Chapitre 59 🌊
« Effacer les coups, et le choc du bois contre ma peau.»
🌊 Iliana 🌊
Mes yeux mettent un moment avant de s'adapter convenablement à la lumière. Je papillonne un instant, avant de stabiliser ma vue, et les couleurs qui m'entourent.
Les draps sont fins sous mes doigts lorsque je les repousse, et pourtant, je n'ai absolument pas froid. Etonnant pour une nuit de décembre, passée enveloppée dans des draps en flanelle portant l'odeur de la lavande.
Cette douce odeur me ramène brutalement à la réalité. Jamais Carolina n'aurait parfumé les draps à la lavande, Célia en est allergique. Je me redresse en sursautant presque. Evidemment que je ne suis pas chez moi ! Une chambre de fille prenant des couleurs bleutées, et des photos encadrés m'encerclent. Cléa. Il ne peut s'agir que de sa chambre à elle.
Où alors une fille est amoureuse secrètement de mon copain, et je dois me faire du soucis... Il y a des clichés de son visage absolument partout.
Je me lève prudemment, attrapant mon téléphone pour illuminer le sol, l'obscurité de la pièce me permettant de voir les meubles à proximité, mais pas les autres. Je passe la tête derrière le rideau occultant, et observe patiemment la petite allée. Le paysage se dessine mal, il fait encore nuit. Un simple petit lampadaire diffuse un filet de lumière. Inquiétant.
Je me retourne d'un seul coup, prenant conscience d'un détail. Où est Aiden bordel ? Il est 4h du matin, et même avec le décalage horaire, il ne peut pas être déjà debout. C'est tout simplement impossible. Mon ventre se tord douloureusement, entraînant la création d'un poids dans ma poitrine. Il ne peut pas m'avoir laissée seule, n'est ce pas ?
J'allume la lampe torche de mon mobile en tournant la poignée de la porte. Je m'aventure sagement dans le couloir livide, résonnant de toutes parts sous mes pas. Je sursaute comme une idiote, lorsque mon téléphone commence à vibrer dans ma main.
L'écran affiche le nom de mon père. Je fronce les sourcils, incrédule. Qu'est-ce qu'il se passe encore ? C'est une erreur. De toute façon ça ne peut qu'être une simple erreur. Peut-être qu'il veut juste prendre des nouvelles ? Qu'il s'inquiète ? Tu en connais beaucoup des gens qui prennent des nouvelles à 4h du matin ? me rappelle à l'ordre ma conscience.
Le temps que je me pose toutes ces questions, l'appel prend fin. Je plisse les yeux en éclairant de nouveau le sol. Il faut que je trouve Aiden. Pourtant, lorsque je trouve enfin le bout du couloir, mon téléphone sonne de nouveau.
Toujours mon père.
C'est précisément à ce moment-là que je prends conscience que ce n'est ni une erreur, ni un appel pour prendre mes nouvelles. Je ne savais pas pourtant...
- Papa ? lancé-je d'une petite voix.
Un grand silence. Rien de plus à offrir.
- Papa ? T'es là ?
- Iliana... Murmure-t-il à l'autre bout du fil.
- Qu'est-ce qu'il y a ? Qu'est-ce qui ne va pas ? haussé-je le ton, mon cœur s'accélérant en même temps.
- Il faut que tu rentres. Tout de suite. Il faut que tu prennes le premier train ma chérie, il...
Mon père ne termine même pas sa phrase, qu'il éclate en sanglots. Je reste figée un instant. Mon père n'a jamais pleuré devant moi. Jamais.
- Papa qu'est-ce qu'il se passe ? m'écrié-je en approchant de plus bel le portable de mon oreille.
- C'est... c'est Austin, pleure-t-il.
- Quoi ? Quoi Austin ? Qu'est-ce qu'il se passe ?! paniqué-je totalement.
Mon cœur prit de la vitesse, comme s'il connaissait déjà la suite. Mes lèvres étaient cassantes, tout comme ma bouche était sèche. Et mon père qui se murait toujours dans le silence.
