Chapitre 50 🌊
« Perdue dans le temps, le vent, et l'océan. »
🌊 Iliana 🌊
C'est tellement étrange, de se sentir perdre l'équilibre. Tenir debout, face au vide, et voir l'immensité de l'horizon, ça pourrait donner des ailes à n'importe qui. C'est tentant, de se pencher un peu plus encore, de sentir le vent nous faire danser, et de surplomber l'océan. Je n'ai jamais vraiment aimé l'inconnu. Pourtant, ici, j'y suis bien. C'est comme un petit paradis, perdu dans le temps.
Mais sa voix m'appelle. Je l'entends résonner jusque dans mon cœur.
- Je te fais confiance.
Elle résonne, encore et encore, comme si j'étais enfermée dans une immense boîte, ou dans une boule de cristal. Pourtant, je ne vois aucune limite, aucune cloison. Simplement le vide, autour de moi.
La falaise est plus haute que jamais, et son sommet est rassurant. L'herbe est d'un vert paisible, et se diffuse autour de moi, à perte de vue. Quelques arbres sur le côté, offrent quelques mètres d'ombre. Quand on se penche plus loin encore en avant, on peut voir la mer. En contrebas, avec des vagues puissantes et bleu azur. Mon paradis.
- Je te fais confiance Iliana.
Je me tourne, et l'aperçois. Je lui souris, ravie qu'il soit avec moi ici. Mais lui, ne semble pas aussi heureux que moi. Ses yeux normalement d'un gris acier ravissant, sont totalement rougis. Je m'approche de lui, passe une main sur son visage.
- Mais qu'est-ce que tu fais là ? Murmuré-je en souriant.
- Je suis venu te chercher.
- Mais pour aller où ?
- Il faut que tu rentres à la maison.
- Pourquoi ? On est bien ici, tu ne crois pas ?
- Parce que tu me manques.
- Je suis là maintenant. Chuchoté-je attendrie.
- Pas vraiment, non.
Je fronce les sourcils, sans vraiment comprendre. Il me tient la taille avant de m'embrasser doucement. Nos lèvres se savourent pendant un moment, les yeux clos et les sens en éveil.
L'herbe tendre me chatouille la peau. Je dépose tout de même mes mains de part et d'autre de son corps, et continue d'embrasser ses lèvres chaleureuses. Ses bras se referment autour de mon corps à moi, et ses doigts se verrouillent dans mes mèches. Il est plaqué contre le sol, appréciant tout autant mes baisers.
Je me laisse glisser, mettant fin à notre ardeur. Mon souffle disparaît à petit feu, et j'ai besoin de le reprendre. Allongée dans le sens contraire que mon copain, je chatouille son visage de mes lèvres avec délicatesse.
- Tu es prête, maintenant ?
- Prête ? L'interrogé-je en riant.
- Tu dois rentrer maintenant.
- Mais je n'ai pas envie de rentrer Aiden. Je suis tellement bien ici.
- Il le faut.
- Non. Terminé-je en regardant le ciel. Je n'en ai pas envie.
- Et moi ? Tu as pensé à moi ? Demande-t-il avec sincérité en glissant ses doigts entre les miens.
- Mes pensées t'appartiennent, tu le sais.
- Mais je ne veux pas savoir que tu penses à moi. Je veux t'avoir près de moi, vivante et éveillée.
- J'ai besoin de temps.
- Non, tu as simplement peur. Chuchote-t-il en me levant avec lui. Et je ne suis pas encore capable de te rassurer. C'est trop tôt, on ne se connaît pas encore par cœur. Je ne t'ai même pas encore dit ce que je ressentais pour toi.
- Qu'est-ce que tu attends alors ?
- Je refuse de le faire dans un rêve.
Je le regarde dans les yeux, répliquant avec tout le sérieux possible.
- Moi, je le trouve très beau ce rêve.
Il déposa ses lèvres sur les miennes, en maintenant mon visage avec sa main sur ma joue. Ses doigts frôlent ma peau, en me faisant frémir.
- Si moi je ne peux pas te convaincre de me rejoindre, je suis certain qu'elle le pourra.
Je me retourne, et aperçois sa silhouette si reconnaissable. Je détourne le regard, cherchant plutôt celui de mon copain. Mais... Il n'est plus là.
- Aiden ? L'appelé-je inutilement.
