Chapitre XVRévélations


Anaïs

Le prêtre me regarde avec surprise, tout comme mon Servant. Ils me dévisagent et je prends conscience de ma bêtise : j'ai parlé à voix haute. Je me décale légèrement derrière Gilgamesh, pour prendre mes distances avec l'homme en face.

Il faut savoir qu'il apparaît dans Fate/Apocrypha. Il est l'ancien Ruler de la Guerre Sainte du jeu mais comme il reste dans l'histoire, il devient un nouveau Master, celui de l'équipe des rouges (vous n'avez pas besoin de tout comprendre). Tout ça pour dire : s'il est là, c'est que ça va être la merde.

Pour autant, à ma surprise, le Amakusa Shirô m'a souris et s'est légèrement incliné devant nous.

« Je suis ravi de voir que des personnes me connaissent... C'est un véritable honneur. Permettez-moi de me présenter comme il se doit : je suis Amakusa Shirô Tokisada, de classe Ruler.

- Ru... ler... ? , m'étonne-je.

- Oui. L'Église a eu de nombreux problèmes à gérer cette année, et personne n'a pu être disponible dans les temps. J'ai donc été invoqué par le Graal lui-même pour préserver le bien être de la Guerre Sainte. »

C'est bizarre... Pourquoi un Ruler... ? Attends... Ne me dîtes pas qu'on est dans une situation comme Fate/Apocrypha (donc deux équipes de sept qui s'affrontent) ?! Non... pas possible. Je l'aurai su, quand-même. Et Gilgamesh m'aurait prévenue. C'est quand-même bizarre...

« On s'en fou, de tout ça. , coupe Gilgamesh, agacé. On n'est pas venu pour ça. »

Je ne dis rien, ne souhaitant pas m'interférer dans cette histoire. Pour ma part, je ne veux pas que Gilgamesh se sacrifie pour moi, alors qu'il voulait participer à cette Guerre. Si je fais part de mes idées, je risque de passer un sale quart d'heure...

« Vraiment ? , s'étonne Ruler, semblant réfléchir. Eh bien, je pensais qu'il était toujours intéressant de savoir à qui nous avions à faire, surtout pour la Guerre. Dans tout les cas, si jamais il y a un soucis, vous savez que vous pourrez vous réfugier ici. , sourit-il. Je vais faire comme si je ne savais pas qu'un Servant était venu ici, comme c'est la première fois. Cependant, ...

- Je t'ai dis que je m'en fous, de tout ça. , se répète Gilgamesh, agacé. Je déteste me répéter, bâtard, donc je ne le dirai pas trois fois. On n'est pas ici pour la Guerre. »

Le prêtre nous regarde dubitatif puis semble réfléchir.

« Dans ce cas-là, pourquoi venir ? Il ne manquait plus que vous deux ici, donc la Guerre va véritablement commencer. Je ne comprends ce que vous voulez dire.

- On ne participera pas à la Guerre. Qu'est-ce qu'il y a de compliqué à comprendre, là-dedans ? , peste mon Servant. Je suis ici pour mettre ma Master à l'abri, rien d'autre. »

Un silence pesant s'installe entre les deux Servants mais l'homme aux cheveux blancs finit par rigoler doucement, à ma plus grande surprise.

« Je vois... Je dois avouer que ça m'arrange, pour être honnête. Comme tu n'es pas un Servant « normal », que tu n'as aucune classe, cela m'aurait mis dans l'embarras. Finalement, j'ai été invoqué pour rien, si vous ne participez pas, tout les deux.

- Comment ça ? , m'étonne-je, ne comprenant pas.

- La réalité est que j'ai été invoqué car un problème est survenu lors du choix des Masters : un Master en trop a été sélectionné. , commence-t-il à nous expliquer avec gentillesse. Je me devais donc de diriger cette Guerre qui ne serait pas comme les autres. Mais comme vous ne semblez pas vouloir participer, cela règle le problème ! Je ne pensais pas que vous surviviez pour venir jusqu'ici, alors quand je vous ai vu, je me suis dis que ça allait être une Guerre bien complexe ! , rigole-t-il doucement.