- Ils sont allés à une fête, avec Mahé... Et ils... Iliana tu dois revenir tout de suite, je t'en prie, éclate-t-il de nouveau.
Mahé ? A une fête avec mon frère ? Ma respiration se perd en cours de route.
- Ils vont bien ? Ils ne sont pas rentrés ?!
- Putain, c'est... c'est Mahé, c'est elle qui était au volant. Sur l'autoroute. On ne sait pas s'ils...
- Papa, qu'est-ce qu'il se passe bordel ! hurlé-je hors de moi. Où sont-ils ?! Tout va bien ?! Qu'est-ce qu'il se passe à la fin !!
- La voiture a percuté un camion, ils sont rentrés dedans plein front... Et elle... elle est à l'hôpital... Elle est dans un piteuse état Iliana... On ne sait pas si elle... Ou bien même...
Je n'entends déjà plus la suite, je fonce dans la chambre où je dormais pour prendre mon sac en jetant le mobile sur le lit, et me dépêche pour retourner le plus vite en ville auprès de ma meilleure amie. Entre la vie et la mort...
Puis... mes gestes se figent. Mon cœur. S'arrête.
Mahé. Il n'a jamais évoqué son nom à lui. Pas lui.
Du bout des doigts, je m'empare du téléphone, et le glisse jusqu'à mon visage.
- Papa. Où est Austin, articulé-je d'une voix blanche.
- Il est... Il n'ont pas pu... se morfond-il.
Il n'a pas besoin d'en dire plus. J'ai déjà compris. Mes yeux s'emplissent de larmes brûlantes.
- Il était déjà mort lorsque les pompiers sont arrivés sur les lieux, souffle-t-il d'une voix larmoyante.
Mon cœur implose. A moins que ça ne soit une explosion si forte qu'elle m'empêche de ressentir quoi que ce soit d'autre ? Mes doigts s'écartent, libérant l'appareil qui explose au sol. Quelques secondes plus tard, mes genoux se rompent sous mon propre poids. Ils s'écrasent au sol, moi à la suite.
Austin. Mort.
Je manque d'air, la chaleur quitte mon visage. Une immense douleur, immesurable par des mots me déchire la poitrine alors que je me renferme sur moi même. A chaque battement de paupières, je vois la voiture foncer dans ce fichu camion. A chaque larmes, je la vois se retourner encore et encore sur le bitume. A chaque battement de cœur, je vois mon frère heurter le tableau de bord, les vitres, le pare-brise. Je le vois mourir à chaque seconde qui passe. Jusqu'à ce qu'il ne dépose son dernier souffle, semblable à gémissement d'une douleur infinie.
Mon frère à moi, jeune et en bonne santé, victime d'un accident de la route. Non, c'est tout simplement impossible. Je refuse de le croire. Je refuse de le perdre, de l'abandonner, de... poisson d'avril (bon à l'époque ça l'était, maintenant c'est juste du bonus) ! Mwawahahaha ! Vous y avez cru hein ?! *L'auteure sadique est de retour les poulettes !* Et oui, on oublie pas la date d'aujourd'hui ! J'ai pas fait de blague comme ça pour le premier avril depuis mes 6 ans, mais je dois dire que ça fait un bien fou ! C'était trop tentant, désolée !
Aller, vous pouvez souffler, ou m'assassiner, c'est vous qui voyez ! Vous n'aviez jamais vu ma citation préférée ? "Je joue avec les mots et vos émotions" ceci n'est que l'exception qui confirme la règle...
Aller, soufflez, Austin est bien en vie, et tout cette partie n'est que FICTIVE ! Ecrite pour l'occasion, vous en avez de la chance ! Enfin, pour l'instant... Non, non, j'arrête, je rigole ! Jamais je ne ferai de mal à mon amour ! dit-elle alors qu'elle a fait frapper Iliana avec une batte de baseball...
