Chapitre VIII : Daoud



Serena conduisit Aeshma dans une pièce attenante aux bains. Deux hautes banquettes de pierre avaient été maçonnées en son centre et des étagères en bois supportaient toute une collection de fioles de différentes tailles. Y étaient aussi rangés différents instruments en bois qu'on pouvait utiliser pour masser certaines parties du corps, des strigiles, des peignes et des ciseaux. Deux coffres ouverts contenaient du linge et des serviettes. Une table en bois ouvragé et deux fauteuils complétaient l'ameublement. Les murs étaient peints à fresque, l'ocre et le jaune, rehaussé de bleu, dominaient et créaient une ambiance chaude et accueillante. Insérées dans de grands panneaux rectangulaires, des scènes mythologiques qu'Aeshma n'identifia pas, égayaient l'ensemble.

Serena délaça les caligaes de la gladiatrice, les lui retira, puis elle lui dénoua son pagne. Quand elle fut nue, elle enjoignit Aeshma de se coucher sur l'une des banquettes de pierre. Elle s'excusa ensuite de devoir la laisser un moment seule et lui promit de revenir très vite.

Aeshma avait posé sa tête sur ses avant-bras croisés et elle ferma les yeux, gagnée par une douce torpeur. La douleur la réveilla. Elle n'ouvrit pas les yeux, mais gémit doucement. Des doigts glissaient sur son dos supplicié, parfois doux, parfois insistants. Elle se força à se détendre et remisa sa fierté. Exprimer son inconfort quand la douleur était trop vive, lui permettait de ne pas inutilement se crisper. La jeune fille n'était qu'une esclave domestique, une soigneuse, elle ne la mépriserait pas. Les soins ne présentèrent rien d'agréable, mais Aeshma en retira beaucoup de soulagement. Serena devait utiliser un onguent très semblable à celui que fabriquait Atticus.

On va s'occuper de ta cuisse maintenant.

Aeshma s'arrêta de respirer, elle ouvrit les yeux et regarda par-dessus son épaule.

Atticus ?

Je suis impressionné par ta capacité à me reconnaître, répliqua le médecin d'un ton goguenard.

Mais, qu'est-ce que tu fais ici ?

Un homme s'est présenté ce matin au ludus et a demandé à parler au laniste à qui appartenaient les deux femmes gladiatrices qui avaient assisté au dîner du propréteur. Il a été envoyé à Téos à qui il a remis des tablettes. Je ne sais pas ce qu'il y avait écrit dessus, mais Téos m'a fait appeler, m'a demandé d'emballer tout ce dont j'avais besoin si je devais soigner ta sale tête de lard et ordonné de suivre l'homme qui attendait dans un coin.

— Tu es là depuis longtemps ?

— J'ai quitté Patara après la deuxième heure. Tu es dans un sale état, Aeshma.

— Je vais crever ?

— Non, pas encore, rit Atticus.

— Alors on s'en fout.

— Cette fois-ci, tu garderas de très vilaines cicatrices.

Comme si cela avait de l'importance.

Aeshma ne séduit pas, elle choisit, lança la voix narquoise d'Atalante.

Aeshma se redressa à genou pour venir ensuite s'asseoir sur le bord de la banquette. La grande rétiaire, adossée contre le mur, souriait bêtement de sa plaisanterie. On eût dit une gamine qui avait trop vite poussé. Elle paraissait surtout heureuse, détendue.

Qu'est-ce que tu fous là, Atalante ? grommela Aeshma

On m'a dit que tu t'inquiétais pour moi.

Qui t'a dit ça ? se renfrogna plus encore la Parthe.

La domina.

Atalante n'ajouta rien, mais sa mine ravie parlait pour elle. Cette idiote rayonnait de joie à l'idée qu'Aeshma eut pu s'inquiéter pour elle. La Parthe ne comprenait pas l'affection que manifestait la jeune Syrienne à son égard. Pourquoi elle cherchait si obstinément son attention. Atalante était un peu plus âgée qu'elle et elle se comportait comme une petite fille. Elle ne la collait pas vraiment et elle ne lui imposait jamais sa présence, mais Aeshma sentait son affection. Elle aimait Atalante parce que c'était une bonne combattante et qu'elle appréciait ses compétences martiales. La Syrienne s'entraînait avec opiniâtreté, désirait progresser et se montrait une adversaire dangereuse et inventive. Une adversaire comme les aimait Aeshma. Mais elle repoussait le désir idiot que manifestait Atalante à vouloir être plus proche d'elle. Aeshma ne voulait être proche de personne. Ne s'attacher à personne. Elle avait aimé peu de gens dans sa vie. Ils étaient tous morts ou ils avaient disparu. Et elle n'avait tissé qu'une seule fois des liens affectifs depuis qu'elle était devenue esclave.


***


Elle n'était encore qu'une apprentie. Daoud aussi.

