41. La famille Reiss

Levi ne fit que passer au commissariat puisqu'Erwin l'intercepta à son bureau pour lui faire par de ses ordres. Son subalterne rejoindrait Petra dans les plus brefs délais, la secondant dans sa tâche. N'étant pas en position de protester, le trentenaire se contenta d'opiner et de tourner les talons. Il pouvait encore sentir le regard lourd de son supérieur sur lui, l'incombant d'une culpabilité qu'il s'haïssait de ressentir.

Le lieutenant traversa les couloirs de l'hôpital, lâchant un hochement de tête à peine poli aux personnes rencontrées sur sa route. Les lieux lui semblèrent bien trop familiers à son goût et il remarqua les traits tirés des membres du personnel, touché par la mort de l'un de leurs confrères. Levi, derrière son visage entièrement neutre, cachait le coupable de ce décès.

Le policier ne perdit pas un seul instant, ignorant les murs impeccablement blancs que le sang aurait tout aussi bien pu tâcher et l'atmosphère douloureusement sérieuse. Il s'arrêta à peine devant la porte close, déglutissant avant de pénétrer à l'intérieur de la salle sans même signaler son arrivée.

—Lieutenant Levi ?

Petra se tenait aux côtés de Christa, allongée sur un lit et en possession de ses moyens. Elles observaient toutes deux leur ainé qui s'avança lentement jusqu'à elle.

—Erwin t'a demandé de venir ?

—Il ne m'a pas vraiment demandé.

La brigadière fronça les sourcils, interdite face à cette répartie qui laissait entrevoir la sombre humeur de son homologue. L'infirmière semblait moins mal en point que ce que les autres avaient pu imaginer. Un bandage barrait le tour de son crâne et son teint était plus pâle qu'à l'ordinaire.

—J'ai des questions pour toi, affirma Levi, sans autre forme de procès. Tu penses pouvoir répondre ou je ne fais que perdre mon temps ?

—Je peux répondre, répondit Christa.

Petra sourit légèrement, avec la même solliciter qui la caractérisait. Ses yeux d'un brun automnal trouvèrent ceux azurs de l'autre jeune femme avant de se braquer sur les orbes gris et troubles de son supérieur.

—Je lui ai déjà posé quelques questions, lieutenant Levi et il faut qu'elle se repose.

—J'en ai pas pour longtemps. Toute l'enquête repose sur ce qu'elle va répondre alors la fatigue passe après.

La brigadière choisit de ne pas répondre et un bref silence s'installa. Le policier maudit Erwin pour cette tâche avant de sortir son calepin. L'absence d'Hanji ne fut même pas remarquée, comme oubliée par tout ce qui semblait nettement plus important.

—Depuis quand n'as-tu pu vu ton père et quels liens entretenais-tu avec lui ?

—Ca doit faire un an, peut-être un peu plus, dit Christa après un instant de réflexion. Je n'ai jamais vécu chez lui et je l'ai connu assez tard. Je ne le considère pas vraiment comme mon père.

A partir de ce stade, les questions s'enchaînèrent sans discontinuer. La blessée fut précise dans ses réponses, balayant d'un revers de main les soupçons qui l'incombaient. Levi ne faisait preuve d'aucune pitié, redevant le soldat sans scrupule qu'il se plaisait à afficher.

La jeune femme ne savait rien de son père ou rien de plus que ce qui était strictement officiel à savoir sa profession et le scandale subi. Elle avait eu quelques échos au moment où son laboratoire avait explosé. Elle semblait totalement perdue face aux quelconques objectifs de son père qu'elle n'imaginait en aucun cas s'en prendre à un être humain. Cette nouvelle lui arracha une expression étonnée suivit d'une véritable incompréhension. Petra prit la parole, la dérobant à son supérieur en demandant à son tour :

—Est-ce que ton père aurait des raisons de s'en prendre à Eren ?

—Non, je ne vois pas pourquoi.

Levi jeta un regard à la brigadière sans la morigéner pour autant. Il griffonna quelques mots sur son calepin de manière aussi machinale que détachée.

