Chapitre 78 🌊
« Tu m'as donné ta confiance »
🌊 Iliana 🌊
« - Attacher mes cheveux
- Mettre un t-shirt clair
- Penser aux créoles
- Parler le plus fort possible
- Regarder dans les yeux
- Ne pas oublier de sourire »
Je fronce les sourcils, interpellée par la mélodie diffusée dans l'appartement. Je lève le nez de mon bloc-notes, et coince mon stylo dans les spirales de ce dernier. Telle une bonne élève que je suis, je dépose soigneusement le tout, avant de regagner le salon.
Aiden, bordel quand vas-tu enfin arrêter de modifier mes playlists ? pensé-je dans ma tête, avant de saisir le Smartphone et de modifier cette musique, plus semblable à du bruit qu'à une mélodie.
Décidément, je ne comprendrai jamais les fans de métal, bien qu'Aiden n'écoute pas ce genre musical, certaines de ses préférences me donnaient vite la migraine. Alors que lui, augmentait le volume en roulant plus vite.
Je me résigne rapidement à écouter une fois de plus « The Rise and Fall of Ziggy Stardust and The Spiders from Mars » mon album favori de David Bowie, que je ne présente plus, et me lance dans un autre classique : Les Red Hot Chili Peppers. Concentrée et bien décidée à réviser les œuvres de ce groupe avant le concert, je lance une fois de plus Under the Bridge, bien plus divertissante que ce bruit de fond offert par mon copain.
« - Penser à changer le code de mon téléphone
- Modifier les mots de passe de Spotify »
J'ajoute un point au bout de ma ligne, avant de commencer à me préparer. Mon apparence se devait d'être imparable. Apparence négligée, Iliana dévastée, Aiden et Austin inquiets. C'est comme ça qu'on fonctionne à présent.
Je glisse ma dernière mèche dans mon Donut afin de former le chignon le plus potable possible. Il est relativement rond, et je dois dire qu'avec mes deux mains gauches, et ma faible aisance en matière de coiffure, je ne vous parle même pas lorsque des pinces viennent s'ajouter à l'épreuve, je dois avouer que le résultat me convient plutôt bien. Quelques mèches devant, échappées volontairement, histoire de ne pas ressembler à une danseuse étoile, du fond de teint pour me donner cet aspect bronzé que je n'ai plus, sans oublier une légère touche de mascara. Je peaufine le tout avec mon rouge à lèvres mat, presque bordeaux, et mes créoles. Voilà. Ni fait, ni à faire.
D'un petit coup de poignet, j'essuie la bouée sur le miroir afin de laisser apparaître mon visage et ses traits tirés. Je m'examine du regard, avant de cligner plusieurs fois des paupières. Dans un soupir délicat, je saisis de nouveau ma liste, et incère un petit « surtout » dans ma tâche « Ne pas oublier de sourire » et clos l'énumération de choses à faire, pour le moment.
Tout en chantonnant le refrain, je sors le plat à gratin et en deux minutes chrono, frotte ses bords avec beurre et gousses d'ail avant d'ajouter la préparation, constituée de pâtes au fromage et de poitrine fumée. Je termine la recette en saupoudrant de gruyère, en ajoutant des copeaux de parmesan (étrangers à la recette mais à mon goût indispensable) et enfourne pour une durée indéterminée. Je n'ai jamais été à l'aise avec les horaires, donc ici, tout se fera à l'odeur.
J'en profite pour cacher mon sous-vêtement d'un t-shirt pâle, puis le remplace finalement par une chemise bleu-nuit. Tant pis pour les engagements ! Tout en rangeant les bords du vêtement dans mon jean, je pousse du pied les deux trois trucs qui traînent au sol, afin de faire croire que je suis ordonnée. Les apparences sont décidément trompeuses ces derniers temps...
Les quelques minutes qu'il me reste avant l'arrivée des garçons, se résume qu'à une chose : écouter notre musique.
Je m'assois calmement en croisant les jambes sur le canapé en tissu, et ferme les yeux lorsque la mélodie principale s'orchestre autour de moi. Le cadre entre les mains, les doigts frottant machinalement les reliefs de l'objet, je m'échappe progressivement pour laisser mes pensées dériver vers elle. Je laisse les souvenirs m'assaillir, me violenter et m'apporter toutes les émotions que je repousse d'heure en heure. Les souvenirs m'engloutissent d'un seul coup, d'une puissance telle, que je pourrais presque sentir sa présence à mes côtés.
Je souris, les paupières toujours closes, en l'imaginant remuer des hanches juste devant mon regard émerveillé de petite fille comblée. Je me souviens de ses paréos colorés et des airs conquis qui ne la quittaient jamais. Je songe à ses mains qui saisissent les miennes et qui me font danser autour, tournant sur demi-pointes ou encore nos lèvres délivrer les paroles de notre hymne. Le soleil, qui baignait le parquet, m'interdisant de faire le moindre pas dans l'ombre, l'encens qui enveloppe la pièce et qui me...
