Chapitre LXXVIII : La fille du tribun Kaeso Atilius Valens


Marcia était assise en tailleur sur un coffre. Elle lisait les Enquêtes d'Hérodote. C'était amusant, distrayant. Elle se demandait parfois si l'auteur avait réellement voyagé. Elle avait emprunté le livre à Gaïa. Celle-ci lui avait assuré qu'elle ne s'ennuierait pas à le lire. Hérodote l'emmènerait loin de Rome. Il comblerait d'aise son esprit curieux. Les premiers livres parlaient des Perses, des Égyptiens et des Scythes. Hérodote y détaillait leurs coutumes, leurs croyances, leur histoire. Ils décrivaient les paysages, les animaux et les plantes qu'on trouvait sur les terres qu'habitaient ces hommes. Dans ses écrits, dieux, héros et personnages historiques mêlaient leur destin aux peuples. Marcia s'étonnait parfois, ravivait ses connaissances et sa mémoire des récits passés. Elle avait aussi le sentiment poignant de rentrer dans l'intimité d'Aeshma. La gladiatrice était Parthe. Mais l'histoire de son peuple se confondait avec celui des Perses et des Assyriens. Celui des Grecs, des Égyptiens et des Romains. Ils étaient tous liés par des accords commerciaux ou par des guerres qui les avaient rapprochés contre des ennemis communs ou les avaient conduits à se massacrer entre eux. Aeshma prenait une dimension mythique. Atalante appartenait aux tribus nomades, ces passeurs du désert dont l'allégeance n'était jamais assurée. Ces peuples qui ne reconnaissaient que leurs propres lois. Atalante et Aeshma, représentaient la quintessence des peuples nomades qui vivaient sous des tentes et se déplaçaient sans cesse, et des peuples sédentaires qui s'épanouissaient autour de villes gigantesques et magnifiques. Des peuples mystérieux et fascinants.

Elle retrouvait ce même exotisme quand Hérodote se penchait sur l'Égypte. Julia et Gaïa n'étaient-elles pas des enfants de l'Égypte ? Elles étaient nées ailleurs. Elles étaient Romaines, mais le sable et les pierres des pays où elles avaient vécu coloraient leur peau d'une teinte particulière, donnait à leur regard une intensité particulière.

Marcia sourit, elle adorait ce livre. Connaître le passé, permettait de ne pas commettre les mêmes erreurs. Connaître ses racines, les chérir et ne pas les oublier, relevaient de la gratitude et du respect. Elle étendit sa main gauche sur le papier et contempla la bague qui ornait son annuaire.

Gaïa l'avait merveilleusement conseillée. Marcia avait de l'argent et elle n'avait pas regardé à la dépense. Elle voulait un beau bijou. L'anneau d'or était finement ciselé. Un grenat rouge clair y avait été enchâssé. L'artisan avait réalisé la gravure selon les vœux de la jeune fille. Il avait effectué plusieurs dessins préparatoires et ils avaient arrêté ensemble le motif définitif. Un motif délicat, parfaitement rendu. Magnifique. Le joaillier avait absolument voulu lui montrer le résultat si on apposait le sceau sur de la cire. Marcia n'avait pas protesté, mais elle n'entendait pas se servir ainsi de la bague et elle n'avait rien répondu quand l'artisan s'était étonné qu'elle commandât pour elle-même un motif si masculin. C'était un érudit. La plante aux fleurs délicates ne l'avait pas égaré.

Marcia sourit avec nostalgie. Le sceau de son père avait été volé, il n'avait jamais été retrouvé. Il aurait aimé qu'elle le portât. Ne l'avait-il pas inventé pour elle ?

Elle n'aurait pas dû attendre si longtemps, mettre tant de temps à comprendre qu'elle n'avait pas failli à sa mémoire. Pas vraiment.

Elle avait gardé l'amitié de Julia et de Quintus, gagné celle de Gaïa. Les deux sœurs étaient des femmes libres, des femmes influentes. Quand elles avaient su que Marcia avait embrassé la carrière de gladiatrice, elles ne l'avaient pas rejetée, elles ne l'avaient pas jugée, Julia ne l'avait pas regardée différemment et Quintus Pulvillus l'avait accueillie à Patara aussi chaleureusement qu'auparavant.

Marcia n'avait oublié aucun des préceptes que son père lui avait inculqués. L'honneur, l'honnêteté, la force de caractère, la fidélité, la loyauté, la générosité. Des préceptes qu'elle avait retrouvés au ludus. Des préceptes que défendaient ses amis. Pas seulement Aeshma et Atalante, mais aussi, Caïus, Gallus, Germanus, Sabina, Galini. Le métier était violent, son père n'aurait pas accepté de voir sa fille gagner de l'argent en se donnant en spectacle, pas accepté de la voir suspendue à un palus, fouettée en public, de se montrer nue aux yeux d'étrangers, de prendre part à des bagarres même si elle les évitait, mais il aurait compris son choix.

Certaines infamies valaient mieux que d'autres.

