Chapitre 11 - La famille Ophell
Le continent de Tientinildh était connu pour être plus pauvre que celui d'Heïllanore cependant, le royaume d'Orondd s'en sortait mieux que son voisin, notamment grâce à ses ressources aquifères. Entre le lac Zukkir et les deux ports construits sur les côtes de l'océan, la pêche était l'une des activités principales du pays, que ce soit dans un but commercial ou seulement pour se nourrir.
Le royaume était également très connu pour ses rizières, uniques à Thamarèthe, qu'on trouvait le long du fleuve Eokré ou de celui de Slayth ou encore sur les berges du lac. Le riz ainsi produit était exporté et vendu à Heïllanore et garantissait une source de revenu fiable et régulière.
Malgré ces ressources, que les autorités s'efforçaient de faire exploiter au maximum, la pauvreté rampait toujours à Orondd. Certains parvenaient évidemment à se créer une vie confortable malgré cette situation, surtout des propriétaires terriens qui faisaient exploiter leurs terres par des employés, qui s'échinaient dans les rizières, ou les marchands qui commerçaient avec Thamyre via le canal d'Eluville, ce qui était justement l'une des raisons principales à la construction de celui-ci.
La majorité d'entre eux n'approchait jamais ce qu'ils vendaient et ce qui leur permettait de maintenir leur train de vie aisé, à l'exception des quelques inspections de leurs terres que certains effectuaient parfois, certainement plus pour admirer leur propriété que pour s'intéresser à ce qui y poussait, et ils géraient, pour la plupart, leurs affaires depuis la capitale, Karynnksy.
La ville, la plus grande du royaume, trônait dans une plaine à mi-chemin de la rive ouest du fleuve Slayth et de la est du fleuve Eokré, entourée de rizières, à quelques kilomètres de la frontière avec Reynelsky. Certains travailleurs y vivaient, dans les quartiers modestes en périphéries des secteurs les plus riches, et avaient une marche de quelques heures à faire chaque jour pour se rendre dans les rizières.
Les citadins avaient l'habitude de chercher à égayer les murs bâtis avec les pierres grises et légèrement poreuses qu'on trouvait à Tientinildh en les ornant de gravures ou de plantes grimpantes. Les demeures les plus aisées étaient décorées de véritables fresques dont on animait et colorait les gravures avec une résine, dont chaque maçon avait son propre secret de la préparation. Les constructions traditionnelles étaient pourvues de toits pentus qui se prolongeaient au-dessus des façades jusqu'à former des auvents,sous lesquels les taverniers installaient leurs tables et leurs chaises en extérieur. Des lampes, carillons ou grappes de toutes sortes de petits objets, pendaient à leurs poutres. Les plus riches étaient recouverts de tuiles vernies, le plus souvent rouges ouvertes, mais la majorité était de planches de bois à la peinture délavées à cause de la pluie ou de la lumière du soleil.
Le palais royal était construit avec ce style architecturale traditionnel. L'édifice était connu pour son impressionnante tour principale, qui était même officieusement le symbole d'Orondd.S'élevant sur plusieurs mètres en dominant la capitale de toute sa hauteur, elle était composée de plusieurs étages concentriques qui semblaient comme posés les uns sur les autres, du plus grand au plus petit jusqu'à se terminer par un toit en pointe. Les auvents si typiques du royaume dépassaient de sous l'étage supérieur et chacun avait une couleur différente des précédents, déclinant ainsi tout le nuancier de l'arc-en-ciel.
Le reste du palais était plus classique, composé de différentes riches ailes qui s'organisaient autour d'un grand jardin intérieur.
Certaines parties étaient évidemment privées et réservées à l'usage personnel de la famille royale, comme la salle à manger située dans l'aile privée.
A part quelques domestiques passant régulièrement pour servir les plats ou remplir les coupes de vin, qui se déplaçaient discrètement et s'esquivaient sans le moindre bruit, se faisant à peine remarquer, seules quatre personnes s'y trouvaient, attablées autour d'une longue table marquetée.
