Chapitre 7

« Les garçons sont horribles entre eux. Mais les filles, elles, sont bien pires encore... »

J'avance dans les couloirs sinueux et bondés de ce lycée de malheur. Le reste des explications et des paroles de ce professeur me sont totalement passées au-dessus de la tête. Je cherche simplement à passer, à rejoindre le gymnase. Après quoi, je m'éclipserai, et irai mettre les pieds dans le sable le plus vite possible. C'est ce qu'il me faut, des vagues, de l'air et du sable. Ça me videra l'esprit à coup sûr. Je déteste la petite grâce derrière laquelle je suis obligée de me cacher putain.

La petite manipulatrice, vêtue d'un magnifique masque et de son plus beau sourire pour donner l'illusion d'être comme les autres.

Être moi-même ne sera jamais assez bien pour eux.

Je ne suis pas ce genre de filles qu'on observe dans les séries ou films clichés. Mais c'est ce qu'on attend de moi ici, se fondre dans la masse est obligatoire.

Les apparences, encore et toujours... Pensiez-vous réellement que j'étais ce genre de personne ?

— Salut Iliana !

— Salut, articulé-je sans savoir qui me parle.

Les gens se sentent obligés de me dire bonjour. Comme si un "bonjour" allait changer quoi que ce soit, comme s'il représentait un pouvoir incroyable qui allait subitement métamorphoser mon existence en un joli rêve bien dessiné. 

La compassion est un poison qui coule dans mes veines et gagne mon cœur progressivement, au fur et à mesure que ce genre de remarques afflue dans mon espace vital.

Mon regard se pose sur le tableau d'affichage. Sur cet ardoise qui en plein milieu de l'entrée principale, au centre des regards, où de nombreuses affiches figurent. Des punaises rouges qui accrochent et gardent figées les informations sur ce tableau en liège, les beaux moments comme les mauvais de notre quotidien. 

Mon plus grand malheur y est proprement piégé.

De nombreuses personnes circulent autour, dans un bruit assourdissant, portes de casiers, discussions, rires ou même cris, tout se stoppe en un seul instant, laissant simplement un long bip strident envahir mon crâne. Comme lorsqu'on passe sous un tunnel, les bruits environnants s'estompent progressivement.

Mon regard ne quitte plus son portrait. Ma mère, souriante, devant la mer, comme à l'accoutumée, la dernière photo qu'elle a posté. Je cligne des yeux, afin de chasser son visage rempli de joie et d'espoir. Ce petit article a longtemps fait la une, pourtant il reste encore figé après toutes ces semaines.

« En souvenir d'Anisa, un véritable modèle de vie et un exemple pour tous. Vivre de sa passion a toujours été sa priorité, son objectif, jusqu'au bout, quitte à y plonger sa fille dès le plus jeune âge. Une passion commune, aussi bien palpitante que dangereuse. L'adrénaline a pris le dessus sur les risques, une vague de trop comme on dit. Une pensée pour sa famille et ses amis ainsi que pour tous les enfants qui rêvaient de pouvoir un jour croiser leur modèle, dévalant la mer avec le sourire. »

Mes yeux s'emplissent de larmes brulantes, malgré les quelques mensonges qui se baladent entre les lignes. Voir sa photo, lire ce genre de bonheur à présent passé, fait remonter bien des choses, celles que je n'aime pas ressentir. Elles restent enfermées au fond de mon cœur, pour rester muettes. Je fais un pas sur le côté pour me rééquilibrer, une main sur la tempe, et serre les paupières pour que tous les sons environnants reviennent m'envahir. Un souhait vite réalisé, me forçant à prendre appuis sur le mur avant de basculer.

— Iliana ? Tu es bien Iliana ?

Je me retourne pour identifier la personne qui m'appelle et découvrir un visage qui m'est complètement inconnu. Je lui souris poliment, bricolant un air assuré.

— Heu... salut ! Je suis nouvelle et je...

— On se connait ? la coupé-je en haussant un sourcil.

— Non, pas du tout. Mais je voulais simplement te dire que je... enfin, je t'ai vue regarder l'affiche et j'ai déjà aperçu ton nom dans les journaux. Je voulais seulement te dire que je suis désolée pour ta mère, et je...

Laissez-moi tranquille.

— Merci, répliqué-je machinalement sans analyser le moindre mot sortant de sa bouche.

Je me contente d'arracher l'article, laissant de larges bords blancs sous ces immondes punaises rouges. Je quitte rapidement les lieux, avec l'impression que tout le monde s'écarte pour me laisser passer, ou pire encore, qu'ils me dévisagent tous à cet instant.

