Chapitre 2


Malheureusement, ce n'était pas aujourd'hui que j'allais enfin en voir la couleur...

Ma peau rougie me rappela que je n'avais jamais vu la couleur de mon sang, je n'ai jamais saigné que ce soit par blessure ou par obligation biologique. Bon nombres de fois nous avons consulté pour ce problème de menstruation et à chaque fois la même réponse: "Tout semble normal, elle ne devrait pas tarder à les avoir". Le fait est que je ne les ai jamais eue, à presque dix-huit cela devenait inquiétant. 

Ma mère cherchait encore la raison tandis que je laissais couler, je ne compte pas avoir d'enfant alors l'utilité ne m'est guère important. Par contre les maladies qui peuvent en découdre me préoccupent plus. En résumé, je faisais partie des un pour cent de femmes qui ont de sérieux problèmes de fertilité.

J'avais évoqué dans ce carnet la possibilité que je sois un vampire, dû notamment à l'absence de sang. Ce n'est qu'en me cassant le pied que j'ai rejeté cette hypothèse.

-Taylor ?, cria ma mère des escaliers.

-J'arrive !

À toute vitesse, je rejoignis ma mère qui me tendit le téléphone. Je regardai le numéro et celui de Miranda s'afficha. Un sourire discret se plaça sur mon visage en imaginant la raison de son appel sur mon fixe.

-Miranda Lewis ?, demandai-je.

-Taylor Anderson ?, m'imita t-elle.

-Que me vaut l'honneur de ton appel... sur mon fixe ?

-J'ai cassé mon téléphone et je suis punie de sortie... Oui tu peux rigoler.

Ce que je fis en demandant le pourquoi du comment.

-Je suis enceinte, m'avoua t-elle.

-Quoi ?!, criai-je en m'étouffant.

-Je rigole, ils m'ont vu piquer la voiture l'autre jour.

En même temps, cette fille est le parfait opposé de la discrétion. On continua de discuter pendant une bonne heure avant de raccrocher à l'annonce du déjeuner. Le repas se passa dans le calme. Les journalistes débattaient sur les différentes hypothèses de la mort de Matthieu et des autres. Parfois ils parlaient de la lune de sang qui aurait lieu le soir même. Un phénomène rare qui ne se produira pas de si tôt. Ma mère se préoccupait peu de ce phénomène, j'essayais d'en faire tout autant mais la curiosité me freinait.

-Maman ?

-Oui chérie ?

-Je me demandais, pourquoi tu ne veux pas qu'on regarde en famille la lune de sang comme tout le monde ici ?

-Si tu veux la regarder c'est ton choix ma chérie mais je préfère travailler ce soir.

-Ce n'est pas comme ci une heure allait te mettre en retard, tentai-je de la convaincre.

-Je n'en ai pas envie plus que ça, demande à ton père ce soir.

-Il ne voudra pas et tu le sais.

Je reposai les couverts dans mon assiette et l'apportai dans l'évier en jetant le peu de reste de nourriture. Ma mère soufflait d'exaspération sûrement. Elle marmonna quelque chose d'incompréhensible avant de se lever pour se placer face à moi.

-C'est quoi ce comportement, c'est juste une lune de sang ce n'est pas la remise de diplôme ou je ne sais quoi.

-Et alors, ça n'a pas besoin d'être important aux yeux de tout le monde. J'ai envie qu'on le regarde tous ensemble, ça ne te suffit pas ?

-Demande à Miranda.

-Elle est punie.

Elle haussa les épaules et partit chercher ses clés de voitures. Avant de partir, elle m'indiqua les tâches à faire dans la maison. Je me retrouvai à nouveau toute seule, ça arrivait de temps à autres. La présentatrice continuait de monologuer sur l'actualité. L'affaire du petit Matthieu et des autres passèrent au moment où j'allais éteindre la télévision.

-Étrange, murmurai-je.

Les incohérences étaient trop nombreuses, aucune théorie ne permettait de relier chaque fait. Une chose était sûre, c'était des griffes d'animaux qui avaient égorgé les victimes. Je coupai la télévision avant de m'embarquer dans des complots farfelues du gouvernement.
A ce moment précis, la flemmardise n'avait jamais était aussi dure à combattre. Je rassemblais toutes les forces qui étaient en moi et exécutai toutes les tâches laissées par ma mère. Lorsque mon travail se termina, je fis un somme inattendu sur le canapé du salon. Je me sentais plongée dans un monde de paix. Mon rêve me parut flou à voir et à comprendre. Je ne saisissais qu'une infime partie de ce que je voyais. Les eaux troubles de mon esprit se dissipaient peu à peu et je pus découvrir mes parents, en face de moi, debout, les bras croisés.

-Eh bien jeune fille, il faut dormir la nuit, gronda mon père.

Je me relevai difficilement et constatai qu'il était presque neuf heure du soir. Ma mère m'ordonna d'aller me doucher et de les rejoindre après. En un rien de temps, je les retrouvai dans le salon adjacent à la cuisine. Leur regard ne présageait rien de bon pour moi. La petite voix dans ma tête me soufflait que je deviendrai probablement la nouvelle Cendrillon de la ville. Ils commencèrent par épiloguer sur les différentes morts avant de passer à la partie qui m'intéressait le plus, à savoir mon futur proche.

-Par mesure de sécurité, l'un de nous deux restera en permanence avec toi quoi qu'il arrive.

-Ce n'est pas un peu extrême comme solution ?, demandai-je.

-On ne fait pas confiance aux autres Taylor. Comprends-nous, s'il t'arrive malheur on ne se le pardonnerait jamais.

-Je comprends après tout, ce n'est pas comme si j'avais le choix, murmurai-je.

J'en profitais pour annoncer à mes parents que je comptais sortir dans le parc voisin afin d'apercevoir la lune de sang. Tout deux se regardèrent et se rendirent à l'évidence qu'ils ne pouvaient pas tout m'interdire. A ma grande surprise, mon père se dévoua et nous sortîmes de la maison en direction du parc. Sur la route, je ne cessais de jeter des coup d'œil derrière moi. Je me sentais suivie, cette sensation disparue lorsque nous arrivâmes à destination. Pendant un instant, je repensai à tout ce que j'aimais dans l'étrange beauté du surnaturel.

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