Chapitre 64 📸
« On a tous des secrets. Elle en cache avec son sourire angélique, montrant à tous qu'elle sait des choses qu'on ne saura probablement jamais. Alors que d'autre sont plus discrets, et refuse d'admettre qu'ils ont des choses à cacher. »
📸 Aiden 📸
— Tu as encore fait à manger pour tout un pays ! m'exclamé-je en tirant une chaise d'un geste nonchalant.
— J'ai peur que tu aies faim mon chéri, c'est tout, me sourit-elle.
Je m'en doute. Mais Iliana elle ne mange presque rien. Et à la vue de toute cette nourriture, elle va se sentir obligée de manger, comme toujours. Et ça se finira comme chaque nuit.
— Ne t'en fais pas mon chéri, ta petite amie n'est pas obligée de manger de tout.
Elle lit dans mes pensées ou quoi ?
— Elle téléphone à Andrew au moins ? Pour lui donner des nouvelles ?
— Je suppose. Hier je crois qu'elle l'a eu.
— Il faut qu'elle le rassure, de temps en temps. Il doit être mort d'inquiétude avec tout ce qu'il lui est arrivé à cette pauvre enfant, soupire-t-elle.
Je ne suis pas certaine qu'Andrew soit le genre de père à vraiment s'inquiéter pour ses enfants. Quand je vois comment il est avec Austin, j'en doute fort. C'est plus une relation basée sur la confiance qu'autre chose.
— Tu sais, il ne s'inquiète pas vraiment pour ses enfants généralement.
— Aiden, elle reste sa fille. Quoi qu'il arrive, un parent s'inquiète toujours pour ses enfants.
— Il s'est tellement inquiété pour elle qu'il l'a abandonnée pendant 13 ans. Quel genre de père fait ça ? m'indigné-je.
— Un père jeune, qui vient de perdre son fils. C'est honteux d'avoir délaissé sa fille comme ça, je te l'accorde, mais il était perdu. Tu sais, perdre un enfant et l'amour de sa femme en même temps, ça fait beaucoup.
— Oui, perdre sa fille en plus de ça, c'est plus simple, soupiré-je.
Je ne comprends pas comment elle peut le défendre et lui trouver des excuses. C'est vrai, Andrew est adorable et protecteur quand il le veut, mais je garde constamment en tête qu'il a abandonné ma copine pendant 13 ans. Sa propre fille. Parfois, je me demande simplement comment Iliana peut lui avoir pardonné une chose pareille, et vivre sous le même toit que lui.
— C'était mieux comme ça. Elle a eu une meilleure enfance, avec sa mère, ajoute ma grand-mère. Anisa était la voix de la sagesse. Elle était simplement parfaite, surtout dans son rôle de mère. Iliana a été très heureuse avec elle, tu peux me croire. Bien plus que si elle avait vécu sa jeunesse avec son père.
— Elle est toujours vivante, tu le sais ça ?
Cet imparfait me gène. Avant ma relation avec Iliana, je n'y prêtais pas attention. Maintenant, je n'entends plus que ça dans une phrase. Il me donne des frissons. Une horrible sensation.
— Je sais.
Elle m'offre un petit sourire triste. Je n'aime pas ce sourire. Celui que mon père prend parfois, lorsque les nouvelles ne sont pas bonnes. Il est évident qu'ils ne nous disent pas tout. Il est évident que Raphaël en sait bien plus que sa fille. Je sais, que mon père me cache énormément au sujet de sa patiente.
— Il faudra être là pour elle, c'est tout, conclut ma grand-mère.
Je ne réagis pas. J'ai toujours gardé dans un coin de ma tête la possibilité qu'Iliana perde sa mère. Mais cette possibilité est tellement faible, tellement improbable à mes yeux...
Je veux croire que l'amour d'une mère et d'une fille sera plus fort que l'avis d'une poignée de médecins qui n'y comprennent rien.