Ils avaient approximativement le même âge. Il venait de Judée. Il était râblé, vif, doté d'une musculature sèche, mais impressionnante. Téos l'avait repéré sur un marché à Antioche. Il avait parié sur ses possibilités et l'avait acheté pour en faire un thrace ou un hoplomaque. Il le forma à être rétiaire. Daoud maniait le filet plombé avec une déconcertante facilité.

Il lançait et ramenait des filets depuis qu'il avait sept ans. Le Judéen avant d'être vendu par son patron, exerçait le métier de pêcheur. Il aimait raconter des histoires et il connaissait des dizaines de chansons ayant toutes plus ou moins trait à la mer. Des chansons aux mélodies joyeuses, aux paroles parfois idiotes. Des chansons qui le plus souvent, invitaient à la nostalgie.

Il chantait pour lui avant de chanter pour les autres. C'était ce qui avait sans doute séduit Aeshma. Elle aimait l'écouter chanter. Quand un entraînement les avait meurtris, quand le jeune garçon avait été battu parce qu'il avait fauté ou qu'Herennius l'avait trouvé paresseux, il s'asseyait dans un coin de la cour et il chantait. Aeshma avait d'abord trouvé cette habitude idiote et si elle ne s'était pas jointe aux quolibets des autres apprentis ou des gladiateurs aguerris, c'était simplement parce qu'elle n'avait pas envie de hurler avec les loups. Mais Daoud chantait aussi lors des soirées festives, des célébrations de victoires et des fêtes religieuses. Il possédait une très belle voix.

Victor, un mirmillon comme lui originaire de Judée, s'était pris d'affection pour le jeune garçon et plus personne ne l'avait jamais embêté, parce que tous finirent par convenir qu'il égayait la vie de la familia. Mais ce n'était pas pour cette raison qu'Aeshma aimait écouter Daoud. Elle, ce qu'elle aimait, c'était l'entendre entonner des chants mélancoliques.

Ils s'accordaient avec son humeur sombre.

Parfois, Daoud se levait la nuit et partait chanter dans un lieu isolé. S'ils campaient quelque part sur les routes entre la Dalmatie et la Cappadoce, Daoud s'éloignait des tentes. S'il était apprécié des hommes préposés à la garde du camp, il les rejoignait près du feu et chantait. S'ils logeaient dans un ludus ou dans une caserne aménagée pour des gladiateurs, il s'isolait dans un coin reculé.

Les apprentis logeaient ensemble, dans la même pièce ou dans la même tente, à même le sol, enroulés dans des couvertures de laine grossière qui sentaient encore le suif des années après avoir été tissées. Aeshma avait le sommeil léger et il était rare qu'elle n'entendît pas l'un de ses camarades se lever. Si c'était Daoud et qu'elle se sentait d'humeur, elle attendait qu'il se fût éloigné et elle partait à sa suite. Elle restait hors de vue, que ce fût de celle de Daoud ou des gardes s'il y en avait et elle disparaissait quand le jeune garçon se relevait pour rejoindre sa couche.

Malgré la discrétion dont elle faisait preuve, Daoud avait fini par déceler sa présence. Il y prêta attention et s'aperçut qu'elle le suivait très souvent. Il ne lui révéla pas qu'il savait qu'elle venait l'écouter. Il respecta très longtemps son désir de discrétion. Il avait l'impression d'être le gardien d'un secret que dissimulait la jeune fille. Pourtant, une nuit, alors qu'ils se trouvaient dans un ludus mis à leur disposition pas la ville d'Ancyre, leur relation jusqu'alors très distendue prit une dimension nouvelle. Daoud s'était enfin résolu à l'interpeller :

Shamiram...

À l'époque, elle ne portait pas encore son nom de gladiatrice et tout le monde la connaissait sous ce seul et unique nom jusqu'à ce qu'elle en changea après avoir gagné son premier combat sur le sable.

Elle s'était renfoncée dans l'ombre du mur contre lequel elle était assise.

Pourquoi tu te caches toujours ? continua Daoud. Je sais que tu m'écoutes. Comme je sais que tu m'écoutes à chaque fois que je chante la nuit. Tu as beau être aussi discrète qu'un hérisson à l'arrêt, je sais que tu es là.

Aeshma n'avait rien répondu. Elle n'avait pas non plus bougé de sa place.

Tu peux rester où tu es, Shamiram. J'aime que tu sois là... Je me sens en sécurité quand je te sais cachée dans l'ombre. C'est comme si tu veillais sur moi. Comme si Elohim m'avait envoyé un protecteur.

Aeshma s'était renfrognée. Il racontait vraiment n'importe quoi, elle ne savait même pas qui était cet Elohim.

