Chapitre 5 (1)

« Où est passée la petite fille chaste ? »

Mes pieds vagabondent sur le sable lorsque mes pensées sont interrompues par mon téléphone. C'est un message de Lindsay me demandant à quelle heure je serai chez elle. Malgré mes deux heures d'avance je sais que Lindsay est le genre de fille qui aime tout programmer avant.

Tout, même savoir à quelle heure nous allions nous rendre à « Onshore wind High School ». Comprenez littéralement le lycée du vent de mer.

Un joli petit nom sous lequel se cachent clichés et enfants de millionnaires, venant des classes les plus aisées de Californie. La vérité ? Je déteste profondément cet endroit. Les cours que je suis sont intéressants, et le niveau vraiment bon, pourtant, je ne supporte pas l'idée d'y passer une année supplémentaire. Ce lycée rime aussi bien avec "clichés" qu'avec "être jugé".

Je n'ai jamais été élevée dans ce genre d'ambiance, me baser sur les apparences physiques est inconcevable. Je suis quelqu'un de simple, qui se contente du minimum vital et qui profite de la vie. Une vraie petite surfeuse, vous pouvez le dire. Ma mère m'a transmis ses plus fidèles valeurs, l'égalité des chances et apprendre à connaître une personne avant de porter un jugement en font partie. Hors, ces deux points semblent être inexistants dans ce genre d'établissement.

L'adaptation est un point clé. Le mot d'ordre si on ne veut pas se laisser marcher dessus par ces enfants se pensant supérieurs. Alors je me façonne un masque de garce, respectant les clichés les plus arrogants et les plus vulgaires qu'on m'impose. Ma différence et mon originalité m'ont déjà trop coûté, je ne pourrais revivre ça de nouveau. Je deviens une autre, même avec mes plus fidèles amis, mettant entre parenthèses ma vie et mes principes pour eux.

Tout devient détestable, écœurant, et sonne faux. Je hais les personnes qui m'entourent tout comme je déteste celle que je deviens une fois la grille franchie. Alors ne craignez rien, vous pouvez également haïr cette personnalité que j'empreinte. Je ne vous jugerai pas, je partage même votre avis.

Oui, cette année j'entrerai au 12th grade. The « senior year » comme ils aiment l'appeler. La toute dernière année avant l'université. La plus belle année de ma vie m'a-t-on dit. Moi, c'est tout ce que j'espère. Je veux plus que tout que cette année soit la meilleure de ma vie. Pas comme la précédente qui a été abominable et un véritable cauchemar à vivre pour moi. Je croise les doigts pour ne pas revivre ça, je veux que tout redevienne comme avant, du temps où je n'étais personne, où j'étais totalement invisible sauf pour mes amies. Elle me manque énormément, cette époque-là.

J'étais devenue le sujet principal, l'attraction du moment, le tout dernier ragot du lycée. Une popularité que je n'avais absolument pas prévue en me mettant en couple avec Evan, le capitaine de l'équipe de basket. Toutes les filles le connaissaient et le trouvaient mignon. Alors vous imaginez les réactions lorsqu'il s'est mis en couple, avec moi. À partir de là, mon nom n'était plus nouveau. Iliana était directement associé à Evan. Le premier mois a été un pur bonheur, le meilleur de l'année je dirais même. Bien sûr, c'était avant l'accident. Je suis passée du statut de « petite amie d'Evan » à celui de « la pauvre enfant abandonnée par sa maman ». Deux informations de trop pour un lycée gourmand qui avait lancé la machine.

Notre ville n'avait jamais perdu une personne connue alors l'information a vite fait le tour des rues. Au lycée, c'était des questions et des regards appuyés tous les jours. Mon plus grand souhait était le suivant : qu'on me traite normalement, que plus personne ne me sonde du regard dès que je passe, ne me pose trop de questions ou au contraire, que les discussions cessent à mon passage.

Je compare souvent cette situation à une pierre qu'on jette dans un lac. L'impact est violent, la nouvelle difficile à digérer. Puis, s'ensuit les nombreuses vaguelettes. Au début, elles sont fortes et ravagent tout sur leur passage. Puis, elles s'affaissent pour pouvoir rejoindre le bord. J'ai passé toute l'année à repousser ces vaguelettes, à les empêcher de me noyer et de m'entraîner vers le fond. Cette fois, j'espère qu'elles ont enfin retrouvé le rivage.

