad m'ont filé d'la weed hier soir, forcément ça joue. D'ailleurs cette sorcière c'est bien gardé de m'en donner d'autre.

- Elle a bien fait, t'aurais fait qu'être défoncé.

- Oh, soit pas si rabat-joie frangin ! Un peu d'herbe n'a jamais tué personne.

Daryl ne répondit pas. Bien-sûr que si que c'était dangereux d'en fumer, surtout quand on était en pleine nature avec des morts prêts à te bouffer qui rôdaient dans le coin.

- T'aurais dû l'voir, reprit Merle en ricanant, quand il m'a vu, on aurait crû qu'il avait vu un fantôme ! Il n'en revenait pas.

Merle ne le dit pas mais c'était la première fois que quelqu'un le regardait comme ça. Comme s'il était quelqu'un d'important et pas un vaurien sans une once de conscience et d'humanité. Jamais il ne l'avouerait à voix haute mais voir qu'André semblait l'apprécier et le respecter plus que quiconque ne l'avait jamais fait et ne le ferait sans doute jamais sans même le connaître, a fait bougé quelque chose tout au fond de sa poitrine. Un cœur un peu trop mit de côté sans doute.

- Il te connaissait en plus, rajouta-t-il en voyant que Daryl ne lui repondait pas. Enfin, il m'a posé des questions sur toi.

Daryl se retourna en fronçant les sourcils.

- Quelles genre de questions ?

- Oh, que des questions sans intérêt, ton âge par exemple. Ou si t'allais l'apprécier.

- Qu'est-ce que ça peut lui foutre que j'l'apprecie, j'le connaît pas moi.

- Ça avait l'air important pour lui. T'aurais dû voir sa tête quand tu l'as traité de taré hier soir. On aurait dit que le ciel lui tombait dessus ou qu'il avait envie de t'arracher la tête, j'sais pas trop.

- C'est ridicule. Son histoire est ridicule et lui aussi.

Merle fronça les sourcils, de plus en plus agacé par l'aversion injustifiée de son frère envers ce pauvre André qui n'avait rien demandé. 

- T'es dur Daryl, gronda-t-il. Il t'as rien fait.

- Depuis quand tu prends la défense des gens toi ? répliqua Daryl en haussant un sourcil.

- J'prends la défense de personne.

- Il doit vraiment être spécial pour que tu le défende autant. Vous vous connaissez depuis longtemps ?

- Il n'est pas spécial, tu l'déteste alors que tu l'connais même pas. C'est pas toi ça, c'est moi qui suis comme ça normalement.

- J'le déteste pas.

- Tu montres le contraire pourtant.

- J'suis juste méfiant, c'est normal vu les circonstances.

- Mais puisque j'te dis qu'il n'y a pas besoin de s'méfier. Il est même pas capable de se servir d'une arme à feu et c'est pas faute d'avoir essayé de lui apprendre.

Daryl ricana et lança un regard à mi-chemin entre l'hilarité et l'incrédulité à son frère.

- Ah, parce que tu lui as appris ? J'te reconnais plus Merle.

- J'ai essayé de lui apprendre, nuance frangin. Il m'a fait péter une durite avant même de réussir à toucher une cible immobile ! C'est une foutue catastrophe avec une arme à feu dans les mains.

- Tout le monde sait se servir d'un flingue.

- Pas lui, et Mad non plus ne savait pas, mais elle, c'est pas un boulet comme André. Elle s'en sort même pas trop mal même si elle m'a donné envie de lui sortir les yeux par le nez avec l'assemblage et le désassemblage.

Daryl allait rétorquer et leur petit dialogue de sourd aurait pu continuer ainsi longtemps si un bruit incongru dans cette forêt n'avait pas attiré son oreille.

- Attends, fit soudainement Daryl, les sens aux aguets.

- Quoi ?

- T'entends pas ? On dirait un bébé qui pleure.

Merle se marra.

- C'est ça, ouais. Bientôt tu vas m'pissé dans l'oreille et tu vas m'dire qu'il pleut, aussi ?

Mais Daryl - qui ne riait déjà pas beaucoup - perdit toute trace d'amusement.