Il lui expliqua plus tard que c'était l'un des noms du dieu qu'il adorait. Daoud était très pieu, mais il n'adressait jamais de prières aux dieux qu'affectionnaient les gladiateurs. Il n'avait jamais fait d'offrande à Némésis, leur préférée. Il avait remarqué que la petite Parthe ne faisait jamais d'offrandes non plus et qu'elle affichait un profond mépris pour tout ce qui avait trait aux superstitions et aux pratiques magiques. Il s'était intéressé à ses croyances, elle avait haussé les épaules avec dédain et lui avait déclaré ne croire qu'en elle. Tout ne dépendait que d'elle : sa vie, son avenir, sa santé.

Oui, mais... avait tenté de protesté Daoud.

Ton Elohim, n'a pas empêché que tu naisses esclave, l'avait durement coupé Aeshma. Tu aimais la mer, tu te vantes d'avoir été un bon pêcheur, mais ton maître n'a pas hésité à te vendre à Téos. Dans un ans, tu disputeras ton premier combat dans une arène. Ce ne sont pas tes prières qui t'éviteront d'être égorgé, mais ton savoir-faire, ton intelligence, la qualité de l'entraînement d'Herennius, le sérieux dont tu auras fait preuve à l'entraînement. Et ceci se répétera à chaque combat. Ta survie, la gloire, la richesse, tu ne les devras qu'à toi-même. Comme si un jour tu obtiens l'épée de bois. Rien qu'à toi, pas à ton dieu muet qui se fout de toi et qui n'existe même pas, conclut-elle avec hargne.

Parfois le gladiateur est victime de la malchance.

Non, il est victime d'une erreur ou parfois d'un empoisonnement, mais là encore, il n'a qu'à s'en prendre qu'à lui-même, à son manque de prudence.

Shamiram lui sembla bien amère pour une si jolie jeune fille. À quatorze ans, malgré son corps endurci et sculpté par la discipline imposée par Téos et Herennius, elle avait encore la grâce rêveuse d'une enfant. Deux ans de discipline exigeante n'avaient pas encore su effacer son enfance.

Shamiram possédait une flamme intérieure. Daoud l'admirait parce qu'il sentait qu'elle gardait hors de portée des autres une partie intacte de ce qui la définissait comme personne. Comme lui, elle était esclave, mais quelque part au fond d'elle-même, au fond de son cœur, de son âme, Daoud avait entendu résonner un chant de liberté. Il s'aperçut très vite en la connaissant mieux qu'elle n'en était pas consciente. Sa vie et tout son être était tendue vers un seul objectif. Se battre, survivre, gagner.

Elle ne rechignait jamais à un entraînement, elle écoutait attentivement les conseils que le doctor ou les gladiateurs expérimentés lui dispensaient. Elle ne se plaignait jamais. Elle était dure, peu communicative, renfermée, mais elle aimait l'entendre chanter, parfois pendant des heures.

Daoud, qui aspirait à s'en faire une amie, avait compris qu'il ne gagnerait son estime qu'en s'appliquant lors des entraînements, en ne se plaignant jamais, en se montrant respectueux des autres. Shamiram ne commettait jamais de larcin, elle ne médisait jamais sur les autres, elle savait tendre une main quand un de ses camarades en avait besoin, offrir une gourde, aider un blessé. Herennius ne pouvait être que fier d'avoir une telle apprentie. Elle avait pourtant ses côtés sombres. Elle ne pardonnait pas les coups bas, les crasses. Elle était solitaire et prétendait n'aimer personne, mais Daoud l'avait souvent vue défendre ou venger un camarade même à qui elle n'avait jamais parlé.

Elle avait adhéré au sens de l'honneur des gladiateurs. Dans la familia, ils se respectaient entre eux. Ils se battraient peut-être un jour à mort, ils seraient peut-être amenés à s'égorger, mais seulement parce que c'était la règle.

Un gladiateur était digne. La mesquinerie, la roublardise des tire-laines, la lâcheté des plébéiens, ne pouvaient avoir cours dans la familia. Si Shamiram était témoin d'un manquement à l'honneur dans leur groupe d'apprentis, le coupable s'en mordait ensuite les doigts. Garçons, filles, quel que soit l'âge ou la taille, elle considérait que l'honneur de leur groupe nécessitait qu'elle punît le coupable. Elle avait même osé s'en prendre à des gladiateurs confirmés.

Ses petits règlements de compte n'avaient pas toujours plu. Ses victimes avaient tendance à ne plus pouvoir bouger pendant deux jours, si ce n'était pas plus. Elle avait souvent été punie, mais cela ne l'avait jamais empêchée de recommencer, et quand un jour, elle tomba sur plus fort qu'elle, Herennius, prévenu par Daoud, ne mit pas fin à l'affrontement, puis à la correction que le solide gladiateur infligea à la jeune fille, avant que celle-ci ne gît inconsciente dans le sable. Il avait seulement signalé sa présence au gladiateur. L'homme avait compris la mise en garde. Les filles étaient précieuses, particulièrement Shamiram dont le potentiel promettait une brillante carrière. Le gladiateur n'avait donc porté aucun coup mortel, aucun coup qui aurait mis la santé et l'intégrité de la petite apprentie en danger. Elle méritait cependant une leçon.