— Iliana ? C'est bien toi ? 

— Bonjour Sandra, salué-je en souriant.

— Comment vas-tu ma belle ? Qu'est-ce que tu as grandi !

— Je vais bien, merci.

— Tu es toute jolie où tu vas ?

— Au lycée.

— C'est déjà la rentrée ? Oh, tu sais nous sommes complètement perdus avec tout ça. Lenny est parti sur le pont numéro deux. Si tu marches vite, tu peux le rattraper !

— Merci ! J'y vais, à plus tard !

Je commence à courir sur le ponton en bois, qui craque sous chacun de mes pas. Je fais de grands signes depuis la berge pour attirer l'attention du capitaine, sur le catamaran blanc qui est juste devant moi. Son marin me remarque enfin, et vient directement à l'arrière du bateau.

— Mais qu'est-ce que tu fais là ? Ce n'est pas la rentrée aujourd'hui ?

— Si, justement.

Une bourrasque vient remuer toutes mes mèches à l'avant de mon visage.

— Tu veux que je te dépose, c'est ça ? demande-t-il en souriant.

— Tu serais un amour !

— Allez, viens par là moussaillon.

Je lui souris alors en serrant ma sacoche contre moi. Il me tend la main lorsque je saute le grand mètre qui sépare le pont du bateau.

— Tu vas au port central ? demandé-je une fois debout en me tenant au mât.

— Exactement et toi, tu vas en cours ! me nargue-t-il.

— Bah oui, mes parents n'ont pas une marina où je peux faire ce que je veux et travailler aussi jeune !

— Non, c'est vrai. Tu vas juste au lycée en bateau grâce à moi.

Je lui souris de nouveau. Lenny est mon meilleur ami depuis toujours. On se connaît depuis tout petits, notre passion pour la mer étant commune. Il passe sa main dans ses cheveux blonds et pose ses yeux verts sur ma silhouette, il m'accorde un sourire de plus. 

Les nuées salées évadées de l'océan lèchent les contours de mon visage. Elles affrontent les rayons du soleil, m'apportant chaleur et sûreté. L'odeur âcre du sel esquisse un sourire sur mes lèvres. Je suis ici chez moi.

Alors qu'on s'approche du port, je sors mes pieds de mon paradis, à contrecœur, pour enfiler mes bottines à talon.

— Tu repars directement ? l'interrogé-je.

— Non, je viens pour les papiers de mon nouveau jouet, dit-il en désignant son bateau.

— Il est à rénover ?

— Oui, avant de le mettre en service. Tout doit être prêt pour San Francisco !

Il m'offre un petit sourire en coin et je me lève pour aller nouer la corde à l'avant du pont. Je termine par un bisou sur sa joue, en laissant une belle marque de rouge à lèvre rosé.

Dix minutes plus tard et les cheveux relevés en une queue de cheval haute plus tard, je me retrouve assise sur le capot de la voiture décapotable de mon amie. Elle est prête depuis vingt minutes mais en retard de quinze. C'est logique.

— Mon Dieu, vite, qu'on monte dans ma voiture pour échapper à ce cauchemar de bonne humeur offert par mes parents. Je n'en peux plus. Ils sont d'accord sur tout, c'est insupportable.

J'éclate de rire, et la suis dans l'habitacle. Je vous présente Lindsay, bombe atomique qui râle constamment sur tout et sur rien mais qui est adorablement possessive et attentionnée. Une amie en or comme on dit.

— Non mais c'est vrai quoi, ils font la cuisine ensemble, le ménage ensemble, jugent mes vêtements ensemble, je ne veux pas n...

— Lindsay ?

— Je ne comprends pas comment certains couples peuvent se supporter plus de...

— Lindsay.

— Non pas que je souhaite qu'ils divorcent mais il faut faire des pauses de temps en temps, trop d'amour ça tue l'amour et moi, cette ambiance m'étouffe t...

— Eh oh Lindsay !

— Quoi ? s'interrompt-elle.

— Bonjour.

Elle me regarde à travers ses lunettes de soleil teintée, et elle sourit pleinement.

— Hi ! Iliana tu m'as trop manqué ! s'exclame-t-elle en me faisant un câlin au-dessus du tableau de bord.

— Toi aussi tu m'as trop manqué Lins', répliqué-je en la serrant contre moi.