Ce n'était pas les victoires et la gloire qu'elle avait gagnées à Rome qui avait entraîné sa décision, mais l'accueil de Gaïa. La jeune femme ne savait pas à quel point Marcia avait été émue quand elle lui avait ouvert la porte de la chambre qu'elle lui avait préparée dans sa villa. Quand Marcia avait ouvert un coffre et qu'elle y avait découvert des livres, des habits et des affaires de toilette. Son amitié généreuse et simple lui rappelait l'affection que lui portait Julia. Que lui portait aussi Lucius. Caper s'était fâché quand elle avait voulu devenir gladiatrice parce qu'il craignait pour sa vie, mais il ne l'avait pas reniée et sans lui, elle n'aurait pas pu signer le contrat d'auctorata qu'elle avait signé. Caper, Julia, Gaïa, Aeshma, Atalante et les autres, ceux qui l'aimaient sincèrement dans la familia. Rien ne les différenciaient sinon le regard que, elle, Marcia portait sur eux. Son père estimait Julia et jamais il ne s'était opposé à ce que Marcia la fréquentât. Il s'en félicitait même. Espérant que la fréquentation de la jeune femme adoucisse les mœurs de sa fille et l'assagisse un peu. Il n'avait jamais reproché aucune de ses fréquentations à Marcia. Mais plus important, Marcia aimait d'un même amour Julia et Aeshma. Gaïa et Atalante. Elle n'avait jamais ressenti de honte à s'être liée d'amitié avec des esclaves ou des auctoratus, à avoir passionnément aimé Astarté. Et elle aimait son père. Elle n'avait pas à renier son nom. Il ne l'aurait jamais reniée. Le sceau était une preuve tangible de son amour. Elle était peut-être Marcia aux yeux du public, mais dans son cœur, elle était toujours Marcia Atilia, fille du tribun Kaeso Atilius Valens. Gaïa le lui avait rappelé, Marcia n'aurait jamais dû en douter.

 Joli ! apprécia soudain une voix.

 Atticus serait furieux s'il te voyait debout, observa Marcia en s'essuyant rapidement les yeux.

 J'ai passé trop de temps allongée. Je suis maudite. À chaque fois qu'un combat engage plusieurs gladiateurs de la familia, je me retrouve ensuite au lit pour une semaine.

 Atalante m'a raconté que tu étais restée convalescente bien plus d'une semaine la dernière fois.

 Mouais...

 Boudicca n'est pas très bien.

 C'est une jeunette, elle récupère moins vite.

— Tu ne veux plus combattre ?

 Pourquoi tu me demandes ça ?

 Si Atticus...

 Oh, non ! la coupa Sabina. Tu ne vas pas m'embêter toi aussi ! Atticus, Métrios, Saucia, leurs garde chiourmes, Aeshma, et maintenant, toi ?!

 Loin de moi l'idée de t'embêter. Je ne suis pas du genre à t'obliger à faire quoi que soit ni à te forcer brutalement à te coucher.

 Je peux m'asseoir ?

 On sera peut-être mieux sur ta couche ?

 Pfff, non. En plus, tu t'es installée près d'une fenêtre. Le soleil me manque.

 Tu veux sortir ?

 Je ne suis pas folle à ce point-là !

 D'accord, rit Marcia en faisant de la place à Sabina. Assieds-toi.

L'amazonachie avait eu lieu quatre jours auparavant. Marcia tendit une main à Sabina.

 Pff, souffla la meliora. Je pensais me remettre plus vite.

 Tu as le temps.

 Mouais. Tu vas bientôt participer à une venatio ?

 Dans six jours.

 Téos veut t'engager deux fois avant la fin des jeux ?

 Mouais.

Sabina retint une remarque désagréable. Elle comptait le nombre de venatios auxquels la jeune auctorata avait participé. Elle comptait sur ses doigts.

 Qu'est-ce que tu comptes ? demanda Marcia curieuse.

 Rien, répondit Sabina abandonnant ses calculs.

Cinq ? Six ? Elle demanderait à Dacia.

 Tu lis quoi ? demanda-t-elle pour éviter d'autres questions.

 Les Enquêtes d'Hérodote.

 C'est bien ?

 C'est amusant. Tu voudras le lire ?

 Je ne lis pas très très bien.

 Je peux te le lire si tu veux ?

 Tu ferais ça ?

 Oui, répondit Marcia en haussant les épaules.

 Peut-être que ça plairait aussi à Boudicca et Lysippé ?

 Je pourrais lire pour vous trois.

 Génial ! s'exclama Sabina. Dis, c'est nouveau ta bague ?

 Oui.

 C'est le sceau dont tu parlais ?

 Oui.

 Je peux regarder ?

Marcia fit glisser la bague de son annulaire. Sabina le prit et l'examina avec une admiration non-dissimulée. Elle demanda si les motifs qu'elle avait choisis étaient seulement une illustration de son prénom. Marcia lui raconta l'histoire du sceau sans préciser que son père était tribun ou légionnaire.