Daoud se réchauffait à la flamme qu'il voyait briller derrière le regard de Shamiram. Il y puisait de la force et de la confiance en lui-même. Quand le découragement le prenait, quand le mal du pays lui étreignait le cœur, quand le bleu de la mer plantait en lui les griffes du regret, il la cherchait du regard. Il la trouvait en train de frapper comme une brute sur le palus, le visage fermé, ruisselant de sueur, la main assurée sur la garde de son épée de bois, ou assise, isolée et taciturne. Il se remémorait ses bagarres, sa présence silencieuse dans la nuit quand il chantait, et il reprenait courage.

Il l'aimait.

Aeshma de son côté, s'était attachée à celui qu'elle appelait l'adorateur d'Elohim. Ils mangeaient souvent l'un à côté de l'autre, ils partageaient leurs gourdes lors des pauses à l'entraînement. Aeshma lui avait aussi donné des conseils, elle l'avait encouragé à s'entraîner plus durement, à venir après le dîner se battre avec elle. Comme ils n'avaient plus d'armes à leur disposition, ils luttaient au corps à corps. Aeshma était douée et elle aimait cette discipline qui faisait partie intégrante de leur formation.

Elle avait oublié en sa compagnie que les gladiateurs ne vivaient pas longtemps, que la carrière des meilleurs excédait rarement dix ans. Beaucoup ne combattaient pas au-delà de quatre ou cinq ans.

Un combattant courageux et habile ne mourait que rarement dans l'arène, bien que cela arrivât parfois. Il mourait le plus souvent des suites d'une blessure. Les entraînements usaient les gladiateurs. Les hommes libres, s'ils n'étaient pas stupides ou dévorés par l'appât du gain, ne renouvelaient pas leur contrat et abandonnaient la carrière avant qu'il ne fût trop tard.

L'esclave ne bénéficiait pas de cette liberté, de cette porte de sortie honorable. La mort ou le déshonneur seuls le libéreraient de la gladiature. Libre ou esclave, le gladiateur échappait souvent à la mise à mort. Il évitait plus difficilement les blessures. Téos avait acheté Atticus à prix d'or sur un marché de Pergame. Le médecin de la familia avait été formé en Grèce et Aeshma se demanda souvent comment un homme de sa valeur avait pu se retrouver sur un marché, ce qui avait pu pousser son maître à le vendre. Atticus était un magicien, il possédait des mains de guérisseur. Mais même lui avait ses limites. Toute blessure n'était pas curable. Certaines ne guérissaient pas. On pouvait en mourir ou rester à jamais diminué, impropre à combattre, inutile et quitter le métier. L'homme libre retournait à sa vie d'avant, l'esclave dans le meilleur des cas, se verrait offrir un travail dans la familia comme masseur, valet, cuisinier, il pouvait même être acheté par un gladiateur et devenir son esclave personnel. Dans le pire des cas, il était abandonné sur le bord d'une route. Le plus souvent, il était revendu par son laniste, soucieux de récupérer un peu d'argent.

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Aeshma avait disputé son premier combat dans une petite arène en bois où se pressaient moins d'un millier de spectateur. Téos, bien qu'il pariât sur la réussite de sa petite Parthe, n'avait pas voulu la confronter pour sa première fois à un public trop nombreux. Lors de leur premier combat, beaucoup de gladiateurs impressionnés ou au contraire gonflés de fierté, perdaient leurs moyens, se montraient imprudents et échouaient lamentablement. Le public n'éprouvait curieusement aucune mansuétude pour les débutants et il ne pardonnait pas leur maladresse ou leurs erreurs. Si un vétéran obtenait le plus souvent la missio, il n'en allait pas de même pour les novices. S'ils perdaient leurs premiers affrontements, une fois sur quatre, ils ressortaient par la porta libitina, celle par laquelle on évacuait les morts. Trois fois sur cinq ils mourraient quand, pour la première fois, ils foulaient le sable d'une arène. Un laniste trop ambitieux gâchait alors deux ans, voir trois ans de préparation, d'investissement. Bêtement. Téos présentait toujours ses novices dans des munus modestes, même des combattants aussi prometteurs que l'avait été son actuel champion, le mirmillon Castor, même Aeshma qui outre ses indéniables qualités martiales, était une femme.

Aeshma avait déjà combattu trois fois quand Daoud prit part à son premier munus. Elle avait aussi changé de nom. La Parthe ne s'était pas inquiétée, il était très habile, prudent et très vif. Elle assista à sa prestation. Et pour la première fois peut-être depuis qu'elle avait été achetée par Téos, elle avait senti ses entrailles se nouer.