Aller, on reprend ses esprits, et on calme son petit cœur. Le vrai chapitre commence ici...
Et on reprend... Hum, hum.
🌊🌊🌊
Les draps sentent la lavande. C'est la première chose que j'ai constaté. Avant même d'ouvrir les yeux, cet indice me confirmait que je n'étais pas chez moi. Carolina déteste la lavande. Moi, je trouve ça doux, presque rassurant.
C'est un peu déboussolée que j'ai repoussé les draps chauds à mes pieds. Je ne suis pas chez moi, et Aiden n'est pas à mes côtés.
Sans haut, et avec simplement un legging, je me suis empressée de m'habiller.
C'est quand même curieux d'enlever le haut, mais pas le bas, non ? Il n'a peut-être pas osé après tout... pensé-je intérieurement.
C'est en me frottant les yeux, que j'ai enfilé simplement un sweat rouge bordeaux que je ne quittais presque plus. Le logo blanc de Stanford parfaitement reconnaissable sur la poitrine, je dépose par-dessus ma tresse. Retire mon bas, et passe la tête par la porte.
Il ne peut pas être loin, murmuré-je.
Je devrais certainement l'attendre sagement. Enfin, attendre qu'il vienne me chercher. L'autre côté du lit n'était pas défait. Preuve qu'il n'a pas dormi là.
Je traverse un petit couloir, et passe devant des escaliers. En contrebas, des éclats de voix provenant certainement d'une vielle radio se font entendre. Une femme d'âge mûr traverse tranquillement devant l'entrée des escaliers, sans se soucier de moi. Un plat entre les mains, elle fredonne joliment la chanson.
Je me penche légèrement, pour voir de qui il s'agit. Je ne la connais pas, c'est sûr. Elle revient subitement sur ses pas, et m'observe en silence. Je reste figée, alors qu'elle plisse les yeux en me voyant. Elle m'offre un sourire, et je me dissimule furtivement comme une gamine derrière un mur.
- Bonjour ? Lance sa petite voix fluette depuis le rez-de-chaussée.
Je serre les lèvres, incapable de répondre. Qu'est-ce qui m'arrive bordel ? Pourquoi suis-je aussi impressionnée devant une inconnue ? Je passe de nouveau ma tête au-dessus de la rambarde, pour voir si elle est toujours là.
Elle m'adresse un petit signe de la main, et continue d'engager la discussion.
- Tu dois être Iliana je suppose ?
Je lui réponds par un vague mouvement de tête, perdu entre le « oui » et le « non ». C'est un peu flou, comme tout ce qui me passe par la tête en ce moment. Je dois trouver Aiden...
Elle s'avance sur la première marche d'escalier, et je recule rapidement. J'ai l'air d'une gamine qui veut se cacher, qui fuit parce qu'elle a peur. Super impression que tu donnes Iliana. Ai-je peur d'elle ? Certainement pas. C'est simplement son sourire, qui... m'intrigue.
Je rejoins le couloir, retrouvant rapidement ma chambre. Faites qu'elle ne vienne pas jusqu'ici... En même temps, c'est chez elle ici. C'est moi l'inconnue.
Je cherche l'éventuelle présence de mon copain, sans oser ouvrir les portes qui m'encerclent. Mon cœur bat un peu plus vite, sans que je sache réellement pourquoi. Il faut juste que je le retrouve. Oui. Ça ira après. Je me mordille nerveusement le pouce. Je ne comprends pas pourquoi je réagis de la sorte, pourquoi j'ai l'impression que tant que je n'aurais pas Aiden près de moi, rien n'ira. C'est quoi ce délire...
- Aiden ? Bredouillé-je d'une voix faible.
