Chapitre 72 : Chaos
L'odeur du sang donna le vertige à la fille de l'empereur, suffoquant elle s'appuya contre l'un des pilonnes. Reprenant son souffle, elle tenta de reprendre ces esprits alors qu'en contre-bas elle entendait des bruits d'affrontements. Tout c'était passé si vite, elle avait été réveillée en pleine nuit par Urvashi. Son cœur s'était arrêté de battre, lorsqu'elle avait compris ce qu'il se passait, une rébellion. Comment diable n'avait-elle pas put le prévoir ? Sans attendre, elle s'était emparé de son glaive et avait enfilé un plastron de bronze, saisit sa lance et son bouclier. Lorsqu'elle déboula dans le hall principal du palais, la fumée envahissait les lieux, le mobilier avait été renversé, les braseros chaviraient tandis que les flammes dévoraient les tapisseries. Certains des gardes romains et d'autres inconnus gisaient sur le sol, dans des mares de sang.
— Cassiopea, est-ce que ça va ? se renseigna Urvashi, inquiète.
— Oui, tu as trouvé Hellions et Crixo ? demanda Cassiopea, alors qu'elles se rabattirent contre l'un des murs.
— Non, et votre garde a été décimé, exposa Urvashi, grave.
La fille de l'empereur serra les poings, alors qu'une tonne de questions l'assaillaient, comment n'avait-elle pas put prévoir pareille attaque ? Et les légionnaires ou étaient-ils ? Sa famille ? Trop de questions s'emmêlaient. Elle secoua vivement la tête, lorsqu'elles tombèrent nez-à-nez avec un groupe de mercenaires. Vive comme l'éclair, elle dégaina son glaive et fondit dans la bataille, alors qu'Urvashi fit de même. Cassiopea esquiva l'attaque du premier mercenaire, elle embrocha le second, puis écarta un autre en le frappant violemment de son bouclier. Tournoyant sur elle-même, elle pourfendit tous ceux qui tentèrent de l'approcher, elle égorgea un énième. Quelques instants plus tard, le duo féminin avait évincés une quinzaines d'hommes.
— Urvashi, tu vas bien ? s'enquit Cassiopea en reprenant son souffle.
— Oui, acquiesça Urvashi en scrutant les alentours.
La fille de l'empereur défaillit lorsqu'elle aperçut le sénateur Calion d'une démarche conquérante fendre la foule, tel un paon. Sa garde rapprochée s'évertua à lui frayer un chemin sans qu'il ne daigne à bouger le petit doigt. Elle comprit rapidement qu'il était l'un des cerveaux de la rébellion, et il ne devait pas être seul. Un mépris et une haine sans nom s'empara d'elle, alors que sons sang bouillonna, elle ne l'épargnerait pas, il périra.
— Ou allons-nous désormais ? Interrogea Urvashi, en reprenant son souffle.
— Ma volière, il me faut prévenir les légionnaires. Je dois les diriger vers un point d'entrée stratégique, exposa Cassiopea, en se redressant.
Sans attendre, le duo s'engagea dans un long corridor, évinçant, pourfendant tout ceux qu'ils croisaient, sans qu'elles ne ralentissent leurs allures. Enfin, arrivée à la volière d'un sifflement les deux aigles de la jeune femme volèrent jusqu'à elle, et se posèrent près d'elles. Elle s'empressa de gratifier les premiers ordres sur un petit bout de parchemin, en alliant la simplicité et l'efficacité. Elle usa d'un langage strictement militaire, dont elle remercia le ciel d'en avoir été dispensé afin que ces interlocuteurs comprennent rapidement ces ordres.
— Ma Dame ! S'écria Lucius, et sa compagnie en accourant à la rencontre.
La fille de l'empereur fut soulager de constater que le garde et sa compagnie était intacte, bien qu'elle décelait chez eux des traces d'affrontements. Leurs fronts étaient plissés par la gravité, du sang taché leurs armures, tandis que leurs souffles étaient rapides et que des filaments de sueur suintait de leurs fronts et visages.