— Elle est plutôt en froid avec Raphaël, en ce moment, changé-je de sujet, incapable de continuer la discussion sur cette voie-là.
— Son beau-père ?
— Hum.
— Elle t'en a parlé ?
— Pas vraiment.
Ma mamie plisse les yeux, tentant autant que possible de lire en moi.
— J'ai peut-être, un peu lu ses messages.
— Pardon ?
— Mais ce n'était pas vraiment volontaire en réalité. Je lisais les textos qu'elle échangeait avec son imbécile de frère, et son beau-père a justement envoyé un message, lui disant qu'il fallait qu'elle comprenne, qu'elle arrête de faire la tête. Je ne pouvais pas me contenter de ça moi !
— Et ?
— Elle n'est pas retournée chez-lui depuis qu'il a décidé de débrancher sa mère, si jamais elle n'avait pas donné de signe de vie avant une certaine date.
— Ton père m'en a parlé. C'était il y a un mois, au moins !
— Elle l'a vu après son hospitalisation je crois, pour la petite fête qui ressemblait plus ou moins à son Noël. Mais ça a été très compliqué. Elle lui en veut énormément et elle...
Ma jolie blonde arrive comme une fleur dans la cuisine. Les cheveux encore légèrement humide, et une jolie petite chemise à carreau lui arrivant à la mi-cuisse. Sur un petit legging divinement moulant sur elle.
— Elle n'est pas bonne du tout cette pomme, continué-je l'air de rien.
Ma copine se met à rire. Certainement en voyant ma tête, exagérément crispée.
— Je peux vous aider ? propose-t-elle gentiment.
— Tu peux m'attraper les assiettes, si tu veux, répond ma grand-mère.
J'analyse rapidement la hauteur, tout en prenant en considération qu'Iliana ne peut pas lever les bras trop haut à cause de ses points, encore hyper sensibles.
Elle devrait y arriver.
Elle les attrape du bout des doigts, relevant avec elle son vêtement. Ses reins sont presque découverts, m'ouvrant ainsi une vue imprenable sur ses sublimes courbes féminines. Sur lesquelles, je m'attarde un peu trop apparemment...
— Non mais je rêve ! s'écrie ma mamie. Qui est cet individu ingrat assis à ma table ?! Tu n'as pas honte ?! Va plutôt nous chercher du bois, au lieu d'être malpoli comme ça ! m'ordonne-t-elle en pointant du doigt la porte.
J'éclate de rire. C'est ma copine quand même. J'ai le droit de l'admirer de temps en temps ! Celle-ci m'offre un sourire complice, avant de me tirer la langue.
Ouais, ouais. Fais ta maligne toi.
Je fonce chercher une bûche pour la cheminé, comme ordonné juste avant. Mon téléphone se met à vibrer intensément, impossible de l'ignorer.
— Allô ? m'étonné-je en voyant le nom d'Austin s'afficher.
On est légèrement refroidi depuis que je sors avec sa sœur. Il n'a pas très bien digéré l'info...
— Aiden ? me demande une voix étouffée que je ne connais que trop bien.
— Mahé ? Qu'est-ce que tu fiches avec le tel d'Austin ?
— Je crois que j'ai un problème avec Austin. Un gros problème, explique-t-elle d'une voix brisée.
Mon cœur fait carrément un bon.
— Quoi ? Qu'est-ce qu'il se passe ?!
— Je ne sais pas où il est... Je pensais que peut-être tu aurais une idée il...
Elle se met à pleurer. Mahé qui pleure. Pour la deuxième fois. Je ne m'en remets toujours pas.
— Calme-toi, et explique-moi. Tu es où là ?
— Dans ma voiture, près de chez les Midden.
— Austin n'est pas avec toi ? Il n'est pas chez lui ?
— Non, tes parents le cherchent, et les siens aussi. Il est parti sur un coup de tête Aiden, et je ne sais pas où il a bien pu aller. Il n'est pas... Enfin il...
