Chapitre 61 🌊

« J'ai toujours trouvé que les bonnes résolutions pour la nouvelle année étaient des conneries inventés par les gens heureux pour avoir une excuse, un motif, une raison pour l'être alors que les autres ne le sont pas. Demander le bonheur ne servirait à rien pour les gens comme moi.

Pourtant rien qu'un instant, j'ai oublié. Et me suis simplement, amusée. »

🌊 Iliana 🌊


(Another Love - Dimitri Vangelis & Wyman Remix)

La musique éclate autour de nous, animant l'ensemble des personnes présentes dans cette pièce. Une centaine, voir plus, dansant corps et âmes sur ce morceau. Un DJ debout devant la foule endiablée, rejouant le succès de Tom Odell.

J'ai l'impression de bouger au ralenti, bercée par les notes successives du piano. Tout mon corps bouge, mouvements interrompus par les spots noirs et blancs. Aiden à mes côtés, surexcité par cette musique qu'il aime tant, par la chaleur, et par mon absence de veste, je le vois bien. Ma tête se balance de droit à gauche, remuant comme mes hanches. Un sourire soudain ne quittant plus mes lèvres.

I wanna take you somewhere so you know I care

But it's so cold and I don't know where

I brought you daffodils in a pretty string

But they won't flower like they did last spring

Les sons s'enchaînent, plongeant la salle dans une transe intenable. On chante tous les deux face à face, ignorant ses amis, laissant le doux remix parcourir nos veines, augmenter mon rythme cardiaque, déjà à son apogée. Nos pas s'accordent, nos yeux ne se lâchent plus. Il chante pour moi, je danse pour lui.

But all my tears have been used up

Les effets naissent de nulle part, s'emparant de mon esprit. Le rythme augmente progressivement, accélérant les mouvements. La seconde d'après, tout peut ralentir, c'est le DJ qui en décide. Nos corps comment habitués suivent simplement, personnalisant le moment à l'infini. Mes yeux appréciant et captant tous les détails de la scène.

On another love, another love

All my tears have been used up (n°2)

Je commence à bouger plus rapidement encore, suivant Aiden de près. La foule semble tout aussi essoufflée que moi, mais peu importe. Mon copain glisse une bouteille entre ses lèvres, agrandissant son sourire grâce à ce liquide précieux qui nous libère. Je la lui prends, décidant de ne pas respecter la règle cette fois.

(Ooh, ooh)

(x2)

Tout s'anime brutalement. La foule se transforme en une immense mer agitée de grandes vagues. Je saute à mon tour, un bras au dessus de ma tête pour repousser l'air qui nous entoure. Venir en boîte à Denver pour le nouvel an n'était pas dans mes projets, et pourtant, nous voilà. Moi, et lui dansant comme des fous ou sautant plutôt. Nous déchaînant sur cette musique, sans penser à rien, d'autre.

L'alcool glisse dangereusement dans ma gorge, me faisant sourire davantage.

All my tears have been used up

(Ooh, ooh)

Dans quelques minutes, 2019 s'éclipsera, remplacée par 2020. Mes soucis disparaîtront, laissant place à de beaux souvenirs, remplis de sourires.

Aiden capture mes mains, nous faisant danser ensemble à présent. Etre avec lui, en cette fin d'année, après tout ce qu'il s'est passé... c'est un rêve éveillé. Un rêve que je compte bien prolonger, et revivre encore et encore.

On another love, another love

All my tears have been used up

Tout redevient lent et posé, laissant les notes s'approcher doucement. Aiden me fait tourner, bloquant mes hanches à mi-chemin entre ses doigts. Je danse plus sensuellement encore, collée contre lui.

On another love, another love

All my tears have been used up

Le compteur s'affiche sous nos yeux éblouis. Les chiffres changent rapidement. Je me prépare comme tout le monde à sauter, sous les derniers « Ooh » du chanteur. Mes lèvres esquissent un sourire, rempli d'impatience.

« 5-4-3-2-1 : BONNE ANNEE !!!! »

La foule hurle en même temps que le son, qui éclate autour de nous. Je saute dans les bras d'Aiden, l'encerclant follement. Il me serre à son tour, perdu entre m'embrasser, ou se mettre à danser. Les gens se bousculent, chantent ou hurlent, envahis par la joie. J'ignore le reste de la musique, me contentant de ses lèvres.

