Chapitre 69 📸
« Un oiseau fou qui avait tenté de voler la vie d'un autre. »
📸 Aiden 📸
Sortir par la fenêtre est un vrai calvaire. Mais me glisser hors de la propriété en passant sous le nez de toute la famille l'est davantage...
Un petit détail m'avait échappé : ils ont un portail électrique.
Je sors comment moi ?
Je me mords la joue, en regardant Iliana finir sa nuit. Adorablement roulée en boule dans l'intégralité de la couette, sa respiration est le seul bruit dans cette maison endormie. En fait je ne vois qu'un petit bout de son visage, je reste profondément enfoui dans une espèce de doudou, ou peluche qui lui fait actuellement office d'oreiller.
Oui, ma copine dort avec moi d'un côté, et son doudou de l'autre. Et alors ? Je sens que vous la jugez...
Ok, on dirait un petit bébé. Mais moi, je la trouve tellement mignonne que ça n'a plus aucune importance.
— Petit bébé ? l'appelé-je doucement, d'humeur taquine.
À mon plus grand étonnement, elle se relève d'un seul coup, tirant un cousin d'une main et me le plaquant sur le visage de la seconde qui suit.
— Combien de fois je t'ai dit de ne pas m'appeler bébé !
— Jamais en fait, lui répliqué-je en la repoussant.
— Menteur, m'agresse-t-elle.
— Dit-elle.
Elle souffle, en retournant dans sa grotte, formée à partir de la couette.
— Et arrête de prendre toutes les couvertures, je meurs de froid, ajoute-t-elle.
Moi, je prends toute la couette ? Elle est sérieuse ?!
— Mon amour, commencé-je avec douceur, où sont tes clés ?
— Arrête de parler et reviens dormir, gorgne-t-elle.
— Iliana, je dois y aller.
— Il doit être quoi ? 4h du mat ? T'as le temps encore !
— Il est 7h30 tu veux dire. Aller, dis-moi où elles sont ces clés, murmuré-je en passant mes doigts sur ses mèches emmêlées.
— Premier tiroir de la commode blanche, souffle-t-elle.
— Merci mon cœur.
Je les trouve et les glisse dans ma poche le plus silencieusement possible. Après quoi, je retourne à côté de mon petit oiseau tout juste tombé du nid pour chuchoter :
— Tu veux que je vienne te chercher ce soir ? Vers 17h ?
— Non, tranche-t-elle en disparaissant de plus belle dans l'édredon.
— Sûre ?
— Tu as basket. Et tu as un match vendredi. Alors c'est non.
— Mais comment vas-tu rentrer ? Tu n'auras pas le droit de conduire.
— Bah je...
— Austin a basket, et il est hors de question qu'il ait le droit de venir te chercher !
— J'allai dire mon père. Mon père vient me chercher.
— Bon, ok.
Elle relève un peu les yeux, et murmure du bout des lèvres :
— Mais on s'appelle ce soir mon petit canard si tu veux.
— On fait ça alors.
Je l'embrasse sur le front, avant de remettre la couette sur ses épaules. Et de m'éclipser discrètement par la fenêtre.
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La sonnerie retentit une nouvelle fois, nous obligeant à quitter la classe. Ce n'est pas plus mal, le français perd beaucoup d'intérêt lorsque ma petite amie n'est pas assise à côté de moi. Les professeurs m'interrogent à son sujet, je réponds sans énoncer les détails. De toute manière ils savent déjà tout...C'est la musique pour seule accompagnatrice que je traverse les couloirs trop bruyants. Je ne supporte plus les autres élèves, qui me parlent sans cesse d'Iliana alors qu'ils ne se sont jamais intéressés à elle auparavant.
Alors que je m'apprête à lui téléphoner, sur un des balcons reculés de notre établissement, je tombe sur la brune aux talons hauts, une cigarette entre les lèvres et le corps joliment appuyé sur une rambarde.
— Si ton copain sait que tu fumes, tu es une personne morte, lancé-je en m'appuyant plutôt contre le mur.
— Il n'a rien à dire, répond-elle en repoussant ses mèches en arrière. Il sait parfaitement que je fais ce que je veux.
— Et on peut savoir ce que tu fais actuellement ?
