Chapitre 6

« Une pré-rentrée n'est jamais intéressante. On nous parle d'examens, nous distribue nos livres et on revoit nos amis. C'était avant qu'elle tire sa chaise pour s'installer à côté de moi. »

Je claque la portière de ma voiture en m'assurant qu'elle soit bien fermée. Ce véhicule, est à peu près la chose à laquelle je tiens plus que tout au monde. Oui, bien plus que ma sœur. Si je devais vendre l'une des deux, ma sœur serait déjà loin de moi. Ça serait même une opportunité à saisir au plus vite. D'ailleurs, elle ferait exactement la même chose.

Comme à chaque fois que j'en aperçois une du même modèle, et ne peux m'empêcher de la prendre en photo. Aujourd'hui n'a fait que confirmer la règle. J'adore cette collection de voitures, une fascination évidemment partagée avec mon père. Plus elles sont rares, anciennes et vintages, plus elles sont belles. Bien plus élégantes qu'une grosse Porsche datant de l'année dernière. Je dirige mon objectif vers l'habitacle, captant quelques nuances et la lumière qui accompagne.

Comme toujours, je m'empresse de la prendre en photo. Un paysage bien cadré et parfaitement situé par rapport à la luminosité, le genre qui endiable les réseaux sociaux. En deux-trois clics elle est légèrement retouchée, la netteté retrouvée et les nuances ajustées. Rapidement postée sur Instagram, cette photo obtient déjà un beau bouquet de likes de la part des utilisateurs accros.

Ça faisait un moment que je n'avais pas posté. Mes dernières photos datant du mois dernier, baignant encore sous le soleil français. Avant de partir d'ici, j'ai eu l'occasion de travailler pour une boîte réalisant des photographies en studio. Un stage qui m'a plu, contre toute attente. Je tiens depuis un compte bien travaillé, et j'ai gardé cette même habitude malgré mon départ. Partager, innover et envoûter.

Après cette courte pause, je m'empresse de rejoindre mes amis, qui pour la plupart ne savent toujours pas que je suis rentré. La réaction des filles, toutes les deux des ex-copines, risque d'être inoubliable...

Je traverse tranquillement la cour, en entendant les cris stridents d'une fille, provenant des couloirs. Une lointaine dispute à propos... d'inceste ? Je n'ose même pas imaginer ce qu'il s'est passé dans ce lycée depuis mon départ...

Je finis par trouver mes amis à la même place qu'auparavant, une ancienne table de pique-nique en pierre sous un grand arbre. Suffisamment ombragé pour Courtney qui a une véritable peau de bébé mais aussi ensoleillée pour sa meilleure amie qui raffole de soleil et de bronzage d'été, de quoi plaire à tout le monde, à commencer par ces jeunes filles raides dingues de leur apparence. Les garçons un peu en retrait, surveillant toute la récréation pour pouvoir juger autant que possible en écoutant toutes les conversations, qui croyez-moi sont toujours très animées...

La Californie a parfois une mauvaise influence sur ses habitants, faisant ressortir les pires clichés, à peine imaginables parfois.

La première que j'aperçois, c'est Montgomery. Grande perche, aux cheveux bruns légèrement bouclés, une taille parfaitement fine et une poitrine plus que développée, un cliché californien à elle toute seule. Capitaine de l'équipe des pom-pom girl depuis son arrivée, j'ai été en couple avec elle au tout début de l'année précédente, rien de sérieux surtout quand on sait à qui on a affaire. Contre toute attente, c'est elle qui me voit en premier arriver, levant les yeux de ses ongles fraîchement manucurés.

— Aiden ? Qu'est-ce que tu fais là ? s'étonne-t-elle. T'es revenu de France ? Je croyais que tu revenais dans deux mois !

En réalité, je suis encore en France Montgomery, c'est juste une illusion. Bon sang cette fille est d'une stupidité...

— Changement de programme, vous me manquiez beaucoup trop, affirmé-je.

— Oh, c'est trop mignon de dire ça.

Ma voiture me manquait cent fois plus que toi, mais je t'aime quand même.

— Je suis un type plutôt mignon, j'avoue, souris-je.

— Mais c'était comment alors ? Totalement différent non ? Je veux dire, c'est la France quoi ! T'étais où précisément ? À Paris ? Ou au Luxembourg ?