Le reste du voyage se fait sous les conversations à sens unique de mon amie et sous la musique assourdissante de Twenty One Pilots qui s'échappe par les fenêtres. Jusqu'à ce qu'elle décide enfin d'aborder le premier sujet sensible de notre journée :

— Bon, plus sérieusement. Est-ce que RoboCop a enfin parlé au coach ?

— Arrête de m'appeler comme ça ce n'est pas drôle !

— C'est la vérité. Tu en as parlé ou pas ?

— Non, pas encore. Je garde ça pour aujourd'hui justement, soupiré-je en tortillant mes doigts entre eux.

— Et après, ça se passe comment ?

— J'ai une semaine de vacances supplémentaire, dis-je avec le sourire.

— Veinarde. Mais en tant que capitaine de l'équipe, je tiens à te dire qu'il faut absolument que tu en parles au coach. Aujourd'hui.

— Oui, oui. Ne t'en fais pas, j'en ai l'obligation de toute façon.

— Il va être ultra énervé, affirme-t-elle en tournant le volant.

— Je confirme, c'est pour ça que j'ai repoussé cette discussion jusqu'à maintenant. Le but étant de repousser ma mort, apparemment imminente.

J'éclate de rire en voyant sa tête. Elle se gare dans le parking du lycée et inspire.

— Bon, à tout à l'heure, répliqué-je en ouvrant la portière.

— Attends, j'ai un cadeau pour toi. Ramené tout droit de Floride.

— On avait dit pas de cadeaux...

— C'est ce que toi, tu as dit. Je n'ai jamais donné mon accord.

Elle me tire la langue en me tendant une petite boîte carrée que j'ouvre la minute suivante. Les bijoux argentés scintillent un instant, si bien que je détourne les yeux pour fixer mon amie. 

— Lindsay ! Elles sont magnifiques ! Elles ont dû coûter une fortune ! m'exclamé-je le regard complètement aberré devant son "petit cadeau". 

— Mais ne t'occupe pas de ça, ça me fait plaisir !

— Non, vraiment, il faut arrêter avec vos cadeaux, moi je n'ai rien pour vous, je n'ai pas bougé durant l'été et je...

— Ne vois pas ça comme un cadeau mais plus comme un souvenir de Floride.

— Merci, elles sont tout simplement sublimes.

— Fais-moi plaisir, évite de les mettre quand tu vas faire mumuse dans l'eau de mer, ok ? Elles sont peut-être en argent mais je ne suis pas certaine qu'elles soient inoxydables.

J'attache les créoles en argent et les ajuste. Wow... je n'ai plus l'habitude d'en porter et pourtant j'aime tant.

— Elles te vont trop bien, dit-elle en tournant mon menton.

— J'aime beaucoup les créoles. Ça faisait longtemps.

— Evan va les adorer.

— Et moi, je crois que c'est Liam qui va t'adorer, répliqué-je, taquine.

— Oh, ne m'en parle pas. On ne s'est pas vus depuis deux semaines. Les retrouvailles vont peut-être nous coûter un lit...

J'éclate de rire en sortant pour de bon de ce véhicule. Mon amie se lève à son tour, avant de verrouiller la voiture.

— Passe-lui le bonjour de ma part avant de le dévorer tout cru s'il te plaît.

— C'est noté, dit-elle en partant à l'opposé.

Nous ne fréquentons pas vraiment les mêmes groupes. Lindsay est en réalité un peu la passerelle entre nos deux mondes. Elle s'entend à la fois avec les uns mais également avec les autres, tout comme Liam. J'ai revu mes amis il y a trois jours, tous, sauf Lindsay qui est rentrée avant-hier. J'inspire un grand coup, et avance d'un pas décidé. Il va m'en falloir du courage, comme toujours. En gardant constamment en tête le plus important.

Jouer la garce, être arrogante. Devenir quelqu'un d'autre pour se fondre dans la masse de gens inintéressants de ce lycée.

— Iliana !

Oublier qui je suis, faire comme tout le monde. L'insolence et la vulgarité sont de rigueur pour ce lycée rempli de clichés.

La voix de ma meilleure amie résonne dans l'espace qui m'entoure. Je ne peux que sourire en la voyant arriver, escarpins aux pieds, en roulant des hanches.

Heureusement qu'elle est là...

— Mahé ! m'exclamé-je une fois à sa hauteur.

— Tu m'as beaucoup trop manqué !

