« Des touts petits oiseaux. »
🌊 Iliana 🌊
— Vous avez quoi ? répété-je.
Mahé regarde mon frère avec ce genre de regard. Exactement le genre de regard que je lance à Aiden, parce qu'il est mon petit copain. Elle le regarde sans rien me répondre, en crispant le coin de ses lèvres. Ma meilleure amie a toujours fait ça, et je trouve ça plutôt mignon d'habitude. Aujourd'hui... Pas du tout.
En réalité ça me met hors de moi.
— Bon... Viens, on va faire du piano, ordonné-je en prenant la main d'Aiden et en m'éclipsant de tous ces escrocs.
Oh que oui. Je pèse mes mots.
Ils sont tous au courant. Même Aiden. Ça se voit. Ils mentent tous.
Non. Ils me mentent tous.
Quel retournement de situation. L'arroseur arrosé on peut le dire.
Je m'assois à ses côtés, alors qu'il ouvre son téléphone en faisant apparaître une suite de notes compliquées.
— Aiden, tu es au courant que je ne suis ni Mozart, ni Beethoven ?
— Pas besoin d'être un prodige pour faire ça.
— J'ai une tête à savoir coordonner mes deux mains et utiliser plus de deux doigts en même temps ? Non. Je n'arrive même pas à descendre les marches des escaliers avec des talons.
— Et tu veux faire quoi alors ?
Je me saisis de son téléphone, et tape comme toujours, piano tutoriel simple.
— Tu fais la main bleue et moi la verte, me préparé-je en fixant l'écran.
— Du Alan Walker. Vraiment ?
— Concentre-toi.
— Alors là, vraiment pas nécessaire. Même un mort pourrait le faire.
Il se met à taper, comme un con sur sa seule et unique touche.
— Bon, ok, ok. On arrête-là ! m'écrié-je en riant.
— T'es vraiment pas douée pour les instruments de musique. Désolé, mais tu as vraiment des qualités partout, sauf dans ce domaine !
— C'est méchant, me vexé-je.
— Pas du tout mon petit oiseau.
Il approche dangereusement ses lèvres de mon cou, je le repousse de la main.
— Non.
— Quoi non. Madame ne dit que non, non et non. Moi je te dis toujours oui.
— C'est parce que tu es faible Aiden Miller. Et totalement sous mon charme.
— Et ?
— Du coup tu me dis toujours oui. Parce que tu ne sais pas me dire non.
Il me sourit, avant d'avancer doucement vers mes lèvres.
— C'est ce que tu crois, chuchote-t-il en les frôlant sans les embrasser.
— Petit con.
— Ton frère nous fixe surtout, rit-il.
— Tant mieux. Parce que je l'emmerde.
Je dépose ma main sur sa joue, et mes lèvres se collent aux siennes.
— J'aime beaucoup la petite garce qui m'embrasse uniquement pour faire chier son frère. Ça te rend très désirable, sourit-il après m'avoir embrassée de nouveau.
— Je ne t'ai pas montré mon cadeau, le coupé-je parce que je venais tout simplement de m'en souvenir.
Sa main frôlant mon poignet venait de me rappeler ce présent...
— C'est un cadeau que je me suis faite, en premier. Et après, j'ai pensé que ça pouvait également l'être pour nous deux.
Je lui offre mon poignet, et lui impose les deux pansements couleur chair.
Invisibles.
— Qu'est-ce que tu as fait ? me demande-t-il brusquement en retournant mon bras vers son regard.
Non... je ne me suis pas mutilée. Ne t'en fais pas. Respire.
— Retire-les. Et tu verras.
Je le gratifie d'un sourire doux. Et ça marche, il prend confiance.
J'aime beaucoup sa manière d'être aussi attentionné. Il retire mes fines protections avec tellement de délicatesse. Je sais qu'il a peur de me faire mal. Je ne dis rien, savourant cette douceur qu'il m'offre. Même si je n'en ai pas besoin.
— Wow, souffle-t-il en découvrant les nouvelles arabesques encrées dans ma peau.
— Des tous petits oiseaux, chuchote-t-il en les frôlant du bout des doigts.