 C'est une reproduction de celui de ton père, alors ?

 Oui.

 Il est très beau.

 Merci.

 On va faire faire le nôtre par ton artisan.

 Le sceau du palus du sanglier ?

 Oui. On va en commander dix, ou quatorze si on a assez d'argent.

 Quatorze !

 Mmm, pour toutes celles qui ont participé à l'amazonachie. Tout le monde sera d'accord. Tu l'as payé cher ?

 Six cent cinq deniers.

 Ça devrait aller. Tu iras ensuite les offrir aux gladiatrices qui ne sont pas de la familia. Si elles n'ont pas survécu, on gardera le surplus.

 Sabina, ça fait beaucoup d'argent.

 Atalante ne fait rien de sa fortune, Galini et Boudicca non plus. Enyo paiera sans discuter, les Reines des Amazones aussi. On fera payer Aeshma après.

 Après ?

 Ouais, elle va grogner que l'idée est débile et ne voudra pas participer. Mais même si elle ne porte jamais la bague, si on la lui donne, elle la gardera et elle proposa de participer à la dépense. Elle nous traitera d'imbéciles, mais elle le fera.

 Et pour le motif ?

 On aurait pu demander à Aeshma, mais ça ne sert à rien. On peut voir ça avec Germanus et ensuite, ton joaillier l'adaptera.

 Vous voulez la même pierre ?

 Moi, je veux une pierre noire, gémit dans un coin Boudicca.

 Moi, une jaune ! cria Galini.

 Moi aussi, je veux de l'ambre, ajouta Ishtar.

 Oh ! Les petites ! les apostropha Sabina. On ne vous a pas demandé votre avis.

 Qu'est-ce qui se passe, pourquoi vous criez ? demanda Lysippé que les cris de Galini avaient réveillée.

Les jeunes gladiatrices lui expliquèrent. Elles n'avaient rien raté de la discussion entre Marcia et la meliora. Elles se coupaient la parole, riaient, fières et heureuses que Sabina ne les traitât pas différemment d'Atalante ou d'Aeshma.

 J'en veux une bleue, un lapis-lazuli, décida Lysippé.

 Moi aussi, déclara Penthésilée en entrant dans la pièce. Je ne sais pas de quoi vous parlez, mais je veux la même couleur que Lysippé.

 Bon, il ne manque plus qu'à connaître les choix d'Enyo et d'Atalante.

 Et pour Aeshma et les autres ?

 Vous déciderez toi et Atalante pour Aeshma, et pour... euh... tu...

 Tu veux que choisisses pour Astarté ?

 Oui. Pour les autres, on ne les connaît pas, il y avait une fille d'Alexandrie, on peut lui prendre une turquoise, et... euh...

 Des cornalines ? suggéra Marcia. C'est joli et ça passe partout.

 C'est ce que tu as ?

 Non, c'est un grenat, mais c'est à peu près de la même couleur.

 Je te fais confiance, tu t'y connais mieux que moi.

 Mais certainement pas mieux que Celtine, ajouta Penthésilée d'un ton sarcastique.

Sa remarque fit rire tout le monde et Sabina se lança dans une imitation délirante de la gladiatrice qui prisait tant les bijoux.

Leur humeur fit plaisir à Marcia. Depuis quatre jours, elle n'avait pratiquement pas quitté le chevet de ses camarades blessées. Herennius avaient eu la délicatesse d'alléger ses entraînements et de la dispenser de se rendre au ludus Bestiari. Elle s'y était seulement rendue un matin parce qu'elle savait que Carpophorus l'attendait. Elle avait négligé Gaïa, elle avait évité une discussion avec Atalante, même si elle s'était occupée d'elle. Aeshma et la grande rétiaire avaient reçu l'autorisation de dormir dans leur cellule. Marcia n'y avait pas passé une seule nuit.

Elle sauta du coffre sur lequel elle était assise et se rendit auprès de Galini. Elles discutèrent un moment ensemble. Marcia voulait évaluer son état. Elle l'avait aidée quand elle avait été blessée sur l'Artémisia, le rétablissement de Galini avait été long et difficile. Depuis, Marcia se sentait responsable de sa camarade. C'était aussi la seule personne avec qui elle pouvait évoquer Astarté. Galini adorait la Dace aux yeux dorés. Marcia s'était montrée hésitante au début. Galini avait couché avec Astarté et elle avait eu peur que la jeune gladiatrice lui en reparla. Mais celle-ci, par respect ou par discrétion, n'évoqua plus jamais les talents de séductrice de la grande Dace, sa tendresse et sa grande gentillesse. Galini, avec Marcia comme avec les autres, se conforma à la règle qui voulait qu'un gladiateur ne posât aucune question personnelle. Elles parlaient d'Astarté comme elles parlaient d'Atalante ou de Sabina.

Galini rit soudain d'une anecdote que lui racontait Marcia. La jeune mirmillon allait mieux. Marcia irait dormir chez Gaïa ce soir.