Quelle idée de me laisser toute seule dans une maison que je ne connais pas aussi ! Je ne vais pas paniquer pour si peu, mais un petit nœud se forme dans ma gorge et commence à la nouer. Des pas se font entendre dans l'escalier. Et si elle me trouve ? Je vais devoir... parler ? Avec elle ? Sans mon copain ? Je secoue la tête rapidement, chassant cette horrible idée de ma tête. Mais qu'est-ce qui se passe dans cette maison pour que tout me semble étrange, disproportionné et étrangement grand ? Oui, voilà. J'ai l'impression d'être une minuscule petite chose. Il me faut Aiden. Les visages heureux des photos me font presque peur. Cette maison déborde d'amour maternel. J'ai un peu l'impression d'étouffer dans ce couloir sinueux. Mais qu'est-ce qui m'arrive à la fin ?
Mes mains se referment sur une poignée. Pourtant la porte est déjà ouverte, pas besoin de la tourner. Je la repousse doucement, découvrant un grand lit deux places, et Aiden étendu dedans. Seigneur. Un sourire étant mes lèvres froides.
Je referme la porte, et m'approche rapidement de lui. Mais je me stoppe à quelques centimètres de son lit. Les mains sur les hanches, la tête penchée.
Ça ne se fait pas. Peut-être qu'il n'a pas envie que je vienne. Je vais le réveiller si je fais quoi que ce soit. Lui, n'a rien fait de tel. Je n'ai peut-être pas vraiment le droit de m'incruster dans son lit, même dans sa chambre. Je me mords la lèvre. Bon... Après tout, je m'en fiche. En plus, j'ai froid.
Je remonte doucement la couette, engageant mon corps délicatement dessous. Je me dépose au ralenti sur l'oreiller, en face de son visage. Son souffle régulier soulève mes premières mèches, d'une manière rassurante. Je le regarde dormir, ses traits détendus, ses lèvres entrouvertes. Il est vraiment beau, pensé-je.
Ses yeux gris m'apparaissent rapidement, alors je ferme miens. Je ne veux pas avoir l'air d'une psychopathe non plus. Ni d'une accro à ses baisers.
Pourtant deux mains s'emparent de ma taille, l'emprisonnent. Ses deux mains puissantes, continuent vers mon dos, je me raidis instantanément. Arrive-t-il à le sentir ? Mon corps tendu comme un arc lorsqu'il s'approche trop de ma douleur ? Son bras opposé à cette zone sensible s'enroule autour de moi, et me fait glisser jusqu'à lui doucement. Lorsque j'ouvre de nouveau les yeux, je me retrouve dans ses bras, au chaud.
Il me sourit. Alors je lui souris aussi.
- Bonjour ma petite surfeuse, susurre-t-il à mon oreille.
Totalement satisfaite, je l'observe le sourire aux lèvres. Avant de l'entourer à mon tour. Je suis bien, juste là. Profitant de sa chaleur, me dissimulant contre lui, adoptant la forme exacte de la courbure de son corps, savourant ses lèvres qui sourient contre mon front. Mes yeux se ferment, et ma respiration se perd dans la sienne, au rythme de nos cœurs.
🌊🌊🌊
Je le regarde, en souriant. Il est en train de s'habiller, et moi, je suis censée dormir. Sauf que là, j'ai beaucoup mieux à faire. Il change son tee-shirt, ayant déjà enfilé un slim avant. Un tee-shirt blanc, tout simple, mais qui est moulant à souhait. Même de dos, sa carrure me coupe le souffle. Il n'est pas non plus trop musclé, mais étonnement bien dessiné si je peux le dire ainsi.
Y'a pas à dire, il est parfait mon copain. Je vais faire des jalouses. Cette perspective me fait sourire davantage, quelle garce je peux être.
- C'est bon ? Tout va bien ? Rit-il en abaissant le tissu sur son corps.
- Oui. Je dors, répondis-je avec innocence en masquant mes yeux de mes doigts.
- Mouais.
- C'est parce que je n'ai pas l'habitude de te voir avec du blanc. Ça change les couleurs claires. Justifié-je en me laissant tomber sur l'oreiller.