J'ouvre brutalement les yeux. De l'encens, voilà ce qu'il me manque. En moins de deux, je fouille les tiroirs et caisses du salon, à la recherche de cette odeur, berceuse de mon enfance. Je finis par tomber sur un ultime tube, que je brûle directement. Une profonde inspiration plus tard, mes lèvres libèrent un sourire franc, tout comme cette senteur d'antan berce mon cœur. Je note dans un coin de ma tête qu'il faut que j'aille en acheter, et de penser à noter ça sur ma liste.
D'un petit geste délicat, je repositionne le cadre avant de me précipiter vers la porte, alertée par la sonnette qui signale l'arrivée des garçons. Revenant rapidement sur mes pas, je griffonne ma quotidienne croix sur la case du 20 mars, pour ainsi dire, la veille. Encore un oubli de ma part.
— Hey, lancé-je soulagée de les voir enfin présents.
— Tu me dois vingt dollars, réclame Austin en tendant sa main vers son ami.
— Oh non, ce n'est vraiment pas drôle, me vexé-je les mains sur les hanches. Sur quoi vous avez parié encore ? Ma manière de dire bonjour ? La couleur de mon haut ? Celle de mon rouge à lèvres ?
Cette manie qu'ils ont de parier de l'agent pour tout et n'importe quoi est insupportable. C'était leur « nouveau truc » en ce moment. J'avais du mal à laisser passer cette vilaine habitude, surtout depuis qu'Aiden m'avait révélé qu'il avait parié une somme sur notre relation, avec ses amis d'enfance. Son seul argument valable ? « J'ai refusé la cagnotte, alors que j'ai gagné ! »
Encore heureux j'ai envie de dire...
— Trop forte, effectivement, c'était ta manière de dire bonjour. Tu es décidément la meilleure petite sœur.
Je roule des yeux face à temps d'entrain, avant de lui signaler que le plat est dans le four, et qu'il est grand temps de le sortir de là. Une fois Austin disparu de ma vue, je m'attaque aux lèvres de mon petit ami. Légèrement sur la pointe des pieds, je dépose les miennes sur les siennes, en fermant les yeux.
J'ai tant besoin de la douceur qu'il m'apporte pour tenir debout, songé-je en m'écartant de lui.
— Ça va aujourd'hui ? m'interroge-t-il en posant ses mains sur ma taille.
— Mieux qu'hier en tout cas, assuré-je avec sincérité.
— Je suis vraiment, vraiment désolé mon cœur. Promis, je suis tout à toi dans les semaines qui arrivent, murmure-t-il en me serrant dans ses bras.
— Ça ne fait rien, je t'assure. Il va bien falloir que j'apprenne à vivre un peu toute seule, sourié-je en prenant sa main pour le faire entrer dans l'appartement.
— Pas tout de suite, c'est encore trop tôt, conclut-il en embrassant mon front.
Ses quelques marques de tendresse sont devenues une drogue, une raison de rester entière et présente.
— D'accord, on verra plus tard. Mais je sais bien que tu n'avais pas le choix, et c'était très important pour toi. C'est tout à fait normal Aiden.
Il hoche la tête, avant de pénétrer dans la cuisine. Je referme d'un coup de clé derrière moi, avant de frotter nerveusement mon jean, la tête baissée.
Respire, ça va aller, chuchoté-je pour me donner du courage.
Depuis plus de trois semaines, je vis dans l'appartement où j'ai toujours vécu. J'en suis la seule résidente, mon beau-père ayant pris la fuite il y a peu. La même agonie qui m'anime depuis sa disparition, enveloppe son cœur. Il m'a expliqué que je n'y étais pour rien, que je n'y pouvais rien, et que tout cela était simplement l'ordre des choses. J'aurais voulu qu'il reste auprès de moi, qu'on se soutienne mutuellement et qu'on la pleure ensemble. Mais j'ai été incapable de me relever seule, d'aller de l'avant. Chacune de nos rencontres n'étaient qu'un flot de paroles vides de sens, et j'ajoutais finalement ma peine à celle qu'il éprouvait déjà. Un mauvais calcul, qui l'enfonçait au lieu de le sauver.
Alors il est parti. Parti prendre l'air, voir le monde un peu plus loin, retrouver de nouveaux repères. Je sais qu'il reviendra un jour, et j'ai hâte. Mais fuir est la réaction la plus normale et compréhensible, quand on sait que l'horizon se dessinant derrière la vitre chuchote tous les jours le prénom de ma mère, mêlé aux roulements des vagues.
Mon père a été le plus compliqué à convaincre. De nouveau, je lui donne raison. Après ma lamentable tentative de mutilation, je comprends que sa confiance en moi ait été profondément altérée. M'autoriser à vivre seule, n'était qu'un risque supplémentaire à ses yeux, et une incapacité à intervenir en cas de soucis... Pourtant, nous avons finalement trouvé un terrain d'entente, convenant à tout le monde. Je passais trois jours à la maison, et le reste de la semaine ici, dans cet appartement. Je n'avais qu'une seule nuit de solitude, le dimanche, alors que les autres soirées sont occupées soit par Aiden, soir par Austin. C'est un rythme particulier, incompréhensible pour d'autres, voir immature, mais bon sang, qu'est-ce que ça me fait du bien.