***


Gaïa n'était pas à la villa.

 Les dominas sont absentes, lui apprit Kittos.

 Les dominas ?

 Gaïa Metella et Julia Metella Valeria.

 Julia ?! s'exclama Marcia.

 La sœur de la domina est arrivée il y a trois jours.

Marcia se pinça les lèvres autant pour s'empêcher de parler que par contrariété. Pourquoi ne les avaient-elles pas prévenues ? Elle regarda Kittos. Il l'observait la figure impassible. Gaïa se méfiait de lui.

 Néria n'est pas là ?

 La domina a tenu à ce qu'elle l'accompagne.

 Antiochus est parti aussi, n'est-ce pas ?

 Il ne reste personne, ni des gens de Gaïa Metella ni de ceux de Julia Metella Valeria.

 Elles t'ont laissé seul ?

 Oui.

 Tu sais où elles sont allées ?

 J'ai cru comprendre qu'elles se rendaient au port.

 Au port ?

 Sans doute passer la nuit à bord du navire de Julia Metella Valeria.

 Loin de toi ? demanda perfidement Marcia.

 Probablement, répondit l'agent de Titus sans se démonter. La domina m'a cependant demandé de vous transmettre un message.

 Tu n'aurais pas pu me le dire plus tôt ? fit Marcia sèchement.

 Tout d'abord, Julia Metella Valeria vous transmet ses affectueuses pensées. Ensuite, la domina vous demande de ne pas venir la rejoindre à Ostie. Vous êtes cependant chaleureusement invitée à profiter autant qu'il vous plaira de sa villa et je serai honoré de me mettre à votre service.

Marcia hésita. Elle avait un entraînement le lendemain matin. Elle pouvait peut-être profiter de l'hospitalité de Gaïa. Se reposer un peu, dîner et repartir au ludus.

 Tu saurais me préparer un bon dîner ?

 Commandez, je m'exécuterai.

Ainsi fit Marcia. Kittos était plein de ressources et lui servit un excellent dîner. La salade de roquette était délicieuse, il y avait ajouté du fromage, des olives, des pignes de pin, des figues séchées, elle ne savait quelles herbes aromatiques, confectionné une sauce dont elle se régala. Le gruau était idéalement assaisonné et elle apprécia la salade de fruits qu'il lui présenta dans une jatte accompagnée de jus de grenade.

Elle le remercia et s'allongea sur un divan dans le tablinium. Elle déroula un livre, mais ses yeux papillonnèrent très vite. Elle le posa par terre, déplia la couverture qui se trouvait à ses pieds, s'enroula dedans et se tourna face au mur. Elle n'avait pas beaucoup dormi depuis quatre jours. Elle sombra très vite, goûtant le silence et l'odeur légère d'eucalyptus qui régnait dans la pièce.

.

Il faisait nuit quand elle se réveilla. Elle jura entre ses dents, mais prit le temps de s'étirer voluptueusement. Il serait temps qu'elle réintégrât sa cellule. L'infirmerie n'avait rien de confortable ni de reposant. Une lampe à huile brûlait doucement sous une cloche en métal ouvragée. Une attention de Kittos. La jeune fille sortit dans l'atrium, elle frissonna, la nuit était fraîche. Elle se rendit dans sa chambre récupérer une paenula dans un coffre. Elle s'enroula dedans. Kittos l'attendait sur le seuil.

 Vous partez ?

 Oui, je préfère rentrer.

 Les rues ne sont pas sûres le soir.

 Je suis gladiatrice, je saurai bien me défendre.

 La domina n'approuverait pas.

 Elle n'est pas là.

 Je suis responsable de vous.

 Je ne crois pas.

 La domina et le Prince m'en voudraient s'il vous arrivait malheur.

 Il ne m'arrivera pas malheur.

 Vous êtes célèbre. Votre mort profiterait à certains.

 Pff... souffla Marcia. À qui ? À mes camarades ? Je ne crois pas. Même Celtine qui se fout de tout le monde, regretterait de ne plus m'avoir à ses côtés pendant une venatio. À Carpophorus ? Il est cent fois plus célèbre que moi.

La jeune fille se montrait aussi têtue et obstinée qu'il l'avait jugée. Il capitula.

 Faites comme vous l'entendez.

 Je voudrais leur laisser une lettre.

 Vous êtes chez vous, je vais seulement vous donner plus de lumière.

Marcia s'installa derrière la table qui servait de bureau à Gaïa. Elle prépara tout ce qu'il lui fallait pour écrire. Kittos lui présenta une petite cruche de verre remplie d'eau pour l'encre.

 Tu la liras ? lui demanda Marcia.

