Chapitre 53 🌊

« La renaissance du saint esprit ? »
🌊 Iliana 🌊

- Hop, ça c'est pour toi.

Mon frère m'envoie deux énormes sacs sur les genoux. Je grogne doucement, un truc lourd me rentrant directement dans la cuisse.

- Mais qu'est-ce que c'est tout ça ? Me plaignis-je submergée par ce bordel.

- Tes affaires.

Je jette un œil rapide au contenu. Mon Dieu, mais il croit que je vais rester combien de temps sans rire avec tout ce qu'il a amené ?!

- Tu sais que je ne reste qu'une semaine ici. Après, je retourne à la maison.

- Mais tu es une fille. Tu as besoin d'une tonne d'affaire. En plus de ça, tu es chiante. Donc, tu trouveras toujours quelque chose à dire sur ce que j'ai amené. C'est pour ça que là, y'en a une tonne. T'auras rien à dire.

Je ris, sortant un pull tout doux. Je suis transie de froid, vous n'imaginez pas.

- T'es vraiment dans les clichés, je pensais que c'était passé, mais non.

- Jamais honey.

- Et ça, c'est quoi ? Demandé-je en ouvrant le deuxième sac de sport, celui qui fait mal et qui est lourd.

- De quoi passer un peu le temps... Dit-il en s'asseyant à côté de moi.

Je fronce les sourcils, et sors les affaires du sac. Mon ordi, mon casque, un de mes livres préférés... Mon frère est simplement adorable.

- Et ça aussi, sourit-il en posant sur mes jambes, mon chien en peluche. Pour pas éviter de t'endormir avec du vide entre tes bras.

Je lui rends un sourire, cachant la peluche sous mon oreiller. Je positionne bien le plaid qu'il m'a emmené sur moi. Peut-être qu'avec ça, dormir sera plus simple.

- Papa t'a trouvé un nouveau téléphone, déclare-t-il en me tendant l'objet en question. Je t'ai téléchargé certaines musiques, vu que tout est remis à zéro.

- Vous avez retrouvé l'ancien ?

- Oui, dans les vestiaires du lycée.

- Quand y es-tu allé ?

- Tout à l'heure avec papa. On est allés voir le proviseur. Et on a vu les caméras de surveillance.

- Qu... Quoi ?

Depuis quand il y a des caméras ? Je sais bien que ce n'est pas le vestiaire où on se change mais plutôt le local central, mais de là à mettre des caméras de surveillance ?!

- Et papa a parlé au père d'Aiden.

- Il lui a dit... Murmuré-je.

- Bien sûr qu'il lui a dit. Papa est allé porter plainte.

Je baisse les yeux, sans rien dire. De toute façon, je n'ai rien à dire.

- Vous avez... enfin, tout vu ? Questionné-je quand même.

- J'en ai même trop vu. Me répond mon frère en évitant mon regard.

Je pose ma main sur la sienne.

- Austin je...

- Je n'ai pas envie d'en parler.

Très bien. Moi non plus alors ça tombe bien.

- Tu veux regarder un film ? Proposé-je alors.

- Aller.

J'installe l'ordi sur la petite table, devant nous. Il reste sur le fauteuil, juste à côté de moi. Il me vole un oreiller, et le pose sur le matelas, à moitié sur moi quand même. Il enfouit son visage dedans, avant de me regarder.

- Je te fais pas mal là ?

- Non, la rate, c'est de l'autre côté, et plus haut débile. Me moqué-je.

Il me tire la langue, alors que l'épisode se lance.

- Tu ne m'en veux pas si je m'endors ? M'indique-t-il.

- T'as pas dormi cette nuit ?

- Pas beaucoup.

- Ah bon ?

- Oui, ça travaillait trop dans ma tête. J'arrivais à pas à me calmer c'était horrible.

- « Ça travaillait trop ». Ce jour restera gravé dans nos mémoires : Austin à enfin un cerveau normal, et même qu'il peut réfléchir maintenant !

