48. Amitié ancienne
Levi s'était rendu chez Hanji qui l'attendait déjà depuis un bon moment. Elle vérifia ses constantes avec la force de l'habitude, son regard dérivant sur les hématomes qui piquaient l'intégralité du torse de son ainé. Au terme d'un long silence, elle lança :
—Il ne t'a pas loupé on dirait. C'était pire que d'habitude ?
Fidèle à sa réputation de « savant fou », elle s'intéressait au cas d'Eren même après la mort de Rhodes et les risques qui menaçaient son vieil ami. Le lieutenant soupira :
—J'en sais rien. J'ai pas eu le temps de calculer sa violence, je l'ai pas mal amoché aussi.
—J'ai vu ça, il était dans un sale état hier. Mais il se rétablit rapidement, on le garde cette nuit par précaution, c'est tout.
Levi grimaça alors qu'Hanji désinfectait l'une des nombreuses plaies qui couvraient son visage. Ce n'était rien de grave ou même d'inquiétant, juste des petites entailles que l'alcool brûlait lentement. De biens maigres blessures à son humble avis.
—Il va falloir trouver une solution, avança-t-il, d'une voix basse.
—A propos de quoi ? Erwin va te couvrir et Eren innocenté, c'est sûr !
Le policier n'en était pas aussi certain. Son amant représentait toujours un danger aux yeux des autorités et cela ne changerait pas de sitôt. Il n'y avait qu'un seul moyen de régler définitivement cette histoire et de libérer le garçon de son immense fardeau.
—Je parlais de ses crises.
Les sourcils froncés, elle s'affairait sur le corps abimé de son homologue, réfléchissant activement aux paroles de ce dernier. Ses compétences lui permettraient sans doute d'aider Eren, peut-être même de trouver la solution idéale. Elle ne demandait d'ailleurs rien de mieux que foncer tête baissée dans ce nouveau défi, sans toutefois ignorer l'enjeu colossal auquel ils étaient tous confrontés.
—Il faut un antidote, ajouta Levi, presque platement.
—Je pourrais m'en charger. Tout dépend des ordres d'Erwin et de ce que l'on me demande mais je peux déjà faire mes recherches. Reiss était un chimiste et ça ne va pas être une mince affaire pour moi.
Elle songeait déjà aux procédés requis, à l'étude du produit qui lui permettrait une meilleure chance de réussite. La science lui permettrait sans doute de sauver le garçon, de lui rendre une existence normale. De faire taire l'angoisse qui accompagnait chacun de ses pas. De panser les blessures aux côtés du trentenaire qui s'en donnait à cœur joie.
—Tu peux compter sur moi, Levi. Je vais commencer à étudier les échantillons que l'on a récupérés et je te tiens au courant.
—Peu importe le temps que ça prendra, trouve une solution, articula Levi, l'œil brillant.
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Levi pénétra dans le commissariat dans les alentours de midi et l'endroit était presque entièrement vide. Les seules personnes qui restaient ne purent s'empêcher de dévisager longuement le lieutenant, avec un mélange d'inquiétude et de pitié.
L'homme n'en avait que faire et il ne prit même pas la peine de s'arrêter devant la machine à café qui semblait pourtant l'attirer. La fatigue demeurait et une dose conséquente de cette boisson chaude n'aurait certainement pas été de trop.
Il toqua deux fois à la porte et n'attendit pas de réponse pour faire irruption dans la petite pièce. La fenêtre était ouverte, tout comme les volets et Erwin se tenait assis à son bureau, semblant attendre sa venue. Un dossier figurait à la place où Levi devait se tenir, certainement le rapport en question qui n'attendait qu'être rempli dans les règles de l'art.
—Désolé pour le retard, dit le trentenaire avant de prendre place en face de son supérieur.
—Ce n'est rien, j'ai été occupé une bonne partie de la matinée.
L'homme déglutit péniblement sans rien montrer du trouble qui l'envahissait, son regard parcourant les lignes du document qu'il connaissait que trop bien. Il s'arma d'un des nombreux stylos qui parsemaient la surface plane en bois de chêne.
—Les choses s'annoncent mal ? finit-il par demander, incapable de demeurer dans l'ignorance une seconde supplémentaire.