Luxembourg n'est pas en France, chérie. Aïe, aïe, aïe. L'intelligence limitée est de retour....

— À Marseille au début et après vers Lyon.

— T'as vu la tour Eiffel du coup ? J'aimerais tellement qu'on m'y emmène un jour et qu'on m'embrasse devant... rêve-t-elle à voix haute.

Je savais que le cerveau des Pom-pom girls se cachait dans leurs pompons mais quand même, il y a des limites... Depuis quand la dame de fer est à Marseille ?

— Mec, tu m'as trop manqué ! C'était trop calme sans toi ! la coupe Liam.

Mon sauveur du jour. Je suis réellement ravi de le revoir, lui.

— Liam ! Comment vas-tu ?

— Super bien, et toi ? me répond-il avec un grand sourire.

— Au top, merci !

Je m'assois à leurs côtés, les mains dans les poches.

— Tu nous as pas ramené une petite copine avec un accent français merveilleux ? demande-t-il avec un petit sourire mielleux.

— Et non, désolé ! Par contre, je leur ai laissé ma sœur en vacances, ris-je en retour.

— Quoi ? articule une faible voix, derrière moi.

Je regarde Courtney se désintégrer sous mes yeux. Assez drôle à regarder, je ne laisse pourtant rien paraître. Ses cheveux ont poussé depuis la dernière fois que je l'ai vue en photo, ils lui arrivent aux hanches à présent. Ses yeux gris me transpercent et mon cœur se serre en voyant son air désolé face à mon annonce.

— Cléa n'est pas avec toi ? souffle-t-elle de nouveau, très faiblement.

— Non, elle reste en France. Elle a décidé de terminer sa scolarité là-bas.

— Alors pourquoi elle ne m'a rien dit ?

Comme si je connaissais la réponse ! Ce sont les affaires de ma sœur, pas les miennes ! C'est sa meilleure amie, elles se débrouillent toutes les deux, ça ne me regarde pas...

— Pour ne pas te faire de la peine sans doute, argumenté-je en haussant les épaules.

— En tout cas, je suis contente que tu sois là, dit-elle en prenant ma main dans la sienne.

Elle ne la gardera pas bien longtemps. Elle est toute mignonne, maintenant, mais elle m'a trompé dès que j'ai eu le dos tourné. Et ça, je n'oublierai pas.

— Aiden ? Mon Aiden Miller, ici ? nous interrompt de nouveau une voix affirmée comme je l'imaginais.

Je souris en voyant arriver ma petite brune préférée s'avancer dans notre direction.

— Mahé, tu dates ! m'exclamé-je en me levant.

— J'espère que t'as mangé pleins de croissants parce que vu tes photos, ça m'a grave donné envie ! s'exclame-t-elle une fois à ma hauteur.

— Ne t'inquiète même pas pour ça, tu me connais.

Mahé et moi avons été en cours ensemble pendant durant l'année passée. La littérature anglaise est passée beaucoup plus vite et avec délicatesse grâce à elle.

— T'as pris vingt kilos, ça se voit, continue-t-elle.

Un franc parler qui me fera toujours sourire, je vous l'assure.

— Tu n'es pas mal non plus, merci. Je suis ravi de te voir aussi !

— J'espère sincèrement qu'on a littérature en commun, sinon je vais dormir, se plaint-elle.

— On croise les doigts, mimé-je en souriant.

— Mes écouteurs seront mes meilleurs amis sinon.... Et la taupe ne verra rien, comme toujours.

Notre professeur de l'année dernière était minuscule, et elle avait des lunettes avec de gros verres loupes. Elle voyait rien, et entendait rien. Très pratique pour faire passer le temps.

— Tu écoutes quoi ? demandé-je en désignant son oreillette.

— Une chanson de Twenty One Pilots qu'Iliana m'a mise dans la tête, roule-t-elle des yeux.

— Iliana ?

La Iliana ? Celle d'Austin ?

— Oui, Iliana, ma meilleure amie, rit-elle.

— Oui, je vois qui c'est. Elle n'est pas avec toi ?

— Non, je l'ai laissée, elle voulait faire des choses pas très catholiques avec Austi...

Je hausse les sourcils, surpris de la tournure de sa phrase.

— Austin qui est ton meilleur ami, constate-t-elle, donc je ferais bien de fermer ma bouche.

— Heu...

— T'as absolument rien entendu, c'est clair ?