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J'observe les ballons de basket heurter le sol successivement, accompagné d'une douce musique qui calme mes nerfs. C'est tout ce dont j'ai besoin : annoncer au coach que je vais rester sur le banc de touche pendant une durée indéterminée n'est pas mon moment préféré de la journée. Assise sur la rambarde depuis vingt bonnes minutes, à battre des cils pour lutter contre les larmes qui souhaiteraient dévaler librement mes joues, je regarde les garçons jouer en quête d'une simple distraction.

— Iliana ? Qu'est-ce que tu fais là ?

Un écouteur en moins et le sol retrouvé plus tard, je vole le ballon d'Austin et commence à dribler avec devant ses yeux.

— J'attends ton professeur, j'ai des papiers à lui donner. En attendant, j'admire la star jouer, le nargué-je.

— Tu me regardais jouer ? éclate-t-il de rire. Et bien admire le spectacle, je suis absolument nul !

— Mais pas du tout, je suis absolument incapable de jouer comme tu le fais, souligné-je.

— Dit-elle en driblant avec mon ballon comme une vraie pro, reprend-il avec le sourire.

Je suspends mon geste, gardant au creux de mes paumes la balle afin de reporter toute mon attention sur mon demi-frère.

— Je suis surtout là pour Aiden en réalité, explique-t-il. Il veut se remettre à niveau.

— Aiden ?

— Oui, qui veux-tu que ce soit ? rit-il. Vous êtes dans la même classe il me semble.

J'avais remarqué.

— En effet, on est même assis à côté, mais uniquement en littérature, répliqué-je en haussant les épaules d'un air absent.

Ce genre de garçon arrogant et sans originalité n'est pas mon style. D'ailleurs mon attention est déjà focalisée sur quelqu'un, il n'y a plus de place pour personne.

Austin fronce les sourcils en me regardant dans les yeux, avant d'agiter la main devant ces derniers.

— T'es sûre que ça va ? m'interroge-t-il, soucieux.

— Oui, bien sûr, souris-je. Pourquoi ça n'irait pas ?

Parce que ta mère n'est plus là pour toi Iliana.

— Quoi ? articulé-je incrédule.

— J'ai dit : je n'en sais rien, tu fais une tête bizarre.

Je secoue le visage de droite à gauche, à la fois pour nier ses propos ainsi que pour me remettre les idées en place. 

— Non, c'est rien, le soleil qui me tape sur la tête, expliqué-je avec un autre sourire posé sur les lèvres. En attendant, toutes tes amies qui me fixent comme des vautours, ris-je excessivement. 

Il se retourne, et se gratte la nuque, mal à l'aise. Le regard fuyant, il explique.

— Elles sont jalouses.

— De moi ? Il n'y a vraiment pas de quoi. Elles n'ont aucun soucis à se faire.

— Elles sont comme ça depuis ce matin, souligne-t-il.

Non, elles sont comme ça depuis que je suis avec Evan, nuance.

Et elles continueront. Encore. Toujours.

— Je vais y aller, ajouté-je. Souhaite-moi bonne chance.

Il me reprend le ballon avec un signe de tête, et se réintègre le jeu. J'avance tout droit vers le coach, prenant mon courage à deux mains. J'aperçois au loin Lindsay m'encourager avec de petits gestes amicaux, m'accordant un beau sourire qui réchauffe mon cœur.   

— Iliana ! Te voilà, je me demandais justement où tu étais passée, m'apostrophe l'entraîneur.

— Je ne peux pas  pas assister au cours aujourd'hui, coupé-je immédiatement. Je suis désolée. 

Il me regarde, troublé. Instantanément, mes yeux descendent sur mes pieds, cachant le gauche derrière le droit en les frottant doucement l'un contre l'autre.

— En fait, je ne pourrai pas m'entraîner avant un bon moment, ajouté-je pour profiter de ma lancée.

Je lui tends mon dossier, peu fière du coup que je lui fais en ce moment. Il ne lit que les lignes principales, largement suffisante pour comprendre l'ampleur de ma situation actuelle. Incapable de rester calme dans l'attente de mon jugement, j'exerce un curieux balancé d'un pied à l'autre pour me calmer. 

— Mais pourquoi avoir attendu la rentrée Iliana ? Tu compromets toute la saison, et c'est important pour ton inscription à l'université, m'interroge-t-il en fronçant les sourcils.

— Pas plus que ma passion, expliqué-je, quelque peu sur la défensive.

— Je comprends mais ça aurait quand même été mieux pour toi de le faire pendant les vacances, pour pouvoir te reposer ensuite, quitte à sacrifier une ou deux belles vagues, m'explique-t-il calmement.