Elle éclate en sanglot une nouvelle fois. Elle n'a pas besoin de terminer sa phrase. Je l'ai déjà comprise. Malheureusement.
— Ce n'est pas vrai... Depuis combien de temps ?!
— Plus de 4h. Je suis morte d'inquiétude, je n'arrive pas à penser à quoi que ce soit d'autre... Et s'il lui était arrivé quelque chose ?
— Ne t'inquiète pas. Il ne lui arrivera rien Mahé, tu m'entends ?
— Mais qu'est-ce que tu en sais putain !
Je ne veux même pas savoir comme elle peut-être au courant. Même Iliana l'ignore. Austin n'en parle jamais. Chacun a ses fantômes et ses secrets.
— Il est... Il est allé voir son père tout à l'heure et il... On a plus de nouvelles.
Je l'entends une nouvelle fois perdre ses moyens. J'inspire un grand coup. Son père a toujours été un sujet très sensible.
— Va voir à l'ancien terrain de basket. Il allait tout le temps là-bas lorsqu'il avait besoin de souffler. Je suis certain qu'il y est en ce moment.
— Merci, je savais que tu en saurais plus que moi, renifle-t-elle doucement.
— Tu m'envoies un message quand vous l'avez retrouvé, d'accord ?
— Promis.
— Il n'est pas loin, ne t'en fais pas. Il a simplement besoin d'espace et d'être un peu seul.
— Je te tiens au courant.
Je m'apprête à raccrocher lorsqu'elle ajoute :
— Ne dis rien à Iliana. Je ne veux pas l'inquiéter.
— D'accord.
— Merci. A plus tard.
Elle raccroche cette fois. Je soupire en tapant dans un caillou. Ça n'a pas le même effet que de frapper d'un coup de poing dans un mur, mais c'est moins douloureux. Je vais devoir me contenter de ça. D'une bûche et d'un nouveau mensonge...
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— Tu manges ce que tu veux ma belle !
Ma grand-mère a comblé le silence durant tout le repas, nous imposant des anecdotes gênantes sur mon enfance, mais qui semblent ravir ma petite amie, qui écoute avec attention.
La traîtresse.
On est monte assez rapidement après ça, Iliana commençant à ressentir les premières nausées, devenues quotidiennes. Elle ne semble pas plus inquiète que ça, et elle en a longuement parlé avec mon père, hier au téléphone. A croire que ma copine a réellement décidé d'être raisonnable, et d'accepter de l'aide. Elle fait des efforts, c'est évident. Pourtant, rien ne semble payer. Elle est une nouvelle fois allongée sur le lit, les genoux vers le ciel à souffler calmement en se tenant le ventre. Elle fait vraiment de son mieux, mais rien ne change. C'est tellement frustrant.
Sans parler du coup qu'elle m'a fait hier, involontairement c'est vrai. Elle s'est enfermée pendant une heure minimum dans la salle de bain, sans que je comprenne pourquoi. Elle est revenue, les yeux humides et un sourire jusqu'aux oreilles. Je n'ai pas pu m'empêcher de froncer les sourcils, interpelé de la voir dans un état pareil. Elle s'est simplement jetée dans mes bras, et m'a serré, contre elle. Puis, elle a lancé la musique à un volume inouï, dansant sur Doubt de Twenty One Pilots comme si sa vie en dépendait.
Vous imaginez le choc quand j'ai compris qu'elle venait de faire un test de grossesse. Et qu'il, Dieu merci, était négatif.
Un enfant de son enculé d'ex copain aurait été la pire des situations possibles...
— Ça va ? demandé-je quand même en me penchant au-dessus d'elle.
— Oui, c'est en train de passer, je le sens, sourit-elle.
— C'est la vérité ?
— Oui Aiden, je te jure.
Son téléphone vibra. Décidément, ce soir, les écrans n'arrêtaient pas de nous faire chier.