Le souverain du royaume, Willheim Ophell, siégeait en bout de table, à la place du maître, sa position à table traduisant celle qu'il occupait socialement dans le royaume. A sa droite se trouvait son épouse, Ajina, initialement issue d'une famille noble de Port Potanek au sud-est du royaume. A côté d'elle mangeait la fille aînée du couple royal, Astrid, âgée de bientôt vingt-cinq ans et toujours sans époux, ce qui faisait de plus en plus jaser dans les hautes sphères d'Orondd et même des autres royaumes.
Face à elles, était installé Théobalde Ophell, à gauche du souverain, prince du royaume et frère de Willheim. Ses traits paraissaient être le reflet de ceux de Willheim mais un reflet déformé. Là où le souverain portait ses cheveux courts et déjà blancs malgré sa petite cinquantaine, Théobalde les avait longs, noués sur la nuque et encore foncés, poivre et sel, mais, surtout, il arborait une large cicatrice qui barrait sa joue droite en remontant jusqu'à son front.
Pendant que le reste de la famille conversait tranquillement de sujets sans grande importance, principalement les dernières nouvelles qui avaient plus ou moins secoué les sphères de la noblesse, Théobalde demeurait silencieux, feignant de préférer se concentrer sur son assiette devant lui.
La conversation dévia sur les nouvelles rumeurs qui couraient à Thamyre, des histoires sans intérêt particulier, comme la fugue du fils cadet d'une famille puissante d'Eluville, mais qui semblait passionner la noblesse, transmises par Fanathie, actuelle reine de Thamyre et sœur cadette de Willheim et Théobalde.
Son mariage avec Williame De Ohcaire avait scellé une solide alliance entre les deux royaumes, dont la plus grande concrétisation avait été la création du canal d'Eluville.
Ajina terminant de résumer la lettre de sa belle-sœur, par laquelle elle leur avait partagé ces nouvelles, Willheim commenta avec un certain dédain :
« Et bien, Fanathie semble avoir une vie fort paisible si tout ce dont elle a à se soucier sont ces affaires. Elle ne doit pas avoir grand-chose dont se préoccuper au sein de son royaume.
- Peut-être mais elle a au moins réussi à donner un héritier à son royaume. Celui-ci n'en attendait pas davantage d'elle. Rétorqua Théobalde sans relever les yeux de son repas, semblant de rien.
- Tenterais-tu de nous faire passer un passer un message, mon frère ? Demanda Willheim d'un ton bas qui voilait à peine la menace.
- Seulement que ton héritier continue à se faire attendre. Je crois même que certains ont déjà cessé de l'attendre mais il ne faudrait pas vous attarder trop longtemps. La nature fait que vous ne disposez plus que de quelques années pour tenter de donner un héritier à notre royaume. Répondit Théobalde, toujours aussi détaché.
- Il n'y a pas nécessairement besoin d'un héritier mâle. Nous sommes déjà deux descendantes royales, signala Astrid avec une certaine réserve, je me sens tout à fait apte à assurer un règne, avec quelques conseils et...
- Ce ne sont pas quelques conseils qui changeront le fait que tu es une femme, chère nièce, l'interrompit Théobalde. Contente-toi de te préoccuper de trouver un époux. A ton âge, ça va devenir de plus en plus difficile.
- Pour une rare fois, je donne raison à ton oncle. Approuva Willheim et Astrid préféra ne pas insister.
- Quant à ta sœur, il n'est même pas utile d'en parler, soupira Théobalde. Peut-être est-ce finalement mieux qu'aucun garçon ne soit né, il aurait risqué de se révéler tout aussi souffrant que Dorothéa. Cependant, méfie-toi, mon frère, car, tant qu'aucun héritier mâle ne voit le jour, je suis susceptible d'accéder au trône, si jamais il t'arrive quelque chose. Même si je reconnais qu'il serait plus logique que j'ai moi-même un fils qui héritera du royaume.
- Il me semble que tu as tout prévu, sauf le fait que tu n'es même pas marié, railla Willheim. Comment comptes-tu avoir un fils sans épouse ? Et comment comptes-tu trouver une épouse ? Quelle femme voudrait de toi avec ta cicatrice ? Tu es défiguré.