- T'es conne.

- Mais oui. Je sais que tu m'adores.

- C'est ce que tu penses ça.

Il bâille, super élégamment. Une ironie à lui tout seul celui-là...

- Je crois que je vais m'endormir moi aussi, chuchoté-je, à peine au bout de dix minutes de la série.

- On continuera demain... Souffle mon frère, déjà bien endormi.

J'arrête de lui caresser les cheveux, et me couche plus.

- Je dois partir tout de suite, retentit une voix pressée dans le couloir.

- Mais qu'est-ce que je...

- Faites attention à tous les patients entourés en rouge, et à la jeune fille de la 180, je reviens au plus vite.

- Mais où allez-vous ?

J'ouvre les yeux furtivement, apercevant le père d'Aiden courir partout.

- Le commissariat vient d'appeler, je dois aller chercher mon fils.

À ce moment-là, plus question de dormir. Pas même une seconde.

🌊🌊🌊

- Pardon ? Tu ne peux pas comprendre ?! Mais comment ça ?! Crié-je.

- Non, je ne comprends pas comment tu as pu garder ça pour toi ! Me répond-il sur le même ton.

- Mais putain Aiden, c'est pas la question !!! Explosé-je.

- Bien sûr que si, c'est carrément le sujet là !

- Pourquoi t'as fait ça, sans déconner ?! Comment tu as pu aller la voir, comme ça, et essayer de lui faire du mal ! Je savais que t'étais impulsif, mais pas à ce point bordel !!

- Attends, c'est moi le problème ?! Tu te fous de moi c'est ça ?!

- Tu l'as étranglée ! En pleine rue pauvre con tu t'attendais à quoi ?! Que les passants applaudissent ?!

- Et toi ?! Tu pensais quoi en rentrant chez toi tous les soirs sans dire à personne que tu te faisais tabasser dans les vestiaires tous les jours ?!

- Mais putain j'avais honte ! Tu peux pas comprendre ça ?! J'avais honte de me faire emmerder par une telle connasse, honte de ne pas être assez forte pour l'arrêter !!

- Mais tu nous en aurais parlé, rien qu'une fois et le problème était réglé ! À nous ou à n'importe quel adulte du lycée, il t'aurait aidé ! Et cette salope ne t'aurait jamais fait de mal !

- Cette salope comme tu dis, est ton amie ! Et elle était ta copine il y a peu de temps !!! Vous faites partie du même groupe, tu es resté dans ce groupe d'ami de merde en connaissant très bien son caractère ! Tu ne te dis pas qu'il y a le moindre problème là ??!!

- Tout de suite, c'est moi le problème ! T'es en train de me mettre la faute dessus là ?! Tu penses que c'est de ma faute tout ce qu'il t'est arrivé ?!

- Mais pas du tout, j'ai jamais dit ça ! Lui hurlé-je dessus.

- Bah putain on y était presque, à quelques mots près. Siffle-t-il en me fixant.

- C'est moi qui ne comprends pas ce qu'il s'est passé dans ta tête. Merde Aiden, tu sais que tu pourrais aller en prison pour ça ?! Imagine qu'elle porte plainte !

- Mais qu'elle le fasse si ça lui fait plaisir ! Qu'elle le fasse si elle a envie d'être quitte, je m'en fous !

- Tu ne fais pas ça pour moi j'espère ?! Dis-moi que ce n'est pas pour ça parce que je te jure que te tue dans la minute qui suit !

- Tout ne tourne pas autour de toi ! Tu ne veux pas te venger, ok, mais moi, rien ne m'arrête ! Je fais ce que je
veux Iliana !

- Mais regarde-toi ! Regarde l'état de tes mains ! Tu trouves ça normal peut-être ?! Ne sois pas un putain de monstre ! Parce que tu me fais peur quand t'es comme ça, quand tu reviens dans des états comme ça ! Tu ne peux pas faire ça, en mon nom encore moins !!