— C'est qui ? Tu me le donnes ?
Je lui tends sans répondre. Elle, par contre, se redresse instantanément, et me chuchote en désignant l'appel.
— Il faut absolument que je le prenne. Je reviens vite.
Elle embrasse mon front, comme un enfant de 4 ans qu'on laisse seul, avant de s'éloigner. Peu importe, j'apprécie toujours ses bisous.
Mahé m'a envoyé un message tout à l'heure. Pour me dire qu'Austin était bien au terrain de basket, sain et sauf. Enfin, elle m'a dit « rien de trop
grave » ce qui laisse quand même supposer qu'il s'est passé quelque chose. On verra en rentrant, ça risque d'être un beau bordel encore...
Iliana est quant à elle accoudée à la barrière du petit balcon, juste à côté de la chambre. Même si je ne l'entends pas, je vois facilement que quelque chose ne va pas. La tête posée sur une main, et le téléphone dans l'autre, les nouvelles ne sont une fois de plus pas bonnes.
Vingt minutes plus tard, elle entre de nouveau dans la chambre. Le visage bas, et la mine dépourvue de toute expression. Elle se glisse entre les draps en silence, une fois ses vêtements superflus retirés. Elle ne dit pas un mot.
Je l'encercle de mes bras, l'incitant doucement à se poser contre moi, ce qu'elle fait rapidement. Tels les parents qui font du « peau contre peau » avec leurs enfants, on avait ce besoin, encore tout nouveau, de se sentir au plus près l'un de l'autre.
Je repousse une de ses mèches, une manière douce d'engager une conversation par la suite.
— Demain, d'accord ? réplique-t-elle d'une petite voix, en levant les yeux vers moi.
Je l'embrasse sur le haut de la tête, ses cheveux encore embaumés d'une odeur de vanille merveilleuse.
— Je n'ai pas envie de reprendre le lycée, déclare-t-elle finalement. Cette semaine va être horrible et terriblement longue.
Elle va surtout devoir se souvenir de la situation qu'elle a laissée là-bas. Elle vient à peine de sortir de l'hôpital, elle vient de se faire agresser par plusieurs de ses camarades. C'est évident que la semaine va être difficile...
— Lundi, je dois aller voir le proviseur, et la police avec mon père, soupire-t-elle d'une voix qui diminue progressivement. Je ne suis au courant de rien, je ne sais même pas ce que... ce qu'ils ont pris comme sanction.
— Ils vont être virés, je l'espère.
Elle hausse simplement les épaules.
— On n'en sait rien. D'après ton père, je ne peux pas encore faire de témoignage objectif. C'est trop tôt. Tu comprends, c'est « un choc important et traumatisant », soupire-t-elle.
Parfois, je me demande comment elle peut-être aussi indifférente à la situation Elle s'est faite frappée avec une batte de baseball, mais ne considère pas ça comme un crime ou un acte grave.
Puis, je me souviens que c'est d'Iliana Midden qu'on parle. Elle se cache simplement derrière ses mensonges.
— Puis je dois retourner à l'hôpital. Pour une montagne d'examens, des rendez-vous avec ton père à ne plus en finir... Je n'en verrai jamais le bout.
Et malheureusement, ce n'est que le début. J'ai cherché quelques trucs sur les patients qui ont subi une ablation de la rate. C'est un handicap à vie. Ça ne se résoudra certainement pas « comme ça ».
— Je peux t'accompagner si tu veux, chuchoté-je à son oreille pour la rassurer.
Ses mains en tremblent déjà.
À croire que son corps ne sait pas aussi bien mentir que ses jolies petites lèvres.
— Non. Je préfère te voir après. Ne surtout pas t'associer avec ce genre de moment.
Elle pince les lèvres, avant d'ajouter :
— Je n'avais jamais fait attention, mais ils ont posé la date de la mort de ma mère, le veille de mon anniversaire. C'est horrible.