— Il ne s'agit pas « d'une ou deux belles vagues » là. La saison de surf se passe essentiellement pendant l'été en Californie. Je n'allais pas rester assise à rater les plus grandes compétitions ainsi que toutes les grandes marrées. Même si j'adore le volley, jamais je ne ferai un pareil sacrifice. Le surf, c'est tout ce qu'il me reste, murmuré-je du bout des lèvres.

— On ne peut pas dire que ta participation ait été impressionnante, grogne-t-il mâchoire serrée. 

Ma passion, sa passion. La nôtre. 

C'est tout ce que je garde en tête. Sa remarque sans importance me passe littéralement au-dessus de la tête. Alors il soupire, visiblement incapable de trouver le moindre argument pour répondre à mon petit monologue.

— Et pour combien de temps en as-tu Iliana ?

— Je ne pourrai pas bouger pendant une semaine, après quoi je vais devoir réapprendre doucement les mouvements du quotidien, comme ils disent. Je suis dispensée jusqu'à la fin du mois mais les nombreuses séances de kiné me permettront de reprendre le plus tôt possible.

— Tu seras encore fragile pour les premiers matchs et je dois t'avouer que ça ne m'arrange pas du tout, peste-t-il en feuilletant les premières pages en jargon médical. 

— Je ferai de mon mieux, et le plus rapidement possible. Je ne vous ai jamais fait faux bond, mais cette fois, j'ai passé mes envies avant. Vous avez ma promesse, je ferai tout ce que je peux pour reprendre le plus tôt possible pour jouer au championnat.

— Où est-ce que je dois signer ? capitule-t-il, vaincu.

֍֍֍

Maintenant appuyée contre le mur, j'attendais jusqu'ici tranquillement Evan lorsqu'une horde de filles débarquent dans les vestiaires pour se changer, mettant un terme à mes pensées. Courtney ne m'accorde pas un regard en entrant, se contentant, à mon plus grand bonheur, se s'occuper de ses affaires. Jusqu'à présent, j'admirais beaucoup l'équipe de pom-pom girls de notre lycée, c'est un sport qui se respecte et pas toujours aussi cliché que ce qu'on imagine. Pourtant, depuis que cette dernière en était à la tête, on se croirait dans une de ces mauvaises séries américaines.

Je me laisse glisser sur le banc, attendant dans le couloir que mon amoureux termine son entraînement. L'ombre et la fraîcheur étant les seuls satisfactions contre cette chaleur écrasante, je n'arrive toujours pas à comprendre comment les garçons pouvaient survivre et réaliser un effort sous ce soleil de plomb. Une situation que je n'envie en aucun point.

Comme toujours, mes mauvaises habitudes prennent le dessus. Instinctivement, lorsque je ne fais rien, mon pied gauche attire toute mon attention. Mes doigts trouvent mécaniquement ma cheville, et la massent en silence afin que je puisse l'ausculter du regard.

La voilà, ma faiblesse. 

Je tends la jambe devant moi et la tourne dans tous les sens pour mieux l'observer. Maintenant comme depuis des mois, lorsqu'elle était totalement pliée, je pouvais sentir la plaque en acier qui retenait mon articulation. Toujours dégoutée par ce constat, la plaque et ses vis m'obnubilaient toujours. Si bien, j'aurais préféré ne jamais savoir ce qu'il se passe là-dedans. 

Un banal accident il y a maintenant sept mois, au tout début de ma relation avec Evan. Une soirée qui tourne mal, trop l'alcoolisée et des marches d'escalier trop hautes, je n'ai pas été épargnée ce soir-là. Transportée aux urgences pour une fracture ouverte : je n'avais jamais eu aussi mal de toute ma vie. D'ailleurs, je n'étais même jamais allée à l'hôpital avant ça, une belle entrée en matière, vous pouvez me croire. Opérée en urgence et transformée en RoboCop, comme me le rappellent si bien mes amis. 

Demain, tout ça ne sera plus qu'un mauvais souvenir Iliana, respire. Tu vas pouvoir remarcher normalement, me chuchote ma conscience. 

Parfois, la douleur réapparaît sous forme de vagues puissantes. C'est fragile, je le sais bien, forcer serait sûrement la pire idée. La mer avait été un refuge durant cette période, une fois de plus. Du soir au matin, je marchais dans le sable, accompagnée d'une douleur horrible au début, qui à force s'est dissipée entre les grains de sable. Bien plus efficace que la rééducation, je partais tôt le matin et rentrais tard le soir en boitant, toujours satisfaite de l'effort réalisé.