- Je ne suis pas un monstre bordel, je t'interdis de dire des conneries pareilles !

- J'ai quitté un mec accro à l'alcool, qui est allé beaucoup trop loin sous son influence, ce n'est pas pour me frapper un mec violent ! Je te jure que le jour où tu lèves la main sur moi Aiden, si un jour peu importe la raison ça se produit, tu n'auras pas d'autre chance ! Il n'y a aucune différence entre un viol ou une claque ! Si un jour ça doit arriver, tu seras mort à mes yeux. Soufflé-je.

Les larmes gagnaient du terrain. Je pouvais déjà le sentir.

- T'es en train de me comparer à ce fils de pute d'Evan ?! Mais comment tu peux ?! On n'a rien en commun, et on n'aura jamais quoi que ce soit ! Tu sais bien que jamais je ne lèverais la main sur toi !

- Tu n'en sais rien ! Le coupé-je en hurlant.

Je retiens ma respiration. Consciente d'avoir laissé beaucoup trop de mots m'échapper. Son regard me transperce. Je n'y vois que de la déception. Je sens ce besoin vital d'argumenter, d'ajouter des explications me brûler les lèvres. Je murmure presque :

- Si tu peux lever la main sur elle, tu le peux aussi sur moi. Ce n'est pas parce que tu m'as dit deux-trois fois je t'aime que ta main ne peut pas partir toute seule.

- Au contraire, ça fait toute la différence. Toi je t'aime, alors qu'elle, je la hais.

- Et alors ? Ça ne change pas le fait que tu ne peux pas faire ça. Ne me prend pas comme prétexte, je t'en prie. Tu ne peux pas lui faire du mal.

- Mais elle, elle ne s'est pas gênée bordel, alors pou...

- Arrête avec ça ! Tu crois que j'ai envie de me venger ?! Tu crois que ça va me faire du bien de la voir défigurée ?! NON ! Aiden, ça ne va absolument RIEN changer pour moi ou à ma vie !!

- Et alors quoi ?! On ne fait rien ?! On fait comme si de rien n'était ?!

- Oui, on essaie d'oublier ! Gémis-je.

- Mais je ne veux pas oublier ! Je ne peux pas le faire en sachant que ma copine n'a pas assez confiance en moi pour me dire ce genre de chose et qu'elle a fait une erreur monumentale qu'elle veut simplement oublier !

- Putain mais t'as rien compris ! La fierté ou la confiance n'ont rien à voir là-dedans !

- C'est toi qui a absolument rien compris Iliana ! M'engueule-t-il. C'est toi qui comprend pas que t'as le droit, toi aussi, à un moment d'avoir un problème ! T'as le droit d'avoir besoin d'aide, comme tout le monde ! Tu n'es pas obligé de sourire tout le temps, parce que c'est toi qui fait peur à être fausse comme ça !!

- Mais qu'est-ce que tu veux que je fasse d'autre !!!! Explosé-je de nouveau. Tu as vu comment tu régis ?! Comment tu me hurles dessus ?!

- Je veux simplement que tu comprennes, et que tu ne refasses pas cette putain d'erreur si jamais ça devait recommencer !!!

- Justement, j'ai fait une erreur ! Et j'ai retenu la leçon, tu ne crois pas que je la paye assez chère cette erreur ?!

- Tu sais parfaitement que tu es comme ça ! Tu sais parfaitement que tu as ce besoin de mentir de nous regarder droit dans les yeux et de la fermer ! Hurle-t-il.

- Oui, je suis comme ça ! Mais tu ne peux pas me changer simplement parce que tu n'aimes pas cette partie de moi !

- Ce n'est pas la question, ça ne se résume pas à aimer ou pas ! Regarde ce que tes mensonges ont fait ! T'es au courant qu'en quelques mots tu aurais pu tout arranger, tu aurais pu éviter ça ?! Tu avais le pouvoir de le faire mais tu as préféré mentir, comme toujours !!!! Maintenant regarde-toi ! T'es dans un hôpital, en soins-intensif, reliée à des dizaines de machines ! Un organe en moins, et deux arrêts cardiaques pendant une intervention de 6h pour te sauver la vie ! Une vie que tu risques avec des PUTAINS DE MENSONGES ! T'es même pas capable de manger toute seule merde !