A la remarque moqueuse de Willheim, Théobalde contracta les mâchoires à se briser une dent et serra les mains sur le rebord de la table, se blanchissant les jointures.
Inquiète de la manière dont la conversation tournait, Astrid baissa la tête en se concentrant exagérément sur son assiette déjà presque vide,sachant que son oncle risquait d'entrer dans une des colères que provoquait systématiquement l'évocation de la cicatrice qui marquait son visage. D'ailleurs, Willheim savait parfaitement quelle réaction il allait provoquer chez son frère avec ces paroles. Il les avait justement formulées dans ce but.
Il était celui qui avait laissé cette impressionnante cicatrice sur le visage de Théobalde.
Les deux jumeaux ne s'étaient jamais entendu, leur enfance et adolescence avaient été ponctuées de disputes de plus en plus violentes, et, même aujourd'hui, alors qu'ils avaient franchi la cinquantaine, ils continuaient à s'adresser régulièrement des piques ou des provocations, comme durant ce dîner, en une habitude malsaine qui leur avait probablement été insidieusement instillée au fil des ans par leurs parents, les grands-parents d'Astrid et Dorothéa.
Ça n'avait certainement pas été volontaire de leur part, pas au point de pousser les deux garçons à se détester si viscéralement du moins.
Le problème avait été que, étant jumeaux et tous les deux des garçons, le droit d'aînesse n'avait pu s'appliquer pour désigner l'héritier du royaume. Pour les départager, leurs parents avaient donc décider de choisir le fils qui aurait su prouver qu'il était plus compétent et meilleur que son jumeau. Cette rivalité,entretenue par leurs parents, visant à les départager, s'était mué en une haine mutuelle et farouche, dont le paroxysme avait été l'affrontement durant lequel Théobalde avait hérité de cette cicatrice.
Leur père approchant de la fin de sa vie, il était devenu urgent de départager les jumeaux et de nommer officiellement un hériter. Pour ce faire, un combat opposant les deux frères avait été organisé.Willheim avait gagné et Théobalde avait perdu, écopant en plus d'une grave blessure dont la cicatrice lui rappelait perpétuellement son échec et le triomphe de son frère, qui avait connu la prospérité du règne alors que lui avait été handicapé par cette défaite, qui l'avait toujours suivi en l'empêchant d'accomplir la moindre chose.
Il ne s'était jamais réellement remis de l'issue défavorable à son égard de ce combat. Son animosité profonde envers Willheim avait été renforcée par sa rancune brûlante, dont il ne se cachait même pas réellement. La grande mésentente entre les jumeaux était connue de tous.
Des rumeurs circulaient d'ailleurs dans tout Orondd sur leur relation délétère. On racontait que Théobalde cherchait à se venger de son frère, qu'il ne guettait que le bon instant. Certains prétendaient même que, si leurs parents, les anciens souverains du royaume, étaient morts seulement quelques jours après que Théobaldes se soit remis de sa blessure, c'était car il n'y était pas étranger. Après tout, l'empoisonnement était une pratique qu'on racontait être répandue dans les sphères de la royauté,mais, personne n'avait jamais pu prouver qu'il avait une quelconque responsabilité dans la mort de leurs parents.
Dans le doute, Willheim avait pris l'habitude de ne jamais rien avaler que lui aurait apporté son frère ou tout simplement quelque chose qui aurait pu être à sa portée. Conseil qu'il avait également donné au reste de sa famille.
Les épaules tremblantes, Théobalde semblait sur le point de lancer son assiette ou sa coupe de vin au visage de Willheim pour lui faire payer sa remarque, tellement que Astrid se tassa sur son siège,craignant de recevoir un coup perdu, et que Ajina hésita à appeler la garde pour stopper cette nouvelle querelle avant qu'elle n'éclate réellement. Ça n'aurait pas été la première fois que les gardes du palais auraient dû intervenir pour séparer les jumeaux.
Heureusement, Théobalde inspira profondément et retrouva son calme, en tout cas, en apparence.