Mais c'est trop tard maintenant. Il est parti. Alors le visage baissé, comme une enfant ayant commis une faute grave, j'avance pas à pas vers ma mère, la main tendue dans ma direction et un air solennel sur le visage.
🌊🌊🌊
- Maman...
- Bonjour ma chérie.
Je me mets à sourire comme une enfant. Elle n'est pas comme aujourd'hui, elle est beaucoup plus jeune. Ses cheveux sont d'un blond étincelant, semblable aux pousses naissantes d'un champ de blé, sans parler de ses yeux, brillants.
- Tu es si belle ma chérie.
- Toi aussi maman.
- Tu viens avec moi ? Je dois retourner auprès de mon bébé.
Je hoche la tête, sans chercher à comprendre. Elle me tient la main en m'emmenant sous les feuilles d'un immense arbre. Un minuscule landau blanc, s'abandonne au vent sous l'ombre agitée. Une petite brise légère donne des airs plus paradisiaques encore.
- Il faut avancer plus vite Iliana, ma fille pleure.
Je n'entends aucune larme, pourtant, ma mère semble décidée. Elle me passe devant, et je la suis à travers le champ.
Je retiens chaque petit détail qui la constitue. J'aime tellement la voir aussi souriante. Elle est maquillée comme il se doit, les lèvres rosées et les cheveux tressés en épi. Sa tunique blanche et les broderies le long de ses manches ondulent sous ses pas gracieux. Elle plonge ses deux mains dans le petit lit et en ressort un bébé gigotant. Elle le colle contre sa poitrine, en berçant doucement l'enfant. Les cris invisibles cessent, alors que la maman serre sa fille.
- Tu la reconnais ? Me demande-t-elle d'une voix douce.
- C'est... c'est moi ?
Elle confirme d'un signe de tête.
- Comment aurais-je pu deviner quelle jeune fille somptueuse tu deviendrais. Murmure-t-elle en regardant son bébé avec admiration. Puis, en me souriant.
Je souris aussi, attendrie. Ses yeux glissent vers ma robe, une longue blanche avec un voile qui vole dans le vent. Ce tissu qui englobe ma tenue semble la flouter, la sublimer. Mes mèches sont aussi regroupées en une coiffure simple.
- Qu'est-ce qu'on fait ici maman ?
- On est chez moi. Mon petit paradis.
- Mais... pourquoi ?
Son sourire devient triste, douloureux. Je m'assois à côté d'elle.
- Parce que je suis dans le coma, ma chérie.
- Hein ? Mais comment tu...
- Je vis cette même journée, depuis des mois. Je décide ce que je veux faire, et la couleur du ciel. Je sais que je rêve, et tu le sais aussi. Tu sais ce qu'il se passe en réalité, mais tu ne veux pas rentrer, car tu te sens bien ici.
- Et toi alors ? Pourquoi n'es-tu pas encore revenue ?
- Je ne peux pas. Je suis bien trop enfoncée dans cette brume que je me suis créée. Mais toi, tu peux retourner avec ceux qui t'aime. Et tu le sais.
Je détourne la tête, en fermant les yeux.
- J'ai inventé cet endroit pour ne pas me sentir trop seule. Au début, il était froid, et dur. Maintenant, il est plus qu'accueillant. Ma maison est juste derrière, avec ton père à l'intérieur. Il se repose, c'est lui qui s'est occupé de toi cette nuit. Tu es insupportable et pourtant, je n'arrive pas à être en colère contre toi. Dès que tu ouvres les yeux, ma colère s'envole et j'oublie.
- Pourquoi cette période ?
- Parce que c'est à ce moment-là que j'ai été la plus heureuse. Raphaël est parti se balader, il nous rejoindra plus tard. Et tout à l'heure, j'irais marcher sur la plage avec mon fils, en le prenant par la main. C'est fou comme William est capricieux si tu le voyais ! Il ne peut pas passer une seule journée sans voir l'océan.
Sa fille sur les genoux, elle chatouille son petit nez avec ses lèvres.
- Mon petit bébé à moi...
Elle dépose un petit bisou sur sa joue, et la dépose dans son landau.
- Je voudrais te montrer quelque chose, Iliana. Déclare-t-elle en se levant.
Elle m'emmène sur le sommet de la falaise, s'approchant le plus possible du bord. Le paysage est simplement sublime. Mon regard se perd dans l'horizon. Et je me perds à mon tour. Perdue dans le temps, le vent, et l'océan. Elle prend ma main, caressant ma joue.