J'ai besoin de ça pour me reconstruire. J'ai besoin de me réfugier dans ce cocon qui m'a bercée tant de fois enfant, j'ai besoin de me réfugier dans mes souvenirs, de suivre ses pas et de respirer seule. D'avancer, de faire mon deuil.
Je dois lui pardonner cet abandon, et la laisser partir...
Je ne dis pas que j'en suis capable, ni que c'est simple. Son absence résonne en moi chaque jour en me levant, et m'accompagne jusqu'au coucher, pour me retrouver dans mes pires cauchemars durant nuit. Cet état de manque dans lequel on m'a plongée, coupée subitement de tout l'amour maternel qu'elle m'offrait est incontestablement la chose la plus difficile à surmonter.
Penser, comprendre une bonne fois pour toute, qu'elle ne reviendra jamais. Et répéter cette phrase en boucle, encore et encore, tel un éternel refrain contenu dans un disque rayé, pour finir par se convaincre de son sens, et recommencer la manœuvre à nouveau. Jusqu'à ce que l'élément soit i...
— Iliana ? Qu'est-ce que tu fais honey ?
Je relève la tête, assistant en direct au changement d'expression de mon frère. Une once d'inquiétude se décèle dans son regard bienveillant, qui me sonde à cet instant. Je bats des cils furtivement, et chasse ce voile nostalgique de ma vue.
Pense à sourire Iliana. Surtout, pense à sourire, me murmure ma conscience.
Alors je me mets à lui sourire.
— Rien, je... je réfléchis, articulé-je en haussant les épaules.
— Mais, ça va ?
— Oui, oui, affirmé-je de nouveau en passant les mèches de mes cheveux derrière mes oreilles.
Je vois bien que ma réponse, on ne peut plus confuse, ne lui convient pas. Je me détache du mur et m'avance vers lui pour déposer mes lèvres sur sa joue. Bisous magique qui efface les douleurs, aujourd'hui me servira de leurre.
— Tout va bien, je t'assure.
Je l'incite à me suivre dans la cuisine, pour aller manger et surtout, oublier cette conversation. Aiden est heureusement déjà en train de préparer la table, et soigner ma préparation avec attention. Rien qu'à l'odeur, je sais que le plat est réussi. Vous n'imaginez même pas le cirque si ces messieurs n'avaient pas un bon repas à leur table...
On passe le plus clair de notre temps à parler nourriture, sport, et lycée. La saison de basket bat son plein, et les deux joueurs sont plus motivés que jamais à saisir leur ultime chance d'être sacrés champions. L'équipe en a bien besoin, et ça remonterait le moral de tout le monde. Ils s'intéressent furtivement aux championnats de volley, que je n'ai pu reprendre qu'il y a deux semaines. Les blessures et les circonstances ne s'y prêtaient jusqu'à présent pas...
— Lindsay doit être contente de te retrouver, commente Austin en avalant une nouvelle bouchée de mon plat, vu les idiotes qui composent l'équipe, il était grand temps de revoir des bonnes joueuses.
Comment expliquer que j'ai perdu mon niveau ? Que je cours sans cesse après la balle sans pouvoir anticiper, comme j'en avais auparavant la possibilité ? Suis-je supposée dire que si j'ai repris ce sport, ce n'est pas par envie, mais par nécessité ? Que j'y passe mes après-midi pour combler ce manque d'activité, et cette absence de surf ? Je ressers mes lèvres l'une contre l'autre, avant d'ajouter, bredouille :
— Pour une fois, je trouve que l'équipe se débrouille bien... Tu sais je n'ai pratiquement pas participé cette année, entre ma cheville, l'agression et ma mère...
Mes yeux trouvent instinctivement leur place au sein de cette nourriture, longeant les bords de l'assiette pour éviter le regard de mes compagnons.
— Je veux bien que tu me passes de l'eau, articulé-je sans vraiment détacher des yeux le repas.
— Iliana je ne voulais pas...
— De l'eau, je veux juste de l'eau, s'il te plaît, le coupé-je en tendant la main.
Ce silence perdure quelques minutes, un malaise soudain qui n'a aucun sens. Je remue du bout de la fourchette mes ultimes macaronis, cherchant finalement l'appui d'Aiden, ou n'importe quoi pour meubler ce manque de bruit.
— Et la gym alors ? Tu reprends quand ? lance-t-il finalement en me souriant.
Perdu Aiden, perdu...
— J'ai arrêté. Il y a trois semaines.
Une fois l'aveu délivré, je me lève légèrement tremblante et commence à empiler les assiettes pour les emporter jusqu'à l'évier. Austin me scrute d'un regard soucieux, alors que mon copain se mord la joue.
Bien joué Iliana, toujours les mots justes pour parfaire l'ambiance.
J'allume d'un geste le robinet, déversant l'eau brulante sur mes paumes. En attendant l'atteinte d'un niveau acceptable et d'une quantité de mousse suffisante, je fixe le front de mer. Les vagues sont plutôt douces, malgré la saison et le début des grands coefficients. Je cligne des yeux plusieurs fois, avant de les poser sur les tubes naissants, m'imaginant à leurs pieds pour analyser le courant, le roulement, et les figures que je pourrais réaliser si j'y étais. Cette pensée fait naître un petit sourire timide au coin de mes lèvres.