Elle sourit malicieusement, en sortant un paquet de feuilles de son sac.
— Je révise l'histoire. Ça ne se voit pas ?
— Pas vraiment, non.
Elle hausse les épaules, range ses fiches et retire ses deux écouteurs.
— Comment va Iliana ? demande-t-elle sans me regarder pour autant.
— Bien. Elle va bien.
— Tu crois, ou tu en es sûr ?
— Mahé. Ne commence pas à faire chier. Si tu t'inquiétais vraiment pour elle, tu lui aurais téléphoné et demandé directement.
— Même pas dans tes rêves, réplique-t-elle en jetant son mégot, éteint.
— Vous êtes vraiment connes toutes les deux.
— J'attends des excuses, je ne veux rien savoir.
Elle croise les bras sur sa poitrine, et plante son talon dans le sol avant de jouer avec du bout du pied.
— Vous êtes aussi têtues l'une que l'autre, soupiré-je.
— C'est une dialogue de sourds de parler avec toi. Tu es constamment sur la défensive.
— Et toi tu es toujours aussi agréable.
— Est-ce qu'elle sait, au moins, me coupe-t-elle en passant sur un autre sujet.
— Quoi ?
— Est-ce qu'Iliana sait ce qui va se passer, demain.
— Evidemment qu'elle est au courant, qu'est-ce que tu crois.
— Non, est-ce qu'elle s'en rend compte ? Elle a conscience que sa mère va mourir demain ?
— Qu'est-ce que tu peux être pessimiste, lui craché-je méchamment au visage.
— Et toi tu lui donnes trop d'espoir ! Vous le faites tous ! éclate-t-elle.
— Qu'est-ce que tu crois ? Qu'on va lui dire : souviens-toi Iliana ta mère n'a aucune chance de s'en sortir et d'ailleurs elle est déjà morte pour ton information !
Elle change son sac à main de bras, et me regarde d'un air furieux.
— Je n'ai absolument jamais dit une chose pareille ! Je te dis simplement qu'il faut qu'elle en ait conscience ! Tu imagines se qu'il se passera dans sa tête demain quand elle comprendra qu'elle a espéré pendant des mois et des mois pour rien ?! En réalité tu ne la connais absolument pas ! Et c'est pareil pour Austin. Vous faites semblant avec vos airs de garçons protecteurs mais c'est que du vent tout ça ! La réalité c'est qu'elle vous manipule et que vous ne vous en rendez même pas compte.
— Ah oui, parce que c'est vrai que toi, tu es vraiment très bien placée pour parler.
— Il n'y a pas à savoir qui peut parler ou non ! C'est simplement qu'il faut arrêter de nourrir inutilement l'espoir. Sa mère va mourir et tout le monde le sait. Cette histoire de « sable toujours blanc » et de « tout ira toujours bien dans la vie » c'est des conneries ! Des mensonges que tout le monde confirme parce que vous avez peur de lui faire de la peine. Et lorsqu'elle se rendra compte que tout ça ce n'est que du vent, je peux te garantir que la chute va être horrible pour elle. Mais tout ça, vous êtes beaucoup trop cons pour vous en rendre compte.
Elle me passe devant, coupant net la discussion, avant de disparaître dans le couloir sous la sonnerie aigüe annonçant la reprise des cours.
Je ne suis pas d'accord avec elle. Et je refuse de briser les derniers espoirs qui maintiennent ma petite amie debout. Je ne serais pas celui qui contredit ses valeurs, et qui lui démontre que toute sa vie n'est qu'un joli mensonge, bien ficelé.
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— Papa ? lancé-je à voix basse en passant la tête par l'encadrement de son bureau.
— Oui, se relève-t-il d'un coup.
— Tu... tu dormais ?
— Pas du tout.
Mais quel menteur !
— Je peux savoir ce que tu fais ici, grogne-t-il en se frottant rapidement les yeux.
— Je viens t'amener à manger ! répliqué-je tout fière en levant le paquet provenant du café de Raph.
— Et la vraie raison ? m'arrête-t-il tout de suite.
— Bah... je viens voir Iliana.
Il soupire, en se levant. Il attrape sa blouse sur le porte manteau et l'enfile rapidement.