- Ta gueule ! C'est un bébé j'te dis, repliqua-t-il, cinglant.

- Mais non ! C'est seulement monsieur raton laveur qui s'envoie en l'air avec madame raton laveur !

Ignorant complètement son frère, Daryl suivit son instinct et se rapprocha des pleurs. Rapidement, il vit un pont envahit un de rôdeurs, des gens semblaient coincés et tentaient vainement de se battre. Aussitôt, il s'élança. La vie avec Rick lui avait apprit que chaque vie humaine valait la peine d'être sauvée.
Peut-être même si cette vie en question ne venait pas d'ici.

- Attends ! s'exclama Merle en voyant avec effarement son imbécile de frangin décamper. Eh tu vas où là ?!

Daryl l'ignora et accéléra le pas.

- Eh ! Reviens !

- Va t'faire foutre Merle ! cracha-t-il, sans se retourner.

- Désolé frangin mais moi, je gaspille pas mes balles pour des gens qui m'ont jamais préparé à bouffer et qui ont jamais admiré mon gros calibre.

Il nota dans sa tête que ce n'était pas tout à fait vrai puisque ni Mad, ni André ne lui avaient jamais préparé à bouffer et n'avaient jamais admiré son gros calibre. Mais ils lui avaient roulé un joint et préparer un café, c'était presque pareil finalement.

- Fais c'que tu veux, lança Daryl, déjà loin.

Pestant à voix haute contre son abruti de frère sans une once d'instinct de survie, Merle se décida finalement à le suivre. Après tout, s'il sauvait ces imbéciles, ils seraient sans doute ravis de lui donner ce qu'ils avaient.

Quand il le rejoint sur le pont, Daryl a déjà fait les trois quarts du travail, laissant le soin à Merle d'exploser le crâne de peu de rôdeurs. Ravi de se retrouver face à une voiture visiblement pleine, il n'hésita pas à fouiller avidement dedans, menaçant le premier espagnol qui tentait de l'en empêcher.
Mais comme d'habitude, son petit frère et sa satanée bonté d'âme vint tout gâcher.

- Qu'est-ce que tu branles, putain ?! s'énerva Daryl en le poussant à quelques pas de son butin.

- J'prends ce qui nous revient de droit abruti ! On leur a sauvé l'cul, j'te ferais remarquer !

- T'es vraiment un putain de crevard, Rick avait raison putain ! J'aurais jamais dû partir avec toi !

Si Daryl savait que ses mots avaient fait vriller Merle, il n'en montra rien. Au lieu de ça, il le suivit alors qu'il faisait demi tour en les insultant de tous les noms, lui et Rick.
Merle était une ordure et ça, tout le monde le savait. La seule chose que Daryl avait trouvé pour le faire réagir était d'appuyer là où ça faisait mal. Il savait très bien que c'était tout sauf intelligent, ça n'était certainement pas la chose à faire si l'on voulait aider Merle Dixon. Mais Daryl n'en pouvait plus, il avait supporté son caractère de merde trop longtemps et maintenant qu'il avait goûté aux relations saines avec son groupe, sa famille, il ne supportait plus son propre frère.
Daryl avait prit sa décision, il allait rentrer chez lui, à la prison. Avec ou sans Merle Dixon le roi des ordures.

Ils marchaient depuis longtemps. Tellement longtemps que le soleil était en train de disparaître derrière l'horizon, laissant le ciel se colorer de nuances pastels et quelques points brillants vinrent s'installer parmis les faibles nuages. L'air s'était considérablement rafraîchi, Daryl le sentait sur sa peau pleine de chaire de poule.
Merle marchait toujours loin devant lui, il s'était muré dans le silence depuis l'incident du pont et Daryl n'avait pas cherché à engager la conversation. Il ne voulait plus se battre avec lui, il en avait marre. Déjà suffisamment de problèmes lui tombaient dessus pour qu'il ne s'en rajoute avec un frère détestable au possible.

Perdu dans ses pensées, Daryl n'avait pas remarqué Merle qui s'était brusquement arrêté au bord de la route, mais toujours à couvert dans les bois. Il allait le dépasser sans s'en formaliser mais sa main encore là vint le stopper dans sa marche.

