46. Dénouement final

Levi inspira profondément avant de pénétrer dans la pièce, jetant un ultime regard à l'intention d'Eren. Ce dernier ouvrit momentanément les yeux et l'émeraude de ses orbes traduisait une humanité coriace et retrouvée. Il sourit légèrement avant que ses paupières ne se ferment à nouveau.

Les lèvres du lieutenant s'ourlèrent à peine sur leurs commissures, et l'imagine fit le reste. Un violent coup de pied suffit à l'homme pour que la serrure saute et lui permette d'entrer. La rage décuplait sa force tout comme une féroce détermination. Rien ne saurait se dresser sur son passage et Rhodes signait en cette heure sa perte.

Une salle presque vide s'offrit au policier. Des étagères éventrées laissaient visibles des piles de dossiers jonchant le sol. Les instruments médicaux avaient disparu tout comme la propreté autrefois impeccable des lieux. La saleté s'incrustait partout, attirant le dégoût de Levi qui marqua son visage d'une légère grimace. Au centre de la pièce se tenait un siège où Eren devait se tenir une poignée de minutes plus tôt. Désormais vide, l'ancien chimiste se tenait à côté, le visage impassible.

—Levi Ackerman.

—Reiss.

—Le cadeau ne t'a pas plu ?

Le trentenaire sentit l'adrénaline se diffusait dans son organisme tout comme une haine intense. Le visage de son amant s'imposa dans son esprit. Comment un être pouvait-il faire de telles choses ? Sa main faillit se poser sur l'arme à son côté mais il se retint : il n'était pas encore temps.

—Tu t'es planté, Reiss. C'est terminé pour toi.

Le plus âgé haussa les épaules, comme si cette perspective ne le gênait en rien, comme d'une chose dont il avait pleinement conscience. Cette désinvolte avait de quoi étonner alors qu'au loin, les sirènes hurlaient.

—C'est tes petits amis qui arrivent, les renforts. Tu ne te pensais pas capable de m'arrêter seul ?

Levi ne releva pas l'insulte, avançant lentement dans la pièce tel un prédateur vers sa proie. Mais était-il réellement ce nuisible ou était-ce cet homme ? Quel rôle lui avait été assigné à l'entrée dans cette pièce ? Le lieutenant se promit d'en sortir vivant et d'honorer les promesses faites à Eren.

—Ils savent au moins pourquoi je fais tout ça ? Pourquoi Eren et pas un autre ?

—Tu n'es qu'un malade, un grand malade ! Les sales types dans ton genre n'ont pas d'excuses à avoir.

Il ne le pensait sans doute pas réellement mais la grimace qu'il arracha au coupable valait largement la chandelle. Sa main se crispa sur le dossier du fauteuil et Levi sut qu'il avait touché juste, là où la douleur se faisait la plus vive.

—C'est une trop longue histoire et elle ne vous intéresse pas. Vous avez remonté mes pas sans comprendre.

—Comprendre quoi ? railla le plus jeune. C'est pas mon taf de piger ce qu'il se passe entre tes trois neurones.

Un sourire torve naquit sur les lèvres de l'ancien chimiste alors qu'il sortait une seringue de derrière son dos. A l'intérieur, un liquide transparent luisait dangereusement alors que l'homme agitait la fiole devant lui. Un éclair d'angoisse frappa le policier qui craignait de comprendre.

—Le sérum est le même que celui que j'ai injecté à ton petit protégé. C'est le sérum titan, un vrai miracle sur le système nerveux. Qu'est-ce que tu dirais si je me l'injectais ? Tu arriverais à m'arrêter comme Eren ? Je pense pas. Alors, tu n'es toujours pas disposé à m'écouter ?

Un soupir ébranla la silhouette de Levi. Son homologue ne semblait pas bluffer et le risque demeurait trop grand pour être pris sans considération. Erwin ne tarderait plus à arriver, il lui fallait seulement un peu de temps. Il devait gagner quelques minutes et le piège se refermerait sur Rhodes. Sur ces promptes pensées, le trentenaire croisa les bras pour toute approbation.

—Un coupable reste un coupable. Le reste, c'est au tribunal d'en décider, pas à moi, éructa-t-il.

—Carla Jaeger, tu connais sûrement son nom ? C'est la mère d'Eren et elle est morte subitement alors qu'elle se soignait du cancer. Grisha ne l'a pas supportée, il lui fallait un coupable et c'est tombé sur mon laboratoire. Il était sûr que mes médicaments avaient causé la morte de sa femme. Juste après, toute une partie de ce bâtiment à exploser, Ackerman et ce n'est pas une coïncidence. Ce fou de Grisha a dû estimer que la justice n'était pas suffisamment efficace. Tout a dû fermer par sa faute et parce qu'il lui fallait un bouc émissaire. Tu trouves ça juste ?

Levi réfléchit aux révélations, la main attirée vers le pistolet qui reposait contre sa hanche. Il lui suffisait de le sortir, de viser la poitrine grasse de l'homme et de tirer. Mais ce dernier pointait l'injection comme une arme et pouvait bien s'administrer la cause nécessaire avant que quiconque ne l'abatte. Emporté dans son élan, il poursuivit :

—A la mort de Grisha, j'ai enfin trouvé la vengeance idéale. Son fils allait être placé en foyer et je n'ai eu qu'à le cueillir. Il n'a aucune chance et il a payé pour son salaud de père. Tu l'aurais entendu hurler, supplier, implorer le nom de ses parents avant de tout oublier.