Se fendant d'un sourire plus haut d'un côté que de l'autre, légèrement torve, il répondit à Willheim :
- Oh tu as certainement raison. Sans compter que je ne souhaiterais pas prendre le risque d'avoir un enfant et qu'il s'avère être comme Dorothéa. Un seul malade dans notre famille est amplement suffisant. D'ailleurs, pourquoi vous obstinez-vous à la garder parmi nous ? Tout serait plus simple si vous vous débarrassiez d'elle une bonne fois pour toute plutôt que de vraiment tenter de rendre son trouble maîtrisable et gérable. Par ailleurs... »
Ses paumes que Astrid abattit soudainement sur la table, menaçant de renverser sa coupe de vin, interrompirent le monologue de son oncle.
Le reste de la tablée releva des yeux écarquillés et choqués sur la jeune femme. Si plus personne ne s'étonnait des querelles qui éclataient fréquemment entre Willheim et Théobalde ni ne s'en formalisait, que quelqu'un d'autre ose bafouer les règles de bienséance avait de quoi offusquer, surtout lorsqu'il s'agissait de la princesse or, interrompre un membre de la famille royale, d'autant plus son oncle, à qui elle devait le respect dû à son âge.
Aujourd'hui cependant, Astrid s'en moquait. Elle en avait suffisamment entendu pour un seul dîner. Par ailleurs, elle ne supportait plus que son oncle l'attaque mais, surtout, attaque Dorothéa, pour atteindre Willheim, qui n'en avait que peu à faire, laissant sa cadette pourrir dans ses appartements sans s'en soucier.
Ne respectant pas davantage l'étiquette, la jeune femme se leva de table sans saluer personne puis, elle quitta la salle à manger sans en avoir reçu l'autorisation.
Perdue dans ses pensées contrariées, elle avança machinalement dans les couloirs de l'aile privée réservée à la famille royale du palais sans réfléchir à l'endroit où elle se dirigeait. Les quelques domestiques qu'elle croisa la saluèrent de profondes révérences sans véritablement s'attarder auprès d'elle.
Ce fut seulement lorsqu'elle manqua de heurter une servante chargée d'un plateau qui contenait un repas semblable qu'elle venait par finir qu'elle comprit qu'elle se dirigeait vers les appartements de sa sœur.
A force d'entendre son père et son oncle parler d'elle, elle avait inconsciemment gagné les appartements de Dorothéa.
Saisissant l'occasion de la visiter, elle proposa à la domestique de s'occuper d'amener son repas à la seconde princesse elle-même et la femme obéit, ayant certainement encore d'autres tâches à effectuer. Légèrement déséquilibrée par le poids du plateau, auquel elle n'était accoutumée contrairement aux serviteurs,Astrid parcourut les derniers mètres qui la séparaient encore des appartements de sa sœur.
Comme toujours, leur accès était solidement verrouillé par une serrure sophistiquée dont la clé était suspendue sur le mur lambrissé à côté. L'attraper tout en s'efforçant de ne pas renverser le plateau, le maintenant en équilibre sur un genou, releva d'une véritable épreuve pour Astrid. Soudainement, elle admirait les domestiques qui étaient capables de faire différentes choses tout en étant chargés.
Ouvrant la porte, elle s'annonça en appelant sa sœur mais, comme bien souvent, aucune réponse ne lui parvint.
Le plateau toujours en main, elle commença à explorer les lieux à la recherche de sa cadette.
Les appartements étaient extrêmement bien tenus, comme toujours, pas un grain de poussière ne traînait sur les meubles, pas un coussin n'était déplacé ni un seul plis n'apparaissait sur les rideaux ou les tapis. Les cheminées avaient également été allumées pour réchauffer les différentes pièces.
L'ensemble du palais était évidemment parfaitement entretenu, de nombreux domestiques y veillaient soigneusement. Les appartements d'Astrid étaient d'ailleurs tout aussi propres mais, ici, c'était davantage comme si personne n'y vivait. Il y avait comme un sentiment de vide, d'abandon et de solitude qui s'en dégageait. Il fallait dire que, avec l'état dans lequel elle se trouvait la majorité du temps, Dorothéa ne faisait que peu usage de ses appartements.