Ma bouche s'entrouvre sous la violence de ses mots. Un lourd sanglot se forme dans ma poitrine, et me tord les entrailles. Je serre les poings pour arrêter de trembler, sous la rage qui me consume.

- Tu crois que ça me fait plaisir peut-être ? L'affronté-je du regard.

- C'est tout ce que t'as à dire ?!

- Oui ! Bien sûr ! Tu ne crois pas que je regrette, moi aussi ?! Je n'ai pas besoin que tu me fasses la morale Aiden, t'es pas mon père ! De toute manière, je n'ai pas besoin de toi si c'est pour me dire des horreurs pareilles !

- Ah ouais ?! Tu n'as pas besoin de moi ?! Putain mais si c'est ça, je me casse tout de suite ! Tu crois que ça m'amuse d'être là ?! Dans un hôpital plutôt qu'avec ma sœur ?!

- Mais va la rejoindre, je te retiens pas !!!

On se défie du regard en silence. Ses traits sont tendus, et ses lèvres serrées. Bon sang, je voudrais me lever, et lui foutre la gifle de sa vie.

- Tout ça parce que tu ne veux pas admettre que j'ai raison. Soupire-t-il.

- Que tu as raison ?! En essayant de faire du mal à Courtney, t'avais raison aussi ?

- Oh que oui.

- Tu ne peux pas faire ça Aiden, putain, répété-je furieuse. C'est une fille et...

- Un fille ? Et alors qu'est-ce que j'en ai à faire ?! Tu vas me parler de justice là ?! Elle est où la justice par rapport à ce qu'il t'arrive ?! Tu me parles de justice alors que tu t'es faite frappée par trois gars, avec des battes de baseball ! Tu crois qu'ils ont regretté eux ? Tu ne crois rien qu'une seconde qu'ils ont pensé à la justice en le faisant ?! Je peux t'assurer que non ! T'étais peut-être plus en état de comprendre ou d'interpréter leurs réactions, mais ils ont pris leur pied en te ruant de coups. Ils avaient tous les sourires aux lèvres, à chaque geste, chaque mouvement.

- Tais-toi. Supplié-je en serrant mes bras contre moi et en refoulant mes pleurs.

- Non, je n'ai pas envie de me taire. Pas tant que tu ne comprendras pas ! J'ai tout vu ! Je suis allé voir les vidéos moi aussi ! J'ai vu le temps défiler, j'ai vu tout ce qu'il s'est passé ! Je t'ai vu t'écrouler sans te relever, je t'ai vu pleurer !! Je t'ai entendu crier à la mort, j'ai vu la manière dont tu les suppliais ! J'ai tout vu et jamais je ne pourrais effacer ça de ma mémoire. Ni ça, ni aucune des 2h qui ont suivie. Celle où tu es restée au sol, sans bouger. Deux putains d'heures ou je t'ai presque encouragé tellement je n'en pouvais plus. Alors parle-moi de justice si ça te fait du bien, mais moi, je n'en ai plus rien à foutre de faire ce qui est bien, ou non.

- MAIS ÇA N'A RIEN À VOIR !!!!!!! Hurlé-je tout à coup.

J'éclate en sanglot, me renfermant sur moi-même. J'enfouis mon visage dans mes mains, comme pour me cacher de nouveau. Mais me cacher ne sert à rien. Me cacher ne changera pas les couinements aigus qui s'échappent de ma bouche et que je n'arrive plus à contrôler. Me cacher ne sert absolument à rien.

- Heu... excusez-moi. Mais les heures de visites sont terminées depuis au moins une demi-heure. Vous devez absolument partir Monsieur.