Il ne répondit pas. Évidemment qu'il la lirait. Elle regarda le sceau qu'elle portait à son annuaire. Et si... Il ne servirait à rien de sceller sa lettre, Kittos trouverait bien un moyen de l'ouvrir de toute façon. Il avait la nuit et peut-être le jour suivant entier pour s'atteler à la tâche. Elle voulait donner de ses nouvelles, reprocher à Julia de ne pas l'avoir fait prévenir de son arrivée, mais aussi rassurer Gaïa sur le sort d'Aeshma et d'Atalante. Non, pas seulement des deux melioras. Kittos trouverait étrange qu'elle s'attardât sur elles seules. Il se doutait bien qu'Atalante et Gaïa se connaissaient, et peut-être même imaginait-il que Gaïa bénéficiait des faveurs de la grande rétiaire. Atalante s'était montrée tellement bizarre quand Gaïa l'avait ramenée chez elle. Mais il ne devait pas savoir pour Aeshma. Elle parlerait de toutes les gladiatrices et tâcherait de ne pas amener Kittos à soupçonner des rapports particuliers entre Aeshma et Gaïa. Quelques fussent la nature de leur relation, leur naufrage n'avait pas été sans conséquences sur celle-ci. Gaïa aimait Aeshma.


***


Marcia n'avait pas de raisons d'entretenir le secret. Kittos savait. Il savait beaucoup de choses.

Que la jeune auctorata, la célèbre bestiaire aux cheveux d'or, était la fille du tribun Kaeso Atilius Valens. Que la grande gladiatrice impudique qui avait dormi à la villa, s'était battue contre des loups et des pirates aux côtés de Gaïa Metella. Qu'une autre gladiatrice, celle qui avait gagné le surnom de la Gladiatrice Bleue lors de l'amazonachie s'était battue pareillement à ses côtés. Que la Gladiatrice Bleue n'était autre que la gladiatrice dont les exploits et la légende alimentaient les soirées dans les ludus. Que l'histoire de la gladiatrice et de la domina dérivant au gré des courants sur l'océan n'était pas une légende, mais une vérité.

Il savait aussi pourquoi Marcia Atilia avait choisi de devenir gladiatrice.

.

Il était présent quand Gaïa Metella avait parlé à Titus. Elle avait deviné sa présence parce que Titus l'avait décidé ainsi. Jamais, il n'aurait reçu la jeune femme sans témoin. Jamais, il ne lui aurait imposé un témoin. Gaïa Metella n'était pas stupide, il était probable qu'elle sût qu'elle n'était pas seule avec lui. Titus eût été bien fou. Une aura de mystère entourait la jeune Alexandrine et il n'avait pas oublié les circonstances de leur première rencontre.

Kittos avait saisi son pugio quand Titus avait soudain demandé à la jeune femme :

 Qu'avez-vous murmuré à l'oreille de mon père à Aquae Cutiliae ?

La jeune femme avait regardé le Prince avec circonspection. Chercherait-elle à mentir ? À se dérober ? À passer à l'attaque?

Kittos n'arrivait pas à réellement cerner sa personnalité. Il ne comprenait pas non plus ce qui motivait sa présence à Rome. L'invitation de l'Empereur ? Il avait parlé avec le centurion Marcus Duvius Corvus, celui ci avait rapporté le peu de cas qu'elle faisait des honneurs que pouvait lui témoigner l'Empereur. Gaïa Metella était connue à Alexandrie pour se moquer éperdument de la considération que pouvaient lui témoigner les dignitaires de l'Empire. Elle n'avait pas accouru comme beaucoup, ventre à terre et gonflée d'orgueil d'avoir été remarquée par le maître du monde. Elle était venue à Rome pour des raisons qui lui étaient propres. Les gladiatrices ? C'était ridicule. Elles appartenaient au ludus de Sidé, une ville de Lycie-Pamphylie, située à quelques milles de la capitale de la province dans laquelle résidait sa sœur. Une destination aisée à atteindre depuis Alexandrie, bien plus que Rome.

Marcus Corvus était présent à l'entretien et le centurion s'était lui aussi crispé.

 Vos paroles ont troublé mon père, Gaïa.

Le ton devenait menaçant.

 Il vous a demandé s'il n'avait pas contracté une dette envers vous, si vous ne veniez pas lui en réclamer le paiement. Vous avez répondu que ce n'était plus nécessaire.

 Vous avez bonne mémoire, Imperator.

Titus eut un mouvement d'humeur.

 Pourquoi n'était-ce plus nécessaire ? Parce qu'il était mourant ?

 Oui.

 Que lui avez-vous dit, Gaïa, quand vous vous êtes penchée sur son oreille ?

 Je ne lui ai donné que le nom d'une ville.

 Laquelle ?

 Gerasa.

 Gerasa ?

 La ville a été rasée dans la treizième année du règne de Néron par Lucius Annius.

 Et... ?

 La population y a été massacrée, Juifs, Grecs, Romains, les hommes de Lucius Annius n'ont fait aucune différence.

 La guerre est cruelle.

 Gerasa n'est qu'une ville parmi d'autres, Imperator. Un simple exemple parmi tant d'autres.

 Vous tenez mon père responsable de vos malheurs ?

 Pas des miens, Imperator. Ne suis-je pas comblée de biens et de bonheur ?