Elle me fait un grand sourire en arborant une pour d'enfant. Si bien que j'en éclate de rire.

— Elle est surtout en train de rouler des grosses pelles à son copain, j'ai été obligé de fuir. C'est trop pesant cette atmosphère avec tant d'amour.

— Tu étais en couple t...

— J'ai des amis à rejoindre, on se voit plus tard ? Un café un de ces quatre, dit-elle en tournant déjà les talons.

Éloignée aussi vite qu'arrivée, Mahé disparaît vers l'établissement en roulant des hanches. Je rejoins donc mes amis, les oreilles des filles sûrement sur écoute, enregistrant notre conversation et de nourrissant de toutes les informations possibles. Elles ont probablement compté chacun des mots prononcés...

— Je ne comprends absolument pas. Ce n'est plus un bisou qu'ils se font, c'est carrément un lavage buccal. Je trouve ça dégueulasse ! dit-elle.

Pour une fois, on ne parle pas de moi ? Quel miracle est passé pour leurs changer les idées ?

— Mes yeux saignent ! en rajoute Montgomery, comme à son habitude.

— Mais préservez-nous de ça enfin ! Elle fait un mètre dix alors que lui est capitaine de l'équipe de basket ! Il doit se mettre à genoux pour la toucher, sans rire !

— Elle est vraiment minuscule. On dirait une gamine, ajoute le clone numéro un.

— C'est honteux. Un tel spectacle, moi ça me dégoute.

— Ça me couperait presque l'appétit.

La méchanceté a toujours coulé dans leurs veines. Pourtant un tel degré m'étonne, comment peuvent-elles critiquer les moindres faits et gestes d'une personne ?

— Meuf, je t'en supplie, mets des talons ! Il va attraper une scoliose !

— Et ses chaussures, on en parle ? C'est quoi ? La saison dernière ? Ces filles-là ne devraient pas avoir le droit de rentrer dans le lycée.

— Ou de nous fréquenter. Elles ne servent qu'à nous mettre la honte, gémit Courtney.

— Elles mettent tout le monde mal à l'aise... Regarde comment elle se comporte avec Mahé ! Pire qu'un boulet attaché à son pied !

— Je n'arrive toujours pas à comprendre ce qu'Evan lui trouve, ça me rend dingue...

— C'est ta faute, tu lui as donné la perfection Courtney. Maintenant, il doit se contenter de... ça.

Je la fusille du regard alors elle referme la bouche. Et voilà, deux vraies connasses en pleine action.

— Ils sont seulement en train de s'embrasser, remarque Liam.

Je suis son regard, et me tends légèrement. Chaque nouvelle copine qu'apporte Evan Brown, chaque vision que j'ai d'eux, me met hors de moi. Il ne mériterait personne. Je ne dis rien vis-à-vis d'Iliana, mais attends simplement de voir comment Austin va réagir aux remarques horribles de ces deux mégères.

— Elle ne l'embrasse pas là, elle lui lave la bouche, lance méchamment Courtney.

— Et regarde comment elle se cambre ! On dirait une vraie pute !

Elle est légèrement cambrée, c'est vrai, mais il a sa main dans son dos, et semble la maintenir avec force. Elle a ses mains posées sur lui, et parle calmement.

— Les vêtements, c'est aussi une catastrophe, se lamente Montgomery.

Je ne sais pas si c'est parce que je ne suis pas une fille, ou pas mais moi, ça ne me choque pas du tout. Elle a une jupe qui lui arrive aux genoux, et une chemise nouée. Rien de vulgaire ou de moche.

— Coucou !

Lindsay arrive devant moi et la minute suivante me serrant dans ses bras. J'en fais de même, qu'est-ce qu'elle m'a manqué !

— Alors ! Comment va mon meilleur copain qui ne me prévient pas de son retour ? s'écrie-t-elle.

— Tout va bien et toi ?

— Super, même si je t'en veux à mort !

On se connaît depuis qu'on est gamins avec Lindsay. On est voisins depuis une éternité, une sacrée boule d'énergie celle-là. Elle n'a pas du tout changé non plus, ses éternels cheveux blonds sont intacts, et ses lunettes de soleil sur le nez.

— Tu dates mon vieux, déclare-t-elle en mettant ses mains sur ses hanches.

— Dit-elle alors qu'elle est plus âgée que moi, souris-je.