- Qu'est-ce' tu fous ? cracha Daryl, vraiment pas d'humeur à se faire emmerder.

- Reste là et baisse toi.

- Hein ?

Merle fit un vague mouvement de la tête vers la route et Daryl regarda dans la direction qu'il montrait. Plusieurs véhicules, tous phares allumés, arrivaient à toute vitesse sur la route joignant Woodbury à la prison.

- C'est quoi ? demanda Daryl qui sentait que la réponse n'allait pas lui plaire.

- Le Gouverneur, répondit Merle platement. Visiblement, ils viennent d'attaquer le groupe de ton petit-ami.

Daryl sentit son sang se glacer. Il échangea un regard avec son frère et Merle comprit immédiatement ses intentions.
Il ne chercha même pas à le retenir quand Daryl prit la direction de la prison, au pas de course après que le troupeau de véhicules soit passé. Merle lui emboîta le pas, il ne pouvait pas imaginer ce que son frère ressentait à la pensée que peut-être tous les gens dont il était proche étaient morts car, contrairement à lui, Merle n'avaient pas de gens dont il était proche. Mais il avait, étonnamment, la décence et la présence d'esprit de ne pas l'inciter à y réfléchir avant d'y aller.

Alors il le rattrapa et les deux frères se dépêchèrent de rejoindre la prison. Enfin, Daryl marchait vite et Merle tentait de ralentir le rythme à coups de remarques qu'il jugeait amusantes ou d'insultes fleuries. Trop préoccupé pour lui donner de l'attention, Daryl ignora toutes ses tentatives pour engager la conversation.

C'est finalement au milieu de la nuit, alors que le croissant de lune brillait au zénith de la voûte céleste, que Merle jugea bon d'arrêter son frère. Et cette fois, ce n'était pas pour lui mais bien pour Daryl qui s'épuisait plus que de raison à cavaler ainsi. Alors, quand il vit que la route sur laquelle ils progressaient se divisait pour mener vers le lotissement que lui, les deux rigolos et Kanye avaient fuit, il sauta sur l'occasion. À l'heure actuelle, la meute de marcheurs devait avoir quitté les lieux et il jugea que c'était l'endroit le plus sûr pour passer le reste de la nuit.

- Daryl, appella Merle d'un ton qui ne prêter à aucune discussion.

Et Daryl se retourna. Agacé, mais il se retourna. Il savait que quand Merle prenait cette voix là, il valait mieux l'écouter. Il l'avait compris à force d'expérience.

- Quoi ?

- Il y a un lotissement par là, il montra le chemin avec son bras armé. On va y passer le reste de la nuit.

- Non.

Merle leva les yeux au ciel. Il rattrapa son imbécile de frère et de sa main, lui prit fermement le bras.

- C'était pas une question Daryl. On y va, point barre.

Là, un duel de regard si violent eut lieux que même le croissant de lune vit sa lumière faiblir imperceptiblement. C'est Daryl qui céda
- comme d'habitude - et avec un grognement mécontent, se dégagea de l'emprise de son frère et se dirigea à pas rageur vers la route du lotissement.

Merle ne fit aucun commentaire pour appuyer sa victoire. Il n'en avait pas l'envie et le moment ne s'y prêtait pas, Daryl était déjà assez à fleur de peau pour en rajouter une couche.

En silence, ils rentrèrent dans le lotissement laissé en ruine par le passage de la meute. Des dizaines de cadavres jonchaient l'asphalte et les jardins abandonnés, une puanteur agressive repoussait n'importe quelle forme de vie essayant de s'en approcher. Daryl fronça le nez.

- T'es sûr de toi ? fit-il, l'arbalète prête à tuer.

- C'est ici qu'on était hier. Une meute de marcheurs nous ont attaqué, ils doivent être loin maintenant.

- On en a croisé aucun.

- Ils allaient dans la direction opposé à la notre.