— Laissez cette jeune fille respirer toute seule un peu, dit-il en rangeant la nourriture dans le placard.
— Je la soutiens, me justifié-je immédiatement. Et je suis son copain alors c'est normal !
— J'espère pour vous deux que vous vous protégez correctement, souffle-t-il avant de refermer son bureau.
Je m'arrête de respirer rien qu'une seconde. Il vient vraiment de dire ça, comme ça ? Maintenant ?
— Ne fais pas cette tête de con, rit-il. Je te connais c'est tout.
— Pardon ?
— Aller, dépêche-toi, me presse-t-il.
On s'arrête devant une des salles d'examens, et j'aperçois déjà la chevelure dorée de mon petit oiseau.
— Pourquoi n'est-elle pas dans une chambre ?
— Elle n'a pas voulu, me répond-il. Elle n'est pas obligée c'est simplement recommandé, mais elle a le choix.
— Mais c'est totalement idiot. Elle dort sur un fauteuil, c'est ridicule.
— Encore une fois, c'est elle qui l'a voulu.
Je roule les yeux. En réalité ça ne m'étonne pas d'elle.
— Et elle va bien ?
— Oui, ça a l'air d'aller pas mal. Elle supporte bien le traitement, et ses points ont été faciles à retirer. C'est le principal.
— Le seul problème reste qu'elle ne mange rien du tout, chuchoté-je.
— C'est ça.
Je vois d'ici la poche de nourriture pendue aux côtés de sa perfusion. Berk...
— Ne l'embête pas trop, s'il te plaît. Elle se repose tranquillement donc évite de trop la solliciter.
— Mais vous me prenez tous pour le roi des cons ou quoi ? répliqué-je en riant.
— Évidemment, ça se remarque tout de suite lorsqu'on te voit mon chéri.
Il me plante au milieu du couloir, avec cet effroyable sourire conquis. Pfff.
J'entre silencieusement dans la chambre, avec l'odeur culte des hôpitaux qui m'envahit directement. Je déteste ce mélange de javel et d'antiseptique.
Je m'assois discrètement sur la chaise à côté d'elle, alors qu'elle est presque en boule contre le dossier. Les yeux pourtant clos, elle chuchote :
— Qu'est-ce que tu fiches ici ?
— Je viens te voir.
— Mais tu n'as que deux heure pour manger Aiden.
— Et alors ? Arrête de râler dans ces cas-là et perds pas de temps.
Elle sourit, ouvrant les yeux l'un après l'autre, avant de tendre les bras vers moi en quête d'un câlin. Je lui offre dans la minute qui suit, mon nez enfoui dans ses mèches parfumées.
— Et toi, ça va ?
— Oui, j'ai seulement envie de vomir toute cette nourriture. Si on peut appeler ça comme ça... m'explique-t-elle à voix basse.
Pourquoi chuchote-t-on alors que nous sommes seuls ?
— C'est provisoire, la rassuré-je inutilement, ça ne va pas durer et ça ira mieux après.
— J'espère. Je rêve d'une boîte de raviolis.
— Dès que ça va mieux, je te promets de te préparer la meilleure de ta vie.
Elle me sourit gentiment. On trouve une position à peu près confortable, à la fois pour elle comme pour moi. Nichée dans mes bras, elle tripote l'élastique de mon tee-shirt avant de demander :
— Tu veux bien me raconter la suite de l'histoire ? Celle des deux oiseaux.
— Si tu veux.
Elle s'installe mieux, signe qu'elle a prévu de faire sa sieste sur moi. C'est certainement à contre cœur que je devrais la laisser seule au moment de retourner en cours.
— Je t'écoute.
— Je ne sais plus exactement où on en était. Mais une chose est sûr, l'oiseau blanc était en train de profiter pleinement de sa vie de petit oiseau innocent au moment où son inconnu, l'oiseau aux plumes aussi foncées que le charbon a dû quitter son nid pour aller vers l'inconnu. Il ne l'a pas voulu, il a simplement dû assumer les conséquences de ses actes. Des actes trop lourds à supporter pour une poignée de plumes battantes. Il a commis une énorme erreur d'après les autres oiseaux. Et c'est à partir de ce moment que ses plumes ont changé. Qu'elles sont devenues sombres et privées de liberté. Mais l'oiseau en question refuse de les croire. Il pense qu'il a eu raison. Qu'il a agit par légitime défense. Un oiseau emporté par la folie, sans doute...