Je lève les yeux vers lui, qui me regard, immobile, en se mordant la lèvre.

- Aller, casse-toi. Va rejoindre ta sœur, puisque tu en meurs d'envie. Sifflé-je froidement.

Il prend sa veste, le regard vide. Il s'avance jusqu'à mon lit, et murmure :

- Ce n'est pas ce que je voulais.

Sa main se pose sur ma tête, et il s'avance pour m'embrasser. Je le repousse violement en arrière, à l'aide de ma main valide, en tirant involo tairement sur les fils des perfusions.

- Casse-toi putain ! Ordonné-je en montrant la porte.

Il soupire violemment, et part d'un pas décidé, percutant presque la jeune infirmière.

Je me roule en boule, serrant tout ce que je peux contre moi, et en fermant les yeux. Je sens que cette nuit va encore être un plaisir...

🌊🌊🌊

La main de mon père qui me caressait tendrement les cheveux. C'est la première chose dont je me suis souvenue en ouvrant les yeux. C'est ce qui m'a tirée doucement de mon sommeil.

Enfin, « sommeil » est un bien grand mot. Une sieste serait plus appropriée pour qualifier mes deux heures de dodo qui se courent après. Ouais, je suis du genre difficile à endormir dès que quelque chose me perturbe. Et ma dispute avec Aiden, me perturbe au plus haut point. Les caresses matinales de mon père m'ont rapidement replongée dans une brume épaisse, mais plus qu'agréable.

Je suis plus qu'étonnée, de le voir je ne sais précisément combien de temps plus tard, assis sur un fauteuil à côté de moi. Je l'ai observé sans rien dire, pendant peut-être bien une demi-heure. Les yeux rivés sur lui, j'ai peur de prononcer le moindre mot. Le visage soigneusement enfoui dans l'édredon, je l'observe en silence, coupée par les bruits réguliers de mon cœur. Il ne semble pas m'avoir vue, ce qui n'est pas plus mal : je n'ai pas envie de parler aujourd'hui.

Mais de le voir à mes côtés, de si bonne heure, et aussi calme que ça, m'apaise. Son visage baissé vers son journal, une jambe croisée et les lunettes sur le nez, il lit. En buvant de temps à autre son café, fumant depuis la table. Je crois que j'ai peur qu'il parte en réalité. De l'avoir à côté, pour moi toute seule, c'était déjà beaucoup. Je ne voudrais pas tout gâcher avec un simple « bonjour ».

- Je peux savoir ce que tu fais ? Demande-t-il quand même sans lever les yeux de son journal.

Comment a-t-il pu me voir ?!

- Rien, répliqué-je en me tournant, dos à lui.

Je soupire légèrement, glissant un bras plié sous l'oreiller, et l'autre serrant ma peluche qui me calait actuellement la tête.

Il n'était même pas 11h, que j'étais déjà, épuisée. Faut dire, j'avais fait un cirque infernal toute la nuit. Je crois que l'infirmière de garde m'aurait bien tuée si elle le pouvait. J'ai réclamé quelque chose pour dormir, vers 3h. Je n'en pouvais plus, de me faire manger de l'intérieur par mes pensées.

J'étais pire qu'un lion en cage, puisque je ne pouvais pas bouger d'un centimètre. Sauf que j'ai résisté. Malgré les calmants et somnifères, je n'ai fermé les yeux que lorsque mon réveil affichait 6h30. Une chieuse dans l'âme, je l'ai déjà dit. C'était assez étrange en fait, j'avais tellement envie de dormir. Mais je n'arrivais absolument pas à me détendre, et à m'abandonner au sommeil. Donc, j'ai tourné dans le lit. Sans fin.

- Tu veux un café Andrew ? Propose gentiment la voix du père d'Aiden.

Jack me tenait compagnie la plupart du temps. Il prétextait travailler, mais je savais que c'était faux. Il venait constamment me voir durant ses temps de pauses. C'était adorable de sa part, et son geste me touchait vraiment. Après tout, il n'était pas obligé, si ? Bon, peut-être que les appels incessants de son fils avaient une petite part de responsabilité. Mais je n'y faisais plus attention.