— Regarde, tu rends mon copain tout jaloux avec tes bêtises !

Elle fait une moue d'enfant avant de s'assoir sur lui comme une princesse. Elle l'embrasse du bout des lèvres alors qu'il bloque sa nuque sous ses mains.

— Ils sont trop mignons, s'exclament les filles en cœur.

J'écarquille les yeux, ne voyant aucune différence entre les deux couples ciblés.

— Eux sont mignons, mais pas les autres ? tenté-je quand même.

Pourquoi avoir envie de se faire envoyer au tapis plus vite que son ombre avec de telles questions ? Aiden, tu ferais mieux de la fermer !

— Tu ne comprends vraiment rien à l'amour, Aiden. Eux, ce ne sont pas des petits adolescents ridicules, ils s'aiment vraiment et ça se voit ! Iliana ressemble à une gamine, c'est vraiment n'importe quoi.

Vaincu par K.O. Courtney a tous les points, alors que je n'en ai pas le moindre. Après quelques nouveaux compliments forts sympathiques pour la petite Iliana, qui s'en prend plein la tête. Les filles sont mortes de jalousie envers cette jeune blonde, ce qui est assez drôle à regarder, je l'avoue. La réaction d'Austin risque d'être épique quand il comprendra que c'est sa nouvelle demi-sœur la nouvelle proie de ces chipies. En attendant, je ne pensais pas que deux si petits corps pouvaient renfermer autant de haine. Elles m'étonneront toujours avec leurs conneries.

— Regarde comment elle est accrochée à lui, on dirait qu'ils vont être séparés pour toujours ! se moque-t-elle encore.

— Elle me dégoûte cette fille, conclut Courtney.

— Tu veux pas la fermer un peu ? intervient Lindsay.

— Tu as un problème peut-être ?

— Viens Liam, on s'en va, réplique-t-elle en prenant son copain par la main et en quittant le banc. C'est justement Evan qui prend leur place, tout sourire.

— Evan ! s'écrie Courtney en refermant ses bras autour de son cou.

— Comment vas-tu ? demande-t-il en lui faisant la bise.

— Très bien, merci !

— Ah non ! Pas Austin ! la coupe Montgomery en se levant d'un seul coup. Elle se le frappe aussi cette connasse ?

— C'est de ma copine que tu parles ? grogne Evan en haussant le ton.

— Regarde, et tu comprendras, elle le drague là !

Iliana parle calmement avec son demi-frère alors qu'elles analysent chacun de ses gestes, détaillant tous ses mouvements les uns après les autres pour mieux la critiquer ensuite.

— Tu ne vois pas comment elle lui sourit ? C'est de la provocation à ce niveau-là !

— Iliana n'est pas du tout comme ça, la défend à nouveau Evan.

— Mais qu'est-ce qu'il fait ? s'indigne Courtney alors qu'Austin pose sa main sur l'épaule d'Iliana 

— Non, ça va vraiment pas le faire ! intervient Montgomery en s'avançant vers eux.

La seule erreur commise par Iliana est d'avoir émis un petit rire, faisant rougir de ce fait ses joues. J'attrape le bras de la jalouse du jour pour la forcer à rester assise, alors qu'Austin arrive à notre hauteur après avoir fait signe à sa demi-sœur.

— Sa...

— Non mais c'était quoi ça, Austin ? le coupe immédiatement Montgomery. Qu'est-ce que tu fous à draguer cette... fille, crache-t-elle avec dégoût

— Arrête tout de suite, la reprend Evan.

— Mais enfin quoi ? Elle le drague, ça se voit à des kilomètres ! Qu'est-ce que vous avez tous ? Ce n'est pas parce que mademoiselle a perdu sa mère qu'on doit tout lui passer ! Merde quoi c'est trop simple elle joue à la pute et v...

— Ta gueule ! lui hurle Evan. Tu fermes ta gueule, maintenant ! Tu ne parles plus jamais d'elle comme ça, c'est bien clair ? Plus jamais devant moi parce que je te garantis que je te tue de mes mains, tu as compris ?

Elle hoche faiblement la tête alors qu'il prend son sac et s'en va les mains dans les poches, en soupirant.

— Tu ne parles plus jamais de sa mère non plus, termine Austin sévèrement.

— Qu'est-ce que vous avez à la défendre, sans déconner ? continue Courtney. Vous êtes étranges, elle mérite carrément pas ça cette...