- On en a rien à foutre, de tes problèmes. , gronde mon Servant non identifié. Qui plus est, me battre alors qu'un « Ruler » est dans les parages, non merci. Je suis libre de ce que je veux faire, bâtard ! »

Il souffle lourdement puis se tourne vers moi, énervé.

« Viens. On va te mettre en sécurité ici. »

Je ne réagis pas, perdue dans mes pensées. Les paroles d'Amakusa Shirô me perturbent, surtout la dernière phrase.

« Anaïs ? , s'étonne Gilgamesh.

- Comment ça... « Je ne pensais pas que vous surviviez pour venir jusqu'ici »... ? » , demande-je, inquiète.

Le Roi s'apprête à m'engueuler, comme à son habitude, mais semble réaliser quelque chose. Il lâche un « Tss » puis s'apprête à me parler mais le prêtre l'arrête avant.

« Eh bien, je pense que je n'étais pas le seul à être au courant de ce problème. Je me suis dis que des assassins allaient venir pour vous tuer. Mais mon hypothèse était peut-être fausse. » , réfléchit-il.

D'un seul coup, tout devint claire dans ma tête. J'ai à ce moment-là tout compris depuis le début. J'ai compris d'où venait tous mes problèmes : le Graal. J'ai été choisi en « erreur », et tout a coulé de source. Ces hommes qui ont voulu m'enlever, le jour où j'ai invoqué Gilgamesh par erreur... Ils étaient déjà au courant. Ils savaient pour ma marque. C'est pour ça qu'ils étaient surpris que j'invoque mon Servant si tôt. C'est pour ça que Gilgamesh n'a pas de classe bien spécifique : c'est une erreur, comme moi. Peut-être que c'est une erreur, aussi, le fait que je puisse voir Gilgamesh alors qu'il est dans sa forme spirituelle ? Le fait que j'ai tout oublié sur les Guerres Saintes avant que le Roi d'Uruk me réexplique ce que c'est, c'était aussi une erreur. Si je n'avais pas eu cette marque, je me serais rappelée de tout. C'est aussi à cause de ça que ma famille... est morte. C'est parce que j'ai la marque qu'ils sont morts. C'est parce que je ne suis pas partie au Japon plus tôt qu'ils sont morts. Tout... est de la faute du Graal... et de la mienne. C'est de ma faute si ma famille... est morte.

Mes jambes s'écroulent et les deux Servants me regardent avec surprise, se demandant ce qui se passe. Des larmes montent à mes yeux et j'ouvre ma bouche pour dire quelque chose, mais rien ne sort. Mon Servant s'approche vers moi et soupire, me tapotant ma tête tandis que l'autre regarde la scène, se rendant compte qu'il avait peut-être dis quelque chose qu'il ne fallait pas.

« Anaïs. Calme-toi. , me rappelle le blond aux yeux rouges sangs. C'est bon, ici, il n'y aura plus rien. Tu es en...

- C'est... de ma... faute, n'est-ce pas... ? , demande-je, sous le choc. C'est de ma faute... s'ils sont... morts... ? »

Le Roi des Rois me regarde, ne comprenant pas sur le coup.

« Si... j'étais venu ici plus tôt... Ils n'auraient jamais... tué mes parents et mes sœurs... hein ? , demande-je, les larmes commençant à couler encore plus. Ils m'auraient peut-être tué... mais jamais n'auraient fais quelque chose contre ma famille... hein ? Pour... Pourquoi... ? » , pleure-je.

Gilgamesh ne dit rien et me donne un coup sur la tête.

« On ne sait pas ce qui aurait pu se passer. Ne te préoccupe pas de ça. , dit-il sèchement. Ce n'est pas de ta faute. Tu n'aurais rien pu faire, dans tout les cas.

- Mais... Mais... »

Il m'assène un coup derrière mon cou pour m'assommer, sans doute pour que je ne réfléchisse plus et que je me calme.

*

Gilgamesh

Je récupère ma Master qui tombe sur moi, complètement assommée. Ce n'est pas bon... Elle commence à beaucoup trop réfléchir. C'est pas bon du tout, même. Si elle commence à penser qu'elle est la coupable, je ne sais même pas ce qui pourrait se passer après.