— Tu laves et j'essuie ? m'interroge doucement mon copain d'une voix hésitante.
Je l'interroge du regard, étonnée qu'il vienne me rejoindre ici.
— Ou l'inverse, si tu préfères.
— Non, ça me va, murmuré-je en quittant l'océan pour rejoindre l'eau immergeant mes doigts.
Je m'affaire à ma tâche, dans un silence de plomb. Cette gêne doit être communicative, puisqu'à peine quelques minutes plus tard, une violente mélodie émerge de l'enceinte du salon.
— Faut écouter la musique moins fort Iliana ! Tu vas te rendre sourde honey ! me crie mon frère depuis le séjour.
— Il ne peut pas s'empêcher de faire des commentaires celui-là, rétorqué-je en passant la première assiette à Aiden.
— C'est Austin, tu t'attendais à quoi ? rit-il nerveusement.
Je confirme, avant de savonner de plus belle mon assiette. Je jette quelques regards en coin à mon copain, attendant patiemment qu'il prenne la parole. Voyant qu'il fait exactement la même chose que moi, à quelques secondes d'intervalle, je me laisse envahir par un petit rire sonore, vite étouffé par mes soins.
— Pourquoi tu ne m'en as pas parlé ? questionne finalement Aiden après de longues minutes.
— Je ne sais pas trop... Je suppose que j'avais honte en quelque sorte ? hésité-je, même pas sûre des arguments que j'avance. Ça ne me ressemble pas trop d'arrêter une activité en plein milieu de l'année, et je ne voulais pas que tu t'inquiètes pour si peu.
— Iliana, tu sais que tu peux tout me dire enfin...
— Oui, je sais bien, mais je ne voulais pas te décevoir ou quelque chose dans ce genre-là.
— Me décevoir ? Mais petit oiseau, tu fais ce que tu veux, l'important c'est que tu te sentes bien. Peu importe ce que tu fais, tant que tu es heureuse ça me convient, murmure-t-il.
Ne vois-tu pas que je ne suis pas heureuse ? Que sans elle je ne le suis plus ? Ma conscience pour seule témoin, je ravale mes larmes en hochant la tête. Je serre l'évier entre mes doigts, ne sachant plus quoi faire pour retenir ma peine. Aiden m'arrache les couverts des mains, avant de les déposer sur le côté du bac.
— Regarde-moi, chuchote-t-il en relevant mon menton avec ses doigts.
J'obéis, parfaitement consciente que chasser mes pleurs ou papillonner maintenant ne servirait à rien. Ses yeux gris me sondent avec une inquiétude qui me coupe le souffle, qui m'enterre plus bas que je ne le suis déjà. Ce regard me fait comprendre que je suis la cause de tout ça, de cette peur constante qui plane dès qu'on prononce mon nom ou évoque ma situation. Ses airs-là font voler mon cœur en une infinité de petits éclats, prenant un aspect des plus désagréables et des plus compliqués à surmonter.
— Ne pleure pas Iliana, s'il te plaît mon ange...
Ça n'a rien d'une supplication, ni même d'un ordre. Non, il est simplement profondément sincère, et il cherche uniquement à soulager mes maux. Un violent pincement tiraille ma poitrine lorsque son regard s'embrume à son tour, je me retrouve désarmée face à cette tristesse que je lui impose. Je suis brisée, il l'est davantage, parce qu'il assiste impuissant, occupé à ramasser chaque morceau sans en oublier un seul, adoptant la perspective d'une reconstruction future. Il efface mes pensées en m'attrapant et en me serrant avec force dans ses bras. Petit oiseau blessé entre ses mains, je ferme les yeux en respirant son parfum, avant de l'encercler à mon tour, celant ma prise au creux de ses reins.
On reste ainsi de longues minutes, l'un contre l'autre jusqu'à effacer toute trace de tristesse ou de nostalgie. Ses doigts s'affairent sur mes pommettes en même temps que ses lèvres câlinent ma tempe, des gestes réconfortant et bienveillant à mon égard qui raccommode mon petit cœur en morceau. A notre rythme, doucement mais sûrement, pas à pas.
— Si tu savais comme elle me manque Aiden... Je ne sais plus quoi faire. Je sais qu'elle n'est plus là, qu'elle ne reviendra plus mais je... je pensais que j'arriverai à... enfin au moins à...
Je soupire, incapable de prononcer une phrase correctement, d'aligner mots et pensées en quelques sons. Je n'arrive à rien bordel.
— Je sais, me murmure-t-il en caressant énergiquement mon dos, probablement pour faire taire ces abominables sanglots qui me nouent la gorge, m'empêchant une nouvelle fois d'exprimer ce que je pense.
— Je suis désolée... tellement désolée... sangloté-je dans son cou.
— Tu n'as pas à l'être Iliana, rien de tout ça n'est de ta volonté ou de ta faute.
— Mais ce sont nos derniers mois et ça vient vraiment tout gâcher je...
— Hey... Tu ne crois pas qu'on peut y arriver ?
— Si, bien sûr que si mais si jamais ce n'est pas le cas ? J'aurais tout fait foi...