Rien de plus, rien de moins. Je suis heureuse à cet instant.

🌊🌊🌊

On se bouscule dans l'escalier vers 3h du matin, incapables de marcher droit. Aussi bien l'un, que l'autre. Pourtant, ce n'est pas que l'alcool qui est responsable de notre immense déséquilibre. La fin de soirée a été folle, on a passé le reste du temps à chanter et danser avec ses amis, beaucoup plus sympa sur la piste de danse que sur la glace. Les feux d'artifices sur la place principale ont merveilleusement bien clos la soirée. Après avoir appelé nos amis pendant près de vingt minutes, on s'est retrouvé à marcher dans les rues, à la recherche de son appartement. Il vivait ici avec sa famille lorsqu'ils habitaient encore la ville, et n'ont heureusement pour nous, jamais vendu l'ancienne habitation.

L'euphorie, la liqueur, les talons et l'adrénaline compliquent mes pas, ce qui rend le jeu encore plus amusant. J'oublie tout, gardant les yeux ouverts sur le présent. Inutile de se souvenir que Courtney veut ma mort, que mon père compte bien faire un procès à mes meilleurs amis pour les actes sordides de leur sœur, oublions aussi toute l'histoire avec Evan, la distance prise avec mon beau-père, mon incapacité à me nourrir, ou même mon absence de rate. Ne pensons surtout pas que dans neuf jours, si ma mère n'a pas ouvert les yeux, ils la tueront.

Non, ce genre de piqûres douloureuses me rappelant la réalité n'arrive qu'au moment des rêves, lorsque mes yeux se ferment et que mon esprit se libère. Dans ce cas, mes yeux bleus parcourent chaque détail. Luttant pour cligner le moins possible. Ce soir, j'étais libre, jolie et heureuse finalement.

N'est-ce pas le plus important pour l'instant ?

🌊🌊🌊

- Tu viens choupinette ?

- Choupinette ?! m'indigné-je en retirant mes chaussures.

- Oui, tu n'aimes pas ?

- Non, tranché-je.

Il fait la moue, telle une petite fillette qu'on vient de gronder.

- Tu as déjà fait beaucoup mieux quand même, ajouté-je.

- Comme petit oiseau ?

- Oui, même me faire appeler oiseau commence à me plaire. Entre tes lèvres, ça en devient même sexy.

- Tu connais la traduction ?

- Aiden, je t'ai déjà dit que je parlais français. Evidemment que je comprends.

Il éclate de rire. Je me contente de le regarder dans les yeux.

- Est-ce que tu es bourré ?

Il s'arrête subitement.

- Non, pas du tout.

Il est sérieux, en plus.

- Alors pourquoi tu ris ?

- Parce que je serais toujours étonné de la facilité avec laquelle tu me mens.

Je lui souris, heureuse de l'étonner encore un peu. Il retire son tee-shirt, sous mes yeux.

- Tu te prépares pour dormir j'imagine ?

- Exactement.

- Tu mens tellement mal Aiden.

- Au moins, j'essaye.

Je m'éclipse un moment, retournant dans la deuxième chambre de l'appartement. J'enfile une veste, avant de retourner auprès de mon copain.

- Tu as des résolutions ? Pour cette nouvelle année ? me questionne-t-il.

Je ris nerveusement.

- Les résolutions ne servent à rien.

- Je ne suis pas d'accord.

- Oh que si. J'ai toujours trouvé que les bonnes résolutions pour la nouvelle année étaient des conneries inventées par les gens heureux pour avoir une excuse, un motif, une raison pour l'être alors que les autres ne le sont pas. Demander le bonheur ne servirait à rien pour les gens comme moi.

Il hoche la tête, ne confirmant pas pour autant.

- Tu en as, toi ? lancé-je en tressant mes cheveux.

- Peut-être bien.

-Je t'écoute dans ce cas.

- Toi d'abord. Sinon, tu ne diras jamais rien.

Je m'assois, et réfléchis le menton dans la main.

- Je veux apprendre à boire.