— Je sais bien qu'un amour ne dure pas éternellement. Mais celui-là sera important pour moi. Peu importe la manière dont il se termine. Je voudrai m'en souvenir, tous les jours, expliqué-je.
— C'est tellement plus original que de noter maladroitement des prénoms.
— Je suis parfaitement d'accord. C'est notre cadeau. Et le mien. Ils symboliseront ma liberté. La paix, et la chance. L'espoir qui me fait encore tenir debout. Ils sont tout ça à mes yeux. Je veux qu'en les regardant, je puisse me souvenir de qui je suis vraiment. Pour me rappeler de me comporter comme lorsque je suis en ta compagnie, et que tu me surnommes si bien. Je veux me rappeler de cette Iliana-là. Et plus de celle cachée derrière son masque.
— Ils sont magnifiques, réplique-t-il en déposant ses lèves au coin du dessin pour ne pas me faire mal.
— Je savais que ça allait te plaire.
— Iliana ? m'interpelle doucement Mahé dans mon dos.
Je me retourne brusquement. Et la fusille du regard.
— Quoi.
— Je peux te parler ?
Ses yeux s'accrochèrent maladroitement aux miens. Une fine lueur d'espoir les éclaire en ce moment même.
Elle se brisa l'instant suivant.
— Non, tranché-je froidement.
— Iliana, s'il te plaît, commença-t-elle avec une voix horriblement triste.
— Tu ne vois pas que tu nous interromps ? On était en train de parler de choses personnelles là. Reste avec ton copain plutôt que de venir nous faire chier.
Sa bouche s'entrouvre, mais ne prononce pas un mot de plus. Mon regard se durcit davantage face au sien. Je veux qu'elle comprenne qu'elle m'a blessée.
Oh... la pauvre petite Iliana qui ne se laisse pas faire...
Elle tourne les talons après avoir jeté un coup d'œil à mon copain. Elle rejoint mon fr... Austin, d'un pas lent, avec les lèvres serrées. Je les regarde un instant de trop. Il encercle doucement ses épaules voûtées, ce qui lui vaut un sourire mielleux de la part de la brune. Ridicule. Il se rend compte de mon observation attentive, et la lâche timidement avant de prendre sa main et de la conduire plus loin. De la provocation. Je ne sais pas ce qui me rend le plus folle. Je les déteste tous les deux. Le fait que ma meilleure amie embrassait mon frère ? Ou que mon frère baisait avec ma meilleure amie ? J'avais d'incontrôlables envies de meurtres. Non. C'était leurs mensonges le pire. Un mensonge qu'ils partageaient tous les deux à mon insu. Ils jouaient avec moi depuis tous ce temps. Feignant l'indifférence le jour et se dévorant passionnément la nuit. Ils se foutent de moi depuis le début bordel.
« — Tu ne m'as pas dit pourquoi tu t'étais fait beau toi aussi... continué-je.
— Parce que je suis un garçon, je n'ai pas le droit ?répond-il.
— Tu te fais beau gosse pour aller au lycée. Beau gosse pour aller en enfer. Y'a forcément une raison.
— Et toi alors ?
Je voulais juste le faire chier en réalité parce qu'il n'avait rien de plus que d'habitude. Mais les trajets en voiture pour aller au lycée était devenus une arène de clash où généralement, l'un des deux repartait vexé. »
C'était donc pour elle.
« — Tu pourrais m'arranger le coup quand même, soupire-t-elle.
— Hein ?
— J'ai dit que tu pourrais être une meilleure amie sympa et m'arranger le coup.
— C'est-à-dire ?
— Bah tu sais... s'arrête-t-elle pour faire des gestes en souriant.
— Quoi.
— Bah avec Austin.
— Bah quoi ?
— Putain, t'es vraiment chiante quand t'écoutes rien.
— Tu parles avec des gestes j'ai envie de te dire.
— Et moi je te demande de m'arranger le coup avec ton frère.
— T'as craqué ma pauvre.
— Mais pourquoi pas. »
Mais quelle conne je suis.
« — Jamais tu ne seras le coco lapin de mon frère seulement parce que t'as décidé que tu voulais redevenir un coco lapin, c'est clair ? Et sûrement pas grâce à moi.
— T'es pas sympa, tu pourrais partager quand même.