— Iliana, tu mélanges tout petit oiseau, me coupe-t-il de plus belle. Ça n'a rien à voir, et tu n'as pas à penser à ça maintenant. On va en profiter un maximum tous les deux, sans penser à une possible séparation. Tu te souviens ce qu'on s'est toujours dit ? Hein ?
Je confirme d'un signe de tête, avant de me cramponner davantage à lui. J'ai tellement peur. L'université a toujours été un putain d'objectif, un but que je dois atteindre à tout prix sans faux pas, un rêve que je dois accomplir pour elle et pour moi. Jamais je n'ai douté de ce projet, j'ai travaillé dur pour me façonner un dossier irréprochable, et durant toute ma scolarité je me suis donnée corps et âme pour atteindre un tel résultat... Jamais je n'avais vu ça comme un immense gouffre inconnu, dans lequel je m'apprête à plonger tête la première.
J'ai toujours pensé qu'elle serait là. Qu'elle sourirait en portant mon dernier carton, qu'elle râlerait parce que les ascenseurs de la résidence universitaire seraient en panne, crierait parce que j'ai omis un détail ou même pleurerait car il serait l'heure de nous séparer. J'ai rêvé tant de fois de l'entendre m'assurer qu'elle est fière de moi, de ce que j'ai accompli jusque là.
Ma vie et mon avenir tournait autour d'elle, depuis son départ, je tourne en rond, dans un vide sans fin à la recherche de ma stabilité passée. J'ai tellement peur.
L'abandon ne m'a jamais terrifiée, malgré la séparation de mes parents. Mon père est parti trouver une nouvelle famille sans se soucier de la sienne, mais jamais je n'ai eu peur d'être seule. Ma mère était là. Nous étions seules, mais toutes les deux. Il y a des gens qui ont besoin de perdre leurs proches pour réaliser à quels points ils comptaient pour eux, pas moi. Il y a des gens qui ne comprennent pas l'amour d'une mère à son enfant, pas moi. Il y a des enfants qui se fichent de leurs parents, des parents n'aiment pas assez leurs enfants.
Pas moi.
Il y'en a qui se disent qu'ils auront d'autre chances et que la vie ne fait que commencer, d'autres qui sont parfaitement calmes, qui retiennent leur souffle pour faire passer ce malaise, les suivants ferment les yeux et se disent que tout sera parfait quand ils les rouvriront... Et il y en a ceux qui ne pleurent pas, jamais. Mais ça n'existe pas des proches qui ne pleurent jamais, ils ne font qu'accumuler la tristesse, la peur et la colère. Un jour, quand cette limite sera franchie, dépassée, piétinée et détruite à jamais, il ne faut pas être dans les parages. Car c'est grave, trop grave pour pouvoir simplement fermer les yeux ou reprendre son souffle...
Des êtres aimés disparaissent, oui, ça n'arrive pas « qu'aux autres ». La voilà la putain de réalité, la vie est cruelle et savoure ces sanglots qu'elle nous impose. On peut disparaître en pratiquant sa passion, partir trop jeune, traverser une route ou simplement sourire, courir, et en mourir. Ces choses-là arrivent, et demeurent irréversibles.
Mon frère qui partira bientôt à l'autre bout du pays, ma meilleure amie s'installant dans un autre Etat, mon copain aux projets incertains... Alors que moi, petit Iliana, oiseau fragile et incapable de quitter son nid, j'attends. Je me laisse bercer une fois de plus par les courants, et attends. La peur au ventre, appréhendant l'abandon et serrant son petit ami comme s'il allait disparaître dans la seconde qui suit.
— Tu sais ce que je voudrais mon cœur ? chuchote-t-il à mon oreille.
Je secoue la tête, toujours tendrement blottie contre lui. Je finis par m'écarter, alors qu'il tient mes deux paumes entre les siennes pour me rassurer.
— Je voudrais que tu ailles voir la mer. Tant que tu ne l'auras pas fait, ça n'ira pas mieux mon ange, je t'assure.
— Non, je ne suis pas prête, refusé-je en plantant mon regard larmoyant dans cet acier profond qui s'ouvre devant moi.
— On ne l'est jamais vraiment. Tu as besoin d'être auprès de ta maman, de trouver sa présence dans ce qui t'entoure. Et c'est ce qui vous lie Iliana. Tu as besoin de regagner l'eau pour faire ton deuil.
Je me mords violemment la lèvre, pour taire ses pleurs à l'affût de ma faiblesse. Aiden attrape mon visage entre ses mains, et dépose avidement ses lèvres contre les miennes.
— Fais-moi confiance petit oiseau, murmure-t-il contre mon front.
Alors j'accepte. J'irai sur la lune s'il me le demandait. Tant qu'il me regarde de cette façon, que sa main serre la mienne et que son cœur m'appartient. A moi et à moi seule.