- Pardon ? rit-il.

- Je veux boire de l'alcool, sans me mettre minable à chaque fois. Apprendre à « contrôler » tout ça. Faire en sorte que je sois plus forte que mon père et Evan.

- C'est une ambition ça.

- Oh que oui.

- C'est vraiment nul comme résolution.

- Et toi ? Je peux les avoir maintenant ?

Il sourit, prenant mes mains dans les siennes.

- Tu peux connaître la plus importante si tu le veux.

- Arrête de te faire attendre. Dis-moi.

Il me tire vers lui, pour que je finisse sur ses genoux. C'est donc ce que je fais, mes yeux dans les siens, assise sur lui. Ses doigts s'activent dans mon dos.

- Je veux faire l'amour avec toi, susurre-t-il à mon oreille.

Je laisse échapper une sorte de gémissement. A mi-chemin entre la plainte et l'envie. Il m'embrasse juste à côté de l'oreille, un endroit inconnu et pourtant si sensible. Je me mords la lèvre, puis, le repousse du bout des doigts.

- Tu es tellement impatient. On est ensemble depuis quoi ? Une semaine ?

- Non. Théoriquement, ça ferait trois. Mais si on compte à partir de notre baiser, ça ferait un mois.

- Et tu crois que je suis le genre de personne qui s'abandonne au sexe au bout d'un mois de connaissance.

- Je sais surtout que tu es le genre de fille à partir à Denver avec son copain. A le suivre alors qu'elle est avec depuis seulement un mois. A partir de là, tout est possible.

- On peut commencer par... dormir dans le même lit, avant de passer le cap, proposé-je.

- Ce n'est pas déjà fait ?

- Non.

- Ah oui, c'est vrai. Tu m'as dit non la dernière fois que je t'ai proposé de rester dormir avec toi.

- J'étais à l'hôpital. Et je ne voulais pas que notre première nuit ensemble se fasse dans cette ambiance glauque et dans un lit une place. Quoi de mal ?

- Je ne croyais pas que tu étais du genre à prendre ton temps.

- Je peux paraître impatiente. C'est vrai. Mais pas sur ce sujet-là.

J'ai perdu ma virginité avec Evan. Que j'aimais plus que tout. Je n'ai jamais eu d'autre expérience. Peu importe si je suis bien ou non avec Aiden, je ne suis pas prête. Tout est allé vite, très vite. Et sur ce point-là, je veux prendre le temps.

- Tu comprends, n'est-ce pas ? demandé-je doucement.

- Non.

Il se laisse tomber en arrière, m'entraînant avec lui en tirant mes poignets. Je lui tombe dessus, de tout mon poids, aussi léger soit-il. Je souris délicatement.

- Non, je ne comprends pas comment tu peux me résister, soupire-t-il.

- C'est assez simple en soi. Je pense que tu te surestimes.

- C'est en flattant mon ego comme ça que tu comptes m'avoir ?

- Non. Je vais déjà me changer, et après, on verra.

Je l'embrasse rapidement, le privant de toutes chaleurs ou étincelles.

- Tu dors en sous-vêtement évidement ? tente-t-il plein d'espoir.

- Alors là, dans tes rêves.

J'enfile un short et un tee-shirt, les plus simples qui soit. Son sweat de Stanford par-dessus, et ma tresse sur mon épaule pour finir. Je me glisse entre les draps froids, m'appropriant l'oreiller sans autorisation.

- Tu comptes dormir là ? me demande-t-il en haussant les sourcils.

- Tu envisageais vraiment une autre option ? Tu ne croyais quand même pas que j'allais dormir toute seule dans une autre chambre, alors que mon copain est juste à côté de moi. Si ?

- J'en sais rien. Peut-être que...

- Tu préfères que je m'en aille ? questionné-je en retroussant la couette.

- Hop, hop, hop. Reste là toi.

Il me saisit par la taille, et m'attire à lui avec force. Je me laisse aller, comme une poupée qui pourrait lui appartenir. Je me mets à éclater de rire, une fois dans ses bras.

- Tu trouves ça drôle ?

- Oui, continué-je en riant davantage.