— Non, c'est mon frère, répliqué-je en tirant la langue.
— Quel cocogoïste celle-là, soupire-t-elle en reportant son attention sur les garçons.
— Tu parles d'Austin juste parce qu'il est accessible via moi. C'est tout. Juste parce que tu veux un copain et que tu en profites parce que c'est la « solution de facilité ».
— Et parce qu'il est beau gosse célibataire aussi.
— Solution de facilité.
— Bah théoriquement non, parce que je...
— Facilité. »
Elle se foutait ouvertement de moi en réalité.
« — Bon. Question numéro 2. Est-ce que tu m'en voudrais, si je me mettais en couple ?
— Hein ?!
Alors elle est le tact, ça fait dix millions.
— Et pourquoi ça me ferait quelque chose ?
— Bah, parce que toi t'es... enfin t'es plus en couple maintenant.
— Et alors ?
— J'en sais rien, peut-être que ça te ferait chier ou quoi.
— Pas du tout, je suis ravie pour toi si t'es en couple avec quelqu'un de bien.
— Hé, pas encore, on s'emballe pas, rougit-elle.
Mahé, et rougir ? C'est possible ça ?!
— C'est ton cavalier de bal qui te fait rougir comme ça ?
— C'est... possible.
— Je ne le connais pas, ça, c'est inquiétant.
— Je te le présenterais, promis. Mais je... j'attends d'être posée avec lui quoi.
— Hum.
— Mais il est génial, je t'assure. Dans le même délire que moi, les licornes, les paillettes, les énormes robes... Mais aussi les séries et les jacuzzis.
— Je ne veux pas savoir, me précipité-je.
— Je sais, confirme-t-elle en riant. »
Plus j'y pense, plus ma respiration se bloque. En fait je crois que je vais réellement les tuer.
Tous les deux.
🌊🌊🌊
Je me pose, les mains tremblantes devant la fenêtre de ma chambre. Je regarde nostalgiquement la lune qui s'efface derrière les nuages.
Cette soirée était parfaite. J'ai dansé avec mon copain, rien que lui et moi. Je me suis perdue dans la musique avec mes amis, sans tenir compte de Mahé et d'Austin. Ils étaient là, mais je n'ai plus partagé un seul regard avec eux deux.
Terminé.
Je bâille, d'une manière très peu élégante, morte de fatigue.
Mais je dois le faire.
Je plonge mes mains dans le tiroir de ma commode, et en sort une belle bougie blanche. Je la dépose sur son support, puis sur le bord de la fenêtre, sa place.
Je n'aime pas faire ça. Ça ne me plaît pas du tout. Mais je n'ai plus le choix.
Je m'agenouille sagement, et inspire un grand coup avant d'allumer la flamme. Mes pensées s'isolent du monde actuel, et partent la rejoindre. Je lui appartiens.
Et c'est ainsi.
Vous ne comprenez rien, n'est-ce pas ? Et bien je n'ai qu'une chose à vous dire.
Moi non plus. Alors restez dans l'ignorance.
🌊
_____________________________
Hey !
Voilà le nouveau chapitre, extrêmement court et je m'en excuse ! J'ai essayé de le rallonger, mais c'était trop compliqué pour moi, vu que les chapitres sont écrits à l'avance...
Désolée pour ça, mais je me rattraperai la semaine prochaine, car le chapitre est du point de vu de votre chouchou !
Revenons sur ce chapitre-ci avant tout...
Alors ? Iliana ne l'a pas si mal pris que ça finalement ?
Croyez-moi elle aurait pu tout casser autour d'elle, elle en est capable !
On ne dirait pas comme ça, mais la troisième guerre mondiale est déclarée entre les quatre amis... Mahé/Austin et Iliana/ Aiden de chaque côté, vous n'avez pas fini d'en entendre parler !
Sinon, on a Iliana un petit peu perdue, sur la fin...
Que pensez-vous qu'elle fait ?
On se retrouve le weekend prochain (ahhh vous allez me manquer... 🥺 )
Si j'ai pas donné signe de vie d'ici là, c'est que je suis morte sous la tonne de devoirs !
Bonne journée, prenez soin de vous !
De gros bisous, Lina 😘
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