 Je ne comprends pas.

Kittos avait trouvé le Prince bien naïf. La jeune femme très habile. Elle s'était visiblement repue de la mort misérable de l'Empereur. Elle avait obtenu vengeance d'un crime dont elle tenait Vespasien responsable. Une vengeance personnelle. Il regarda la scène, inquiet. Et si la mort de Vespasien n'était qu'une étape ? Lucius Annius servait sous les ordres de Vespasien en Judée. Titus y avait accompagné son père et Vespasien lui avait laissé le soin de prendre Jérusalem et de transformer le temple sacré des juifs en un gros tas de pierres. Et si Titus se trouvait être le prochain sur la liste ? Vespasien avait été frappé par la maladie, mais Titus était en bonne santé.

Les traits de la jeune femme n'exprimaient pourtant aucune haine, aucune peur et aucune contrariété.

 Les Princes commettent des erreurs, il est bon qu'ils en soient conscients, déclara Gaïa s'attirant un peu plus encore la considération et la méfiance de Kittos.

 Me feriez-vous la leçon ? demanda Titus d'un ton peu engageant.

 Il me semble que vous ayez su revenir sur vos erreurs, Imperator.

Quelle brillante répartie ! ne put qu'apprécier Kittos. D'autant plus brillante que sa déclaration plongea le Prince dans une profonde méditation. Elle avait touché une corde sensible chez cet ancien débauché qui s'adonnait à la vertu depuis son accession à la pourpre impériale.

Il se redressa soudain.

 Vous êtes sans pitié, Gaïa. Et votre franchise vous honore. Votre honnêteté me plaît. Vous m'avez répondu sans détour. Êtes-vous prête à continuer ?

 Je ne reviendrai pas sur mes déclarations, Imperator.

 Je veux tout savoir, Gaïa. Je veux savoir qui est la blonde Marcia, je veux savoir ce qui vous lie aux gladiatrices de Sidé, pourquoi vous avez ruiné votre réputation à la soirée de Marcus Flavius pour une gladiatrice qui ne vous intéressait pas.

Gaïa fronça les sourcils.

 Vous vous inquiétez pour la Gladiatrice Bleue. Vous connaissez la grande fille que vous avez si impudiquement embrassée devant tout le monde, mais vous l'avez fait parce qu'on vous l'a demandé.

 On ne peut tromper le Prince.

Quelle fieffée manipulatrice ! Cette femme était incroyable, apprécia une fois de plus Kittos.

Il écouta la suite avec un intérêt croissant. Titus s'était montré naïf auparavant, mais Kittos loua ensuite le Prince d'être si fin, si curieux et si avide de détails. Les histoires de Gaïa Metella défiaient l'imagination. La raison. Un mélange d'Odyssée, de chasse héroïque et de combats épiques. Des histoires incroyables, mais sans conséquences. Il n'en alla pas de même quand elle aborda le cas de la bestiaire blonde.

Deux noms frappèrent l'oreille de Kittos : celui du procurateur de Lycie, Aulus Flavius et celui d'un tribun de la Fulminata, Kaeso Atilius Valens.

Il tressaillit quand il comprit enfin que la jeune bestiaire était la fille du tribun. Titus ne broncha pas, mais il posa beaucoup de questions.

Kittos frémit quand Gaïa prononça le nom d'Aulus Flavius, quand elle expliqua que Marcia s'était engagée dans la gladiature pour fuir un mariage avec le procurateur.

 Pourtant, son offre était généreuse, observa Titus avec justesse.

 Pas quand on sait que le procurateur détestait Kaeso Valens, Imperator. Pas quand on sait que Valens envoyait, sur sa demande, des rapports à l'Empereur Vespasien.

 ...

 Vous pouvez vérifier. Kaeso Valens fut votre compagnon d'arme, Imperator. Il a servi l'Empire, la légion et votre père avec fidélité et loyauté. Sa récompense aura été de mourir assassiné avec ses hommes. Personne n'a cherché à savoir pourquoi. On a accusé des brigands. Quelle belle excuse ! Des brigands ne s'en prendraient jamais à des légionnaires qui ne gardent aucun trésor. Il n'y a pas de rebelles en Lycie-Pamphylie.

 Dois-je entendre des accusations sous vos paroles ?

 À vous de le découvrir. Kaeso Atilius Valens mérite que justice lui soit rendu. Pour son assassinat et celui de ses hommes. Pour sa fille. Tout est lié.

Gaïa Metella sautait à pieds joints dans une affaire politique très délicate. Elle accusait à mots couverts, mais sans ambiguïté aucune, un procurateur d'avoir commandité le meurtre d'un officier placé directement sous les ordres de l'Empereur. Que pouvait raconter le tribun dans ses rapports ? Des malversations ? De la corruption ? Une trahison ?