Daryl hocha la tête et ils progressèrent sur le qui-vive entre les anciennes habitations.
Merle tenta d'ignorer les restes de morts encore mouvants et grognants. Il n'était jamais à l'aise dans ce genre de cimetière à ciel ouvert, toutes ces horreurs lui faisait froid dans le dos. Il avisa un coup d'œil à Daryl et vit bien malgré l'obscurité que lui non plus n'aimait pas être ici. Qui aimerait ça, de toute façon ?

Après avoir brièvement débattu, ils décidèrent de s'installer dans la maison où Merle avait tenté d'entraîner André et Mad. Son isolement avait fait penché le pour dans la balance même si sa grandeur avait joué contre. Daryl était persuadé que c'était une mauvaise idée de s'installer là pour la nuit, mais Merle avait su appuyer ses propos grâce à sa connaissance
- sommaire - des lieux. Ils seraient moins désavantagés en cas de mauvaises surprises.

Leur installation fut rapide, ils arrangèrent rapidement le grand salon et Merle entreprit de dépecer les petits animaux et rongeurs qu'ils avaient réussi à attraper au court de la journée. Ils mangèrent en silence et Merle prit le premier tour de garde, menaçant presque de couper la langue de Daryl avec son bras armé quand il avait osé rouspéter.

Merle regarda son frère dormir. Il savait pertinemment que Daryl ne dormait pas vraiment. Il se doutait qu'il ne lui faisait pas suffisamment confiance pour dormir sur ses deux oreilles et même si savoir cela ne lui plaisait pas réellement, il le comprenait. Merle n'avait pas été l'exemple même du grand frère présent, attentionné et bienveillant, bien au contraire. Sa vie ne lui avait pas permis d'être présent pour Daryl. Les fois où il en avait eut l'occasion, il les avait évidemment manqués et le pire était que ça avait été volontaire.

Non, Merle Dixon n'était décidément pas le grand frère rêvé. Il ne serait même pas étonné si Daryl le détestait. Mais étonnamment, ça ne le gênait pas. En fait, on pouvait même dire qu'il n'en avait pas grand chose à foutre d'être apprécié. À ses yeux, le principal était que Daryl soit en sécurité, peu importe si c'était en l'aimant ou non. Merle avait toujours eut ce rôle après tout. Encaisser à la place de son petit frère pour le protéger sans qu'il ne le sache. Ou peut-être que Daryl le savait, mais si c'était le cas, ce petit ingrat ne montrait aucun foutu signe de reconnaissance. Et Merle, ça lui allait très bien finalement. Il ne voulait pas de la pitié de qui que ce soit et si Daryl apprenait qu'il avait encaissé les violences de leur père quand ils étaient jeune à sa place, non seulement il s'en voudrait - et ça c'était hors de question - mais en plus, Merle était persuadé qu'il allait avoir de la peine pour lui. Et ça c'était encore plus hors de question. La pitié des gens avait toujours eut le don de le mettre hors de lui. Son égo et sa dignité avaient une place bien trop importante dans sa vie pour qu'il les occultes ne serait-ce qu'une seconde.

Merle réajusta l'arbalète que Daryl lui avait fourré dans les bras avant d'aller se coucher et il vit avec agacement que ce-dernier n'avait plus beaucoup de carreaux. Il leva les yeux au ciel, puis ramassa quelques morceaux d'une ancienne table basse en bois qui avait été éclaté sur le carrelage.

En silence, il les tailla à l'aide de son bras armé. Confectionnant ainsi, une quinzaine de carreaux prêts à l'emploi. Une fois son travail achevé, son regard se perdit dans l'horizon devenu orangé par le levé du soleil. Il soupira et allait se lever pour réveiller son petit frère mais Daryl l'avait devancé, il s'était mit debout et se tenait à présent à côté de lui, ses nouveaux carreaux en main.

- C'est toi qui a fait ça ? demanda-t-il.

Merle le regarda en haussant un sourcil. C'était vraiment une question des plus stupides.

- Qui d'autre, abruti ?

Daryl ne répondit pas, il ignora son insulte, ramassa ses affaires et quitta la maison, presque en courant.
Laissant échapper un soupir d'agacement, Merle lui emboîta le pas.
La journée allait être longue.

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