— Iliana ? On peut parler toutes les deux ? me demande Montgomery en s'agenouillant devant moi.

Malgré la question posée, je n'ai pas le temps de répondre quoi que ce soit, elle me repousse déjà contre le mur. J'écarquille les yeux, surprise par son geste que je n'ai pas vu venir.

— Lâche-moi, murmuré-je, un peu perdue.

— Je veux qu'on parle d'abord, t'es sourde ? Je veux que tu arrêtes de tourner autour des garçons, c'est clair ?

Elle serre mes joues entre ses deux doigts, avec force. Mais qu'est-ce qu'elle me veut ? J'attrape son poignet et appuie dessus pour qu'elle me lâche, ce qu'elle fait.

— Assieds-toi, elle n'a pas fini de parler, salope, m'ordonne  Courtney, visiblement apparue de nulle part.

— Tu as plutôt intérêt à arrêter ton cinéma avec Evan, compris ? m'attaque de nouveau sa vipère de copine.

— Il est avec toi que pour la baise, complète Courtney.

— Tu n'es personne Iliana, arrête de t'imaginer une vie que tu n'auras jamais. Tu laisses Austin tranquille, il n'a pas besoin d'un poids supplémentaire à supporter.

— Et pour Aiden, c'est la même chose. Tu ne lui parles pas, tu ne le calcules pas, c'est clair ? précise Courtney.

Je ris nerveusement, elles pensent vraiment me faire peur ? Avec les mêmes menaces qu'utiliseraient les filles aux rôles populaires dans les mauvaises comédies romantiques ?  

— Sinon quoi ? Qu'est-ce que tu vas me faire Courtney ? lancé-je en croisant les bras sur ma poitrine.

Je la regarde droit dans les yeux, essayant de lui faire face. Elle ne m'inspire qu'une chose : une éternelle pitié pour la pauvre fille qu'elle est en train de devenir. Pourtant, un petit sourire s'affiche sur ses lèvres comme réponse. Celle-ci me plaque contre le mur avec force, figeant ses yeux dans les miens pour mieux capter mon attention.

— Tu n'as pas idée de ce que je suis capable de faire lorsqu'on s'en prend à mes amis. Alors reste en dehors de tout ça, je ne voudrais pas avoir à te casser une dent ou deux parce que je t'aurais claqué la tête contre le lavabo, ton visage est déjà suffisamment abîmé comme ça.

— C'est une menace ? demandé-je avec ironie.

— Oui, une menace que tu devrais prendre au sérieux, parce que personne ne t'écoutera appeler à l'aide. Personne n'en a rien à foutre de toi, même ton père s'en contre-fiche. Tu n'es que sa bâtarde, rien de plus.

Ses mots me font atrocement souffrir. Ils s'impriment l'un après l'autre dans mon esprit, traversent mes veines, tatouent mon cœur. Ils me coupent le souffle, m'en donneraient presque la nausée. 

Je sais parfaitement que mon père n'a pas de place pour moi dans sa vie.

— Sans parler de ton beau-père, un bon à rien exactement comme toi. Tes amies ne rêvent que d'une chose, que tu arrêtes de les coller pour qu'elles puissent enfin vivre leur vie librement. Evan s'intéresse à toi simplement parce que t'es bonne au lit et Austin est coincé avec toi, il n'a rien choisi du tout. Mais tout ça, ce n'est rien quand on sait le meilleur : ta maman.

— Ne parle pas de ma mère Courtney, la menacé-je toujours bloquée sous son poids.

— Je meurs de peur ma petite Iliana, siffle-t-elle en articulant chaque mot. Comment ça se fait que tu attires autant la merde ? Même ta maman n'en pouvait plus, elle a préféré se noyer plutôt que de te revoir, tu te rends compte ? Et jamais elle ne reviendra, j'espère que tu en es consciente au moins ?

— Ferme ta gueule, tu dis n'importe quoi, articulé-je en serrant les poings, au bord des larmes.

La vulgarité ne me va pas, ma mère détesterait m'entendre parler ainsi.

— Elle est morte Iliana, elle n'est plus là et c'est tout ce que tu mérites. Être abandonnée et toute seule dans ton petit monde de tordue. Tu es aussi faible qu'elle, et un jour, si Dieu le veut, tu te noieras à ton tour. Je peux t'assurer que quand ce moment viendra enfin, je serai la première à danser sur ta tombe de connasse.

— Ta gueule pétasse ! Tu pense vraiment que tu vaux mieux ?! Mais regarde-toi merde ! Personne ne veut de toi ! T'es qu'une pauvre fille incapable de contenir sa jalousie ! hurlé-je hors de moi, en la repoussant.