Titus avait assuré à la jeune femme qu'il se pencherait sur le meurtre du tribun et il la remercia encore une fois pour sa confiance et sa franchise. Kittos n'aurait accordé ni l'une ni l'autre à Gaïa Metella. Elle s'était montrée franche quand elle avait parlé des gladiatrices, quand elle avait parlé de Marcia Atilia. Mais elle avait biaisé quand elle avait parlé de Vespasien et de... Quel était le nom de la ville déjà ? Gerasa. Il faudrait qu'il se renseignât sur les événements qui s'y étaient déroulés et en quoi ceux-ci pouvaient être liés au passé de la jeune femme. Il était aussi persuadé qu'elle dissimulait des informations sur Kaeso Valens et plus encore sur Aulus Flavius. Elle avait incité Titus à retrouver les lettres et les tablettes qu'avait envoyées le tribun à l'empereur défunt. Vespasien avait nommé Aulus Flavius à la procurature de Lycie. S'il avait réellement exigé des rapports secrets, c'est qu'il se méfiait de l'homme, qu'il doutait. Les documents devaient toujours exister quelque part, archivés et rangés, attendant qu'on les lût.


***


Marcia Atilia, pensa-t-il en voyant l'air déterminé de la jeune fille. Incroyable !

 Je vous accompagne, décida-t-il soudain.

 C'est stupide, comment rentreras-tu et à quoi me seras-tu utile ?

 Je resterai dormir au ludus. Quant à vous être utile... Pensez-vous que j'ai pour seule tâche de rapporter ce que je vois et ce que j'entends ici ?

 Tu es un soldat ?

 Oui et je ne connais pas le ludus Aemilius par hasard. L'Empereur apprécie Gaïa Metella. J'ai pour ordre d'écouter, de voir et de protéger.

 Je ne fais pas partie du contrat.

 Vous n'en faisiez pas partie, il est vrai. Mais vous servez l'Empereur. Je ne crois pas qu'il serait ravi qu'il vous arrive malheur.

 Ah ? Bon, céda Marcia en haussant les épaules. Si ça te fait plaisir.

 Ça ne me fait pas plaisir. C'est un honneur.

Sa déclaration surprit Marcia. Kittos lui avait toujours opposé une politesse indifférente. Il s'était montré attentionné ce soir. Anormalement attentif à son bien-être et sa sécurité. Et maintenant, il se disait honoré ?

Il savait.

 Tu connais mon nom, n'est-ce pas ? Mon nom complet.

 Oui.

 L'Empereur ?

 Oui.

 Mais il y a une autre raison, avança-t-elle saisie d'une soudaine intuition.

Les gens qui fréquentaient cette maison avaient une fâcheuse tendance à posséder une vive intelligence.

 Oui. J'ai servi sous les ordres de votre père en Bretagne.

 ...

 C'était un homme honnête, un bon soldat et un officier intègre et courageux. J'étais centurion et speculator dans la Gemini. Quand l'Empereur Néron nous a rappelés dans la onzième année de son règne pour faire campagne contre les Parthes et que nous avons été cantonnés en Transpadente*, votre père a quitté la Gemini. Il est rentré à Rome. Ensuite, il a rejoint la Fulminata et a participé à la campagne de Judée. C'est là-bas qu'il s'est attiré les faveurs de Vespasien et de Titus.

 La onzième année du règne de Néron* ? Mais alors...

 Oui, j'ai connu votre mère et je vous ai connue aussi.

 Tu connais Lucius Cornelius Caper ? Il n'a pas suivi mon père en Judée, mais il était avec lui en Bretagne.

 Oui. C'était un gamin, mais un gamin lettré et intelligent. Vous l'avez revu ?

 Oui, mon père l'a rappelé à la Fulminata après la campagne de Judée, sourit Marcia.

Elle fronça soudain les sourcils.

 Mais tu n'es pas grec ? Kittos, c'est un nom grec pourtant ?

Kittos rit.

 Kittos, Astanyax, Sober, Lucius... J'ai eu beaucoup de noms après avoir quitté la Gemini.

 Et ton vrai nom ?

 Nous dirons que c'est Kittos.

Marcia hocha la tête, les gladiateurs changeaient bien de nom eux aussi. Et à part ceux qui comme Caïus ou elle-même, n'avaient pas changé de prénom, elle ne connaissait que le nom de ceux qu'elle avait connus novices et celui d'Aeshma parce qu'Atticus et même parfois Atalante l'appelaient encore par son véritable prénom. Kittos était un agent de l'ombre, il lui semblait normal qu'il eut un pseudonyme.

 Kittos, tu disais que tu avais connu ma mère... Tu l'as bien connue ?

 Non, je n'étais que centurion et elle ne logeait pas avec nous dans le camp.

 Comment mon père a-t-il pu se marier ?

 Une faveur accordée par Publius Ostorius Scapula après la campagne contre Caratacos*, le chef des Catuvellauniens.

 Tu as participé à cette campagne ?

 Oui.

 Tu saurais me la raconter ?

 Vous ne voulez pas rentrer ?

 Au départ, je voulais dormir ici, mais comme Gaïa et Julia sont absentes et que...