— Lucius, qu'on-est-il de la situation ? demanda rapidement Cassiopea, avec précipitation.
— Ma Dame, ils ont pris l'aile Ouest, et l'aile Est du palais, ainsi que le Nord, ils ne tarderont pas à investirent les lieux, informa Lucius, grave.
— Avez-vous des nouvelles de mes frères ? Et de mes belles-sœurs ? interrogea Cassiopea, en resserrant la prise sur sa toge.
Le souffle de la fille de l'empereur s'accéléra, elle connaissait parfaitement les quartiers du palais, et savait que ceux-ci étaient bien protégés et dotaient de passages secrets, dont seuls la famille GLADIUS ont avait le secret. Elle pria les dieux pour que ces frères aient eut le bon sens de protéger et rediriger les servantes, leurs épouses par ces passages. L'un des passages secrets permettait passer sous le palais, et de ressortir près de la forêt, suffisamment loin de la cité. Chaque quartier possédait une entrée, un tunnel menant à un long passage.
— Nous avons croisé les seigneurs Cassius et Galadius, ils se battaient aux côtés de leurs gardes dans les jardins principaux, près de la fontaine du dieu Jupiter, rapporta Lucius, ils nous ont dépêchés de vous chercher et vous escortez jusqu'à la porte des Lions, continua le soldat.
La porte des lions étaient l'un des passages secrets dérobés situait derrière une statue de lion, ce passage mener directement à la forêt. Éberluée, elle comprit rapidement ce que ces frères attendaient d'elle. Ces frères désiraient qu'elle quitte la citadelle, qu'elle se mette à l'abri le temps qu'ils reprennent le dessus ? Non, il n'en était pas question. Il fallait qu'elle défende Rome, elle ne pouvait pas s'enfuir.
— Il est hors de question que je quitte les lieux, contesta Cassiopea en secouant négativement la tête.
— Ma dame, s'il vous plaît. Tenta l'un des soldats.
— Non, Sinius ! Rome est en proie aux flammes, je ne peux pas fuir, il me faut aider du mieux que je peux mes frères, et mon père, trancha Cassiopea, intraitable.
Les soldats secouèrent la tête, mais se soumirent à la volonté de leur maîtresse, ce n'était nullement le moment de se quereller. Une explosion de plus fit trembler Rome tout entier, ni réfléchissant pas, la fille de l'empereur accourut sur l'un des balcons. C'est là qu'elle aperçut que les légionnaires étaient là dehors, et qu'ils essayaient de forcer l'entrée à boulet de canons et d'explosifs. Malgré la distance, elle repéra Sebastianus, Mathius et Decimus, des amis de ces frères, qui étaient des commandants militaires à la tête des légionnaires. Elle aperçut aussi les rebelles barricadaient l'entrée, alors que d'autres déferlaient partout dans Rome tel des serpents. Une colère monstrueuse monta en elle, alors qu'elle serra les poings jusqu'au sang.
— Et mes belles-sœurs et ma mère ? Demanda Cassiopea, tout en griffonnant un rapide message sur un petit parchemin.
Elle s'empressa d'enrouler le parchemin puis le glissa dans l'étui au niveau de la patte de chacun de ces aigles. Par les airs, les messages arriveraient plus vite, et l'urgence exigeait d'être le plus efficace possible. D'un autre sifflement, elle invita tous ces oiseaux à s'en aller, elle ne pouvait pas les laisser ici, elle était certaine que les rebelles mettraient feu à sa volière. Les oiseaux s'envolèrent à la hâte et fondirent en direction de la montagne, particulièrement de la forêt. Puis elle reporta son attention sur ces deux aigles, dont elle caressa affectueusement les plumes.
— Voler hors de portée des archets, invita Cassiopea à ces rapaces. Trouver Sebastianus et Mathius.
Comprenant l'ordre de leur maîtresse, le couple d'aigles laissa échapper un cri perçant puis s'envolèrent rapidement, ils disparurent dans l'immensité du ciel une destination bien en tête. Elle avait confiance en ces aigles, ils ne failliront pas car elle les avait suffisamment dressé et entraîné. Le cœur plus léger, elle reporta son attention sur le reste du groupe qui attendait ces ordres, son esprit stratège tournait à plein régime.