J'écarte mes doigts pour l'observer, mais maintenant toujours mes paumes appuyées sur mes paupières.
Il a disparu...
Je me redresse, les sourcils froncés.
- T'inquiète, je ne suis pas très loin, se moque-t-il en posant une main sur mon épaule.
Il était juste à côté. Je ne l'ai même pas vu. Quel aveugle je fais.
- Tu vas où ? Questionné-je en ignorant son rire.
- Chez mon oncle. Il habite à 20 minutes d'ici, mais ce ne sont que des petites routes, avec pleins de petits virages serrés. Tout ce que tu détestes. J'ai pensé que c'était mieux si tu restais tranquille ici, je t'épargne la découverte de la famille, le trajet en voiture et mes insupportables cousins pour aujourd'hui.
Je confirme d'un signe de tête. Sans trop savoir quoi penser.
- Je t'attends là du coup ? Demandé-je quand même maladroitement.
- Ouais. Sauf si tu tiens absolument à venir. Honnêtement, ce n'est pas la grande sortie de la semaine hein. Je conduis simplement ma grand-mère chez son oncle, et je reviens rapidement, je te promets.
- Ok.
C'est un peu bizarre quand même, qu'il me laisse toute seule ici, pour la deuxième fois. Enfin, ça n'a pas vraiment d'importance.
- Tu n'as pas faim j'imagine ?
Je secoue négativement la tête. Il commence à me connaître.
- Un chocolat chaud ? Ça te tente ? Je ne peux pas partir en sachant que t'as absolument rien mangé et que ta spécialité, c'est faire des malaises. Rit-il.
- Ça serait parfait, souris-je.
Je reste dans le lit tranquillement, m'enveloppant aussi bien dans la couette que dans son odeur, qui est partout. Sa chambre est trop mignonne. Très soft, mais chaleureuse. Des photos encadrées, aussi bien de visages que de paysages, certainement faites par lui-même. Un mobilier soigné et accordé, sans parlé de l'immense bibliothèque qui me domine aisément la chambre et sa déco.
- Il y a une assiette si jamais tu as faim au frigo. Vu qu'il est déjà 12h, tu peux manger, ne m'attends pas.
- Merci, répondis-je en prenant la tasse qu'il me tend.
- Repose-toi un peu ma jolie surfeuse, me chuchote-t-il en embrassant mon front. Sois en forme pour ce soir.
- Y'a quoi ce soir ?
- C'est le nouvel an. On sort, me révèle-t-il simplement.
- Génial !
J'appréhende déjà. Un mélange de peur et d'excitation qui me procure une sensation divine de bien-être à ses côtés.
🌊🌊🌊
On oublie parfois en nous voyant ensemble qu'on se connaît depuis peu de temps, comme couple. On se découvre encore un peu, masquant nos gestes mécaniques derrière des sourires bienveillants. On s'admire en secret, ajoutant des « je t'aime » à tout va. C'est agréable cette légèreté, tout comme la petite routine qui s'installe entre nous.
C'est comme commencer un nouveau livre, changeant brusquement de saga. Il faut s'adapter au héro, le comprendre et apprendre à le connaître en adoptant son point de vue. Le style et le genre du roman sont différents des habitudes du lecteur, demandant un effort d'adaptation.
Pourtant, sa principale lectrice prend un malin plaisir à parcourir ses pages et à tenter de cerner le personnage. Elle commence tout juste à réussir à lire, entre les lignes. Elle ne se contente plus du noir au du blanc, elle découvre toutes les nuances merveilleusement colorées immiscées entre ces deux opposés. Les savourant de plus en plus à chaque instant. Après tout, pourquoi se contenter du blanc, ou du noir, alors qu'on peut avoir des centaines d'autres couleurs ?
Même si, pour le moment, les pages se tournent plus par devoir que par envie pure, la lectrice à déjà un pied dans l'histoire. Impossible de reculer, ou de refermer le livre. Comme d'en dépendre purement ou de vivre avec.