 ... il ne restait que le sale petit espion de l'Empereur, alors vous n'en aviez plus envie.

 Exact, grimaça Marcia. Mais si tu es bon conteur, je resterai comme je l'avais prévu.

 Vous proposez à un vétéran de vous raconter ses campagnes ? Vous savez à quoi vous vous exposez ?

 Je suis gladiatrice. J'aime entendre parler d'exploits et d'aventures. Et puis, j'ai grandi au sein de la Fulminata. Qu'est-ce que tu crois que me racontaient les légionnaires quand ils devaient passer du temps avec moi ? Des histoires de chiffons et de forum ? Mon père leur interdisait de parler des femmes, alors ils me parlaient de leurs aventures... en essayant de ne pas y glisser trop d'horreurs et de gros mots !

 Je vais faire chauffer du vin, il fait frais ce soir.

 Rapporte un brasero.

Kittos n'était pas un ami, mais il avait connu son père et quand il avait su qu'elle était sa fille, il s'était montré attentionné à son égard. Qu'elle soit gladiatrice n'avait pas d'importance à ses yeux, elle était la fille du tribun qu'il respectait. Au côté de qui, il avait combattu les Silures, les Ordovices et les Icéniens.

L'ancien centurion revint avec du vin chaud, un brasero, du pain et du fromage. Il plongea Marcia au cœur des forêts de Bretagne. Il la promena dans les villes fortifiées, dans les montagnes et dans les vallées. Il évoqua les loups, les rivières, la pluie, les collines verdoyantes, les femmes guerrières qui avaient tant impressionné Kaeso Valens. Marcia l'écouta attentivement comme elle écoutait toujours quand on lui racontait des histoires, mais malheur à lui si le conteur s'arrêtait car le temps des questions était venu et Marcia était extrêmement curieuse.

Elle retrouva sans y prendre garde la chaleur des veillées de son enfance lorsque Caper ou un légionnaire de confiance lui tenait compagnie. Kittos tomba sous le charme de la jeune fille. Elle avait pour une femme, une vaste connaissance de l'organisation des légions, de leur vie de garnison et de la stratégie militaire. Elle était familière avec bien des coutumes que Kittos pensaient n'être connues que par les seuls légionnaires. Et ses questions sur les mœurs des habitants, les stratégies qu'ils déployaient lors des batailles, leur habitat et la géographie des lieux étaient souvent extrêmement pertinentes. Kittos n'avait malheureusement pas réponse à tout.

Si Marcia renoua avec ses souvenirs, si elle pensa affectueusement à Caper, Kittos renoua avec son passé de légionnaire. En compagnie de la jeune fille, dans les lueurs combinées d'une petite lampe à huile et des braises du brasero, perdu au milieu des ombres, alors qu'ils partageaient un vin fortement aromatisé qui lui chauffait agréablement les entrailles et la gorge, et une miche de pain dont la croûte craquait avec délice, il retrouva des sensations qu'il avait oubliées depuis longtemps. Plaisir de raconter, de se souvenir, de partager, de se sentir en sécurité, de boire, de manger et de parler. Simplement, sans arrières pensées, sans calcul. Marcia n'avait rien d'un vétéran de la légion, mais ce soir-là, grâce à la magie de la nuit, à leur isolement dans une villa vide de toute présence humaine, loin des regards et des yeux de quiconque, Kittos trouva en elle, le camarade qui lui avait tant manqué depuis douze ans qu'il avait quitté la légion pour rejoindre le corps des speculatores Augusti*. Une promotion qu'il devait au légat de la Gemini. S'il avait conservé son grade et son statut de légionnaire, sa vie n'avait plus rien à voir avec celle d'un soldat. Il la regarda rire quand il lui raconta comment un légionnaire avait dérangé une ruche sauvage, qu'il avait attiré les bêtes furieuses jusqu'au camp et semé une incroyable panique.

Il n'avait pas besoin d'ordres en ce qui la concernait. Il la protégerait envers et contre tous. Elle mourrait peut être dans l'arène. Mais il ne lui arriverait rien en dehors de celle-ci.


***


NOTES DE FIN DE CHAPITRE :

Onzième année du règne de Néron : La Gemini a été rappelée de Bretagne en 65.

Marcia est née en 63.

Transpadente : région antique du nord de l'Italie.

Speculatores Augusti : les spectulatores sont des agents de renseignements utilisés au sein des légions romaines. Recrutés parmi les centuries, ils forment un corps spécifique, mais sont toujours enregistrés auprès de leur unité d'origine.

Les speculatores Augusti sont rattachés au service personnel de l'Empereur. Ils remplissent les mêmes fonctions que les speculatores, mais y ajoutent celle de garde du corps auprès de l'Empereur.

Trois cent centurions servent comme speculatores Augusti. Leur unité sera dissoute par Trajan et ses hommes réintégrés dans la garde prétorienne, après qu'un membre des speculatores Augusti eût assassiner en 96, le frère de Titus, Domitien.



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