Toujours aussi encombrée par le plateau, Astrid poussa la porte de la chambre principale.
Dorothéa s'y trouvait bien, assise sur un fauteuil aux pieds et aux accoudoirs élégamment arqués poussé face à la large fenêtre, observant le monde extérieur qu'elle ne pouvait plus rejoindre.
Plusieurs secondes furent nécessaires à la jeune fille pour remarquer que quelqu'un se trouvait dans sa chambre avec elle, même si Astrid l'appela doucement. S'en apercevant à retardement, elle se tourna vers son aînée sans se lever de son fauteuil et lui sourit, heureuse de la voir. Les visites d'Astrid étaient rares, la jeune femme n'en ayant que peu l'occasion,mais elles réjouissaient toujours Dorothéa.
Malgré leur cinq ans de différence, les deux sœurs auraient pu sembler jumelles tant elles partageaient de traits physiques en commun, entre leurs épais cheveux bruns tirant sur le roux, bien que ceux d'Astrid soient savamment coiffés alors que ceux de Dorothéa ondulaient librement dans son dos, leurs yeux clairs et leur visage en arrondi, même si les traits de Dorothéa étaient peut-être plus doux, peut-être car aucun fard ne les recouvrait.
Elle portait une robe simple,pouvant se le permettre puisqu'elle ne quittait pas ses appartements, et, par-dessus, une chemise aux manches particulièrement longues qui se nouaient dans le dos de manière à lui immobiliser les bras, limitant grandement ses possibilités de mouvements. Cette mesure était pour restreindre les effets de sa maladie aurait pu avoir sur son comportement, tout comme son enfermement, même si celui-ci servait également à limiter l'éventuel scandale en exposant la princesse souffrante, ou comme le traitement qui la plongeait dans ce genre d'état second qui réduisait fortement ses temps de réactions, comme présentement.
Astrid ignorait si la maladie, comme la qualifiait le reste de la famille,dont souffrait sa sœur nécessitait tant de précautions mais les directives de leurs parents étaient claires et personne n'y dérogeait, même si Astrid défit la chemise qui contraignait Dorothéa. Cette dernière s'étira avec un soupir d'aise,soulageant ses articulations et ses muscles endoloris.
Aidée par Astrid, les mains légèrement tremblantes, elle prit son repas tout en échangeant avec sa sœur. Elle mettait un certain temps avant de répondre aux paroles d'Astrid, cherchait ses mots sans parfois les trouver mais son aînée ne la brusquait pas et attendait toujours qu'elle parvienne à s'exprimer.
Inquiétée par les rumeurs qui circulaient sur son état, certainement peu fondées et même parfois fantasques, les domestiques qui venaient nettoyer ses appartements ou lui apporter de quoi manger ne s'attardaient jamais et se contentaient de la saluer sans réellement lui adresser la parole, probablement suivaient-ils également les ordres de ses parents. Ces derniers venaient quelques fois par semaine, surtout Ajina, mais elle ne faisait que se lamenter en se demandant pourquoi les trois divinités vénérées à Tientinildh lui avaient donné une fille comme ça, souffrant de ce mal. Dorothéa préférait donc qu'elle s'abstienne de venir, elle en avait assez qu'on la renvoie sans cesse à son statu de malade incurable, elle en avait assez d'être uniquement considérée comme une personne souffrante. Seule Astrid ne s'arrêtait pas à sa maladie et voyait la personne qu'elle était derrière sa maladie.
Heureusement que sa sœur était là.
Certainement car elles avaient toujours vu leur père et leur oncle se déchirer, elles avaient construit leur relation fraternelle sur un modèle totalement opposé et elles s'efforçaient de se soutenir, même si Astrid ne pouvait venir que rarement.
Être princesse ne rendait pas l'existence plus aisée, bien au contraire, et, parfois, Dorothéa se demandait si il n'aurait pas mieux valu pour elle d'être définitivement une paria, pour courir librement à travers Thamarèthe, comme les Déchus.
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