🌊🌊🌊
Les dernières lueurs du soleil se partagent le vaste ciel, reflétant un espoir éteint dans le creux des vagues obscures. Inversant les tendances cette fois, une immense impression de « déjà-vu » m'obscurcit la vision. Les couleurs pâles qui disparaissent et l'air frais qui pointe le bout de son nez me ramènent des mois en arrière, lorsqu'Aiden n'était point mon copain, si ce n'est qu'un emmerdeur de première. Notre premier moment tous les deux me reviennent en mémoire, m'assaillant de pensées délicieuses qui me donneraient presque envie de sourire tendrement. La soirée « univers » en boîte, la descente de la police sur les lieux, la lutte contre Evan pour le convaincre de me suivre... Un moment de nostalgie où tout paraissaient beau, simple, et tranquille. Rien qu'un groupe d'adolescents et non une bande dévastée par le deuil. Le bon temps, on peut le dire...
Je fixe les grains de sable avec attention, sans oser retirer mes chaussures pour les toucher. Je ne me sens plus chez moi, tout ça ne me parle plus du tout. Mes doigts ombrages la matière blanchâtre, hésitant à la frôler. Après quelques secondes de réflexion, toujours assise seule sur le petit mur, je laisse ma main s'aventurer dans les grains, et les remuer entre ses doigts. Le sable est froid ce soir, tout comme la température qui se rafraîchie un peu plus encore. Pensive, j'en oublierai presque la situation et les attentes d'Aiden, me contentant de remuer le sable entre mes paumes. L'appréhension me noue le ventre, tandis que je grelotte de froid. Mon short en jean et mon t-shirt blanc ne suffisent plus à me couvrir, malgré la météo calme de ce mois de mars.
— Tiens, souffle-t-il en me tendant un gobelet au logo vert parfaitement rond.
— Tiens, interrompt-il en me cédant un verre fumant.
— Merci, remercié-je en plaquant mes mains contre les parois brûlantes.
— Heu... merci ?
— Un chocolat viennois avec un supplément crème et Smarties, pour faire du bien à ton petit cœur, murmure-t-il en posant sa main dans mon dos.
— Chocolat chaud.
— Merci, répété-je de nouveau.
Je cligne plusieurs fois des yeux, pas vraiment convaincue de vouloir m'aventurer dans des souvenirs ou tout ce qui m'importait était de plaire aux beaux yeux d'Evan et de surfer jusqu'à avoir le souffle coupé.
Je porte la longue paille à mes lèvres et aspire un grand coup jusqu'à sentir le liquide me brûler la gorge. Aiden s'assoit à mes côtés, et noue ses doigts aux miens en souriant. Je lui réponds, en gardant les yeux rivés sur la plage. Comme si je la découvrais à nouveau. Telle une gamine observant le monde qui l'entoure, chaque détail m'interpelle, si bien qu'une seule conclusion me vient à l'esprit : c'est tellement beau que j'en reste sans voix.
Mon regard balaye le rivage, savourant les derniers faisceaux du soleil disparaître dans l'obscurité totale. J'avale une gorgée supplémentaire, en constatant qu'Aiden m'imite.
On consomme nos boissons en silence, en regardant les premiers rayons du soleil apparaître au loin, à l'horizon.
— On peut aller marcher sur la plage ? demandé-je tout à coup.
— Viens, on va marcher un peu, impose-t-il en attrapant mes mains.
— Heu... marcher ? Tu es sûre ? hésite-t-il en faisant référence à ma cheville.
— Carrément. Le sable est plus efficace que la rééducation. Et je ne voudrais pas rater le lever du soleil, argumenté-je.
— Aiden, je ne sais pas si...
— Tu m'as donné ta confiance, me coupe-t-il. Allez, ça va te faire du bien Iliana, c'est la meilleure thérapie, je te le promets. Il faut que tu te souviennes combien le sable est blanc, murmure-t-il finalement en me serrant contre lui, d'autant plus, hors de question de rater le coucher du soleil !
Je me lève difficilement, carrément réticente à l'idée de m'approcher davantage.
— Retire tes chaussures Iliana, ajoute-t-il en serrant ma main.
Bredouille, je baisse les yeux vers mes lacets et les dénoue doucement. Une fois le tout retiré, je plonge doucement mes pieds dans les grains de sable. A mon plus grand étonnement, aucun frisson ou mouvement de dégoût ne vient m'attaquer dans l'immédiat. J'avance de quelques pas, ma peau frémissant presque à cette température. Comme une enfant apprenant à marcher sans aucune aide pour la première fois, j'ajuste mes pas, et savoure cet étrange équilibre. Un léger sourire s'empare de mes lèvres alors que je dessine ronds et demi-pirouettes sur le sol, ce qui a pour effet de faire rire mon copain.
— Arrête de me regarder comme ça, je ne vois pas ce qu'il y a de drôle, bafouillé-je.
Celui-ci, toujours en me bouffant des yeux, se racle la gorge avant d'avancer :
— Rien, je savoure ma demi-victoire. Enfile un sweat, tu vas attraper froid.
— Mets ça, tu vas avoir froid.
— C'est celui d'Austin, non ? demandé-je en voyant le sweat qu'il me tend.
— C'est le tien cette fois ? questionné-je, malicieuse.
— Oh que oui ! J'ai vite compris que te voir munie de mes vêtements te rendait encore plus désirable que normalement, susurre-t-il à mon oreille.