—Non. Eren n'a jamais été chez toi et tu n'auras pas de problème avec ça.
—Merci, prononça Levi, à mi-voix et sincèrement.
Erwin darda son regard limpide comme de l'eau sur celui, semblable à une journée d'orage, de son subalterne. Un avertissement ou une déception ? Les paroles qu'il prononça soufflèrent la réponse à l'oreille du plus jeune :
—Ne t'avise plus de désobéir à mes ordres à l'avenir, Levi Ackerman. Tu as certainement sauvé la vie d'Eren et de bon nombre d'autres personnes mais ça aurait pu tourner au massacre.
—J'ai pigé, Erwin, répondit le lieutenant, le temps contrastant clairement avec le sens de ses mots.
Le commissaire soupira lourdement, las de cette affaire comme de tous les soucis qui y étaient apparentés. Il se débattait depuis la veille pour que tout se passe pour le mieux, pour limiter les dégâts dans la mesure du possible. N'étant ni aveugle ni idiot, il ne pouvait ignorer la relation qui avait naquit entre Eren et Levi. Celle-ci avait dépassé toutes ses espérances.
Le plus jeune remplit consciencieusement son rapport, n'omettant aucun détail dans son compte rendu. Le stylo grattait le papier, formant des lettres grossièrement calligraphiées. Plusieurs minutes lui furent nécessaires pour aligner le point final à son long récit. Il rendit le document à Erwin en main propre, le défiant presque du regard.
—J'ai promis à Eren que ça se finirait bien, ajouta-t-il, comme une confidence.
—On ne promet jamais ce genre de choses, sauf lorsque l'on est certain de ne pas devoir revenir sur ses paroles.
—Je fais en sorte de ne pas me tromper, rétorqua le trentenaire, sèchement.
Un faible sourire fendit le visage sévère de l'autre, qui imaginait sans trop de difficulté le cheminement de pensées de son homologue. Au sein de toute cette pression, cela l'amusait.
—Sais-tu ce qu'il va advenir d'Eren ? Ne me réponds pas que tu n'en as rien à faire, je ne te croirais pas.
—Il va être innocenté, énonça Levi, avec prudence.
—Oui, je fais en sorte qu'il le soit. Mais après ?
—Hanji va trouver un antidote pour ses crises et elle y arrivera.
—Bien sûr qu'elle y arrivera. Mais qu'est-ce qui va lui arriver une fois que l'affaire sera bouclée ? demanda Erwin, s'aventurant sur une pente dangereuse. Il n'a plus de famille et si tout est tiré au clair, ça ne change rien. Son père et sa mère sont morts, il n'a ni frère ni proche cousin vivant.
La respiration du policier se suspendit à ses lèvres alors qu'une angoisse toute nouvelle se rependait dans ses veines. Son rythme cardiaque s'accéléra jusqu'à lui donner le vertige. Il resta presque entièrement impassible si l'on excluait la goutte de sueur qui dévala de sa tempe à l'arrête saillante de sa mâchoire.
—Pourquoi tu me poses cette question ? s'enquit-il, d'une voix blanche.
—Parce que je suis certain que tu y as déjà pensé.
Evidemment que c'était le cas, comment pouvait-il en être autrement ? Etudiant les expressions pourtant minimes de son vis-à-vis, le plus âgé ajouta, un sourire dans le ton :
—Tu as certainement déjà la réponse.
Levi l'avait aussi mais il ne trouva pas les mots pour l'exprimer aussi clairement. Il opina très lentement, rien que pour satisfaire l'attention que lui portait son vieil ami. Il ne pouvait rien lui cacher et il se trahissait dans un silence qui se prolongeait encore et encore.
Après l'élimination du danger principal de cette fic, on passe à un problème qui peut paraître de seconde zone en comparaison mais qui, avec le recul, a beaucoup d'importance.
Il est donc question de libérer complètement Eren des traces de sa captivité et de ses conséquences. Un pari risqué, puisque Levi met Hanji sur le coup. Hanji qui va tout faire pour résoudre ce mystère en temps et en heure.
Allez, je vous embrasse et j'ai une grosse pensée pour ceux qui ont, comme moi, repris les cours cette semaine <3
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