Le silence reprend le dessus quelques minutes après seulement. Un fou rire incontrôlable, pour ce moment que je passe avec lui. Tellement improbable, insensé. Et pourtant si agréable à vivre.

🌊🌊🌊

Je dépose mes mains au sol, en attente de la suite. La nausée suivante ne devrait pas tarder. Non, je sais ce que vous pensez. Et non, je ne suis pas enceinte. Je suis simplement malade, affaiblie, et incapable de manger.

Agenouillée devant les toilettes, condamnée à masquer le son de ma douleur pour ne pas réveiller Aiden. Vous imaginez bien que ma discrétion est inefficace, je ne peux pas vomir sans faire de bruit, pleurer et retenir mes cheveux en même temps...

- Bordel, c'est incroyable, tu ne tiens vraiment pas l'alcool toi, soupire mon copain en sauvant mes mèches.

Je le repousse, en toussant. Je me laisse aller contre le mur froid, fixant le vide.

Tu dois lui mentir. Il te tend une perche là.

Non.

- Ça n'a rien à voir avec l'alcool, m'essoufflé-je.

- Quoi ? Tu es malade ?

- Non. Je...

Je suis coupée en plein milieu de ma phrase, par mon estomac qui se soulève.

Il faut qu'il parte. Je ne peux pas le laisser voir... ça.

- Laisse-moi s'il te plaît, supplié-je.

- Non.

- Si, je t'en prie Aiden, répliqué-je en larmes.

- Non, je ne te laisse pas toute seule en train de vomir. Insiste-t-il.

- Putain, mais laisse-moi seule !!! Explosé-je.

Il s'écarte de moi. Se remettant debout aussi vite que possible. Je n'ai pas le temps de le regarder plus longtemps, que je me retrouve de nouveau à vomir mes entrailles. J'entends la porte se refermer dans mon dos, je n'ai jamais été aussi reconnaissante envers lui.

🌊🌊🌊

J'avale mes cachets avec difficulté, sentant mon ventre se retourner à l'idée de contenir de l'eau. Après m'être rafraîchie autant que possible le visage et la bouche, je le rejoins, tête baissée et morte de honte.

Il est 4h du mat' putain. Je ne peux vraiment jamais avoir la paix ?!

Je retourne dans le lit, et éteins rapidement la lumière. Je l'entends soupirer à côté de moi. Même de dos, je sais ce qu'il pense, j'imagine son visage.

- Tu ne vas rien dire. Rien du tout, commence-t-il.

- Il n'y a rien à dire.

- Je crois que si. Au contraire. Tu as dit que ce n'était pas l'alcool.

- Et c'était la vérité, soufflé-je.

Pour une fois que j'ose dire quelque chose de vrai...

- Explique-moi alors. S'il te plaît Iliana, parle-moi.

Je m'assois moi aussi, le dos contre la tête de lit.

- Il n'y a rien à savoir, expliqué-je. Je suis juste... Incapable de manger.

Son regard me sonde avec bienveillance, alors que je ne peux que baisser la tête.

- Comment ça ? demande-t-il un peu sèchement à mon goût.

Je ne sais même pas ce que j'attends de lui, ni quelle réaction me conviendrait.

- Je n'y arrive pas. Y'a rien à faire, murmuré-je les larmes aux yeux. J'ai tout essayé, mais rien ne passe. Ça va faire une semaine, et rien n'a changé. Je n'arrive pas à me nourrir putain.

- Mais pourtant tu as mangé ce soir, non ?

- Oui, mais t'as bien vu ce qui vient de se passer non ? C'est tout le temps comme ça, je n'ai pas un repas tranquille. Et ça commence sérieusement à m'épuiser.

- C'est pour ça que tu ne manges pas le matin ? Et que tu n'as pas mangé ce midi ?

- Comment tu le sais d'abord.

- C'est tellement évidement Iliana, sourit-il.

- Tu n'es pas en colère ?

- Contre toi ? J'ai des raisons de l'être ?

- Non, non. Je t'ai simplement un peu menti et...

Il se met à rire. Je ne vois absolument pas ce qu'il y a de drôle là-dedans...