—Le nom de Grisha Jaeger te dit quelque chose ? s'enquit-il, d'une voix froide, imperturbable.

Christa s'autorisa un instant de réflexion qui instaura le doute dans son esprit. Les syllabes lui semblèrent familières et son esprit créa les liens rapidement, installant la lumière où tout était sombre. Elle avança alors ces quelques paroles, illustrations parfaites de l'incertitude de ses pensées :

—Il me semble qu'il y avait un procès ou ... quelque chose d'autres. Ca remonte à des années et je crois que mon ... père a eu des problèmes avec celui d'Eren. Je veux dire, des problèmes judiciaires, peut-être par rapport à son laboratoire. Je ne sais pas.

—Faut qu'on creuse ça, affirma Levi, sans la moindre compassion pour sa cadette qui semblait au supplice.

Une œillade le lia à Petra qui opina vigoureusement avant de sourire à la patiente. De cela, le lieutenant se voyait entièrement incapable. La pression du mensonge pesait sur ses épaules en plus de l'incroyable responsabilité dont usait Erwin avec doigté. Ainsi, tout ce faisait d'une intense complexité, détruisant les possibilités et les chances de s'en sortir sans dommages.

—Tu saurais où trouver ton père ? N'importe quoi comme endroit, le premier truc qui te vient à l'esprit.

Une nouvelle fois, Christa s'octroya la peine de penser avant d'apporter les quelques mois capables de changer le cours de l'enquête. La moue soucieuse, elle finit par répondre :

—Son ancienne maison ?

—Elle est vide, rétorqua durement le policier.

—Celle de son enfance ? Elle est située à la campagne il me semble.

—Déserte depuis des années.

Contrariée par cet évident échec, l'infirmière s'enfonça dans les oreillers qui soutenaient tant bien que mal son dos. Les déboires de son corps l'handicapaient plus que de raison mais elle s'estimait chanceuse de ne pas avoir perdue la vie. Elle ne portait aucune rancune à l'égard d'Eren, son instinct et sa logique lui hurlaient que ce dernier en souffrait au moins autant qu'elle. Un fléau que son père avait certainement crée et qui était la cause de tant de malheur.

—Le ... laboratoire ?

Levi nota ce simple mot sur son carnet et seuls ses yeux marquèrent l'ébauche de solution. Comment n'y avaient-ils pas songé auparavant alors que l'idée lui semblait maintenant si évidente ? A l'instant où il allait passer le seuil de la porte, déterminé à ne pas s'éternisait une seconde de plus inutilement, la voix claire de Christa l'en empêcha :

—Vous pensez que mon père est le responsable ?

—Et toi, tu crois honnêtement à son innocence ? renchérit le trentenaire, suivant les mêmes intonations en plus de sa froideur caractéristique.

—Je ne sais pas, il est presque un étranger pour moi.

—Alors crois-moi que s'il est coupable, il payera ce qu'il a fait et je ferai tout pour ça. Tu as ma parole d'honneur !

Et sur ces fiers dires, l'homme quitta la salle et abandonna ses interlocuteurs. Prêt à rejoindre Eren qui devait l'attendre sagement à l'appartement, l'adulte traversa les couloirs sans jamais se perdre. Il croisa à nouveau quelques membres du personnel aux mêmes mines déconfites. Il sortit du bâtiment dans la hâte, ses courtes jambes avalant la distance sans souffrir la moindre faiblesse.

Soudain, la vibration insistante de son portable se fit ressentir dans la poche intérieure de sa veste. D'un geste las, Levi sortit l'appareil de sa prison de tissu avant de découvrir avec horreur les mots inscrits sur l'écran :

Le cacher aura été inutile. Votre petit jeu n'aura servi à rien, lieutenant Levi. 


Le retour de Christa qui, visiblement, ne semble coupable de rien. Bluff ou non ?

(Oui, je compte réellement faire comme si je n'avais pas un jour de retard sur ma publication :))

Le ton se durcit encore tout en rentrant dans la dernière phase de cette histoire. Eren est retombé entre les mains de son agresseur et il peut faire de lui ce qu'il lui plait !

Sur ces charmantes paroles, je vous souhaite une belle semaine ~

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