Je le repousse d'une main sur le torse, avec un petit rire sonore. Depuis combien de temps n'avons-nous pas été aussi proches, aussi complices ? Depuis combien d'heures avancé-je le long de ce sinistre tunnel sans la moindre trace de lumière et de gaîté ? Quel est le nombre exact de pages de notre histoire ont été teintées de tristesse, de noirceur et de pleurs ? Quand reviendra enfin la douce romance qui faisait auparavant palpiter mon cœur ?
En avançant, je ne peux que constater ce magnifique paysage qui m'entoure. L'eau et le ciel ne font plus qu'un, partageant nuance chaleureuse et vagues ombragées dans une danse parfaitement accordée. Vents et courants se confondent, se répondant musicalement en claquant successivement contre la rive. Je tourne le dos à Aiden, m'approchant plus encore du bord de l'eau, avant de m'assoir et d'admirer. C'est le souffle court que je le vois sortir son mobile et me cibler avec.
Le ciel se confond avec la mer et les étendues d'eau qui nous entourent. Mon regard se perd dans toutes ces nuances, oubliant même la simple présence d'Aiden à mes côtés. Celui-ci profite de la vue pour immortaliser le mouvement des vagues d'une photo, avant de dériver et de pointer son objectif dans ma direction.
Le bruit de l'appareil me fait sursauter, malgré l'indiscrétion de son propriétaire. Je tourne la tête, mais le photographe est déjà à mes côtés, se mouvant dans le sable à son tour.
— Je peux voir ? le stoppé-je, entendant le bruit de la photo.
— Tu me montres ? questionné-je d'une petite voix, avant de tenir l'appareil entre mes mains.
Je contemple son œuvre, avec un petit sourire épanoui. J'aime énormément découvrir ce qu'Aiden réalise et l'aspect que prennent ses clichés. Parfois, il nous arrive de nous assoir tous les deux sur son lit, et de sortir une boîte de polaroïds fraichement imprimés, avant de raconter à chacun le message et l'histoire qui se cache derrière la photo. C'est dans ces moments-là que nous apprenons davantage à nous connaître, plus encore que les simples apparences, ou même les grandes lignes de notre histoire personnelle.
— Elle est très jolie, répliqué-je doucement.
— Elle est magnifique, chuchote-t-il tout près de mon oreille, en refermant sa prise sur ma main.
— La fille ou la photo ? me taquine-t-il en s'approchant.
— Le paysage ou le modèle, susurré-je d'une voix douce, se mêlant à ces mots passés, sans quitter ses lèvres des yeux une seconde.
— Les deux, évidement, pouffé-je.
— Le modèle, c'est évident, murmure-t-il en écartant une mèche de mes cheveux pour accéder librement à ma peau.
Ma respiration se coupe lorsque son souffle lourd s'abat follement contre mon cou, et que ses lèvres viennent le frôler à plusieurs reprises, compléter mon essoufflement. Un frisson de plaisir, perdu depuis longtemps dans un azur de larmes dégringole le long de mon dos, parcourant avidement mon échine. Son contact est lointain, devenu fuyant et inconnu à ma peau pâle. Comme un besoin soudain de s'en imprégner à nouveau et de m'approprier à nouveau ce qui m'appartient, Je glisse entre ses jambes, et dans un flot de « je t'aime », m'empresse d'entourer son visage pour capturer ses lèvres et les faire miennes.
La tension ne cessant d'augmenter entre nous, mes mains se glissent sous le tissu de son haut, caressant son flan d'un geste irrésistible. Alors que six mois auparavant, nous nous imposions une lutte sans fin sur cette même plage, afin de repousser sentiments et baisers aussi loin que l'horizon le permet, nous nous apprêtions maintenant à nous dévorer tendrement, à nous jeter corps et âmes dans de folles embrassades, veillées uniquement par les ultimes rayons du soleil.
Les paumes d'Aiden quittent ma nuque pour venir emprisonner les miennes, les repoussant hors de son corps et de la chaleur qui s'en dégage. A bout de souffle, je change de cadence et m'empare de ses épaules tout en dévorant son visage de baisers, en harmonie parfaite avec les siens. Transpirante de désirs, brûlée vive par son toucher, je ferme les yeux pour me perdre dans ce flot de sentiments ébranlés.
De nouveau, Aiden s'écarte, plus loin encore. Assise sur mes talons, mes mains se verrouillent contre lui, et toujours les yeux clos, j'attends le retour de son souffle contre le mien.
Mais rien ne vient.
Je me laisse retomber sur le sol, mes mains glissant contre son torse avec délicatesse. Les lèvres entrouvertes, nues devant son absence et remuées par cette subite interruption, mes yeux s'embuent subitement. Ce refus inacceptable virevolte dans mon esprit et tourbillonne dans un flot d'émotions interdites, mêlant de nouveau peine et manque d'amour grandissant. Je retiens ma respiration au même prix que mes larmes, faisant face à son rejet qui me blesse grandement. J'ouvre les yeux, et remonte ces derniers contre les siens.
Incompréhension et désir s'entrechoquent devant nos pupilles, se confrontant à notre manque d'air, et ce vide sinueux qui s'agrandit entre nos chairs.
— Pourquoi ? murmuré-je simplement.