Daoud avait gagné, il avait épuisé le mirmillon contre lequel il se battait, mais Aeshma l'avait vu par deux fois retenir ses coups, arrêter son trident à quelques millimètres du cou, puis de l'abdomen du mirmillon. Une faute impardonnable. Les combats n'excédaient pas quelques minutes. Un bon gladiateur devait offrir un joli spectacle au public, un combat qui l'impressionnait, mais il ne devait jamais oublier qu'à chaque entrée sur la piste, il y jouait sa vie. Son avenir. Tout l'art du gladiateur consistait à plaire, à éviter les blessures et à rester en vie.

Aeshma avait craint les réactions de Téos et d'Herennius, mais les deux hommes s'étaient seulement félicités de la victoire remportée par Daoud et celle-ci avait été fêtée comme elle se devait. Par toute la familia réunie. Il ne manquait personne.

Excepté Aeshma.

Elle avait boudé la soirée, Herennius s'en était inquiété, elle avait évoqué une indigestion. Il n'avait pas cru à son mensonge, senti sa colère. Il avait essayé de lui faire avouer ce qui la contrariait, mais elle lui avait opposé un silence buté et il l'avait laissée seule.

L'absence d 'Aeshma avait gâché sa soirée à Daoud. Elle lui manquait, il avait tant espéré que sa victoire lui fît plaisir, qu'elle fût fière de lui, qu'elle le félicitât, qu'elle lui dédiât l'un de ses si rares sourires qui lui illuminait les traits, qui la rendait si touchante, si attachante. Mais Aeshma n'avait pas daigné venir partager sa victoire, son intronisation, et il se doutait de ce qui avait motivé son absence.

Quand la soirée s'acheva, Daoud ne rêvait que de se jeter sur son grabat, mais il ne voulut pas affronter la contrariété d'Aeshma le lendemain matin, il ne voulut pas que les autres en fussent témoins. Il n'avait reçu aucune réprimande de la part de Téos ou d'Herennius, il s'étonnait que le doctor n'eût rien vu. Rien ne lui échappait jamais. Aeshma avait vu.

Il repoussa l'idée d'aller enfin se reposer et se rendit dans la cour. Il entonna des chants mélancoliques qui évoquaient des séparations, des marins disparus en mer, à jamais engloutis par les flots, victimes de monstres marins. Il priait son dieu pour que son amie répondît à son appel, que la magie du chant l'attirât comme les sirènes attiraient dans les légendes païennes les marins jusqu'à elles.

Elle vînt et le cœur de Daoud se gonfla de joie. Aeshma laissa passer plusieurs chansons avant de se lever et de mettre fin à l'enchantement qui avait endormi sa colère.

Elle se dressa devant lui. Il se remit sur ses pieds et la colère d'Aeshma se déchaîna. Elle n'utilisa que ses poings et quand Daoud tombait, elle attendait qu'il se relevât. Il se défendit, Aeshma ne lui aurait jamais pardonné de se soumettre et d'accepter servilement sa correction.

La jeune Parthe ne posa aucune question, ne demanda aucune explication, elle se contenta de frapper. Jusqu'à ce que Daoud ne pût plus se relever. Elle le traîna alors jusqu'au mur et l'appuya dessus. Elle s'installa en tailleur face à lui et attendit qu'il lui parlât.

Je ne peux pas, Shamiram, lui avoua-t-il en relevant la tête.

...

Je...

Comment expliquer à cette fille qui ne croyait en rien, qu'il trouvait une partie de sa force dans sa foi ? Il avait abandonné beaucoup d'usages propres à ses croyances, en particulier tout ce qui concernait les interdits alimentaires, mais pas certains principes fondamentaux profondément ancrés en lui. Des principes qu'il croyait avoir oubliés. Daoud avait fini par aimer sa vie de gladiateur. Porté par les discours des meliores, par les rêves de gloire des apprentis, par l'amitié qu'il partageait avec Aeshma, il avait adhéré lui aussi à cette vie exigeante, mais pleine de promesses. Il aimait se battre, se confronter aux autres. Mais dans l'arène face au mirmillon, il avait réalisé que parfois il fallait tuer, ne pas hésiter à mutiler, à briser des vies. Comment n'avait-il jamais pris conscience de cela avant ? Il n'avait pas pu. Par deux fois, son trident aurait pu l'amener à ôter la vie, à infliger une grave blessure. Herennius, mais aussi Aeshma l'avaient si bien préparé qu'il se battait avec beaucoup de sang-froid, qu'il savait toujours ce qu'il faisait, que son coup ou son esquive fût instinctive ou pas.

C'est interdit, Shamiram.

Interdit ?! fulmina-t-elle. Et mourir, Daoud ? Mourir, c'est permis ?

Il baissa la tête.

C'est Elohim, c'est ça ? Ton crétin de dieu ?

Shamiram...