Je m'arrête un moment, sans oser regarder Iliana. Avant de me rendre compte qu'elle s'est tout simplement endormie tendrement sur mon torse. Mais ça ne m'arrête pas, comme un besoin vital de confesser un pêcher du passé, ça me brûle les lèvres.
— Oui, c'est exactement ça. Un oiseau fou qui avait tenté de voler la vie d'un autre.
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— Allô, somnolé-je en déverrouillant mon téléphone.
— Attends... tu te fiches de moi ?!
Je recule l'écran de mes yeux, pour voir qui ose m'appeler aussi tôt. Je sais quel jour nous sommes aujourd'hui, et je sais que je vais le passer au téléphone. Mais aussi tôt, il n'y a qu'une personne qui en est capable...
— Cléa. Putain il est quelle heure chez toi ?
— Chez moi c'est en Californie. Déconne pas. Tu sais le combien on est ?
— Le 9 janvier ?
— EXACTEMENT !!! JOYEUX ANNIVERSAIRE MON FRERE !!!
Je me frotte rapidement les yeux, avant de repousser un bout de la couette de mon visage.
— Merci, à toi aussi ma chieuse. Mais ce n'est pas ton anniversaire encore, si ?
— Cherche pas à comprendre mon gros, c'est trop compliqué pour toi.
Le décalage horaire et moi, ça fait dix.
— Alors ? Qu'est-ce que ça fait d'avoir 18 ans dans un pays où la majorité c'est à 21 ans ? nargue-t-elle au bout du fil.
— Je ne sais pas, à vrai dire je n'en avais pas vraiment conscience avant que tu interrompes ma nuit... Et toi ? Qu'est-ce que ça te fait de me téléphoner à 5h45 ?
— Aïe... Si tôt ? J'ai dû me tromper d'une heure ou deux dans mes calculs...
Elle commence à me raconter sa vie de petite française modèle, la manière dont elle va aller demander sa bière, poitrine gonflée à bloc au bar en montrant sa carte d'identité au serveur. Tout en m'expliquant que moi je ne pourrais toujours pas profiter du moindre mojito en public.
Je me rendors au son de sa voix, pas mélodieuse du tout. C'est étrange de ne pas l'avoir à mes côtés pour notre anniversaire. C'est la première fois que ça nous arrive. Une séparation aussi longue, et un anniversaire dans deux pays différents.
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Je tape nerveusement du pied, ma bougeotte résonnant sur le lino des Midden. Célia me regarde curieusement depuis les jambes d'Austin, où elle se cache depuis plus de dix minutes. Dans le salon, un silence traduisant la mort à venir nous encercle tous. C'est horrible comme journée.
Et malgré les sourires ravis me souhaitant mon année de vie supplémentaire, tout le monde pense la même chose. Cette date traduit peut-être la naissance de deux bébés parfaitement identiques, mais elle indique également la mort d'une jeune femme. D'une mère abandonnant sa fille dans le monde actuel. Une fille qi n'est pas encore autonome, et qui réclame sa maman lors de beaux rêves ou lui suppliant de revenir lorsque les plus sombres cauchemars l'atteignent.
Iliana descend d'une légèreté déconcertante, musique à plein volume dans les oreilles. Une petite robe gris souris et des fins collants noirs, Converse déjà aux pieds et cheveux relevés, elle me sourit dès son arrivée.
— Mais qu'est-ce que tu fais ici ? s'étonne-t-elle immédiatement.
Elle a oublié. Evidemment. Mais comment puis-je lui reprocher ça ?
— Et pourquoi vous faites tous cette tête, rit-elle. On se croirait à un enterrement.
Je lève les yeux vers Austin, qui lui cherche le regard de son père. Il prend la parole en déposant sa main rassurante sur l'épaule de sa fille.
— Ma chérie, aujourd'hui on doit... Tu sais, faire nos adieux à ta mère.
— C'est pour ça que vous tirez tous une tête pareille ?
Elle sourit, en enfilant sa veste. Puis, mains sur les hanches, elle déclare :
— J'ai décidé que je n'irai pas la voir.