- Mon petit oiseau, commence-t-il. Tu mens comme tu respires ! Si je devais être en colère à chaque fois qu'un mensonge franchissait tes lèvres, on ne serait plus ensemble, tu ne crois pas ?

Je hausse les épaules, et finis par hocher la tête, adoptant son point de vue.

- Tu en as parlé à mon père ?

- Oui.

- Tu es sûre ?

Je lève les yeux vers lui. Pourquoi j'ai toujours l'impression qu'il connaît les réponses à ses propres questions ?

- Je lui ai dit que j'avais des difficultés à manger. Et que je mangeais peu. Pas que je vomissais après chaque repas, avoué-je, encore plus honteuse.

- Pourquoi tu ne lui as pas dit alors ? C'est le plus important pourtant.

- Parce que j'ai peur Aiden, soufflé-je doucement.

Il dépose sa main, brûlante sur la mienne.

- De quoi ma belle ? Dis-moi.

- Le seul moyen de faire manger quelqu'un qui n'a pas faim, c'est avec... une sonde. Et je ne veux pas revivre ça. C'est tellement humiliant, écœurant et douloureux. Je préfère me laisser mourir de faim plutôt que d'être « sauvée » par ce système-là. C'est depuis que je l'ai eu, que j'ai ce problème. Je suis persuadée que c'est dans ma tête, comme un traumatisme. Mais le pire, c'est que j'ai faim. Je meurs de faim, mais mon propre corps refuse de m'écouter. Je suis impuissante et ça me rend dingue. J'ai l'impression de devenir folle.

- Si c'est la meilleure chose à faire, tu dois en parler à mon père Iliana. Peu importe si ça fait mal, ou peur, tu dois le faire. Si ça te permet d'aller mieux.

- Je le sais mais je... Je veux croire que ça va s'arranger. Promets-moi que tu n'en parleras pas à ton père.

- Oui, je te le promets.

- Merci, soupiré-je avec un peu de soulagement.

- Parce que tu vas le faire toi, en rentrant.

Mes yeux s'accrochent aux siens, et ma vision de floute doucement.

- Moi aussi, j'ai peur, me dit-il sincèrement. Tout le monde à peur, et pourtant, on les affronte ces petites choses qui nous rongent. Et d'ailleurs, depuis quand, toi, Iliana Midden, tu arrives à te convaincre d'un truc pareil ? Depuis quand toi, tu as peur de quoi que ce soit ? rit-il pour me faire sourire.

Et ça fonctionne.

Je me laisse aller contre lui, son bras m'encerclant tendrement.

- Et arrête de retenir tes larmes. Parfois, pleurer, ça fait du bien, chuchote-t-il.

Je hoche la tête dans ses bras. J'aimerai tellement me cacher, disparaître contre sa peau. M'effacer dans son cou, le sentir respirer contre moi. C'est tellement rassurant et satisfaisant cette proximité...

- Qu'est-ce que je peux faire pour t'aider, hein ?

- Rien, répliqué-je en enfouissant mon nez un peu plus dans son tee-shirt.

- Tu veux une histoire ? Pour dormir ?

Je relève le menton, carrément étonnée de cette proposition.

- Oui, me laissé-je tenter par cette étrange perche qu'il me tend.

- On l'appellera « L'oiseau blanc et l'oiseau noir ».

Je confirme, profondément enveloppée dans son odeur.

- Vois-tu, les oiseaux sont des animaux solitaires, mais qui aiment tout de même se sentir entourés. Ils ont besoin de changer d'air souvent, de se sentir libre en explorant de nouveaux horizons. Les oiseaux sont des animaux fourbent. Ils sont magnifiques, ils nous enveloppent et nous fascinent avec une beauté pure, comme des colombes. Ils représentent une multitude de symboles, et on en voit tellement qu'on a l'impression de bien les connaître. Mais le problème avec les oiseaux, c'est que ce sont effectivement des animaux sublimes, mais qui jouent avec leur somptueuse beauté. Ils en profitent, et nous manipulent avec aisance une fois qu'on est proche d'eux. On a envie de caresser l'oiseau, de se l'approprier. Pourtant, c'est toujours lui qui nous contrôle secrètement. Car l'oiseau, lui peut s'envoler quand il le souhaite, au moindre souci. Alors que nous, on restera toujours cloué au sol, à espérer qu'il revienne.