— Moi, jalouse ? Mais de qui au juste ? De toi ? Certainement pas, rit-elle. Tout le monde dit vrai Iliana, tu es la réplique de ta mère. Tu n'es qu'une bonne à rien, exactement comme elle l'était, même pas capable de nager comme il faut. Tu ne mérites qu'une chose, toi aussi : crever.

— Je t'interdis de parler de ma mère ! la menacé-je inutilement.

— Ne me crie pas dessus ! hurle-t-elle à son tour, en refermant avec soin sa poigne de fer sur ma cheville blessée.

Des larmes de rage dévalent mes joues, celles de douleur venant les compléter assidument. J'étouffe mes gémissements, me contentant de couiner comme un misérable animal blessé à cause de cette pression qu'elle exerce sur ma peau.

— Regarde-toi, la faiblesse incarnée, chuchote Courtney avec un sourire de garce.

— Tu ne seras jamais personne, alors disparais tout de suite, murmure Montgomery proche de mon oreille.

Son souffle me glace le sang, si bien qu'elle s'écarte en riant. Courtney maintient toujours ma cheville, prolongeant ma souffrance malgré mes débattements inutiles. Elle s'approche de moi, fixant ses pupilles aux miennes.

— Pourquoi n'appelles-tu personne Iliana, hein ? C'est parce que tu sais pertinemment que j'ai raison. Les personnes inutiles le restent pour toute leur vie, exactement comme ta mère. C'est ta place, ton futur, n'oublie jamais.

Elle me lâche enfin, alors que je me laisse glisser contre le sol, en plaçant naïvement mes paumes contre ma cheville. Elle envoie mon sac sur le sol éparpillant mes affaires de part et d'autre de la pièce. 

— Une cheville cassée par accident, ça arrive rarement. Mais elle restera toujours blessée, toujours fragile. La deuxième fracture peut arriver beaucoup plus rapidement que tu ne le crois, crache-t-elle avant de disparaître.

Elle me fait vraiment penser à un serpent, c'est la seule chose qui me vient à l'esprit à cet instant. Des yeux qui transpercent, menaçant froidement à l'aide d'une langue fourchue qui ne crache que des méchancetés. Sans parler du venin qu'elle incère dans votre esprit, lui laissant tranquillement le temps d'agir pour qu'il puisse contrôler votre corps tout entier.

À peine sa silhouette égarée de ma vue brouillée de larmes, j'éclate en sanglot. Les garçons sont horribles entre eux. Mais les filles, elles, sont bien pires encore. Des pleurs violents me compriment la poitrine, mes mains cherchant à tâtons un écouteur pour subvenir à mon aide.

La musique retentit pour tenter de me calmer, et comme un coup du sort, Mad World de Jasmine Thompson m'achève.

Je ramène mes genoux contre ma poitrine, afin de dissimuler au mieux mon visage couvert de larmes, laissant la mélodie dominer mes pensées. Ne perdant plus mon temps à essuyer mes joues, je laisse simplement mon corps exprimer la douleur comme il l'entend, aussi bien physiquement que moralement à travers pleurs et longs sanglots.

Si seulement elle était là.

Mes yeux restent ouverts, mes lèvres closes malgré leurs tremblements. Des frissons de dégoût m'envahissent, courant le long de ma colonne, alors que chacun de ses mots résonnent dans mon esprit, gravés en lettre de sang dans ma mémoire. Je hais ma faiblesse, ma solitude, mon être tout entier à cet instant, incapable de surmonter cette tristesse incontournable et pesante.

Qu'est-ce qu'elle penserait de l'enfant misérable que je suis devenue ?

Pourtant, c'est tout ce que je souhaite, qu'on m'oublie et que personne ne me trouve dans cet état. Personne ne doit m'apercevoir sans ce masque, je ne veux pas tout perdre encore une fois. Tous les efforts que j'ai fourni, tous les mensonges que j'ai dit, il faut que je fasse attention, que je continue à sourire même si cela sonne faux.

Je dois aller bien.
Quitte à faire semblant et à mentir davantage.

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Hey ! Bonsoir à tous !
Un chapitre un peu plus court ce soir mais je me rattraperais demain, promis !

Avec... un point de vue d'Evan !
⚜️

Revenons au sujet principal :

Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ?

On fait la malheureuse connaissance de Courtney et Montgomery 🙄

Et oui, la jalousie fait faire des choses horribles parfois...

A demain pour la suite ✌🏻

Des bisous, Lina 😘


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