— Les Dames Megara, Statia et Titia ont été mise en sureté, nous y avons veillé personnellement, informa Lucius, avec une certaine légèreté.
La fille de l'empereur laissa échapper un soupir de soulagement, alors qu'elle remercia le bon sens de ces frères, tout autant. Cependant, un détail l'interpella ou était ces parents ? Elle doutait qu'ils restent sans rien faire, et leurs appartements étaient assez retirés dans l'aile Nord, il fallait passer plusieurs barrages de gardes pour arriver jusqu'à la porte de leurs appartements. Sachant que leurs quartiers, comptaient une succession de quatre doubles-portes jusqu'à celle de leur chambre conjugale.
— Et ma mère ? fit Cassiopea, en fronçant les sourcils.
— Nous l'avons cherché, mais nos recherches ont été vaines. Le seigneur Cassius a dit qu'elle était à la recherche de votre père, et que sa garde était à ces côtés, relata Lucius, le souffle court.
La romano-gauloise acquiesça sans dire un mot, elle savait que jamais sa mère ne partirait de Rome sans son père. Et la garde de celle-ci ferait de même. Ces frères devaient être activement à la recherche de leurs parents. Son père ? Ou était-il ? Si sa mère avait pris la peine de se lancer à la recherche de celui-ci, il ne devait pas être rentré pour la nuit. Certaines fois, il s'endormait à la bibliothèque, ou il flânait sur les côtes telle une âme en peine, ou encore il observait distraitement le ciel, sans se préoccuper du temps qui découlait.
— Qu'en-est-il de nos troupes sur place ? interrogea Cassiopea, en jetant un coup d'œil en contrebas.
— Ils tiennent mais les rebelles sont trop nombreux, il leur faut des renforts, informa Lucius, en grimaçant.
Un instant, la fille de l'empereur réfléchit à ce qu'elle pourrait faire pour ralentir les hommes. En jetant un œil aux différents bâtiments, elle s'aperçut en jetant de nouveau un œil en contrebas, que le plus gros des troupes se concentraient dans les ruelles, et qu'ils ne faisaient pas attention aux hauteurs. Le vent vint furieusement fouetter son visage, mais elle n'y fit pas attention. Le paysage qui s'offrait à elle, lui lacéra le cœur, Rome brûlait, et saignait et cela l'attristait et l'affligeait. Après tous les efforts qu'elle avait fait pour que Rome prospère, il avait fallu que le danger vienne de l'intérieur des murailles non pas de l'extérieur. L'émotion la rendu muette, alors qu'elle se fit violence pour ne pas verser des larmes, non elle ne donnerait pas satisfaction à ces rebelles, il en était hors de question.
— Rassemblez les archets, dites-leurs d'investirent les toits des hauts bâtiments, nos ennemis sont concentrés sur nos troupes à pieds, mais pas sur leurs hauteurs, indiqua Cassiopea en pointant du doigt les différents bâtiments intactes.
Sans attendre, Sinius s'empressa de rompre les rangs et d'exécuter l'ordre de sa maîtresse accompagné de Falco. La cité trembla de plus belle, des blocs de pierres fracassaient sans pitié les portes principales de la cité, afin de forcer le passage mais sans succès. La fille de l'empereur savait que ces portes étaient très résistantes, il fallait une force de plus de dix tonnes pour en venir à bout.
— Dans les caves, il y a plusieurs barils d'alcools, et d'huiles, récupérer-les et fracasser les sur le plus gros des combats, et du haut des toits, ensuite jetez-y du feu, tout s'enflammera. Ceci nous accordera le temps nécessaire, pour nous replier et nous accorder du répit, continua Cassiopea, alors que son cerveau était en ébullition.