Un nouveau silence s'abat sur nous tous.
— Comment ça, « pas la voir » ? s'indigne Austin. Iliana, tu dois venir avec nous.
— Non, si je n'y vais pas, ils ne la débrancheront pas. Et vu que je suis contre cette idée, à 300 %, je refuse de vous accompagner.
— Chérie, continue son père d'une voix douce. Je sais que c'est compliqué pour toi, et que personne ici ne peut imaginer ce que tu vis. Mais ils le font pour son bien, même si c'est horrible à dire. Et quoi qu'il arrive, ils le feront. Avec ou sans toi mon ange.
Son regard quitte le visage de son père, et cherche à présent le mien. J'inspire un grand coup, et avance ma main vers son bras en murmurant :
— Si tu n'y va pas aujourd'hui, tu t'en voudras pour le reste de ta vie petit oiseau.
Mes doigts la frôlent, mais elle se détache.
— On se retrouve là-bas, scande-t-elle en attrapant violemment les clés de sa voiture et de disparaître vers celle-ci.
Les minutes suivantes furent les plus difficiles à endurer de ma vie. Elle était arrivée en courant, hurlant sur toutes les personnes autour de sa mère. Le pire fût que personne ne pouvait lui en vouloir, personne ne pouvait rien lui dire.
L'espoir la rongeait, tel un poison mortel qui coulait lentement dans ses veines.
Elle se battait pour la vie de sa mère, plus que celle-ci ces 6 derniers mois. Elle se tenait devant son lit, les joues inondées de larmes et prête à tuer de ses mains le traître qui oserait couper le respirateur. Tel un trésor inestimable à ses yeux, elle refusait toutes possibilités d'abandon, tous les échecs qu'on lui énonçait n'avaient aucun sens dans son esprit.
Mon père tentait de la résonner, avec des mots doux et remplis de sens. Mais comment expliquer convenablement à une jeune fille de 17 ans que sa maman est déjà morte ? Et que la personne qu'elle a sous ses yeux n'est que l'illusion de la vie ? Qu'il n'y a plus aucun espoir et que c'est déjà fini ?
C'est tout simplement impossible.
Mes bras se refermèrent autour de son corps frêle de fatigue et de désirs de vivre. Je l'ai tirée vers moi et séparée de sa mère malgré ses pleurs et ses plaintes. Malgré les insultes qu'elle proférait contre moi, et les menaces qui inondaient ses lèvres. Elle hurlait mon prénom, mettant enfin un visage sur le monstre responsable du malheur qu'elle subissait de plein fouet. Je ne voulais pas lui faire mal, ni lui faire de la peine, pourtant je l'ai serrée davantage contre moi. Contre mon cœur qui battait au moins aussi vite que le sien, prêt à imploser dans sa poitrine. Ses mains emprisonnée par les miennes, je ne pouvais que la ceinturer pour l'empêcher de blesser qui que ce soit, à commencer par elle-même.
Austin était à côté d'elle, la raisonnant calmement alors qu'elle se débattait toujours dans mes bras. Une furie en colère et rongée par la peur de perdre la personne qu'elle aimait le plus au monde. On pouvait voir et sentir ce lien qui les unissait toutes les deux, ainsi que le fil transparent qui retenait sa mère à la vie. Un fil trop fragile, qu'il fallait couper.
Mais elle a réussi à empêcher cela. Repoussant simplement le malheur à plus tard.
Elle a oublié toutes les personnes présentes, et s'est adressée uniquement à son beau-père. La main de mon père était sur l'interrupteur, prêt à tout stopper. Elle a malgré tout murmuré et dévoilé ses paroles empoissonnées. Elle a masqué des menaces et des reproches derrière de jolis mots. Elle a accusé son beau-père de trahison, d'abandon, d'assassin.
Alors il est revenu sur sa décision. Alors que le plus dur était fait.
Iliana est tombée au sol, à genoux devant moi lorsque je l'ai relâchée pour lui rendre sa respiration. Personne n'y a prêté attention, les médecins tentaient encore de ramener le mari à la raison. Mais c'était trop tard. Il avait choisi. Il avait choisi sa fille de cœur, il avait écouté ses plaintes et cédé à ses sanglots.