- Merci, je viens d'en prendre un, mais ils sont plutôt courts ici. Répond mon père.

- Bonjour Iliana. Lance-t-il d'un air narquois en passant sa tête devant moi.

- 'jour. Répondis-je à mi-chemin entre l'endormissement et l'ennui.

- Houlà, ça boude aujourd'hui. Constate-t-il en riant.

Je ne relève pas, me contentant de serrer les lèvres.

- Je ne sais pas ce qu'elle a, depuis tout à l'heure. Elle ne dit plus rien. Rit mon père.

Ce qu'elle a, c'est qu'elle aimerait bien être un peu tranquille. Elle vous adore, mais seulement après midi. Pensé-je intérieurement.

- Il y a toujours une petite phase de déprime, c'est normal, explique Jack en s'asseyant à côté de mon père, je suppose.

Une « phase de déprime » ? Et puis quoi encore. Comme l'autre, cette nuit qui me sort que je suis entrée dans un « mutisme ». Non mais quelle idée...

- C'est la période en même temps.

- Comme cette nuit, après la petite crise d'angoisse... commence le médecin.

Je me retourne d'un seul coup.

- Je n'ai pas fait de crise d'angoisse. La coupé-je méchamment.

- Ce n'est pas ce qu'on m'a dit.

- Vos infirmières sont endormies la nuit, elles comprennent tout de travers. Je n'arrivais simplement pas à dormir. Aucune angoisse n'a été évoquée.

- Si tu le dis.

- Mais de quoi as-tu peur ma puce, tu ne crains rien ici. Réplique mon père.

Bon, me lancer dans une argumentation ne servirait à rien. Ignorer, c'est mieux.

- Elle est sous calmants, et je ne sais même pas comment elle peut-être éveillée maintenant, relève Jacob, en s'adressant à mon père.

Ouais, je me demande aussi comment c'est possible ça.

- C'est à cause de ce qu'il s'est passé avec ton copain ? Demande mon père.

Pardon ?! Comment il sait ça lui ?!
Je secoue la tête, et me retourne, pour ne plus voir leurs têtes amusées.

- Je ne veux pas le voir. Ni lui, ni Austin aujourd'hui. Dis-je quand même.

- On est bien dans la phase déprime, éclate de rire le père de mon
« copain ».

Je peux vous dire que ça me vexe au plus haut point. J'ai l'impression de ne pas être prise au sérieux. C'est assez injuste d'ailleurs. Oui, aujourd'hui j'ai décidé d'être rancunière, et susceptible et irritable.

🌊🌊🌊

Faire semblant de dormir est le plus gros piège de l'univers. Je me suis dit qu'en fermant les yeux, ils finiraient par partir. Mais non. Au final, je me suis faite avoir, et me suis endormie. Dieu merci, dans un certain sens. Je me réveille après 2h de sieste, divine.

Après un repas succulent (notez l'ironie), c'est mon frère qui me réveille. Enfin,  je ne sais pas si je peux utiliser le verbe « réveiller ». Somnoler était plus adapté, vu que j'étais totalement affalée sur mon oreiller, en regardant un de ces films débiles de Noël. Très constructif. Mon fou de frère m'a carrément sauté dessus. Mais quand je dis sauter, c'est un vrai saut. Un bond dont j'étais la cible, et la zone de réception. De quoi me sortir de ma transe végétative en sursaut.

- Salut ma petite marmotte ! Lance-t-il joyeusement.

Trop de joie pour moi, j'attrape le premier coussin qui me vient, et le plaque violemment sur son visage.

- Je te préfère quand tu ne parles pas. Grogné-je.

- Oh, y'en a une qui s'est levée du pied gauche, rit-il.

- Non, je me suis pas levée du tout tu vois, alors tu dis n'importe quoi.