Oublie-le, Daoud, l'enjoignit Aeshma avec fougue. Tu cours à la mort. Sur le sable de l'amphithéâtre, il n'y a personne pour soutenir ton bras, personne pour éloigner le glaive, le poignard ou la sica, il n'y a que toi. C'est toi, le seul et l'unique dieu présent dans l'arène. Si tu oublies cela, tu es mort. Si tu oublies cela, je ne veux plus jamais te parler.

Je n'oublierai pas, avait murmuré Daoud en baissant la tête.

Aeshma ne comprendrait pas que cela ne dépendît pas de lui.

Elle avait été punie le lendemain, Herennius savait qu'elle seule avait pu s'acharner ainsi sur un garçon qui venait de passer l'épreuve du premier combat et qui, au lieu de le féliciter, l'avait battu. L'état de Daoud avait affolé ses camarades, sauf elle. La punition fut mesurée parce qu'Herennius savait exactement ce que reprochait Aeshma au Judéen. Il avait vu, elle aussi. Il avait escompté qu'elle se chargeât de donner une leçon au jeune rétiaire débutant. Elle se montrerait certainement plus convaincante que lui.

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Daoud avait continué à s'entraîner, à progresser. Il avait renoué ses relations avec Aeshma.

Il remporta son second combat contre un thrace et ne commit aucune erreur, ne recula jamais. Aeshma, cette fois-ci, se mêla aux réjouissances, elle avait, elle-aussi, remporté une victoire.

Et puis, quatre mois plus tard, Daoud disputa son troisième combat. Il était opposé comme la première fois à un mirmillon. Il connaissait Aeshma depuis maintenant plus de trois ans. Elle était confiante et même si elle ne combattait pas ce jour-là, elle avait participé à la cena. Elle n'y avait pas mangé, mais elle avait demandé à servir à table, à servir ceux qui descendraient dans l'arène. Elle n'avait pas servi longtemps, Daoud, mais aussi Atalante et quelques autres l'avaient invitée à s'asseoir parmi eux. Aeshma croyait avoir été entendue, elle croyait que Daoud avait renoncé à son dieu.

Il était revenu sur un brancard, la missio lui avait été accordée, parce que personne ne maniait le filet avec autant de grâce. Il avait retenu un coup, perdu son trident. Il avait continué armé de son poignard. Il avait une fois encore eu le dessus, encore reculé.

Il ne combattrait plus jamais. Le mirmillon lui avait tranché les ligaments du genou. Atticus ne pouvait rien faire. Daoud boiterait jusqu'à la fin de ses jours. Aeshma ne lui avait pas rendu visite à l'infirmerie. Elle avait de l'argent, assez pour racheter l'infirme à Téos, plus qu'il n'en fallait. Mais elle était esclave, seuls les gladiateurs libres pouvaient acquérir des esclaves. Elle espéra que Téos le gardât, comme soigneur, comme valet, comme chanteur, comme esclave à tout faire. Elle esquiva toutes les discussions, fuit Atticus. Elle vivait depuis plus de cinq ans dans la familia et elle avait appris seule et auprès du medicus à diagnostiquer la gravité d'une blessure, à prévoir le temps qu'il faudrait pour qu'elle guérisse. À reconnaître celles qui condamnaient un gladiateur à la mort ou à la retraite.

Daoud était rétiaire, il confia sa peine à Atalante. Il la supplia de lui amener Aeshma.

Elle va me casser la gueule, grommela Atalante.

Elle ne viendra pas d'elle-même, je veux la voir avant de partir.

Comment as-tu pu perdre, Daoud ? Tu es le meilleur rétiaire de la familia.

Non, je ne le suis pas, c'est pourquoi Shamiram ne veut pas venir me voir.

Tu l'as déçue. Je ne comprends pas.

Tu ne peux pas comprendre.

Et Shamiram ? Je croyais qu'elle t'aimait. Tout le monde dit que vous ne couchez pas ensemble parce que Téos n'accepterait jamais de perdre une gladiatrice de sa valeur.

Daoud se mit à rire, un rire triste et sans joie.

Shamiram ne m'aime pas, Atalante. Elle ne m'a jamais aimé.

La jeune fille fronça les sourcils sans comprendre. Daoud et Aeshma passaient pratiquement tout leur temps libre ensemble, la petite Parthe complétait les entraînements du garçon, lui dispensait même des cours de lutte. Daoud était la seule personne en dehors d'Atticus avec qui elle passait du temps, la seule qui lui arrachait plus qu'à son tour des sourires. Atalante les avait toujours connus ensemble. Quand elle avait intégré la familia, elle avait regardé curieusement ce couple d'enfants et s'ils s'étaient promenés en se tenant par la main, elle eût trouvé cela naturel.

Quand elle connut mieux Aeshma, elle comprit combien elle s'était trompée. Aeshma n'afficherait jamais aux yeux de tous ce qu'elle considérait comme une faiblesse. Atalante s'était prise d'affection pour ce couple innocent. Ils lui rappelaient les enfants de sa tribu. Leur amour adoucissait la dureté de sa vie. Et maintenant, Daoud lui déclarait qu'Aeshma ne l'aimait pas ?