— On s'est vues hier je te rappelle, souris-je amusée.

Elle me serre dans ses bras et j'en fais de même.

— Alors, la petite new-yorkaise ? Comment va mamita ?

— Elle est vraiment en forme, c'est fou. Et mes cousins pareils, ils m'ont achevée ! se justifie-t-elle.

— Et la statue de la liberté va bien ?

— Très bien, on a mangé un petit pique-nique en bas. Très sympa.

— Tes grands parents vous font toujours faire des activités démentes.

— C'est vrai. C'est pour ça que j'adore passer mes vacances à New York.

— Tu m'as ramené ce que je t'avais demandé ? 

— Evidement ! dit-elle en sortant un gros livre de son sac. Et je ne compte pas le prendre avec moi toute la journée.

Je range l'ouvrage dans mon sac en riant. Voilà Maéline, qui a horreur qu'on l'appelle par son prénom. Tout le monde l'appelle Mahé. Sans exception. C'est elle, la deuxième passerelle entre nos groupes. Ma meilleure amie. On se connait depuis quatorze ans, depuis qu'elle a déménagé de New York pour venir ici.

— Alors, tu t'adaptes à la vie d'enfant roi ? me demande-t-elle.

— Je m'attendais à pire. Ce n'est que le début, mais pour le moment tout va pour le mieux.

— Tu ne vas pas me faire le coup de la déprimée quand même ?

— Quoi ? Mais non, pas du tout Mahé, je...

— Je te connais, m'interrompt-elle. « Oh, c'est beaucoup trop compliqué d'être une enfant modèle et de subir les règles ignobles de mon père. Je n'ai jamais voulu être une fille de riche tout ce que je veux, c'est chevaucher les vagues à longueur de journée ! », s'écrie-t-elle en joignant ses mains de manière théâtrale.

— Tu n'est qu'une idiote, lâché-je devant tant de moqueries.

— C'est pour ça que tu m'aimes, non ?

— Avant, c'était plus pour ton trampoline. Maintenant, je dois avouer que je commence à t'apprécier pour ce que tu es vraiment.

— Que tu es insupportablement ingrate miss Midden.

— « Oh, au secours ! Ma meilleure amie est insupportable ! Papa chéri achète moi une autre amie ! », l'imité-je.

— Hé ! Je ne suis pas du tout comme ça moi !

— Si, je te connais par cœur aussi. Ne l'oublie pas.

Elle lève les yeux au ciel, et enchaîne en changeant de sujet de conversation.

— Et comment va ton demi-frère ? s'intéresse-t-elle.

Elle a toujours remarqué Austin. Je ne sais pas si elle voudrait vraiment avoir une relation avec lui, on ne parle pas trop de ça en général. En plus, elle avait un copain avant les vacances. Une histoire qui n'a pas vraiment durée...

— Il va très bien.

— Vous faites des activités entre frère et sœur ? Ou vous avez commencé à construire un mur pour vous cacher l'un de l'autre ?

— On n'est pas frère et sœur.

— Oh, frère ou demi-frère quelle est la différence ! pouffe-t-elle.

— On n'a aucun lien de sang ! Elle est là la différence, expliqué-je en haussant les épaules, lassée. 

— Wow... cette phrase voulait tout dire.

Elle plisse les yeux en retroussant ses lèvres, un air malicieux sur son visage.

— À quoi tu penses là ? demandé-je devant tant de signes, mauvais pour la suite.

— Si tu n'as aucun lien de sang avec lui et que tu le fais remarquer c'est pour pouvoir plus facilement m'avouer que tu as eu une liaison avec lui ?

Je cesse tout mouvement, abasourdie par ses paroles... Ignobles.

— Je vais partir dans la direction opposée et faire comme si je n'avais absolument rien entendu, c'est clair ? Je ne te connais pas Mahé Jefferson.

Je me tourne les talons pour m'éloigner, mais sa voix me rattrape. Elle le fait toujours.

— En tout cas, je désapprouve à deux-cent pourcents Iliana Midden, tu m'entends ? C'est quand même de l'inceste cette relation !

Je jette un coup d'œil furtif autour de moi pour vérifier que personne ne l'a entendue. Je lui tire la langue en marchant à reculons puis continue d'un pas décidé pour m'éloigner de cette folle aux idées interdites au moins de vingt-et-un ans. Jusqu'au moment où je me cogne contre la première personne rencontrée, comme par magie. Exactement celle qu'on rencontre dans ces romances clichées où la jeune fille percute "accidentellement" son âme sœur.  