- Houuuuu. Mais qu'est-ce que t'as aujourd'hui ?

- Rien, je suis fatiguée, c'est tout. Je te préviens, je n'ai pas envie de parler.

Il éclate de rire, et ébouriffe mes cheveux.

- Mais Austin, arrête ! M'énervé-je inutilement.

- Mais vraiment, qu'est-ce qu'ils t'ont filé à manger aujourd'hui pour que tu sois d'une humeur aussi exécrable ? Se moque-t-il.

Je ne réponds pas, voûtant les épaules plus encore. Les repas sont devenus un sujet très sensible.

- Je n'ai pas le droit d'être fatiguée, et d'avoir envie de me poser ?

- Oh, tu ne vas pas nous faire chier toi ! Lance une voix parfaitement reconnaissable, et d'une humeur joviale. Je suis venue alors que je suis en plein préparatif du réveillon, ce n'est pas pour te voir faire la gueule !

- Je t'ai ramené un petit cadeau, rit Austin, gêné.

- Mais meilleure amie, mais quel cadeau fantastique, répondis-je sarcastiquement.

- Toujours aussi heureuse de me voir, ça fait plaisir, sourit la principale concernée.

- Tu crois que quand je dis, « je ne veux voir personne » ça s'applique uniquement à toi et à Aiden ?! Lancé-je à mon frère.

Mahé attrape mes joues entre ses doigts, et les pince.

- Tu vas arrêter de bouder toi ? Me dit-elle avec sérieux.

Je la repousse, ne voulant pas déplacer ma sonde à cause de ses conneries.

- Je ne suis pas d'humeur Mahé !

- Ah bah ça, j'avais compris. Tout ça à cause d'une malheureuse dispute avec ton copain, y'a quand même plus grave dans la vie.

Je me fige. Puis, assassine mon frère du regard.

- TU LUI AS DIT !!!!!!! Hurlé-je.

- Oh putain, je déteste quand elle est comme ça, soupire-t-il en replaçant ses cheveux bruns.

- Il ne m'a absolument rien dit, calme-toi.

- Et alors quoi ? Tu es la renaissance du saint esprit peut-être ? Ironisé-je.

- Je ne sais pas, honnêtement, ça n'a jamais été prouvé, mais une part de moi s'est toujours considérée comme une déesse. Alors pourquoi pas ?

- Mahé ! L'engueulé-je.

- Oh, ça va. Tout le groupe est au courant Iliana, et je pense qu'on le savait même bien avant vous, rit-elle. Vous êtes aussi discrets qu'un panneau clignotant.

- N'importe quoi. Boudé-je.

- Ah si, je t'assure. En plus, tout le lycée est au courant.

- Pardon ?

- Bah oui, la photo fait fureur sur les réseaux sociaux.

Je n'ai même pas besoin de demander pour comprendre. Il n'y en avait pas d'autre de toute manière. Mon ventre se tordit, à une seule possibilité.

Que la photo soit datée, et qu'Evan comprenne tout.

🌊

________________________

Hey ! Nouveau chapitre disponible!

Qu'en avez vous pensé ?

Il se passe beaucoup de chose dans cette partie, mine de rien.

Comment avez vous trouvé Austin ? 😍

Et heureusement qu'il nous a amené Mahé, pour la bonne humeur !

Sans oublier la dispute, avec Aiden.

Ils sont tous un peu à cran, et s'énervent pour rien !

Malgré tout, notre petite surfeuse est susceptible...

Sinon, mon école est mise en quarentaine, comme la plupart des établissement scolaire de France !
Faites attention à vous 😘

Je voulais aussi remercier toutes les personnes qui me suivent et qui continuent de le faire. Ma petite communauté adorée, tout comme mes amies IRL.

EljyBurton
Merci également à toi, pour tes mots justes à toutes épreuves. Tu sais combien je t'admire, et je ne te remercierai jamais assez pour tout ce que tu fais pour moi 💜

De gros bisous à tous, Lina 😘


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