- Aiden a l'air d'être quelqu'un de bien, commence-t-elle.
- Il l'est.
- A moi, il me plaît beaucoup. C'est un très gentil garçon.
- Comment peux-tu...
- Grâce à tes visites.
- Tu m'entends ? Soufflé-je les larmes aux yeux.
- Evidemment ma chérie. J'attends tes visites chaque jour avec impatience. T'entendre me raconter ce que tu vis est la plus belle chose, le plus beau moment de la journée. Tu es mon lien avec la réalité. Mon point d'encrage. Je me sens tellement vivante quand j'entends ta voix. C'est mon moment rien qu'à moi, où je suis seule avec toi, je pourrais presque te voir en fermant les yeux.
Son regard se met à briller dans la lumière du coucher du soleil.
- Tu ne dois plus avoir peur ma chérie. Tu dois t'en aller. Murmure-t-elle.
- Mais pourquoi ? Je suis tellement bien ici ! Je pourrais être heureuse, je le sais. Je peux rester vivre ici, avec toi. Voir Raphaël, mon père... Je serais bien ici, moi aussi. Tu te rends compte je pourrais enfin rencontrer mon frère, apprendre à le connaître. Je serais heureuse maman, j'en suis sûre. Je vivrais ici le temps que tu reprennes des forces et le moment venu, on rentrera ensemble, toutes les deux.
Des larmes glissent sur mes joues en même temps que mes mots s'échappent de mes lèvres. Mais mère se retient de pleurer, je le vois.
- Mon amour, je te garderais auprès de moi pour toujours si je le pouvais. Mais... une mère veut le mieux pour son enfant et...
- Être séparée de ma mère n'est pas le mieux pour moi. Sangloté-je.
- Je sais, je sais... Je reviendrai un jour, tu peux me croire. Mais je veux que tu rentres, maintenant.
- Non, soufflé-je en secouant la tête.
- Je t'aime ma chérie, je t'aime plus que tout. Tu es ma plus grande fierté et tu le seras toujours. Tu dois avoir confiance en moi. Je te promets que je ferais de mon mieux pour revenir Iliana. Tu as ma parole.
Elle essuie mes larmes en souriant, avant de déposer un baiser sur mon front. Je continue de pleurer dans ses bras, avant de sentir mes mains se poser sur mes épaules.
Comme au ralenti, je me sens projetée en arrière. Je recule d'un pas pour me rééquilibre, mais mes pieds s'emmêlent. Ils ne rencontrent que le vide, qui m'engloutit toute entière. Basculant du haut de la falaise, je n'arrive pas à retenir mon cri. D'une puissance inouïe, celui-ci brise les parois de verre.
Et ma prison de cristal, explose.
🌊🌊🌊
La douleur était horrible, j'avais l'impression qu'on m'arrachait le cœur. Une larme brûlante dégringola le long de ma joue et se perdit dans mon cou. Pourtant elle n'avait rien à voir avec cette souffrance.
Je venais simplement de faire le plus beau rêve de ma vie.
🌊
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Hey ! Bonsoir à tous
(tardif mais c'est pas grave !)
Un chapitre très court aujourd'hui ! (je m'en excuse ! Mais c'est une petite transition en réalité 🙄)
Les prochains seront bien plus chargés, vous pouvez me croire 😎
Est ce que ça vous a plu ?
Des remarques particulières à faire ?
Je trouve que c'était un petit chapitre tout doux et délicat, pour faire une pause au milieu de tout ce bordel 😅
Vous a-t-il touché ?
Personnellement le passage avec sa mère à été difficile à écrire, je suis sensible sur ce sujet là 😉
Avez-vous préféré son moment intime avec Aiden, ou rempli d'émotion avec sa maman ?
Vous l'aurez compris, elle revient de loin notre petite surfeuse...
Mais combien de temps après le drame ? 🤔
Les chapitres à venir seront tout aussi touchant 🤗 avec des facettes de nos petits personnages, inédites.
Je commence à m'approcher dangeureusement de la fin de mon avance (vous sentez cette petite angoisse ?!)
Préférez-vous que je garde ce rythme mais que j'arrive au bout à un moment, ou alors qu'on réduise d'un post par semaine ?
J'attends vos retour avec impatience 😉
À demain, Lina 😘
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