Pétrifié, son cadet serra les poings jusqu'à ce que ses jointures blanchissent et que la tension de ses muscles devienne insupportable. En son for intérieur, les insultes pleuvaient à l'égard de son adversaire.

—Il n'a pas fait suffisamment de victimes et il a échoué encore aujourd'hui. Je ne me laisserai pas prendre vivant, Ackerman. Les gens doivent payer pour ce que j'ai vécu, poursuivit Rhodes, crachant chaque syllabe à la manière d'un venin.

—Ces gens là sont innocents, pauvre con ! gronda Levi.

—Personne n'est innocent ! beugla son interlocuteur, tremblant sans pour autant esquisser le moindre mouvement.

Il pourrait presque se révéler effrayant si le lieutenant n'avait pas eu affaire à des criminels plus impressionnants. La seule menace résidait en la seringue qu'il tenait fermement dans sa main et qui semblait aimantée à l'intérieur de son bras. L'injection paraissait inévitable et pourtant terriblement redoutée.

—Eren lui l'était avant que tu viennes lui pourrir la vie ! T'as détruit tout ça et il va encore en baver longtemps à cause de toi espèce de saloperie !

Un sourire se dessina sur les lèvres de Rhodes avant de disparaître l'instant d'après, démontrant une part bien concrète de sa démence. La mâchoire contractée jusqu'à la rupture, les secondes semblaient s'étirer sans connaître de fin potentielle aux yeux de Levi.

—Mais il ne l'est plus maintenant, pas vrai ? Une vraie machine à tuer ce gosse, totalement incontrôlable.

—Et tu penses qu'il est coupable de ça, toi ? Non, il y peut rien et les sales types comme toi ne méritent pas de pitié.

Il sortit l'arme de son étui d'un geste ample et souple, le geste appuyé par l'habitude. Immédiatement et en réponse à cela, l'ancien chimiste approcha l'aiguille de sa chair. Les deux menaces s'équivalaient et les pensées du trentenaire s'égrainaient. L'adrénaline se rependait lentement dans son organisme, gagnant chacune de cellules comme le sérum menaçait de le faire.

—On est tous coupables, l'innocence n'existe pas. Ton Eren, c'est pareil.

Dans un fracas, la porte derrière lui s'ouvrit et, par pur réflexe, il se retourna. Des policiers se pressaient sur le seuil, Erwin à leur tête. L'occasion était trop belle pour ne pas être saisie, Levi appuya sur la détente. Un bruit sourd alors que la balle fendait l'air avant de se loger dans le dos du coupable. L'hémoglobine gicla alors qu'un long cri lui échappait. Il s'écroula sur le sol devant les renforts enfin sur les lieux.

—Levi ?

—Il n'est pas encore mort, répondit l'intéressé, traversant une partie de la pièce pour rejoindre le corps inerte.

Rhodes convulsait de manière presque indiscernable, agonisant dans des halètements muets. Du bout de sa chaussure, le lieutenant retourna l'homme vers lui, dévisageant avec mépris la douleur qui se peinait sur le visage du condamné. La mort ne tarderait pas à le prendre et, à côté de lui, les éclats de verre de la seringue éventrée gisaient, illustration peu subtile de son échec.

—Eren est dehors, vivant et, tu vois, je ne suis plus seul. Tu ne feras pas d'autres victimes, espèce de malade. J'ai gagné, Reiss.

Le teint de l'ancien chimiste palissait à vu d'œil alors qu'il se vidait second après second de son sang. La tâche vermeille au niveau de sa poitrine grossissait, s'étalait sur sa blouse blanche tandis que la sueur s'y mêlait. En retrait, les hommes d'Erwin demeuraient immobiles sous les ordres de leur supérieur.

Levi appuyait sur la blessure du plat de sa semelle, accélérant alors le processus. La souffrance rendait les traits du mourant inhumains. D'une voix calme, l'autre acheva :

—Et toi, tu as perdu.

L'instant d'après, la vie quittait entièrement le corps meurtri, procurant un soulagement incommensurable au policier qui avait finalement tenu sa promesse. Les yeux vitreux de Rhodes fixait l'infini sans plus rien y discerner, coupable jusqu'à son dernier souffle.


Le dénouement de bien des manières. Rhodes Reiss est mort, l'ennemi a rendu son dernier souffle !

Un petit mot totalement hors-sujet : aujourd'hui, je suis allée en ville avec quelques amies et nous avons ramassé les mégots. Une action au milieu d'une sortie dans la bonne humeur. Quatre bouteilles d'un litre remplies en moins de deux heures. Je tenais à vous encourager à faire un petit geste pour notre planète, qu'il soit de cet ordre ou d'un autre. N'oubliez pas que rien est inutile, que vous pouvez faire la différence !

(Je ne vais pas vous encourager à ne pas jeter vos mégots et autres déchets par terre, ça me semble si évident (pas tant que ça, malheureusement).)

Je vous embrasse <3

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