Sa voix se brise, alors que moi, je me fige. Son anniversaire ? La mort de sa mère ?!
— Tu es du 10 janvier ?
Elle hoche la tête, avec un sourire triste.
Putain, je suis un pitoyable copain. Je ne connais même pas sa date de naissance. La honte.
Sa mère. Le débranchement. Bordel j'avais complètement oublié que ça arrivait si tôt.
— Hey, ne fais pas cette tête, sourit-elle de nouveau. Ce n'est pas comme si ma mère aller se laisser mourir comme ça. T'inquiète pas, elle se réveillera avant.
Son optimisme me fait peur. J'aimerai lui dire de garder en tête la possibilité que sa mère ne revienne jamais. Mais comment dire à quelqu'un qu'on aime comme un dingue, qu'elle a trop d'espoir ? Comment lui demander de se faire à l'idée, que sa mère va probablement mourir ? Comment éteindre cette lueur dans le fond de ses yeux et affirmer l'aimer ensuite ?
— Tu sais que je suis né la veille ? ajouté-je simplement.
— Le 9 janvier ?
— Oui.
— C'est vrai ?
Ouf. Elle ne savait pas, elle non plus.
— Oui, je te promets.
— À nous trois, on va faire la fête du siècle.
Austin étant né quatre jours après moi, c'est évident qu'on le fêterait ensemble.
Tous les trois cette année.
— On peut dormir ? Je suis épuisée, me demande-t-elle gentiment.
Je m'approprie ses lèvres avant, la gardant précieusement dans mes bras même une fois la lumière éteinte. Notre dernière nuit. Avant de retrouver un rythme classique. Et un lit froid sans sa présence.
Je ressers d'avantage mon étreinte, respirant davantage dans ses boucles soyeuses pour me souvenirs de leur odeur et douceur.
Le tout bercé et entouré par les petits bruits et respirations qui provenaient de son joli petit être, que je chérissais d'avantage à chaque minute qui passe.
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— Chut. Tout va bien, calme-toi. Chut, murmuré-je en lui caressant doucement les cheveux.
Elle ressert sa poigne dans mon dos, se cachant davantage contre moi.
— Je suis là, tout va bien, la rassuré-je une fois de plus.
— Il... il faut rentrer. Je veux rentrer... maintenant Aiden.
— On rentre demain petit oiseau, ne t'inquiète pas.
— Mais elle... Si jamais elle...
— Il ne lui arrivera rien. Tu m'entends ? Ta mère va bien mon ange.
Elle dépose timidement sa tête sur mon épaule, toujours blottie contre moi.
— Tu n'en sais rien...
C'est vrai. Mais dire que sa mère va pas bien est tout autant un mensonge. Dire qu'une personne dans le coma depuis plus de six mois se porte bien n'est pas franchement l'honnêteté absolue.
— Tu veux en parler ?
— Il n'y a rien à dire.
— Tu ne te mettrais pas dans des états pareils s'il n'y avait rien à dire.
Elle se frotte les yeux, masquant ses larmes inutilement.
— Ma mère était morte. Ils l'avaient débranchée pendant mon absence. Si ma mère venait à mourir sans ma présence à ses côtés, je ne me le pardonnerai jamais...
— Elle est encore vivante, je te le jure. On ira la voir en rentrant, si c'est la première chose que tu veux faire. Elle ne risque rien.
— Et si... et si elle était déjà morte ?
— Ce n'était qu'un cauchemar petit oiseau. Un horrible rêve mais rien de tout ça n'est la vérité, tu peux me croire.
Ma petite amie se laisse aller contre moi. Je lui rends son câlin, emportant également le goût de ses lèvres, parsemées de quelques larmes.
— Mon père est de garde, tu veux qu'on l'appelle ?
Elle hoche rapidement la tête, alors que je compose déjà son numéro. Il doit être 3h du matin avec le décalage horaire en Californie. Mais peu importe. Si ça peut la rassurer, c'est la meilleure chose à faire.