Il est mon personnage, le narrateur de notre histoire. Les pages sont les jours, tout comme le livre représente nos moments ensemble. Les lignes dansent vite.
Il est mon héro, et je suis sa lectrice.
🌊🌊🌊
Allongée sur le lit, Tones and I ancrée dans mon esprit avec sa mélodie ensorceleuse, je garde les yeux fermés, en savourant ma tranquillité.
Je rêve de danser sur cette musique, provoquant une sorte de transe étrange en moi lorsque je l'écoute avec un casque. Elle me donne l'impression de flotter, de me séparer du reste de monde.
Non, je n'ai rien fumé de particulier, je vous assure.
En culotte. Je voudrais remuer les hanches, et danser en culotte, toute seule. Comme pour plaire et séduire une personne imaginaire, profiter de mes atouts féminins et me perdre dans mes mouvements naturels, remplis d'attention.
Rien consommé de particulier, c'est une promesse.
Le poster de Nirvana derrière la porte, m'effraie un peu. J'ai constamment l'impression que son personnage me fixe. Peu importe où je me trouve dans la pièce, ses yeux sont sur moi. Une demi-heure après le départ d'Aiden, je suis allée voir rapidement en bas, et tenter une approche concernant la nourriture.
Un échec, cuisant.
J'ai abandonné l'idée de me nourrir ce midi, comme ce matin d'ailleurs, me contentant de ce soir. C'est amplement suffisant, je suis devenue une espèce d'ombre, qui ne mange presque rien et qui est incapable de contenir si peu.
Aucun intérêt, je vous le confirme.
J'ai tenté de lire un des livres d'Aiden, un vieux Stephen King tout abîmé, qui a dû être lu et relu plusieurs fois déjà. Personnellement, je trouve ça d'un ennui fou. Je me suis rapidement laissée aller sur le deuxième tome de la sage D.I.M.I.L.Y bien plus prenante à mon goût. Puis, je crois que la fatigue m'a emportée une nouvelle fois, alors que je n'ai absolument rien fait pour l'instant.
Je suis réveillée en sursaut, par un mouvement non identifié venant de l'autre bout du lit. Ce sursaut est tel, qu'il me déséquilibre totalement, et j'en tombe du lit. La gravité est vraiment une pute en ce moment. Aiden éclate de rire, alors que je grimace, sous le poids de la chute. Je ne tente même pas de me relever, le peu de dignité qu'il me reste étant envolée, je ne crains rien à rester au sol.
- Et ça te fait rire en plus.
- Carrément !
S'il pouvait se rouler au sol, il le ferait. Je me demande d'ailleurs ce qui l'en empêche.
- Aller, viens-là. Rit-il en tendant la main vers moi.
Je l'attrape avec difficulté, mes pieds étant posés sur le lit, donc plus haut que ma tête. Il entreprend de me relever en me tirant vers lui, mais je me laisse retomber à mi-chemin. Je ne peux pas le plier de la sorte. Je laisse donc mes jambes tomber sur le côté, avant de le rejoindre.
- Tu m'as fait peur, le « grondé-je » avec autant d'autorité qu'une gosse de 2 ans.
- Désolé. Mais je t'ai appelée. Plusieurs fois même. Je ne pensais pas que tu dormais en fait.
- Ah oui ? Tu en connais beaucoup des gens qui réfléchissent les yeux fermés sous la couette, dans un lit et la tête sur l'oreiller ?
- Iliana Midden est du genre étrange. Je ne sais pas si tu la connais, mais elle est du genre à caresser le sable à longueur de journée. Alors ça... C'est plutôt banal.
- T'es con, le repoussé-je du plat de la main.
S'ensuit une bataille de chatouille, qu'il a engagé. Enfin, je vois bien qu'il fait très très attention dès qu'il s'agit de me toucher dans une zone comprise entre mes hanches et mes seins. C'est à peine s'il m'effleure. Cette délicatesse adorable fait néanmoins l'effet d'une piqûre de rappel. Un petit souvenir qui se détache trop parfaitement de mon esprit. Un petit pincement au cœur qui me rappelle que je suis fragile, et qu'il le sait parfaitement. Je n'aime pas sentir ça.