— Je t'interdis de parler de ma sœur comme ça ! l'arrête Austin.

Les filles accusent le coup, les yeux écarquillés. Quant à moi, je suis étonné par sa colère. Le voir énervé est très rare.

— Ta sœur ? répète-t-elle, incrédule.

— Ma demi-sœur, reprend Austin en se grattant la nuque.

Elle le fixe méchamment, avant d'ouvrir la bouche pour argumenter.

— Tu la laisses tranquille, c'est tout, dit-il avec fermeté avant de partir sous la sonnerie aigüe.

Je le suis en silence, laissant les jalouses possessives seules sur leur banc avec cette quantité insensée d'informations qu'elles auront du mal à digérer.

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La classe émet un bruit assourdissant, semblable à un vrombissement de moteur. Les élèves qui m'entourent sont de parfaits inconnus pour moi, à croire que je me suis absenté trop longtemps pour reconnaître les visages. Le soleil cogne déjà à travers la vitre alors qu'il est plus que tôt. Le décalage horaire me joue des tours, le début de journée équivaut à une matinée en Californie...

C'est avec un sourire narquois que je refuse une fois de plus sa proposition. Pourquoi changer de place quand on peut avoir Iliana Midden d'un côté, et la fenêtre pas très loin ? Ils auront beau essayer, elle et son ami, je ne bougerai pas. Une pré-rentrée n'est jamais intéressante. On nous parle des examens, nous distribue nos livres et on revoit nos amis. C'était avant qu'elle tire sa chaise pour s'installer à côté de moi.

— Tu boudes ?

Question idiote quand on pense que je viens de l'empêcher de s'assoir à côté de son ami... Elle croise les bras sur sa poitrine, un air boudeur brodé sur le visage. Une fois ses affaires sorties rageusement, elle réitère l'exacte position d'il y a trois minutes.

— C'est juste une place, lui chuchoté-je pour détendre un peu l'atmosphère.

— Alors pourquoi tu stresses si c'est « juste une place » ? répond-elle méchamment en mimant des guillemets à la volé.

— Parce que j'aime bien embêter les gens, quelle question.

Plus cliché, on a rarement vu Aiden. Et, c'était vraiment débile, sans utilité comme réponse. Merci conscience.

Néanmoins, je soupire face à sa réaction, et la mienne qui m'exaspère. Interrompus par l'entrée du professeur, je me laisse aller contre le dossier de la chaise. Où est cette prof qui ne voyait absolument rien et qui se fichait de tout ? Je n'ai jamais demandé à avoir un instituteur sérieux moi ! Passer l'année sans Mahé et avec cette fille boudeuse sera déjà compliqué, n'en rajoutons pas ! Je veux Madame Taupe moi ! Et Iliana qui boude toujours, une vraie enfant !

— Il y en aura d'autres au prochain cours.

— Alors pourquoi tu stresses ? s'énerve-t-elle.

— Un point pour toi. C'est ma place, c'est tout. Tu changeras l'heure suivante.

Elle me jette un regard à moitié dégouté, à moitié déçu. Un petit regard en coin qui me glace le sang. Cette fille m'impressionne d'une certaine manière, elle a l'air sûre d'elle. Ses cheveux blonds sont regroupés en une queue de cheval bien haute, qui dégage sa mâchoire et la forme arrondie de son visage. Elle me détaille aussi, toujours avec ses yeux bleus se baladant vers moi, me transperçant en un même temps.

— Bonjour, je suis Monsieur Stuart et je serai votre professeur principal cette année. J'enseigne la littérature et la culture anglaise, mais ça vous le savez déjà. La plupart d'entre vous m'ont eu l'an dernier en tant...

Je décroche déjà, en me laissant tomber un peu plus sur le dossier de ma chaise, m'affalant légèrement. Je fixe ma voisine, qui semble plus qu'attentive aux paroles de notre professeur. Ce dernier descend de l'estrade, les mains remplies de documents. 

— Monsieur Miller, je vous prie de vous assoir convenablement, intervient-il en me sondant. J'ignore comment se tenaient les français en cours mais certainement pas comme cela. Redressez-vous immédiatement.

Connard, voilà le premier mot qui me vient en tête. Pendant ce sermon,  Iliana me regarde et se retient de rire, quant à moi, j'obéis en lui lançant un regard noir.