Le Face time se lance après une sonnerie seulement. Mon père ne semble pas plus étonné que ça de recevoir ce genre d'appel. C'est Iliana qui tient le téléphone, caméra coupée de notre côté mais révélant les détails de la chambre de sa maman. Elle est appuyée contre mon torse, mes mains soigneusement croisées sur son ventre. Je dépose tendrement mes lèvres sur sa tempe, pendant que mon père s'adresse uniquement à elle.
Des paroles rassurantes et des promesses lui arrache même un sourire. Mon père joue son rôle de médecin à merveille, tout comme d'une part son rôle de père, protecteur envers une enfant effrayée. J'ai toujours aimé ce côté de sa personnalité.
Ils parlent pendant plus d'une demi-heure, de l'état de sa mère qui n'évolue plus, utilisant néanmoins tout l'espoir dont elle dispose pour croire à un réveil miracle.
Elle me sourit, en me tendant le téléphone.
— Merci beaucoup.
Avec toute la grâce qui la caractérise, elle se laisse tomber sur les oreillers. Avant de se tourner sur le côté, et à m'inviter noblement de la rejoindre. De nouveau dans la position de deux cuillères l'une dans l'autre, mes lèvres contre la peau tiède de son cou.
Elle déteste quand je fais ça, pourtant, les petits frissons qui remontent sa nuque lorsque je l'embrasse juste là, sont divin à admirer.
— Je vais devoir reprendre ma peluche, rit-elle doucement. Mes bras vont de nouveau se refermer sur du vide.
— Toi aussi tu vas me manquer. Sauf que moi, je n'ai pas peur de le dire.
— Peut-être bien que je dormirai avec mon frère pendant un temps, remarque-t-elle.
Je déglutis avec difficulté.
— Pardon ?
- Ne sois pas jaloux, j'ai dormi bien plus de fois avec mon frère qu'avec toi.
— Mais sauf que là, c'est différent !
— T'es vraiment... jaloux de lui ?
— Carrément ! Il est hors de question que tu dormes avec lui !
— Aiden... soupire-t-elle.
— Et moi alors ? C'est totalement injuste que tu passes plus de temps avec lui qu'avec moi, boudé-je.
— C'est mon frère. Comment veux-tu que je fasse autrement ?
— C'est de la triche.
Elle soupire de nouveau.
— On se verra le weekend. Et une plus toute la semaine au lycée.
— On n'est même pas dans la même classe, soupiré-je.
— Mais nous avons littérature en commun. On se verra là-bas, et en dehors.
— Je veux un jour à nous deux.
— Je veux, j'exige ?
— Exactement.
— Bah voyons.
— Un jour dans la semaine, rien que nous deux.
— Tu es conscient qu'on va reprendre le lycée, bientôt ?
— Mardi. Tu commences tard et moi, j'attaque avec sport. Donc, on peut se voir sans problème.
— Et qu'est-ce qui te fait croire que mon père va être d'accord avec ça ?
— Qui a dit qu'il devrait être au courant ?
Un fin sourire narquois a envahi ses jolies lèvres rosées. Le mardi serait à nous à présent. Notre rituel, notre moment à tous les deux. Une manière d'oublier la réalité, de s'évader un petit peu.
La convaincre rien qu'un moment que tout va bien. Et maintenir l'illusion au prix de ses lèvres. Du moins, pour le moment...
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Hey !
Comment allez-vous ?
Voilà un nouveau chapitre !
On retrouve dans un premier temps un appel entre Mahé et Aiden, à propos d'Austin...
Vous avez des théories ?
Puis, on parle souvent de la mère d'Iliana ces derniers temps...
Que pensez-vous de la situation ?
Comment va-t-elle évoluer ?
Et êtes-vous de l'avis d'Aiden ?
Iliana a-t-elle « trop d'espoir » ?
Bon week-end, gros bisous à vous,
Lina 😘
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