Justus ne perdit pas de temps et à son tour accourut transmettre les ordres de leur maîtresse au pas de course. Le tumulte des combats étaient de plus en plus violents, et les étendards ornaient d'un lion flottaient furieusement au vent, alors que les cris d'agonies et de guerre s'emmêlaient au choc des boucliers et le tintement des lames.
— Ma dame, je me dois de vous informer de quelque chose, commença Lucius, en cherchant ces mots.
— Qu'il y a-t-il ? Parle, pria Cassiopea, alors qu'un mauvais pressentiment l'assaillit.
Lucius eut un regard entendu avec sa compagnie, puis sembla danser une jambe sur l'autre, puis prit une grande inspiration. Il planta son regard peiné dans celui de la princesse de Rome qui déglutit, alors qu'une main invisible se refermait sur sa gorge.
— Nous avons aperçut Ares, votre gladiateur. Il menait les rebelles dans l'enceinte du palais, il est leur chef. Il a dit que personne ne devait s'en prendre à vous, au seigneur Hypérion mais qu'il s'occuperait d'abord de l'empereur, raconta Lucius, alors que ces iris brillaient de haine.
Le monde de la romano-gauloise s'interrompit soudainement, alors que son cœur fit une violente embardée dans sa poitrine. Sa gorge s'assécha, tandis que son souffle se coupa et que son monde s'écroula autour d'elle. Les paroles du soldat raisonnèrent en elle, comme le ferait les cloches que l'on utilisait dans les temples. Ares ? Ares était l'investigateur de tout ça ? Comment diable pouvait-il lui faire cela ? Après tout ce qu'ils avaient traversé, endurés ?
— Ou est ton épouse ? Demanda Hypérion, en frappant violement un rebelle de son bouclier.
— En sureté, avec Statia et Megara. Et surtout loin d'ici, déclara Maximus, en décapitant un rebelle d'un seul coup de glaive.
— Et Cassiopea ? se renseigna Hypérion, avec espoir qu'elle ne soit dans le feu des affrontements.
L'héritier des GAIUS repoussa d'un violent coup de botte un rebelle, tandis qu'il transperça l'autre de plein fouet de sa lance. Dos à dos avec Maximus, c'était en cherchant la fille de l'empereur qu'il était tombé sur le cousin de celle-ci, ils s'étaient donc alliés pour combattre tout ceux qu'ils croisaient et surtout rejoindre les autres.
— Elle n'était pas dans ces appartements, il y a eu des traces d'affrontements. Elle est bien protégée ne t'en fait pas, et de tout manière, elle ne quittera pas Rome, c'est plus que certain, concéda Maximus, en secouant la tête, alors qu'il esquiva de justesse un coup qui lui aurait couté le bras gauche.
Du plat de sa lame, le neveu de l'empereur riposta puis égorgea l'un des rebelles qui s'écroula dans une mare de sang en s'étouffant avec son propre cri. L'héritier des GAIUS soupira et secoua la tête, d'un côté il était exaspéré d'apprendre que sa bien-aimée ne quitterait pas la citadelle, tandis que d'un autre, il priait pour que les dieux lui soient favorables dans le tumulte des combats et dans ce chaos omniprésent.
— N'as-tu pas peur pour elle ? s'évertua Maximus, en donnant un coup de tête à un ennemi.
— Comment le pourrais-je ? Elle sait se débrouiller et s'est se battre. Nombre d'hommes trembleraient devant elle, et cette rébellion ne vise que l'empereur, concéda Hypérion, en se rabaissant au dernier moment.
Après maints combats, le duo se dissimula dans un endroit sombre et reprirent leurs souffles, alors que leurs cœurs battaient la chamade et que leurs poumons étaient en feux. En jetant un œil par-delà, l'un des pilonnes. Le duo déglutit en découvrant le paysage de désolation qui s'étendait face à eux. Des bâtiments en proie aux flammes, des vasques renversaient, le tumulte de batailles assourdissantes, c'était le chaos le plus total. Une odeur de chair brûlé vint leur retourner l'estomac, tandis qu'ils battaient en retraite afin de se soustraire au paysage cauchemardesque qui se déroulait devant eux.
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