Je la mets dans mes mains et me relève, me tournant vers le Servant de classe Ruler, dont, étonnamment, je sens qu'on ne va pas s'entendre.

« Où est-ce que je peux la mettre en sécurité ? » , demande-je, plus que sérieux.

Il semble réfléchir à quelque chose mais je le réveille, agacé par toute cette histoire. Après tout, la personne qui devrait s'en vouloir, c'est moi, pas elle : je n'ai pas été capable de protéger sa famille.

« Je te parle, bâtard. Où est-ce que je peux la mettre en sécurité ? »

Il me regarde puis sourit gentiment, la pire chose que je déteste. Il me fait signe de le suivre et nous arrivons dans une chambre assez simple mais suffisant pour qu'elle puisse se reposer. Je la mets dans le lit et réfléchis quelques instants, me demandant comment procéder maintenant.

« Si je puis me permettre... Des assassins vous ont suivi, n'est-ce pas ? , demande le Servant à côté de moi.

- Évidemment, bâtard. Qui ne viendrait pas pour essayer de la mettre de son côté ou la tuer pour récupérer son Servant ? , m'énerve-je.

- Je m'en doutais... Mais je ne sais pas si je pourrais la protéger. » , m'avoue-t-il.

Je me tourne vers lui, les dents serrés. Il commence à sérieusement me gonfler, celui-là...

« Si elle ne fait plus partie de la Guerre Sainte, ici, ce n'est censé être qu'une Église. De plus, pour ce qui est de votre cas... Je pense qu'il faudrait vous donner à un nouveau Master ou alors que vous disparaissiez, tout simplement. »

Je ne dis rien, savant très bien qu'elle est ma situation. Je me tourne vers la porte et sors sans un mot. Je m'arrête à la sortie de la chambre et tourne ma tête vers lui, le regard noir.

« Il me semble que ça ne te concerne pas. J'ai reçu une demande de ma Master. Je compte bien la respecter jusqu'à ce que je ne meurs. Tant que la Guerre Sainte n'est pas fini, je resterai ici. Et je vengerai sa famille. Aussi bien pour elle que pour moi. »

Je sors de la pièce, agacé. Aku... tu vas le regretter. Tu vas regretter ce que tu as fais.

*

Gilgamesh – le lendemain

Je suis assis sur l'un des bancs de l'Église. Ça me rappelle des souvenirs, avec l'autre débile de Kirei Kotomine... Il n'y a personne, hormis le prêtre de mes deux qui est en train de prier. Ça m'inquiète... Elle ne s'est toujours pas réveillée.

J'entends à ce moment-là des bruits de pas, venant de l'intérieur de l'Église. Tiens, en parlant du loup. Ruler et moi nous tournons vers la personne qui arrive. Tiens... ? J'ai la sensation... qu'il y a quelque chose d'étrange. Elle ne dégage pas la même sensation que d'habitude. Comme si... elle était vide. Anaïs nous regarde, perdue, ayant du mal à marcher. Elle s'accroche à la porte pour ne pas tomber et ouvre la bouche, mais rien ne sort.

« Qu'est-ce que tu nous fais ? , m'étonne-je, étonné de son comportement. Tu ne sais plus marcher ? Quelle idée de dormir aussi longtemps, aussi... » , fais-je l'idiot.

En réalité, Anaïs m'inquiète beaucoup. Après tout ce qu'elle a subi... Il est normal qu'elle soit dans cette situation. Tout à fait normal, même. Mais j'ai peur qu'un gros problème n'arrive... et qui puisse tout réduire à néant.

Elle nous regarde étrangement, se posant beaucoup de questions. Elle tourne la tête dans ma direction puis celle du Ruler plusieurs fois de suite. Elle semble perplexe mais pour le moins du monde effrayée.

« Oh, je te parle, Anaïs ! » , m'énerve-je, me relevant de mon siège.

Elle me regarde de nouveau, semblant réfléchir, mais rien ne semble lui venir en tête. Attends... Elle commence à sérieusement m'inquiéter, là...

« Qui... êtes-vous... ? Qui est... Anaïs... ? » , demande-t-elle avec une toute petite voix, perplexe, comme si c'était la première fois qu'elle parlait de toute sa vie.

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