— Tu trouves ça drôle banana split ? répliqué-je sèchement.

Banana split ? Non mais c'est quoi mon problème ? 

— Banana split. Très originale comme insulte. Ça fait trop mal, répond-elle sur le même ton insolent que j'emploie.

Tu l'as bien cherché de toute manière, Aiden.

— Tu as vu tes cheveux ? Moi c'est la première chose à laquelle je pense en les voyants.

Elle lâche un soupir spectaculaire.

— Ces places sont définitives, vous n'êtes pas ici pour bavarder avec vos amis, réplique le professeur en effaçant son ardoise.

Je laisse échapper un petit sourire, prêt à rendre dingue cette jolie blondinette pour le reste de l'année. Ça aussi c'est absolument cliché comme réplique, me crie ma conscience.

— C'est une blague, lâche-t-elle assez fort pour que tout le monde l'entende.

Le professeur se retourne, un air sévère imprimé sur le visage. Quant à elle, elle devient rouge tomate face à lui et à l'écart de conduite qu'elle vient d'imposer.

— Un problème mademoiselle Midden ?

Elle secoue la tête, et je la regarde paniquer.

— J'ai été indulgent en vu des évènements de l'année dernière. Maintenant, le problème semble clos. Je n'accepterai plus ce genre de comportement dans mon cours, c'est bien clair ?

Ses joues se colorent davantage, elle se décompose littéralement après ces quelques mots. Je plisse les yeux sans comprendre, les événements de l'année dernière étant tout aussi flous que définis dans ma tête. Je la vois serrer ses jambes entre ses paumes, et ne jamais baisser ni le regard, ni le menton.

— Extrêmement clair, articule une petite voix rongée par la colère.

Je ne peux m'empêcher de rire, plus nerveusement qu'autre chose. La situation n'a rien de drôle, mais ça me semble incontournable à cet instant.

— Cessez de rire Aiden, c'est des plus insolent.

Je m'arrête immédiatement, l'alerte étant à présent lancée. Il connaît mon prénom dès le premier jour, et il m'a appelé mon nom de famille. Si je bouge d'un centimètre, c'est l'exclusion qui m'attend.

Iliana reste parfaitement droite, respirant comme si elle n'avait plus d'air. Que fait-elle ? Une crise d'asthme ou quoi quelque chose dans le genre ? Elle se mordille nerveusement la lèvre d'une manière effrayante.

— Je crois que je me suis trompé, chuchoté-je pour combler ce blanc. Banana split n'est pas un surnom fait pour toi. Tomate ou poivron serait sûrement plus est adapté.

Elle se laisse tomber sur le côté, le visage soutenu par sa main, ne m'adressant plus ni parole, ni même un regard. Le reste de l'heure se passe calmement, sans nouvelles prises de tête. Je la laisse tranquille, me murant à mon tour dans le silence. Elle reste muette jusqu'au bout, les yeux perdus dans le vide, jusqu'à l'arrivée de la sonnerie. Personne ne bronche, Iliana part précipitamment quant à elle. Bouleversée, tendue, précipitée.

Je quitte la salle à mon tour, pour rejoindre Austin et Liam, afin d'aller l'entraîner au basket. La remise à niveau après tout ce temps passé sur la touche, était tout simplement inévitable. Cette fois, je suis convaincu que je peux reprendre ma place de capitaine, même si la compétition est rude et pratiquement impossible à emporter, je suis prêt à tout pour y parvenir.

M'arrachant de mes pensées, appuyée contre le mur en face, ses yeux bleus me sondent de nouveau. Mal à l'aise face à un regard si expressif, je baisse les miens, avant de l'observer tourner les talons.

Qui aurait cru que je la reverrai aussi vite ?

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Hey ! Voilà un nouveau chapitre du point de vue d'Aiden 😏

On rencontre aussi les nouvelles chouchoutes (notez l'ironie)
Courtney et Montgomery !

Malheureusement il faut des personnages détestables sinon il n'y aurait pas d'histoire 😪

Qu'avez-vous pensé de la rentrée de cet autre point de vue ?

A partir de maintenant je posterais au minimum un chapitre par semaine, le week-end ✌🏻

Et qui sait peut-être d'avantage encore 😎

Pour le moment on se retrouve demain pour la suite 🌊

Des bisous, Lina 😘

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