— Pardon, vraiment désolée, m'excusé-je en bafouillant. Je ne regardais pa...

Je n'ai pas le temps de finir ma phrase que deux mains m'encadrent le visage et qu'une paire de lèvres se collent aux miennes. Ce baiser tellement fougueux me coupe le souffle. Je m'écarte, et saute dans les bras de leur propriétaire. 

— Evan !

Il me serre contre lui alors que j'encercle sa taille de mes bras. La joue collée contre son torse, pensées dirigées vers les battements de son cœur, et les yeux clos, je savoure ce premier contact comme il se doit.

— Tu es déjà en train de m'écouter ? chuchote-t-il en caressant mes cheveux.

— Oui. C'est le son le plus harmonieux après celui des vagues, murmuré-je.

J'approche sa nuque de mon visage et dépose mes lèvres plus délicatement qu'au préalable. Sa main se glisse au creux de mon dos et m'attire contre lui.

Elle rejoint les odieux regards qui me dévorent avec haine.

— Vous voyez ça mes amis, le couple de l'année est déjà en train de se bécoter au milieu du lycée et devant tout le monde. Vous voyez ça ? Ils se sont déjà embrassés deux fois en moins d'une minute. Qui dit mieux ici ?

— Mahé ! m'écrié-je en me tournant vers sa direction.

Elle baisse son téléphone en arrêtant de filmer. Elle hausse les épaules.

— T'inquiète, je l'ai seulement posté sur le groupe ! se défend-elle.

— Maéline... ajoute Evan en me serrant contre lui, visiblement aussi dépité que moi.

— Non, Evan Brown. Ce n'est pas parce que tu te tapes ma meilleure amie depuis sept mois que tu as le droit de m'appeler par ce prénom ridicule !

— Mahé ! crié-je pour la seconde fois.

— Mais quoi ? Vous vous dévorez la bouche férocement comme des animaux, juste devant moi ! Je suis choquée !

— Toi, choquée ? Et tu étais choquée quand tu faisais la même chose ou pire, avec Johnson l'année dernière ? Je n'ai jamais parlé de ton legging en latex alors tu effaces cette vidéo immédiatement !

J'éclate de rire en voyant sa tête tandis qu'elle m'assassine du regard et me contourne. Sa réponse ? Un beau majeur manucuré. Elle s'éloigne en fulminant, non sans envoyer regards et insultes au passage.

— Tu m'as tellement manquée, me chuchote Evan tout près de l'oreille.

Mes lèvres se retroussent doucement, mais dans une discrétion sans faille. Je suis collée à lui, ses bras entourant mes reins et les miens posés sur son torse.

— Toi aussi, alors ne refait plus jamais ça, même si c'est pour faire le tour du monde. Plus jamais deux mois tout entier sans nous voir, d'accord ?

— Entendu, répond-il en collant de nouveau nos lèvres.

J'agrippe son col, les mains crispées et les entrailles retournées par l'envie.

— Toi et moi, ce soir. N'importe où, où il y a un lit, un canapé ou même une table, murmuré-je submergée par l'envie qu'il me procure à cet instant.

— Mais où est passée la petite fille chaste que j'ai soigneusement laissée ici ?

— Quelle petite fille chaste ? Elle s'est endormie depuis longtemps celle-là.

— On s'est téléphonés il y a trois jours je te rappelle, je te manque à ce point ? rétorque-t-il.

— Et moi, je te rappelle qu'on ne s'est pas vus depuis deux mois.

— Comment veux-tu que j'oublie ce détail Iliana ? J'ai pensé à toi à chaque instant.

— Entendre ta voix ne me suffisait plus. Il était temps que tu reviennes, chuchoté-je. 

— Qu'est-ce que tu veux de plus alors ?

Il m'adresse un sourire, que je qualifierais presque de coquin. Ce genre de sourires plein de sens qui vous réchauffe le cœur et vous retourne tout entière.

— Tu m'as énormément manqué. Tout de toi, m'a manqué.

Il s'approche pour m'embrasser à nouveau, lorsque mon téléphone nous interrompt.

— Merde, c'est Josh, expliqué-j'en regardant l'appel.

— Ce soir, pas de technologie, je te veux pour moi tout seul.