Je joue avec l'une des mailles du tissu, l'entourant à l'infini autour de mon majeure. Tout en écoutant cette curieuse histoire qu'il conte, rempli de sens cachés. 

- Un oiseau est parfois forcé de s'égarer. De s'éloigner de sa famille et de ses amis. C'est le cas de cet oiseau noir. Avant, il avait de belles plumes blanches, visibles aux yeux de tous. Mais son magnifique plumage a viré au noir, de manière indélébile et irréversible. Le forçant à s'éloigner de ceux qu'il aime. Loin. Pendant un temps, pour changer d'air, avec des promesses de vies meilleures.

- Tu es l'oiseau noir ? le coupé-je, curieuse.

- Non. C'est un simple oiseau, rien de plus, sourit-il avec complicité.

Je lui souris à mon tour, toujours emmitouflée dans ses bras.

- Mais un jour, tout le monde doit revenir chez lui, sur ses origines aussi sombres soient-elles. Les oiseaux ne font pas exception à la règle. Peu importe la couleur de ses plumes, l'oiseau a besoin de retrouver les siens et ses repères. Sauf que cette fois, tout le monde le reconnaît. Tout le monde parle tout bas, à cause de la couleur de son plumage. Il arrive à faire taire les rumeurs, pensant naïvement qu'il retrouverait tout à sa place, comme avant. Tous les autres oiseaux veulent savoir ce qu'il s'est passé, tous cherchent à connaître son secret. Certains sont au courant, d'autres font semblants. C'est le pire. Insister pour comprendre. Pourtant cet oiseau, il est tout aussi blanc que les autres à l'intérieur. Mais à la vue de tous, il est aussi sombre que ses plumes. Tous le pensent, sauf un.

- L'oiseau blanc ?

- Exactement. Celui-là, vit dans un autre monde. Il ignore même l'existence d'un secret, s'en fiche éperdument et repousse même l'autre oiseau. Qui commence à prendre goût à ce petit jeu, et à cette notion d'impossible. L'oiseau noir le comprend vite, les apparences sont tellement importantes. Car lui, tout le monde le connaît par sa noirceur extérieure, alors que la jolie colombe blanche, qui est juste à côté de lui, porte la même  dans son cœur. Ça le rend fou, il veut comprendre. Il veut que la jeune et jolie petite colombe, qu'il croit aussi innocente que sa blancheur tombe follement amoureuse de lui. Mais c'est un oiseau rusé. Elle aussi cache bien son jeu. Et c'est précisément pour ça qu'il est devenu fou d'elle.

Il se stoppe, posant sa main dans mon dos.

- Et ? m'étonné-je. 

- Et la petite colombe blanche doit dormir. C'est ultra tard.

Je penche la tête sur le côté.

- Je n'aurai pas la suite ?

- Pas maintenant. Mon petit oiseau blanc.

Je m'installe confortablement contre lui, avec cette impression de le connaître mieux. Une satisfaction étrange, cachée derrière une histoire insensée. Celle d'oiseau blanc, et un autre aux plumes noires.

🌊

_______________________________

Hey ! Salut tout le monde !

Comment allez-vous ? Tout se passe bien pendant ce confinement ? 

Comme vous avez pu le lire, voici un nouveau chapitre...

Qu'en avez-vous pensé ?

Personnellement j'ai adoré l'écrire, un peu de légèreté (pour le début) ne fait de mal à personne, encore moins à notre petite surfeuse !

Comment avez-vous trouvé leur petite soirée ? Vous avez aimé ?

Malheureusement, on est toujours obligé de revenir à la réalité... (moi sadique ? non...)

Les petits moments offerts par nos amoureux vous ont-ils conquis ? 

La tension monte rapidement entre eux. (C'est un double sens ça @Arwen_stories ? Possible...)

L'histoire vous a-t-elle intrigué ? 

Et oui, comme quoi, Iliana n'est pas la seule à avoir des secrets !

On se retrouve samedi pour le prochain chapitre, préparez-vous, vous n'allez pas être déçus...

Prenez soin  de vous et de vos proches, de gros bisous, Lina.

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