Cette putain de question tourne en boucle dans mon esprit, m'obsède et me brûle les lèvres avec ardeur. Mon manque de tact semble l'étonner un instant, si bien qu'il avance sa main jusqu'à ma pommette. Vexée par son abstinence, j'esquisse un mouvement de recul.
— Tu sais très bien pourquoi petit oiseau, bredouille-t-il. Ni maintenant, ni comme ça.
Je fronce les sourcils, avant de me mordre les lèvres. Je déteste cette sensation. J'ai l'impression d'être faible lorsqu'il me regarde de la sorte, alors que je devrais me sentir plus forte que jamais dans ses bras. Je n'existe plus, il n'ose plus rien. Aucune initiative, aucune spontanéité venant de lui. Il refuse de me toucher, de me regarder, hésite avant de m'embrasser...
— Oui, murmuré-je de nouveau en me redressant. Je comprends.
D'un air penaud, je me réfugie dans l'horizon, acheminant mon regard jusqu'à lui. Mes mains jouent entre elles, nerveuses à l'idée que plus rien ne sera comme avant, y compris notre relation. Pourtant, lorsqu'il me rejoint au bord du rivage, j'ai l'impression que c'est possible. Qu'un jour où l'autre, on surmontera cette faiblesse. A défaut de redevenir « comme avant » notre relation écrira de nouvelles lignes, plus palpitantes encore que les précédentes.
Les pieds plongés inconsciemment dans l'eau, en un battement de cils mes souvenirs s'incisent au plus profond de mon esprit.
Avec un petit sourire en coin, il m'envoie de l'eau avec mon pied. Je pousse un cri strident qui part dans les aigus, normal, l'eau est tout simplement glacée.
Une rincée vient m'arracher une plainte, me ramenant brutalement à la réalité. La température de la mer me coupe le souffle, et j'assassine Aiden du regard.
— Ne fais pas cette tête... Tu sais comme moi que c'était prévisible.
Mon sourire s'agrandit à l'idée qu'il pense à la même chose que moi, ainsi qu'au même souvenir que nous avons partagé ensemble des mois auparavant.
Je réplique avec haine, en le trempant. Ça l'apprendra à venir me déranger pendant que j'observe la mer ! L'eau m'avait à peine effleurée mais ce n'est pas une raison pour être gentille pour autant... Je l'attaque à grands coups de pied. Conscience d'en faire trop, je m'élance en sens inverse, pour éviter sa revanche. Après quelques secondes d'avance, il me suit à la trace, criant sa rage dans un flot de paroles incomprises.
— Prévisible, à ça oui, murmuré-je entre mes dents avant de lui envoyer tout ce qu'il mérite.
L'instant d'après, nos ombres se confondent entre sables et flots, perturbant les couleurs parfaites du coucher du soleil. Ses pas résonnent derrière les miens, me suivant à la trace n'importe où. Ma seule solution reste de m'éloigner du bord, connaissant parfaitement son penchant pour la sécurité plutôt que l'eau.
J'éclate de rire en voyant sa difficulté à me suivre, et ne me prive pas de l'arroser de nouveau. L'eau jusqu'aux hanches, je parviens à sauter pour éviter les vagues, contrairement à certain qui les rencontre de plein fouet. Lorsque je quitte l'océan des yeux pour les déposer sur Aiden, la panique me gagne. Sa silhouette ne se détache pas sur l'horizon, il n'est plus à mes côtés. Mes traits se figent instantanément en prenant conscience de ma position par rapport au bord, et à cette angoisse qui gagne du terrain en me nouant le ventre. Deux mains sortent de nulle part, et se verrouillent avidement contre mes hanches, me repoussant dans la réalité plutôt que dans une transe effrayante.
— Prends ta respiration, très vite, me conseille-t-il en souriant.
J'obtempère sans lutter, et le laisse me tirer dans les profondeurs. Renouant sans souffle avec cette noirceur qui me fait vibrer, chassant appréhension et peurs, m'inculquant de nouveau ma liberté passée.
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Hey ! Bonjour à tous ! Comment allez-vous ?
Voici comme prévu un nouveau chapitre ! On s'approche de la fin ! (je le dis chaque semaine mais ahhhh on s'approche vraiment...)
Comment avez-vous trouvé cette nouvelle partie ?
J'ai beaucoup aimé l'écrire, parce que je retrouve enfin mon univers de prédilection ! (la romance toute guimauveeeee) Alterner entre réflexions et mots doux !
Iliana tente du mieux possible de se reconstruire, malgré quelques faux pas...
Comment la trouvez-vous dans ce chapitre ? A-t-elle évolué selon vous ?
Elle est encore écorchée vive, vu les évènements qu'elle a vécus...
Les garçons tentent également de l'aider, ou du moins de la comprendre. Comment trouvez-vous leurs réactions ?
Dans ce segment, c'est surtout Aiden qui prend le dessus et les choses en main. Et on retrouve un "transfert" avec un ancien chapitre, leur tout premier moment tous les deux !
Il a su être là pour elle, la comprendre, et lui sortir la tête de l'eau. N'êtes-vous pas d'accord ?
Personnellement, cette fin m'a vraiment faite sourire !
Des choses à ajouter ?
Bon week-end à tous, à la semaine prochaine !
Des bisous, Lina 😘
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