— Promis.

Il embrasse le bout de mon nez, et part vers ses amis. Je le vois de loin taper dans la main de Liam, puis du meilleur ami d'Austin que je ne connais pas bien. Sans compter Courtney qui se jette à son cou et si accroche comme si elle allait mourir.

De : Josh / A : Iliana
T'es où ? Y'a la reine chieuse qui te demande !

De : Iliana / A : Josh
Et vous, vous êtes où ? Je viens de voir ta sœur !

De : Josh / A : Iliana
Oui, mais la mauvaise ! Dépêche-toi l'autre me fait déjà chier. Mon dieu, qu'est-ce que j'ai mérité pour avoir ça sérieusement ?! T'en veux pas une, t'es sûre ?

De : Iliana / A : Josh
Chacun ses problèmes ! En plus, j'ai déjà gagné un demi-frère et une demi-sœur pendant les vacances, ça suffit, tu ne crois pas ?

De : Josh / A: Iliana
Un point pour toi ma belle. Mais bouge ! On est à la place des VIP.

Je roule des yeux en rangeant mon téléphone dans mon sac, et me dirige rapidement vers le parking. Ils vont finir par me mettre en retard avec leurs conneries ceux-là...

— Iliana !

— Austin... Qu'est-ce qu'il y a ?

Depuis deux semaines, on a appris à faire connaissance. Les films et les nuits blanches sur le canapé se sont enchaînés, pratiquement tous les jours. Maintenant, on a dépassé le stade de simples inconnus. On commence déjà à s'embêter comme des membres d'une même famille. 

« Des ados qui font connaissance ne peuvent pas rester calme, ils en viennent toujours à la bagarre », nous a dit Célia avant-hier. Les parents n'en pouvaient plus d'entendre la télévision jusqu'à pas d'heure alors ils ont aménagé un salon sur le palier qui sépare nos chambres et notre salle de bain. Depuis, c'est soirée séries et disputes sur les désaccords des personnages ou sur les scènes ratées.

— Je pensais qu'on allait au lycée ensemble ce matin. Je t'ai attendue, chuchote-t-il en se grattant la nuque.

— Menteur, je suis partie alors que tu dormais encore !

Il me sourit, avant de jeter un regard au dessus de son épaule. Nous sommes devant tous ses amis, voilà pourquoi. Tous me fusillent du regard, surtout les filles.

— Est-ce que tu veux que je te ramène ce soir ? propose-t-il finalement.

— Oui, répliqué-je précipitamment.

— Ok, ça marche, me répond-il en riant.

— Tes amis savent que je suis devenue ta demi-sœur ?

— Non, pas vraiment. Je vais leur dire aujourd'hui.

— Est-ce que tu as honte ? demandé-je en plissant des yeux pour mieux arriver à le cerner.

Il a ce même air gêné depuis tout à l'heure, pourtant, son expression change subitement.

— Mais pas du tout enfin ! Pourquoi dis-tu cela ? Je n'ai aucune raison d'avoir honte .

Je relève ma sacoche mal à l'aise. Sa main se pose sur mon épaule.

— Je n'en sais rien... Tu sais, ni toi, ni moi n'avons choisi cette situation alors je comprendrais si tu ne voulais pas qu'on en parle aux autres...

— Iliana, arrête la parano. Je n'ai rien dit parce que je n'en ai pas eu l'occasion. Evidemment que je vais parler avec eux, et te présenter comme ma demi-sœur. Tout de suite qui plus est.

— Elles vont m'adorer les filles, c'est sûr, ironisé-jé.

— Pourquoi tu dis ça ?

— Tu n'as qu'à voir comment elles me regardent...

Il se retourne pour apercevoir les filles de son groupe me fusiller du regard. Je ne vois que de la jalousie, je la sens jusqu'ici. Alors je bricole un sourire arrogant avant de tourner les talons vers le parking. Pour de bon cette fois.

֍֍֍

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Hey ! Salut à tous !
Et oui week-end prolongé donc nouveau chapitre ! (La première partie ce soir et la deuxième demain normalement ...)

Et vous comment ça va ? Pas trop difficile cette reprise ? 😭

Sinon...des nouveaux personnages !
Qu'est ce que vous en avez pensé ?

Il en reste encore deux ou trois à vous présenter... 😈

A demain pour la suite !
Des bisous, Lina 😘

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