Tu es aveugle, Daoud.

Non, elle m'apprécie, mais elle ne m'aime pas.

Si quelqu'un ne m'aimait pas comme elle ne t'aime pas, je serais la plus heureuse des filles.

Va la chercher, Atalante. Téos m'emmène après le déjeuner.

Où ?

Au forum certainement.

Il ne tirera rien de toi.

Il ne veut pas que je reste. Atticus a plaidé ma cause. Ça n'a servi à rien.

D'accord, mais seulement par solidarité, parce que tu es un rétiaire.

Je ne le suis plus.

Peut-être, mais tu resteras toujours pour moi une référence dans l'art de manier le filet.

Tu te débrouilles bien.

Je n'ai pas peur de tuer.

Atalante savait, comme le savait Téos parce qu'il l'avait vu ou parce qu'Herennius l'avait vu aussi et qu'il le lui avait dit.

Elle avait été trouvé Aeshma. La Parthe lui avait tourné le dos, refusant de l'écouter. Atalante lui avait saisi le bras et l'avait retournée, relâché prestement en découvrant son expression et reculé d'un pas. De trois. Elle n'avait aucune envie d'être la victime collatérale d'une querelle entre amoureux.

Il va être vendu, dit-elle à Aeshma.

La petite thrace s'était figée.

Quand?

Cet après-midi.

Il l'a mérité, rétorqua la Parthe d'une voix pleine de ressentiment. Il a déshonoré la familia.

Aeshma, tu ne parles pas sérieusement ?

Je l'ai entraîné, je lui ai parlé après son premier combat, il m'avait assurée qu'il laissait tomber ses conneries religieuses. C'était un bon gladiateur, un bon rétiaire.

C'est vrai.

Il n'a eu que ce qu'il méritait.

Mais tu le connais depuis presque quatre ans, vous avez été formés ensemble.

Je te connais depuis plus de trois ans, je connais Sonja depuis presque aussi longtemps, Castor aussi, d'autres... Si vous faites n'importe quoi, vous l'assumez. Il n'a qu'à assumer.

Mais c'est différent.

Pourquoi ?

Ben, parce que c'est lui, Daoud...

Aeshma l'avait regardée sans vraiment comprendre.

C'est ton ami, ton frère, peut-être plus, insista Atalante.

Si c'est mon ami, il a trahi notre amitié, ce n'est pas mon frère et tu peux ravaler tes fantasmes, Atalante. Tu es aussi tordue et frustrée que les autres. Si tu as besoin de baiser, ce n'est pas très difficile, tu trouveras toujours des hommes ou des femmes qui assouviront complaisamment tes désirs. Tu n'es pas assez débile pour croire qu'on s'attrape un marmot à chaque fois, même quand Atticus te dit que ce n'est pas le bon moment. Il y a plein de manières de se satisfaire sans risque.

Qu'est-ce que tu en sais ? s'était énervée Atalante, piquée au vif. Si tu ne t'es pas tapé Daoud, tu es aussi vierge que les enfants que vous sacrifiez à vos dieux dans ta région de sauvages.

Elles en étaient venues aux mains, aussi furieuses l'une que l'autre. Téos ne les avait jamais appairées sur le sable d'une arène. Il évitait toujours de mettre face à face deux gladiateurs de qualité. Leur armatura respective les destinait à s'affronter, mais il préférait garder ce genre de performance lorsqu'ils participeraient à un prestigieux munus. Un munus qui lui rembourserait au centuple ses pertes si l'une d'entre elles venait à mourir ou à se faire estropier.

Leur bagarre attira des spectateurs. D'abord quelques-uns, puis quand ceux-ci avaient commencé à encourager bruyamment les deux filles, quand ils avaient commencé à scander leurs noms, d'autres étaient arrivés. Les règlements de compte entre gladiateurs déclenchaient toujours l'enthousiasme. D'abord, parce qu'ils étaient interdits ensuite, parce que les gladiateurs savaient se battre et que s'ils enfreignaient l'interdiction, c'était qu'ils ne contrôlaient plus leur colère. Les bagarres s'avéraient alors violentes et sanglantes. Sauvages. Cette fois-ci, deux filles s'affrontaient, des jeunes gladiatrices, la thrace comptait six engagements et autant de victoires, la rétiaire un peu plus âgée huit combats qu'elle avait elle aussi tous remportés.

Les fouets des gardes avaient chassé les amateurs de castagne. Celui d'Herennius avait séparé les deux combattantes. Elles étaient en train de rouler sur le sol, les membres enchevêtrés, frappant dès qu'une ouverture se présentait. Le fouet avait fait bondir Atalante qui s'était brusquement dégagée, Aeshma s'apprêtait à attaquer quand un autre coup l'avait stoppée net dans son élan. Accroupies, prêtes à se sauter à la gorge, elles se défiaient du regard. Le fouet avait une nouvelle fois claqué entre elles. Elles s'étaient remises debout et Herennius les avaient fait se mettre à genoux face à lui.