- Bon, je vais aller me doucher, déclaré-je.
- Je peux ven...
- Non. Le coupé-je instantanément.
Il me regarde avec des yeux ronds comme des soucoupes volantes.
- Mais je... Commence-t-il.
- C'est non. Tranché-je froidement. C'est trop... intime. Me justifié-je.
- Intime ? Et venir dans mon lit avec mon sweat et une culotte uniquement, ce n'est pas intime ?
- N'insiste pas, je t'en prie.
Je suis en train de le supplier là ? Non mais ça ne va pas la tête ?! Je ne veux pas, c'est tout. Non, c'est non bordel.
- Ok, ok. Mais donne-moi une raison valable alors. Parce que là, je ne comprends pas pourquoi. J'ai plus l'impression d'être puni qu'autre chose.
Je baisse les yeux. Je n'ai pas d'excuses, pas de mensonges près. J'ai du mal à lui mentir en ce moment. Mes mots se mélangent, cherchant la vérité. Mes lèvres se crispent dès qu'il s'agit de lui mentir, à lui.
- Parce que je t'ai dit non. Et qu'un non, est un non. Pourquoi les garçons ont-ils tant de mal à comprendre ce mot si simple ?
Mes mots me vrillent les entrailles. Et je vois qu'ils lui font autant d'effet.
- Ce n'est pas ce que j'ai dit, si ? Demande-t-il en posant ses yeux gris sur moi.
Je le fixe à mon tour, gênée tout à coup. C'est incroyable comme ses yeux sont le reflet de son âme. Ils sont tellement expressifs. Je comprends tout, rien qu'en le parcourant du regard.
Ses lèvres pincées montrent qu'il ne sait pas quoi dire.
Il prend des pincettes parce qu'on arrive à CE sujet.
Ses yeux gris si rassurant, aussi puissants que l'argent ce sont transformés en un acier froid, presque glacial, menaçant.
Il est vexé. J'ai été trop froide.
Sa mâchoire est serrée, ne laissant aucun doute traîner.
Il est presque énervé.
Sa jugulaire bat violemment contre son cou.
Trop énervé pour ce ridicule refus.
Ses poings sont serrés. Enfermant sa force brute, retenant son envie, l'imprévu.
Je ne veux rien analyser. Je ne veux pas me tromper et penser trop vite. Non.
Je ne veux pas avoir peur de cette option. Je ne veux même pas y penser.
Pas lui.
Il veut me défier de la sorte ? Bien.
Je relève le menton, plantant mon regard bleu et froid dans le sien. Tête relevée, je ne le laisse pas franchir ma carapace. Je mouille rapidement ma lèvre, sans le quitter des yeux. Je ne flancherais pas Aiden. Je veux que tu le comprennes.
Je fais claquer ma langue contre mon palais, le dos droit, j'affirme :
- Si tu n'es pas aussi con qu'Evan, tu comprendras que mon non restera un non. Non, pas aujourd'hui. Si tu n'arrives pas à t'en satisfaire, dommage. Mais je ne changerais pas d'avis. Je me fais avoir à chaque fois. Cette fois, c'est un vrai non.
Il baisse la tête, visiblement blessé. Je me retourne brusquement, avant de craquer. Je suis tellement faible lorsqu'il est comme ça devant moi...
- C'est la deuxième porte, à gauche, réplique-t-il d'une voix blanche.
- Merci.
Je pars en serrant les lèvres, tout comme les mains. Je me déshabille dans un silence des plus imposants. Puis, m'observe un instant. Bordel, j'ai bien fait.