La jeune fille meurtrie s'est avancée vers sa mère, me repoussant une fois de plus. Elle est montée sur son lit, et a relevé le corps de sa mère. D'un geste rassurant, elle a serré la silhouette sans vie de sa créatrice et elle lui a caressé la tête. Avant d'ajouter d'une voix remplie de douleur et d'une tristesse infinie :
— Tout va bien maman, je suis là. Tout va bien, je suis avec toi. Plus personne ne te fera du mal, tu m'entends ? Plus personne, je suis là maintenant, ça n'arrivera plus jamais. Tu n'as pas à avoir peur, je suis là.
Je ne pouvais qu'essuyer la perle salée qui découvrit ma joue à cet instant. Tournant la tête pour éviter de la voir une nouvelle fois dans cet état. Je ne pourrais le supporter une minute de plus. Voir toute sa confiance en moi s'estomper dans ses yeux, et ses si jolies lèvres trembler parce qu'elles ne parviendraient plus à hurler la douleur qui s'empare de son cœur, au rythme de la peur.
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Je m'étire d'un air absent, après avoir terminé le repas d'anniversaire que j'avais partagé avec mes parents. Ils ont été adorables sur ce coup-là, un vrai plaisir de les retrouver pour un petit moment en famille.
Un rapide coup de fil à ma sœur, symbolique évidemment. Je sentais le vide niché au creux de mon torse lorsque je respirais. Elle me parlait calmement, et mon cœur se pinçait de plus en plus en l'écoutant. De son côté, elle faisait peut-être sa fière, mais son « au revoir » était larmoyant. Qu'est-ce qu'on pouvait être cons parfois...
Les cheveux humides et mon tee-shirt dans la main, je m'enferme dans ma chambre. Je drible quelques instants avec le nouveau ballon de basket, offert et dédicacé par tous les joueurs de notre lycée. Un cadeau symbolique qui fait vraiment vraiment plaisir. Sans oublier l'incroyable maillot de mon joueur préféré, Kobe Bryant, que Lindsay m'avait offert ce matin même. Elle avait toujours été dans les premières à me souhaiter mes anniversaires, nos maisons n'étant séparées que par une fine clôture, ça facilitait bien les choses.
Mais il me manquait quelque chose. Il me manquait quelqu'un.
Je fixe l'heure d'un air absent. 22h30. Est-ce vraiment trop tard pour l'appeler ? Mais pour lui dire quoi au juste ? « Salut mon amour, c'était juste pour te dire que t'avais complètement oublié que c'était mon anniversaire aujourd'hui. »
Je me mords la joue, hésitant un instant. J'avais beaucoup trop envie d'entendre sa voix, pour renoncer à mon appel.
Es yeux fermés, j'espérais en silence qu'elle décroche une fois dans sa vie son téléphone. J'en avais besoin, j'en avais envie. Et je n'aurais pu rêver mieux.
Car une chanson de Coldplay retentit sur ma gauche, juste derrière la fenêtre de ma chambre.
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Hey !
Nouveau chapitre disponible! Dans les temps cette fois 😉
Comment allez-vous ?
On se retrouve pour un chapitre un peu particulier...
Qu'en avez vous pensé ?
Tout d'abord, la petite entrevue avec Mahé.
Êtes-vous d'accord avec elle ? Pensez-vous que les garçons et les proches d'iliana devraient commencer à la "préparer"?
Ensuite, on retrouve notre petite surfeuse à l'hôpital, et encore cette drôle d'histoire, format raccourci je l'accorde !
Des théories ?
Sans oublier que c'est l'anniversaire de notre petit chouchou (désolée, c'est pas Austin 😂)
Sympa comme ambiance pour fêter ses 18 ans, non ?
Les choses vont commencer à s'accélérer d'ici les prochains chapitres...
Ce moment vous a-t-il touché ? Émue ? Avez-vous envie de secouer Iliana et de lui dire en face ce qu'il se passe ?
Personnellement, j'en meurs d'envie...
Qu'avez-vous compris de la fin ?
On se retrouve la semaine prochaine pour la suite, croyez-moi ça ne fait que commencer...
Vous n'êtes pas prêts pour ce qui suit 😎
Bon week-end, des bisous, Lina 😘
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