Le sang leur maculait le visage, il coulait de leurs lèvres, de leurs nez, d'une arcade sourcilière pour Atalante, du front pour Aeshma, leurs tuniques étaient déchirées et celle d'Atalante ne tenait plus que par la ceinture en cuir qu'elle portait. La jeune femme portait de vilaines marques au niveau du cou et des côtes, Aeshma dont la tunique tenait encore sur une épaule devait certainement en porter de semblables.

Attendez-moi, ici.

Le doctor s'était éloigné et était revenu accompagné de Castor, un grand gladiateur de leur familia.

Vous avez besoin de vous défouler ? Castor va se charger de vous. Vous aurez droit à un verre de posca toutes les heures, pas un de plus, ce soir vous mangerez du pain, puis vous reprendrez l'entraînement jusqu'à l'heure où, demain matin, commencent les entraînements. À cette occasion, vous recevrez chacune dix coups de verges. Vous resterez ensuite exposées jusqu'à la tombée de la nuit et vous êtes consignées pour un mois.

La punition était sévère. La journée et la nuit qui s'annonçaient seraient physiquement épuisantes, la journée du lendemain humiliante et douloureuse, pas pour les dix coups de verge, mais pour l'exposition bras levés au milieu de la cour en plein soleil, taraudées par la faim, la soif et le sommeil. Sommeil, auquel elles n'auraient pas le loisir de s'adonner, le doctor saurait les réveiller en les caressant de ses verges si elles avaient le malheur de s'assoupir. Et pendant un mois, elles n'auraient le droit de participer à aucune fête, de ne partager aucun repas en commun, de ne bénéficier d'aucune amélioration de leur quotidien.

.

Aeshma n'avait pas revu Daoud. Il était parti sans un adieu. Sans un regard, sans son pardon. Téos l'avait vendu. Le garçon, malgré ses qualités, incarnait une déviance. Il avait refusé le combat. Il n'avait plus rien à faire parmi les gladiateurs.

Aeshma n'avait jamais plus évoqué le jeune rétiaire devant personne. Une fois sa punition accomplie, elle avait décidé de devenir une femme. Elle avait repéré un gladiateur d'une autre familia, elle l'avait coincé un soir alors qu'il se rendait au réfectoire et l'avait traîné dans sa chambre. Celle du gladiateur, pas la sienne. Elle avait pris les choses en main parce qu'elle avait longuement écouté les gladiateurs parler entre eux, elle avait aussi écouté les gladiatrices, parce qu'elle n'était pas étrangère à son corps et qu'elle savait ce qu'elle voulait. L'homme s'était soumis à ses désirs sans protester, plutôt heureux de ses initiatives et de son savoir faire. Elle se garda bien de lui avouer qu'elle n'avait jamais partagé la couche de personne avant lui. Elle se montra prudente et expérimenta la théorie avec la pratique. Quand elle s'estima satisfaite du résultat, elle salua le gladiateur et s'éclipsa. Il avait essayé de la retenir, elle s'était renfrognée et il n'avait pas insisté. Le lendemain, il était reparti avec sa familia. Aeshma l'avait aussi choisi pour cette raison.

La nuit lui avait plu. L'acte lui avait paru bien plus gratifiant qu'une quelconque amitié.

Elle combattit ainsi le vide qu'avait laissé Daoud.

Daoud, le garçon qui chantait sous les étoiles, Daoud et son filet volant.

Elle ne partagea plus de réelle complicité avec personne et, quand elle allait s'asseoir seule dans la nuit, celle ci n'était plus habitée que par le silence. Elle refusa de penser à lui et le chassa de ses pensées.

Elle avait commis une erreur avec lui. Elle l'avait laissé pénétrer dans son intimité et comme ceux qui y avaient vécus avant lui, il lui avait été arraché. Il l'avait lui aussi abandonnée, comme l'avait abandonnée son père, comme l'avaient abandonnée sa mère, sa sœur et son frère. Personne ne viendrait jamais plus s'asseoir à côté d'elle pour lui faire croire qu'elle comptait et pour ensuite l'abandonner après l'avoir trahie, après avoir tout piétiné, tout brûlé. Pour qu'elle se retrouve seule, les mains vides et le cœur meurtri.

Personne.

Aeshma n'accorderait jamais plus sa confiance à personne, pas plus à cette imbécile d'Atalante qu'à n'importe qui d'autre.


***


NOTES DE FIN DE CHAPITRE :

illustration : Combat entre un rétiaire et un mirmillon (ou un secutor, ce qui est difficile à dire parce qu'on ne voit pas le casque). Pavement de mosaïque antique.

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