En transformant mon « non » en un « oui », je l'aurais déçu. Je ne pouvais pas faire ça. Le contenter de... ça. Je ne suis pas moi-même. Je ne lui plairais pas. Je suis devenue une autre. Je ne suis plus belle... Plus assez digne de son regard.
🌊🌊🌊
Si je pouvais tuer quelqu'un, je le ferais. Une robe. Une putain de robe. C'est tout ce que j'ai, d'habillé pour cette soirée. Une robe, avec un dos, nu.
Alors quoi ? Autant flotter dedans, un petit bout de pansement qui dépasse d'un côté ? N'oublions pas que ma peau est plus bleue, presque verte dans sa totalité, dans cette zone, qu'autre chose. C'est à ça que ça sert, une robe pareille ?!
Je panique à l'idée qu'Aiden comprenne. Qu'il me mette devant le fait accompli. Que je sois obligée de lui montrer l'horreur qui se cache sous le tissu. Il comprendra. Il n'est pas idiot. Je ne peux pas mettre un jean pour un rendez-vous, dans un restaurant aussi beau, ni pour une sortie du 31 décembre. Il va comprendre en moins de deux. Je serre mes mèches entre mes doigts, les tirants presque, à la recherche d'une solution miracle. Qui n'existe pas.
Il fait tout pour moi, pour me faire plaisir. Et je ne peux même pas enfiler une stupide robe pour le remercier. Je ne peux même pas tenter de me faire présentable pour lui.
Masquer mes contusions devrait être faisable. J'ai assez de fond de teint, et avec quelques contorsions, peut-être un peu de douleur, je devrais y parvenir. Je pourrais retirer le pansement, laisser la plaie à l'air libre pour qu'elle devienne invisible aux yeux de tous. Ça devrait pouvoir être stable pendant quelques heures, sans danger. Je devrais sourire, attirer les regards sur mon visage, mettre en valeur mon léger décolleté pour éviter les regards suspicieux. J'en serais capable. Mais que ferais-je pour mon manque de force ? Pour ma perte de poids ? Pour l'apparition de courbes, creusées et de marques nouvelles, causes de ce changement si soudain d'équilibre corporel. Que ferais-je pour tout ça ?
Ça devient une obsession Iliana. Tu es en train de devenir trop attentionnée envers toi-même, trop préoccupée par cette petite chose qui te sert de silhouette.
Suis-je capable d'assumer ? De me montrer tel que je suis vraiment ? Moi qui me cache derrière un maquillage relevé, pensant effacer les derniers indices de douleur, de tristesse. Effacer les coups, et le choc du bois contre ma peau ?
Impossible.
Alors, je me contenterais d'une simple chemise. Mes lèvres seront rouges, et mes yeux plus maquillés que jamais.
Je me dessinerais une beauté inventée. Je serais belle. Et mon sourire, aveuglera tout le monde.
A commencer par Aiden.
🌊
____________________________
Hey ! Bonjour à tous ! Comment allez-vous ?
Me boudez pas ! 🤣
J'avoue, je mourrais d'envie de vous faire cette blague.
Mauvais goût ?
Par ici pour me tuer 👉
Qu'en avez vous pensé ? Réaliste ou pas ? Vous y avez cru ? Quelle a été votre réaction ?
Ne voyez pas ça comme un petit jeu, mais plutôt comme un chapitre trèssss long (on est à 5 000 mots quand même !)
Mais revenons sur ce qu'il s'est vraiment passé ici.
Le vrai chapitre vous a-t-il plu ?
Je vous fais vivre des petites montagnes russes en ce moment, des passages drôles, et d'autre un peu plus centré sur la psychologie de ma petite surfeuse...
Comment la trouvez-vous ?
Qu'imaginez-vous pour la suite ?
Merci à tous d'avoir lu !
J'ai cédé à la volonté de certaines de mes lectrices, demain il y aura
une FAQ sur mon compte instagram (c'est la pire idée du siècle, je sens que ça va finir en vent monumental !) mais si vous êtes intéressées 😉
À samedi, gros bisous, Lina 😘
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